Ce matin, intrigué par un de ces tests
qui rendent Facebook fascinant, je cliquai sur « Ce que les
journaux disent de toi » et à mon grand dam voici ce que
je découvris :
Moi qui voulais que ce ou plutôt ces
voyages demeurassent secrets ! En effet, à la différence de M.
Thomas Pesquet qui nous bassina récemment avec son excursion à 450
km de la terre, je suis un véritable mais modeste explorateur
interplanétaire. Ce guignol qui nous a fait une pendule à treize
coups sous prétexte qu'il avait passé quelques semaines dans
l' « espace » me hérisse. En fait-on tout un plat
quand un Parisien se rend à Brest ou à Strasbourg ? Pourtant
il est plus éloigné de son point de départ que Môssieu ne l'a
jamais été de la terre ! Mais passons.
Le manque de régularité des parutions
d'articles sur ce blog s'explique, je peux bien l'avouer maintenant
qu'un importun a vendu la mèche, par les quelques séjours que j'ai
effectués sur la Planète Rouge. Un jour que je ne savais trop quoi
faire, j'entrepris d'adapter mon break Focus aux voyage
interplanétaire. Les quelques modifications nécessaires
comprenaient, évidemment, l'installation d'un Inter-rossiteur
capable d'assurer la transpérambulation de l'anti-matière
pseudo-cosmique (Merci, Robert Rankin !). Je n'en dirai pas
plus. Après une matinée de travail, ce fut chose faite. Je pris un
repas léger et ensuite la direction de Mars vers treize heures. Le
voyage devant, selon mes calculs, durer environ six heures, cela me
permettait d'y arriver pour l'heure de l'apéro.
Je parvins à destination à l'heure
prévue. Ma première impression fut assez défavorable, car, si le
whisky était acceptable, on l'y sert sans glaçons. En effet les
Martiens ont une technologie plutôt rudimentaire et sont incapables
de faire geler l'eau, ce qui n'a rien d'étonnant de la part de gens
qui se déplacent en soucoupes. En revanche, la cuisine et les vins y
sont tout à fait remarquables et les portions généreuses. Une des
choses qui me surprit le plus fut que, contrairement aux observations
des ufologues, Mars n'est pas seulement peuplée de petits hommes
verts. En fait, seuls les jeunes sont de cette couleur. Mûr, le
Martien tourne à l'orangé puis au rouge, comme le font les tomates.
Les voyages formant, comme on sait, la jeunesse, ce sont les gamins
qu'on envoie faire un tour sur terre. Ce qui explique la bévue de
nos scientifiques quant à la couleur et à la stature de nos voisins
lesquels sont, comme vous et moi, de taille parfaitement normale. C'est pourquoi, grâce à ma couperose, j'ai pu passer sans
problème pour un gars du coin. Les femmes, bien que très portée
sur la bagatelle, y ont, tout comme les hommes, une haleine de
chacal, ce qui me découragea d'entamer tout badinage.
Je dois dire qu'en dehors des plaisirs
de la table, un séjour sur Mars présente peu d'intérêt. Les
paysages sont d'une monotonie atterrante : pas plus de relief
que la Beauce. Les champs de betteraves rouge, de tomates, de
poivrons, de cerises, de groseilles ainsi que la prédilection du
Martien pour les animaux à poil roux expliquent le surnom de la
planète. L'architecture rappelle celle de Bezons. Quant à la télé,
c'est la cata : les chaînes y passent pratiquement en boucle
les équivalents locaux de La vache et le prisonnier, Où
est passée la 7e compagnie, La Grande vadrouille ou des
chefs-d’œuvre de Bergman. Pour ce qui est des infos, RAS vu qu'il
ne se passe jamais rien de bien nouveau. L'ennui s'installe d'autant
plus vite que le martien est totalement dépourvu d'humour et sa
conversation soporifique. Comme on pouvait s'y attendre, les Martiens
parlent un Français assez pur mais avec un fort accent béarnais qui
rend parfois sa compréhension difficile. Ce qui n'est pas grave vu
le manque d'intérêt des paroles prononcées. C'est pourquoi, j'ai
décidé, après mon troisième voyage de ne plus y mettre les pieds.
Je ne saurais donc trop déconseiller
une escapade vers cette planète surtout aux bricoleurs maladroits
qui, ayant mal réglé leur inter-rossiteur, risquent de se retrouver
sur Vénus ou Saturne où on s'emmerde encore plus. En dehors de la
gastronomie, le seul véritable intérêt de ce séjour est qu'on n'y
parle pas de M. Macron dont on ignore jusqu'à l'existence. Mais,
bon, vu qu'avec des boules Quies on peut échapper aux discours du
Président Jupitérien, est-ce que ça vaut le voyage ?