Quel rapport entre ces deux termes ?
C'est personnel.
Il se trouve que je suis d'origine
bretonne. Surtout du côté de mes parents, tous deux Bretons
bretonnants du Trégor. Exilés en banlieue parisenne, ils n'avaient
qu'un rêve : y retourner. Mon père parce que c'était son
pays, qu'il y avait ses racines, qu'ancien marin, il aimait la mer.
Ma mère, c'était autre chose. Pour elle, la Bretagne c'était une
sorte de pays de cocagne. Pas tant pour la richesse matérielle mais
pour les qualités morales qu'y cultivait tout un chacun, à part
bien sûr les communistes mais rien ne vous oblige à côtoyer la
racaille... Et puis, avant d'être communistes (son village avait un
maire de ce bord depuis des décennies), ils n'en étaient pas moins
Bretons, donc moins détestables.
Les vacances, hormis durant la petite
brouille de sept ans qui sépara ma mère, ses trois sœurs et son
frère, se passaient en Bretagne. Mais il fallut attendre la retraite
pour qu'eût lieu un retour permanent. Et ce fut, pour ma mère, un
grand désappointement. Il lui sembla que les gens du bourg où ils
avaient fait construire leur première maison (si l'on excepte leur
maison de vacances datant des années soixante), n'aient pas été à
la hauteur de ses attentes. Plutôt que ces âmes parfaites censées
peupler la province adorée, ils lui apparurent aussi corrompus et
sans parole que les Franciliens. Qu'à cela ne tienne, la maison fut
vendue et une autre construite près de sa sœur favorite, celle dont
elle dénonçait sans cesse l'avarice et une tendance à la
dépression qui la mènerait probablement à la folie. La réciproque
était vraie. Et pas seulement la réciproque : toutes deux
étaient avares et dépressives, ce qui les rendait inséparables.
En fait, Et depuis déjà longtemps, ma
mère s'enfonçait dans un dégoût de la vie que seuls venaient
adoucir un mysticisme de plus en plus accentué et ce rêve de retour
au pays. Ce dernier réalisé, Elle ne survécut que quatre ans et
mourut d'un ulcère non soigné.
Eh bien, à mes yeux, le rêve du
retour à l'âge d'or est comme celui du retour en Bretagne. A deux
différences près : La Bretagne existe et il est impossible de
remonter le temps. Cela vaut peut-être mieux, ça évite les
désillusions...
On devrait poliment s'abstenir de commenter ce joli hommage à madame votre mère.
RépondreSupprimerUN hommage, vous trouvez ?
SupprimerNous sommes nombreux dans ce cas.
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