Prenez un dirigeant socialiste. Choisissez-le de préférence plutôt gras et de poil luisant. Pour le détendre, branchez-le sur Sarkozy. Suivant la taille et le poids du spécimen, laissez-le exprimer sa hargne entre dix minutes et trois heures. Approuvez-le régulièrement, avec enthousiasme si possible. Épongez soigneusement l'écume qui sourd à la commissure de ses lèvres. Quand le flot se tarit, la bête est prête à être cuisinée.
Vous pouvez donc l'interroger sur le bilan des trente-cinq heures. La réponse ne se fera pas attendre : celui-ci est positif. Grâce à cette mesure, des millions d'emplois ont été créés ou sauvegardés. Il ne vous précisera pas si c'est ici ou en Chine, mais on peut supposer que c'est ici, vu qu'en général un socialiste ne s'intéresse qu'à la France. C'est pourquoi les piètres résultats des autres socialistes, notamment en Espagne, ne le concernent en rien. Si vous l'avez totalement détendu, il enchaînera sur les gains humains de la réforme : vie de famille améliorée, plus de temps à consacrer à la culture (le temps passé à visionner les émissions de TF1 et M6 a progressé). Bref, on n'aurait pas pu voter loi plus juste, plus efficace ni plus bénéfique.
Laissez-le reprendre le chemin de Solférino et, apaisé, allez faire une petite sieste réparatrice. Approuver un socialiste est toujours éprouvant. A moins que...
A moins que, comme moi, un détail ne vous turlupine.
Récapitulons : en 1998, la durée hebdomadaire du travail est ramenée de 39 à 35 heures. Aussitôt, tout va mieux : baisse du chômage, augmentation du bonheur familial, boom culturel, on ne sait plus où donner de la satisfaction ravie ! Dès lors, une question se pose : face à une telle réussite comment se fait-il qu'on s'arrête en chemin ? Pour quelle raison obscure cherche-t-on en vain le passage des 35 aux 31 heures hebdomadaires dans le programme de l'auto-proclamé futur président ? Se désintéresserait-il du bonheur et de la prospérité des français ? Les 35 heures constitueraient-elles un idéal indépassable ?
Je donne ma langue au chat. A moins que cette défense acharnée ne relève que de la mauvaise foi la plus éhontée ? Personnellement je n'ose même pas l'imaginer.