Le problème avec les belles et chaudes journées ensoleillées
c’est qu’elles font penser à tout sauf à l’orage qui finira bien par les
suivre. L’orage est parfois tout près. Comme la Roche Tarpéienne l’est du Capitole.
Nous avions commencé juste avant l’élection du bon Président
Mitterrand. Pas par nous.
Son règne avait commencé en fanfare. Populaire comme tout qu’il était le
François ! On nationalisa, on augmenta le SMIC et diverses allocations, on
embaucha 55 000 fonctionnaires et
ce n’était qu’un début ! On allait voir ce qu’on allait voir. Rien que du
bon en attendant le meilleur !
Seulement ça ne peut pas être tous les jours fête et le lendemain dimanche…
La politique de relance échoue, les dévaluations se suivent
en cascade, en mars 83 revient la rigueur, en juillet 84 Maurois s’en va,
Fabius, un jeunot, lui succède. En
décembre de la même année la popularité de Mitterrand est à son étiage :
seuls 36% des Français lui font encore confiance*. La fête est finie et il faut
bien que quelqu’un paye les violons du bal. Les taux d’imposition
grimpent : Pour un foyer comme nous, il atteint dans sa tranche supérieure
65% auquel vient s’ajouter une majoration de 3%. Il faut prendre l’argent là où
c’quelle est (vieux proverbe socialiste).
Ce n’est là qu’un des nuages. Début 83, le Mammouth de
Châteauroux a eu l’excellente idée de brûler. En quoi est-ce une bonne
nouvelle ? Eh bien figurez vous que nous nous sommes installés pas loin de
son concurrent l’hypermarché Continent. Du coup, la fréquentation de ce
dernier augmente de 20 % et les gens qui s’y
rendant passent nous dire un petit bonjour. Après la réouverture courant 84 de
Mammouth ils n’auront pas toujours l’idée de continuer à venir nous voir…
D’autre part, le goût des gens change : les jeunes
commencent à exiger de la marque et nous, la marque, c’est pas vraiment notre
truc. Nos fournisseurs font plutôt dans l’import pas cher…
Plus grave, nous faisons des émules. Quelques petits malins,
voyant que manifestement dans le vêtement discount il n’y a qu’à se baisser
pour les ramasser sont tentés de se pencher sur la question. Ils n’ont pas
forcément raison vu qu’on ne va pas tarder à siffler la fin de la récré. Mais
qui s’en douterait ? Quand nous avons ouvert fin 82, nous étions deux sur
ce créneau à Châteauroux ; quand nous avons fermé boutique six ans plus
tard nous étions sept. Malheureusement
le marché n’avait pas plus que triplé…
Ça, c’est pour la conjoncture.
Je me doutais bien (j’ai toujours eu la manie du calcul) que
la note de M. Bérégovoy serait salée. C’est afin de pouvoir le payer avec un
doux sourire que nous avions ouvert à Bourges. J’avais donc loué un vaste et
cher local dont, prudent, je n’avais ouvert que 200 m2, attendant des bénéfices
subséquents qu’ils financent en plus de l'impôt l’ouverture des 700 m2 restant. Seulement, vu qu’on ne peut pas être partout,
il avait fallu embaucher du personnel. Ce qui, quoi qu’on en dise occasionne de
menus frais…
De même, si nos affaires marchaient bien, en l’attente du
bilan de juin 1984, nous étions les seuls à le savoir. Allez faire une demande
de crédit avec un seul bilan de six mois
à votre banquier et vous saurez ce qu’est l’hilarité financière. C’est donc sur
nos fonds propres que nous avions dû financer les travaux et autres
investissements qu’imposait la mise aux
normes de nos locaux tant à Châteauroux qu’à Bourges. Electricité, sécurité,
isolation, matériel de vente, etc., tout ça est bien coûteux… Bref, notre trésorerie était faiblarde.
Seule une progression constante nous permettrait de faire
face à l’augmentation considérable de nos charges qu’elles soient de personnel
ou fiscales… Nul besoin de sortir de Saint-Cyr pour le réaliser. Mais après
trois ans et demi de progression fulgurante comment aurions-nous imaginé que
celle-ci s’arrêterait ?
*M. Hollande est beaucoup plus fort : il a fait mieux en 7 mois !
*M. Hollande est beaucoup plus fort : il a fait mieux en 7 mois !
" M. Hollande est beaucoup plus fort : il a fait mieux en 7 mois !";c'est la rançon du modernisme, tout va plus vite mais là il faut avouer que c'est la classe, de la chute libre en version mach 2.
RépondreSupprimerIl est très fort, je me tue à le répéter !
SupprimerJ'aime beaucoup vos feuilletons. J'espère que vous avez eu plusieurs vies, que vous allez toutes nous raconter.
RépondreSupprimerUne seule me suffit amplement !
SupprimerHollande plus fort que Mittrand ? Il n'y a que vous pour voir les choses sous cet angle Jacques. Je me demande même s'il n'y aurait pas un peu de perversité là dedans.
RépondreSupprimerDe la perversité ? Et pourquoi pas de l'ironie tant qu'on y est ?
SupprimerCe qu'il y a de bien avec les socialistes c'est que lorsque vous vous noyez, ils n'hésitent jamais à vous donner à boire.
RépondreSupprimerAmitiés.
Quand même, le socialisme est une source inépuisable d'images aussi drôles qu'énervantes. La votre est très drôle. Humainement, le socialisme, c'est un peu comme si Gandhi avait été armé. On prône la paix et l'amour, mais on se conduit comme de vrais dégueulasses.
SupprimerSi on les écoute, si on lit entre les lignes, on se rend compte que ça ne tient pas debout leurs idées.
La "trésorerie faiblarde" j'ai connu aussi.
RépondreSupprimerTous les mois obligée d'aller négocier la fin de moi avec son banquier. je connais.
Tout comme vous, au bout de six ans, il a fallu lâcher l'affaire avant qu'une catastrophe n'intervienne.
N'étant pas partisan de faire les choses à moitié, nous (surtout moi) sommes allés jusqu'à la catastrophe finale comme je l'expliquerai bientôt. Expérience intéressante s'il en est.
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