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mardi 23 juin 2020

Covideries


Il y a trois jours de cela, je reprenais le chemin de la Normandie et, comme rien de fatal ni d’accidentel ne se produisit, j’y arrivais huit heures plus tard. Ce retour n’alla pas sans mélancolie car je laissais en Corrèze ma fille et son chevalier servant qui étaient venus y passer des vacances. Les retrouvailles après ces mois de covideries échevelées furent un vrai bonheur et leur fin regrettée.

Seulement elles posaient problème : les deux tourtereaux vivent à Paris, ville,comme on sait, ravagée par la Covid où corbeaux et autres charognards se disputent les restes des victimes qui jonchent les trottoirs faute de vivants pour leur assurer une sépulture. De plus, ayant passé depuis près d’un lustre le cap fatidique des 65 ans et souffrant de menus problèmes de santé, je suis une personne à risques. A grands risques même ! Et qu’est-ce que se doit de faire une telle personne ? SE MONTRER PRUDENTE !

La télé nous le dit, répète et illustre : on y voit Rachid (ou Mouloud)* rendre visite à sa Mamie Paulette qu’il aime tant. Et que font ces deux êtres responsables ? Ils se tiennent à distance et portent un masque. Ainsi Mouloud (ou Rachid) peut jouer de la guitare pour le plus grand plaisir de Paulette (qui aurait préféré un air d’accordéon, mais rien n’est parfait en ce bas monde).

On a beau être un mécréant comme moi, à force d’être bassiné par la propagandastafell, on finit par se poser des questions. Quelles précautions prendre ? Devions-nous nous tenir à distance, porter des masques, passer la vaisselle au lance-flammes, brûler vêtements, torchons, serviettes, draps et couettes après usage, désinfecter poignées de portes, portes, fenêtres et murs ? Prendre deux voitures pour aller à Collonges-La-Rouge ? Serait-ce suffisant ? Ne risquerions-nous pas malgré tout cela de nous contaminer suite à un moment de distraction ?

Nous tombâmes dans les bras l’un de l’autre et fîmes preuve d’une criminelle inconscience en négligeant toute précaution. Parce qu’au fond que vaut une vie que gouverne une peur irrationnelle qui ne saurait éviter tout danger ? Je la laisse à ceux qu’elle amuse.

Six jours ont passé. Les premiers symptômes tardent à apparaître. Ma maison embaume le poulet tandoori massala (je traverse une période indienne) dont j’ai apprécié le goût, j’ai le nez qui coule et je tousse mais pas plus que ces dernières années, je n’ai aucune fièvre, même pas le samedi soir, bref, tout va bien, du moins jusqu’ici. Pour la suite, on verra.


*Je ne me souviens plus du vrai prénom. Quant à la mère-grand, elle n’est pas nommée mais je trouve que Paulette lui va bien.

6 commentaires:

  1. Bien sûr, le risque est considérable mais la joie des retrouvailles ne l'est pas moins. Quant à Mémé Paulette, elle n'a rien à craindre des virus de Mouloud, il les garde pour lui, un peu comme le porte-monnaie de la brave dame.
    Amitiés.

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    1. J'ai, depuis le début de l'affaire Covid, toujours été assez sceptique sur les risques encourus. De plus, je crains que quelles que soient les précautions prises le risque zéro n'existe pas. Ce qu'a avant tout révélé, si c'était nécessaire, cette épidémie c'est que nous étions devenus un pays de petits vieux craintifs prêts à tout sacrifier en échange d'une éventuelle prolongation de leur vie.

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  2. Rachoud ou Moulid aurait pu jouer du tam-tam... Il a fait un bel effort.

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  3. C'est ça, la magie du métissage et du multiculturalisme !

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  4. Quand même, quand même...
    L'autre jour je me suis pointé dans un café-restaurant, vide de ses piliers de comptoir habituels mais riche de marquages au sol d'un mètre de distance scrupuleusement dessinés, sans mon masque, cochon de mauvais Français !
    J'ai eu droit au sermon : " Môssieu, vous devez porter un masque à l'entrée que vous enlèverez au comptoir...c'est pas nous qu'on fait les protocoles et 1500 euros d'amende dans les dents si consigne pas respectée"...et paf !

    Allez, après ce flicage en règle, déguster votre picon-bière, la conscience tranquille, vous !

    Vendémiaire.

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    1. Il est évident que se rendre de la porte au comptoir constitue une des épreuves les plus périlleuses auxquelles un être humain puisse survivre. La même aventure m'est arrivée à Brive, mais la patronne quand je lui ai dit n'avoir pas de masque m'a répliqué qu'elle n'était pas de la police.

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