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mardi 3 septembre 2013

Une rentrée mémorable (comme toutes les autres) !



Ce matin même, notre vénéré ministre de l’Éducation Nationale, M. Peillon  a honoré la RSC ™ de son enrichissante présence.  Je l’ai écouté d’une oreille distraite car son passage à l’antenne correspondait au moment où je m’efforce, en général avec succès,  de remplir une grille de mots croisés.  Curieusement, alors que pour écrire ou lire, j’ai besoin de silence, je peux mener  de front la chasse aux mots et l’audition de discours plus ou moins sérieux.

Je ne vous infligerai pas un résumé fidèle des propos de notre cher ministre. Comme tous ses collègues passés, il a annoncé toutes les mesures qui feraient que cette rentrée serait bien meilleure que la précédente qui elle-même surpassait la précédente  laquelle, comme toutes ses devancières  depuis que rentrées il y a, avait été l’occasion de progrès incontestables. Ce qui est curieux, c’est que malgré les améliorations constantes d’un système déjà excellent les résultats semblent être de pire en pire. Comment expliquer cela ?

Pour l’idolâtre de la Grande Révolution qui préside aux destinées de notre système éducatif, la réponse est simple : C’est la faute à Sarko. Argument  solide, voire incontestable. Sarko, c’est la seule et unique cause de la crise économique, de la montée de la violence et de l’effondrement  du niveau scolaire. Ce qui est curieux, c’est que, sans avoir souffert sous le joug de ce sinistre personnage, d’autres pays au niveau de développement comparable connaissent, à des degrés plus ou moins aigus  les mêmes problèmes économiques, d’insécurité ou de montée de l’illettrisme.  Je suppose que les homologues étrangers, faute de pouvoir blâmer Sarko, fustigent les politiques de leurs prédécesseurs. Et si la réponse était ailleurs ?

J’aurais tendance à penser que le mal a d’autres causes et qu’en fait une société a la police, la justice, les politiciens, l’école, la médecine  et toutes les institutions qu’elle mérite. Plus que les réformettes de tel ou tel ministre, ce qui favorise le délitement de toutes les institutions, c’est un climat général à la fois de défiance et de revendication de droits. 

Dans le cas précis de l’école, la compétence, l’autorité et le jugement des maîtres est, de manière permanente, remise en cause par des parents insoumis revendiquant haut et fort le droit à l’excellence et au diplôme pour leurs petits surdoués.  Car tout bambin, toute bambine, même et surtout celui  ou celle dont les performances sont faibles voire inexistantes, est devenu un hyperactif, un précoce, dont les échecs ne peuvent s’expliquer que par l’incompétence de l’enseignant et l’inadaptation du système.

Nous souffrons, entre autres choses d’un déficit de confiance et de soumission à l’autorité que viennent compléter une fugacité de la concentration due au développement du zapping  et le culte de l’enfant-roi dont les pires âneries se voient érigées en inouïs exploits.

Or, un système, quel qu’il soit, ne peut fonctionner sans une solide base de confiance. Si je confie mon enfant au système scolaire, il est indispensable que je croie en la capacité de ce dernier à l’instruire. Si Je vais consulter un praticien, il est nécessaire que je le juge compétent. Si  je traîne mon voisin devant les tribunaux, il faut bien que je considère que les juges sont de sages et honnêtes personnes.  Sinon, c’est l’anarchie : je change mon enfant d’école pour le confier à un autre établissement qui s’avérera bien vite aussi mauvais que le précédent ; je vais de médecin incapable en  praticien douteux afin d’obtenir un deuxième, troisième, énième avis ; je fais appel  de tout jugement qui me déplait.

Certes, me direz-vous, mais ne pourrait-on pas considérer que les institutions, par leur inefficacité et leur inconsistance, sont à l’origine de la défiance qu’elles suscitent ?  C’est indéniable : les institutions se composent d’hommes et de femmes de leur temps, connaissant les mêmes défiances et doutes que ceux qui y ont recours. Un juge qui rejette sur la société la réelle culpabilité du justiciable, un enseignant qui pense que tous les enfants sont également doués ont bien du mal à croire en l’institution qu’ils sont censés incarner.

Il me semble que tant qu’on n’aura pas restauré un minimum de confiance, tant que la responsabilité individuelle ne se sera pas substituée à la revendication individualiste, aucune réforme n’empêchera l’école ou toute autre institution d’aller à vau-l’eau. Car même si aucune institution n’est à l’abri d’erreurs parfois graves, leur constante remise en cause mène à de bien plus graves désastres.

14 commentaires:

  1. Avant même d'avoir lu votre billet, je tenais à vous le dire : wow, quelle chance avez-vous eue de pouvoir écouter en direct le ministre du formatage. Je pourrais peau-de-caster, mais je crains que la parole s'évente au cours de la journée, que le message perde de sa fraicheur -qu'il faisande, quoi !

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  2. "Car même si aucune institution n’est à l’abri d’erreurs parfois graves, leur constante remise en cause mène à de bien plus graves désastres." Ben oui, mais allez faire accepter ça à un gauchiste !

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    1. Vous avez raison : le gauchiste préférera toujours le bordel total à l'erreur occasionnelle. On n'y peut rien, c'est dans sa nature.

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  3. Cesser de recruter par dizaines de milliers des "maîtres" (et sic) incultes serait peut-être une bonne idée...

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    1. Mais vous savez sans doute sur quels critères ils sont recrutés.
      Faut voir les oraux de CAPES !

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    2. Quelle serait l'utilité d'érudits à un public analphabète qui ne leur prêterait aucune attention ? Il faut d'abord restaurer le respect de l'institution et la discipline. Le reste suivra.

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  4. Jacques ayez confiance, ayez confiance,ayez confiance! disait Kaa Paillon.

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  5. J'ajouterai -en marchant sur des oeufs- que certaines modifications d'ordre démographique expliquent aussi, surtout peut être, les évolutions défavorables constatées.
    Les caractéristiques profondes de la population ayant considérablement changé, il ne faut pas s'étonner des conséquences fâcheuses.
    Mais bien sûr, de ces choses-là, il ne faut point gloser.
    A bientôt.

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    1. J'ose à peine imaginer à quelles modifications tu fais ainsi allusion.

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    2. Je ne pense pas que ce que la raison que vous suggérez, cher Nouratin, soit primordiale. Après tout, d'où qu'ils viennent, les élèves ne demanderaient qu'à se couler dans le moule. Seulement, la société gâteuse dans laquelle nous vivons refuse tout moule et ce faisant encourage tous les débordements.

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  6. On peut restaurer la discipline en touchant au portefeuille. L'école gratuite, oui, mais seulement pour les élèves qui respectent le règlement. Quant aux caïds, après que les parents auront pris deux ou trois amendes, convertis en deux ou trois torgnoles, ils ne travailleront pas plus, mais au moins ils permettront à ceux qui veulent travailler de le faire, les profs arriveront à finir le programme et le niveau remontera. Il me semble que ce serait une menace honnête et compréhensible.

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    1. Peut-être, mais de telles mesures ne peuvent être prises que dans une société structurée par un désir de réussite véritable. Dans nos sociétés décadentes on exige le résultat sans l'effort ...

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  7. "les échecs ne peuvent s’expliquer que par l’incompétence de l’enseignant."
    Je crois bien que le seul domaine où le camouflage est impossible est celui de la musique: apprendre à jouer d'un instrument requiert des efforts réels et soutenus. Peut-on incriminer l'enseignant en cas d'échec?

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