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mardi 26 février 2019

Peseur de lombrics, la bonne gâche* !

Voici près de cinq ans, ici même, je louai les nombreux mérites d'un NAC irréprochable : le lombric (ou ver de terre). Le temps exceptionnellement ensoleillé que nous offre cette fin février et la perspective d'un départ prochain pour la Corrèze m'ont amené à labourer un petit lopin de terre en vue d'y semer et cultiver ultérieurement quelques légumes. Cette activité m'a permis de constater que mon terrain abritait quantité de ces précieux auxiliaires du jardinier comme du cultivateur. Hélas, j'appris que, depuis les années cinquante l'espèce avait été quasiment éradiquée de notre territoire. Selon une source dont je ne saurais mettre en doute le sérieux, nous serions passés de 2 tonnes de lombric à l'hectare à seulement 200 kilogrammes pour la même superficie ! Toutefois, ce chiffre m'étonne car il est des des types de sol où le lombric survit difficilement : je veux parler des zones rocailleuses ou marécageuses. Mais il doit s'agir d'une moyenne...

Il faut donc penser que munis de balances de précision, des peseurs ont avec conscience fouillé l'ensemble du territoire afin d'en évaluer la masse de lombrics à l'hectare avant que ne soient regroupés leurs résultats afin d'en établir une moyenne nationale. Il se trouve que depuis une quarantaine d'années je me suis, par intermittence, livré aux joies du jardinage et que jamais aucun de mes terrains n'a fait l'objet d'une quelconque pesée de lombrics. Je ne sais pas si mes lecteurs possesseurs d'un bout de jardin auront bénéficié de la visite d'un peseur mais cela ne change rien à mon problème qui est de savoir si mon terrain actuel en possède une masse suffisante ou non (voire excédentaire). Par paresse, je n'ai pas pris le soin d'une pesée. Je pense même que rares sont ceux qui s'en sont donné la peine.

Il serait donc souhaitable que le métier de peseur de lombric connaisse une importante expansion car la présence, en nombre, de lombrics est cruciale pour les potagers de France et d'ailleurs : songez que « les déjections des vers de terre sont de véritables engrais naturels avec 5 fois plus d'azote qu'un sol fertile normal, 7 fois plus de phosphore et 11 fois plus de potassium » On peut se demander d'où ils tirent ces précieux éléments mais les économies d'engrais qu'ils permettent sont considérables et amortiraient rapidement les frais de pesée.

Avec le taux de chômage que nous connaissons, nul doute que de nombreux jeunes (et de moins jeunes dans le cadre d'une reconversion) embrasseraient volontiers cette carrière. Le métier, s'il demande une certaine vigueur physique (il faut retourner la terre) peut être pratiqué en auto-entreprise sans trop d'investissements : une fourche-bêche et une balance de précision suffisent. Il exige certes de la minutie et une bonne acuité visuelle mais les risques du métiers sont infimes par rapports à ceux que prennent les chasseurs de serpents et les facteurs : en effet, à la différence du cobra ou du rottweiler, le lombric ne mord pas.

En admettant que vous ayez fait appel à un peseur de lombric et que son analyse fasse ressortir un grave déficit en lombric de votre terrain, que faire ? On peut acheter à des lombriculteurs de quoi compenser ce manque mais une solution moins coûteuse existe : proposer à votre voisine âgée et arthritique de lui retourner son lopin et, ce faisant, lui dérober ses lombrics. La vieille n'y verra que du feu et, de plus, vous serez considéré comme une personne serviable. Ce qui n'est pas rien !

* Pour ceux de mes lecteurs qui l'ignoreraient, en argot, une bonne gâche est un emploi bien rémunéré (et probablement pas trop fatiguant). J'aime bien parsemer mes écrits d'expressions populaires et d'argot vieillot (j'en ai fait ample provision lors de ma lointaine enfance banlieusarde) , car, apparaissant dans un contexte de langage soutenu ils créent un effet de surprise qui peut, dans le meilleur des cas, faire sourire. Exemple : «Plusieurs mois après qu'ils se furent rencontrés au bal de la duchesse de Sourdeval, et qu'il l'eut poursuivie d'une cour fervente, la marquise de Chaulieu céda aux ardentes prières du chevalier de Vengeons et, tandis qu'il lui rendait une visite vespérale, le pria, après qu'il eut promis de ne point ébruiter l'affaire, de lui péter la rondelle. »

14 commentaires:

  1. "Sans bon singe, il n'est point de bonne gâche." Lao Tseu

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  2. Une fois de plus, je crains de n'avoir pas tout saisi car un instant j'ai cru que vous vouliez nous parler de ceci :

    https://www.youtube.com/watch?time_continue=28&v=oT9NTpUKAp4

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    1. Mais c'est horrible ce que vous nous proposez là ! Nous ne serions donc pas les seuls animaux à en manger d'autres ? Que font les vegans ?

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  3. Ne m'en parlez pas, j'ai beau bêcher,passer le motoculteur,retourner mon jardin dans tous les sens, creuser même jusqu'à la nappe phréatique, toujours aucun de ces précieux auxiliaires à se mettre sous la dent!
    De guerre lasse, j'ai donc mis du terreau pour la première fois avant de le bêcher.

    Vendémiaire.

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  4. Verser une pincée de langue verte au milieu d'imparfaits du subjonctif est un plaisir de fin gourmet et le devoir de tout honnête homme ! ;-)

    Vendémiaire.

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  5. Oui, enfin...je vous ai encore lu dans la précipitation car il me semble y avoir plus d'indicatifs que de subjonctifs dans cette affaire...

    Vendémiaire.

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    1. Suite à la remarque de Michel Desgranges que vous trouverez ci-dessous, il n'y a plus maintenant que de l'indicatif.

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  6. Texte admirable de drôlerie et de fine satire, mais, pour le petit texte subtilement argotique, "après que" commande l'indicatif, et non le subjonctif.
    La chasse au lombric rendrait-elle barbare ?

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    1. Merci, cher Michel pour le compliment comme pour la remarque syntaxique. je vais de ce pas réparer mes fautes d'autant plus inexcusables qu'ayant commencé dans l'erreur, j'avais pris soin que le deuxième "après que" fût suivi d'un passé antérieur comme il convient.

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  7. "péter la rondelle" ? Restons sérieux, je vous prie !

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    1. Je vous prie de pardonner un dérapage qui fait de moi un arroseur arrosé.

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  8. Le blaireau, comme son nom l'indique, est un blaireau ! Les seuls que j'aie rencontrés, en Eure-et-Loir, étaient occupés à gonfler sur le bas-côté de la route, suite à une rencontre inopinée avec un véhicule automobile et dont je crains qu'ils ne se soient pas tirés à leur avantage.

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  9. Sieur Fredi M. !

    Puisse notre cher et si prude hôte me pardonner cette maxime voltaïque :
    ne pas confondre "vive la raie" et le Vivarais ...

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  10. Comme le disait Guy Roux : "Faut pas gâcher ..."

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