S'il existe une pratique aussi répandue
que malhonnête c'est bien le micro-trottoir. Les media
audio-visuels en raffolent. Quels que soient le problème ou la
question, on va interroger l'homme de la rue (qui n'est pas comme je
le croyais, en mon enfantine innocence un clochard). Et celui-ci
répond. Et il tente généralement de le faire comme il faut, de
n'avoir l'air ni trop con ni trop extrémiste, de paraître
intelligent et posé, ce qui l'amène à répéter de préférence la
parole de la soi-disant élite. La malhonnêteté du procédé est
évidente : car ne passe à l'antenne qu'une sélection des
propos recueillis et que ce choix est bien entendu conforme aux a
priori de la rédaction. Bien sûr on laissera une petite place à
des opinions divergentes mais seulement dans le but de maintenir une
illusion de vraisemblance : une trop grande unanimité finirait
par sembler suspecte.
Pourquoi a-t-on recours à cette piètre
comédie ? D'abord par démagogie. Elle permet au gogo de base
de penser que son avis a une quelconque importance. Mais aussi et
surtout pour influencer. Le choix des propos diffusés jouent un
double rôle : conforter les auditeurs qui partagent les
préjugés du media choisi que leur opinion est quasi-unanimement
partagée et donner à ceux qui ne les partagent pas l'impression
qu'ils sont ultra-minoritaires ce qui peut pousser un mouton à
penser qu'il s'est égaré loin du troupeau..
Il en va de même pour la parole qu'on
« donne » aux auditeurs et autres téléspectateurs. Les
questions ou remarques y sont si bien filtrées que sauf à proposer
un discours acceptable pour, une fois à l'antenne, parler de toute
autre manière, les propos discordants sont systématiquement
éliminés. Ces mauvais plaisants se voient vertement tancés par le
propagandiste qui les accuse de malhonnêteté comme si lui et son
équipe, en censurant systématiquement toute parole non-conforme se
montraient probes.
Mais mon pauvre ami, vous enfoncez-là
des portes ouvertes ! Qui peut bien accorder le moindre crédit
à ces pantalonnades ? Eh bien justement : j'ai de plus en
plus l'impression que les Français sont des gogos avides de se
rallier aux opinions des media, quelles que soient la couleur du fil
dont elles sont cousues ou la grosseur des ficelles mises en œuvre. Ce
n'est pas l'élection d'un président jupitérien qui invite à
penser printemps qui dissipera mes doutes. Surtout si, comme prévu,
il se voit offert une majorité écrasante.
Non aux micro-trottoirs ...
RépondreSupprimerOui aux maxi-trottoirs !
Dominique
Voilà une réforme intéressante !
SupprimerMonsieur des Collines :
RépondreSupprimerOn ne dit plus micro-trottoirs on dit macron-trottoirs maintenant !
(car j'ai vu à la télé beaucoup de ces interviews express où la question posée concernait le "mari" de Brigitte Trogneux...)
D'un autre ôté, le personnage est si fascinant qu'on ne saurait lui attribuer trop de place.
SupprimerAbsolument! Et pour conforter votre constat il apparaît fort probable qu'à force de se l'entendre seriner sur tout les tons, le corps électoral s'attachera à lui donner son écrasante majorité... c'est ça la démocratie!
RépondreSupprimerAmitiés.
Ça se fera sans moi !
SupprimerBien sûr qu'il y a tri sélectif. Je soupçonne cependant que, interrogés pour passer à la télé, les gens se surveillent et n'expriment pas forcément le fond de leur pensée.
RépondreSupprimerBonjour, Jacques Étienne. Je suis bien content de vous voir de retour.
RépondreSupprimerSur votre billet, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter de plus ou de mieux.
Mais il y a tout de même un point qui me titille. Vous donnez comme envoi "Surtout si, comme prévu, il se voit offert une majorité écrasante."
Ça me grattouille et ça me chatouille. N'eût-il pas mieux valu écrire "Surtout s'il se voit offrir une majorité écrasante" ou encore "Surtout s'il se voit offerte une majorité écrasante" ?
Je… je suis troublé. Venez à mon secours. (Et si Goux, entre autres grammairiens, passe par là, ayant un avis fondé sur la question, qu'il ne se taise jamais, quitte à ce qu'il me donne les verges. Ça ne me fera pas plaisir, non — qu'alliez-vous penser là ? — mais je préfère l'étrillage au doute.)
Cette remarque m'était également venue à l'esprit, mais je n'avais osé l'écrire pour ne pas soit vexer notre si agréable hôte (eh oui je suis poli), soit passer pour un con si elle était infondée ...
SupprimerDominique
J'avoue avoir connu vos doutes en écrivant. Des recherches sur le net ne m'ont pas permis de trancher. J'aurais mieux fait d'écrire "Surtout si les électeurs lui offrent une majorité écrasante"...
SupprimerSe taire ou ne rien dire... vous avez choisi ! Hélas !
RépondreSupprimerExpression sibylline que je ne sais trop comment interpréter.
SupprimerSi j'en crois Michel Onfray, le micro-trottoir n'a plus aucun avenir face à cette nouveauté : "l'analyse transverse" qui consiste à donner des résultats en chiffres très précis en interrogeant des gens qui ont "au moins entendu parler" de l'objet de cette analyse "mêlant opinion, corporate et marketing).
RépondreSupprimerEn réponse aux éventuelles questions s'en référer à "La cour des Miracles" dernier opus de l'auteur sus-cité.
Je pense au contraire qu'il a beaucoup d'avenir. Il ne sert aucunement à analyser les opinions mais à favoriser les opinions qu'on soutient. Moyen de propagande médiatique, il a donc de beaux jours devant lui.
SupprimerIl faut bien contrôler le troupeau humain.
RépondreSupprimerLe micro-trottoir est un excellent moyen.