..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 28 avril 2020

Shopping


Ce matin, je me suis rendu au magasin de bricolage-jardinerie du village. J’avais vérifié leur ouverture hier, avant de tenter de m’y rendre. Tentative avortée suite, je suppose, à la contamination de ma batterie par le Covid-19 qui la laissa dans un état de faiblesse extrême la rendant incapable de faire fonctionner le démarreur. Tôt ce matin, pour rendre un peu de ses forces à l’accumulateur défaillant, je le branchai sur un réanimateur (aussi nommé chargeur). Deux heures plus tard, requinqué, il répondit à ma sollicitation et permit au moteur de démarrer. Je le laissai tourner quelque temps avant d’aller faire mes courses.

Arrivé au magasin, je vis que pour y accéder, il fallait passer par la réserve, l’entrée étant réservée à la sortie comme il convient dans un monde où on marche sur la tête et réfléchit avec ses pieds. Sur ma liste d’achats, des graines de haricots, des tuteurs pour mes pieds de tomate, un paquet de colle à papier peint et un pot de peinture. J’aperçus dès l’entrée une affiche expliquant que pour pouvoir acheter d’autres articles, il fallait auparavant en acheter de « première nécessité ». Doutant que tuteurs, colle et peinture en fassent partie, je me le fis confirmer par un employé qui m’expliqua que mes haricots pouvaient être considérés comme tels ainsi que tout plant de légume. Pour faire bonne mesure j’achetai donc, en plus, quatre plantules de choux-fleurs. Bien qu’ayant rarement connu le succès avec ce légume, je me dis que ça ferait toujours plaisir aux piérides que j’en cultive. Je pus donc passer à la caisse sans encombre, sortis par l’entrée, mis piquets et colle dans le coffre et me rendis à la station-service acheter une bouteille de gaz.

Peut-on considérer un achat de plus extrême nécessité que le gaz ? Ça se discute. Après tout, est-il essentiel de manger chaud et de cuisiner ? De plus, cette bouteille était destinée à servir de réserve au cas où mon autre bouteille viendrait à se vider. Possédant par ailleurs une plaque électrique, un four du même métal et un micro-ondes, une rapide enquête aurait permis à tout gendarme un brin consciencieux de vérifier que cet achat n’avait rien de vital. N’écoutant que mon courage, je courus le risque.

Avant de rentrer, je m’arrêtai au bureau de tabac. Le buraliste dès qu’il me vit plongea sous son comptoir afin d’y trouver une de ces cartouches que je lui achète depuis plus de dix ans. Je mis fin à ses recherches en lui expliquant que ma visite n’avait pour but que de m’enquérir du moment où il recevrait des masques. A quoi il me répondit qu’il n’en avait pas la moindre idée et que personne ne l’avait contacté à ce sujet. Je pus ainsi constater que tout était sous contrôle et qu’au cas où le masque serait déclaré obligatoire, nous serions fin prêts pour le déconfinement.

Nous vivons une époque formidable dans un pays qui ne l’est pas moins !

vendredi 24 avril 2020

« Place au nouveau consommateur » 


Telle est la devise des magasins Aldi. En janvier d’avant le Covid-19 (il me semble qu’il serait raisonnable de changer d’ère (et parfois aussi d’air) vu que le monde ne sera plus comme avant), cette enseigne de hard discount avait fait diffuser sur les chaînes de télévision le merveilleux petit message publicitaire que voici :




Un chef-d’œuvre qui mérite analyse. Que nous montre-t-il ? Que nous dit-il ? Que nous prédit-il ? D’abord que le nouveau consommateur est jeune, d’origine multi-ethnique et forme des groupes respectant la parité homme/femme. C’est bien. Quoique ce désir de représentation de la diversité aille un peu loin : 50 % d’africains (du nord ou sub-sahariens) est-ce vraiment représentatif de notre population actuelle ? La fausse blonde, racines négligées, yeux bleu-pâle et le rouquin, ne risquent-ils pas, par contraste, de paraître d’une leucodermie excessive ? Il est vrai que leur dynamisme, leur gaîté, leur franche et affectueuse camaraderie sont censés être enviables. Toutefois, à les voir courir avec (ou dans) un caddie, décorer vêtements et chariot d’adhésif de couleurs, tomber à terre ou dans l’eau dans de grands éclats de rire et de voix hystériques, on peut ce demander si ces jeunes « adultes » n’auraient pas un âge mental inférieur à dix ans. Mais bon, ils ne sont pas notre présent mais la génération qui vient et qu’il faudrait écouter davantage, notre avenir, en quelque sorte.

Sans le commentaire, dit sur un ton sérieux et teinté d’une pointe de cet accent si sympathique de nos chères banlieues, on pourrait se demander à quoi riment au juste leurs pitreries. Le message est clair : le caddie dont l’abandon final a un côté sacrificiel, représente le vieux monde, celui de la grande distribution ( comme si Aldi, contraction d’Al-brecht Di-skont et ses plus de 8 000 points de vente dans le monde n’avait rien à voir avec celle-ci), de ces magasins trop grand qui présentent le défaut d’offrir un choix trop vaste de produits, que n’importe comment TOUT LE MONDE n’a pas les moyens de s’offrir, ce qui est une honte ! Dieu merci, il existe une alternative à ce scandale : des petits magasins, proposant un nombre restreint de produits que chacun peut de payer et dont on peut ramener ses maigres achats dans un simple cabas. Voilà l’avenir !

Résumons nous : l’avenir, selon le prophète Aldi, c’est une population multi-ethnique, décérébrée, appauvrie, se satisfaisant plus par obligation que par choix de magasins adaptés à leur triste condition. Ça fait rêver, non ? Toutefois, il se peut malheureusement que cette vision soit prophétique, qu’avant que ne se déclenche la crise actuelle, elle n’ait annoncé son après. Certains s’en réjouiront. Je les laisse à leur joie.

mercredi 22 avril 2020

D’une nouvelle forme de délinquance


Sur l’attestation de déplacement dérogatoire il y en a très peu qui peuvent me concerner vu que je suis retraité, que je ne pratique aucun sport, que je n’aime pas me promener, que je n’ai aucun animal de compagnie, que mes chers parents sont décédés depuis belle lurette, que je n’ai, du moins pour l’instant, aucun problème avec la justice ou toute autre administration et que je ne vois pas de quelle utilité je pourrais être dans une quelconque mission d’intérêt public.

Seuls les achats de première nécessité et les soins des patients atteints d’une affection de longue durée me concernent. Pour ce dernier motif, voyant mon médecin traitant une fois tous les trois mois afin qu’elle renouvelle mon ordonnance et que je l’ai vue début mars, je suis tranquille jusqu’à début juin. La seule occasion de sortie dans ce cadre c’est pour, une fois par mois aller chercher mes médicaments à la pharmacie.

Restent donc les achats de première nécessité. Les tabacs ayant été autorisés à rester ouverts, il est raisonnable de penser que c’est afin qu’ils vendent du tabac et qu’en allant, tous les dix jours acheter une cartouche de cigarettes je ne risque aucunement de connaître les foudres de la loi et cela d’autant moins que je m’arrange pour en faire l’emplette en même temps que d’autres achats.

Mais il y a le reste. On lit ça et là que des personnes ont été verbalisées par les forces de l’ordre sous le prétexte qu’elles avaient, entre autres denrées acheté qui des paquets de gâteaux, qui une teinture pour les cheveux, qui des tampons périodiques etc. Bref, des articles que, dans leur grande sagesse, les zélés représentants de l’ordre n’avaient pas jugé être de « première  nécessité ». Mais qu’est-ce qui l’est au juste ? Où peut-on consulter une liste exhaustive et précise de ces dits achats ? Existe-t-elle seulement ? La réponse à ces questions est que c’est difficile à déterminer et que la liste n’en est pas dressée.

La conséquence en est que vous êtes livré pieds et poings liés à l’arbitraire du policier. S’il estime que, quand vous avez acheté un paquet de nouilles en plus d’un paquet de riz, l’un des deux perd de son absolue nécessité : il peut vous verbaliser. La viande, le poisson, les œufs, les produits laitiers font-ils partie des achats de première nécessité ? Les végans prouvent que non : amende. En admettant que l’on puisse acheter des produits provenant d’animaux. Lesquels sont vraiment indispensables ? Pas ceux provenant du cochon, vu que les musulmans vivent (parfois) très bien en n’en mangeant pas. Saucisse=contravention. On vit en absurdie.

Que faire ? Doit-on interdire à la vente tout produit n’apparaissant pas dans une liste dressée par les autorités compétentes (si elles existent) ? Dans ce cas, les commerçants devraient logiquement supprimer de leurs rayons tout article n’y figurant pas, ce qui, en plus de rendre la plupart des magasins aussi bien approvisionnés que ceux de la regrettée URSS, aurait pour conséquence de les mener à la faillite.

De plus, j’aimerais qu’on m’explique en quoi le fait que j’achète en plus d’achats nécessaires, un paquet de lames de rasoir ou de rasoirs jetables (produits dont la première nécessité est contestable, vu que je pourrais très bien porter la barbe sans que ma vie ne soit menacée) met en danger la santé, voire la vie d’autrui et fait de moi un délinquant.

Ne pourrait-on pas recommander aux policier de faire preuve sinon de bienveillance du moins d’un peu de bon sens et, comme le disait si bien M. Pompidou, d’« arrêter d’emmerder les Français » ?

mardi 21 avril 2020

Poiscaille : le retour !

Sardines, moussette et maquereaux
C’est sans trop d’espoir mais d’un pas tout de même alerte que je me rendis au marché ce matin. Les poissonniers seraient-ils de retour ? Devrais-je me contenter faire l’emplette de quelques pieds de courgette, mes semis n’ayant rien donné. Passant devant la poissonnerie, je vis qu’elle avait rouvert. Je me rendis sur la place et achetai les cucurbitacées désirées et constatai que les étals de poisson étaient eux aussi de retour et bien garnis. Seulement une longue file d’attente me poussa à aller faire mes courses à la boutique. Le choix y était un peu maigre j’achetai quelques belles sardines en vue de les griller mais l’absence de maquereau me contraint à retourner au marché où ils étaient en nombre. Car une belle journée comme aujourd’hui qui ne se terminerait pas par un maquereau à la moutarde cuit sur le barbecue serait une journée gâchée. Chose qu’on ne saurait supporter en ces temps incertains où l’on ne sait si on sera encore de ce monde demain et que mourir pour mourir autant ne s’y résigner qu’après un maquereau à la moutarde.

J’aperçus sur l’étal des moussettes. N’en cherchez pas si vous n’habitez pas à proximité des côtes de la Manche elle voyage mal. Il s’agit d’une araignées de mer juvénile (moins de deux ans). Connue aussi sous le vocable crabe de mai, on la pêche approximativement entre le 15 mars et fin juin quand, après sa migration hivernale, elle revient sur les côtes parfois en très grand nombre. Elle mue en juin et n'est alors plus consommable. J’en achetai une. chacune de ses moitiés fera mon entrée du soir.

Ce que l’on trouve partout, en revanche, c’est le maquereau. Pour le barbecue, je le prépare ainsi : Je retire sa tête, le vide (quand le poissonnier n’a pas eu la gentillesse de le faire lui même) puis racle bien l’arête centrale afin d’en retirer le sang. Je l’incise le long de cette arête, le mets à plat, l’assaisonne puis le recouvre de moutarde forte. Quelques minutes de chaque côté sur le barbecue et c’est prêt. Simple mais délicieux. Voici à quoi il ressemble avant cuisson : 




dimanche 19 avril 2020

Confinement, mode d’emploi (du temps).

Dire que le confinement ait bouleversé mon mode de vie serait exagéré. Il se trouve que, ma nature solitaire et les activités qui sont les miennes m’amènent à une sorte de confinement permanent. Ce que je déplore dans la situation actuelle est qu’elle m’est imposée, que la fermeture du magasin de bricolage du village m’interdit de terminer la rénovation de ma cage d’escalier et de son palier faute de colle, de crépit intérieur et de boutons de portes, qu’elle me contraint à payer un jardinier pour éviter que mon terrain de Corrèze ne se transforme en jungle et qu’ayant décidé de faire mes courses localement, je ne bénéficie plus d’autant de choix pour mes divers achats.

Disposant d’un petit terrain, j’ai, suite au chômage technique que m’imposa le manque de matériaux, pu consacrer du temps à l’amélioration du potager dont j’avais entamé l’aménagement l’an dernier en convertissant des espaces envahis d’herbes folles en lopins et carrés propices à la culture de légumes. Tâche un peu ingrate au départ mais qui, menée à bien, après un sévère désherbage suivi de labour et d’ameublissement au croc, fait que le terrain ne nécessite qu’un peu d’entretien. La première tranche de ce mini-potager (mon précédent, dans les collines était bien plus vaste) a donc été facile à préparer en vue des semis de Poireaux, radis, haricots verts et autres courgettes qui viendront tenir compagnie aux artichauts et fraisiers déjà en place :


L’artichaut violet,planté, l’an dernier m’a offert la joie de donner naissance à, pour l’instant, 3 jolis bébés que je pourrai savourer dans un mois. Hélas, la nature est cruelle et ce n’est qu’en agrandissant la photo que j’avais prise d’un de ces délicieux bourgeons que le jour suivant j’aperçus qu’un escargot l’avait rejoint parmi les feuilles :


Quand je voulus aller déloger la bête immonde, je vis qu’elle s’était permis de dévorer l’extrémité du bourgeon. Je l’envoyais suite à un vol plané voir si l’herbe était plus verte chez le voisin et entourai le pied de la plante de granulés propre à envoyer ses congénères tester les avantages du paradis des gastéropodes.

Mettre en état la partie destinée aux pommes de terre fut plus délicate car un premier bêchage d’automne n’avait pas permis que pourrissent les racines des divers végétaux qui la recouvraient et supprimer celles-ci prit du temps. Le sol rendu meuble, je pus y planter mes tubercules.Seulement, le soleil et la chaleur et la chaleur de ce début avril dopa leur croissance et certains pointent déjà leur feuillage, ce qui ne va pas sans m’inquiéter un peu car jusqu’à la mi-mai et ses fameux saints de glace (période où il arrive qu’on crève de chaud), on n’est pas à l’abri de gelées destructrices. On avisera alors.


Pousse prématurée
La tomate étant l’un des fruits qui, obtenu de manière naturelle, cueilli pour être mangé immédiatement, offrent au gourmet, à l’instar de la pomme de terre nouvelle, du haricot ultra-fin cueilli du matin ou de la jeune courgette, des plaisirs ineffables, j’avais fait l’emplette d’une mini-serre. Je la montai donc et y plantai quelques pieds :

J’en réservai deux ou trois pour la pleine terre. Toutefois, vu le climat parfois rigoureux et très souvent pluvieux, il est plus sage de leur offrir un abri que les préservera du mildiou et d’un mûrissement trop tardif.

Tous ces menus travaux menés à bien, je connaîtrai, chaque matin, le bonheur simple que procure un tour de jardin où l’on arrache ici où là une herbe entre deux binages, où on cueille une fraise que l’on savoure sans plus tarder et où l’on récolte les produits à maturité.

Un peu de lecture et de cuisine ainsi que l’écriture de billets frivoles viennent compléter ces moments paisibles. J’ai expérimenté de nouvelles recettes qui m’ont réjoui le palais dont voici quelques unes :
Noix de Saint-Jacques crème-curry accompagnées de nouilles chinoises

Filet mignon de porc et son riz basmati
Restes de poulet rôti tomates et champignons

Et bien sûr, chaque fois que le temps s’y prête, le barbecue :




Certains parleront de chance. La chance n’a rien à voir là-dedans, il s’agit de choix, choix que beaucoup auraient du mal à faire et encore plus à assumer tant les sirènes de la ville les captivent. Étant sourd à leurs appels, je les ignore. 




vendredi 17 avril 2020

On n’est pas sortis, ni de l’auberge ni de la peur !


Tout a été fait pour qu’on n’en sorte jamais ou très difficilement. Les effets conjugués des chaînes d’information, des réseaux sociaux, du principe de précaution et des progrès de la médecine ont fait monter le trouillomètre à des niveaux stratosphériques. C’est ça le jamais vu, l’inouï !

Venues de Chine, on a eu des « grippettes » pas piquées des hannetons en 1957 et en 1969. Je ne peux pas témoigner de l’impact qu’elles eurent. Pourtant j’étais là. Pour la première, j’étais bien jeune pour la deuxième j’avais d’autres préoccupations car, si on n’est pas sérieux quand on a 17 ans, on ne l’est pas forcément beaucoup plus à 19. Du coup, je n’en garde aucun souvenir. Il faut dire qu’on ne m’a pas beaucoup aidé : on n’a pas fermé les écoles ! Je m’en serais aperçu : pour la première j’y étais, pour la seconde, je la faisais. Je crois que ça m’aurait arrangé. J’étais assez fainéant à ces époques…

Mais tout était différent. Pas de Net, pas de chaînes d’info, une population moindre (44 millions en 57, 50 en 69), plus jeune (plus de baby-boomers qu’un curé ne saurait en bénir, espérance de vie plus réduite), moins urbanisée, une médecine moins bien équipée, des outils statistiques approximatifs… Les ingrédients de la panique n’étaient pas bien en place. Les comparaisons ne sont pas pertinentes.

Le nombre de morts ne justifie aucunement la montée du trouillomètre. Après tout, il meurt environ 12 000 personne de divers cancers chaque mois. Et cela dans l’indifférence générale (les victimes et leurs proches mis à part). Pas de Professeur Salomon pour venir dire combien de cancéreux sont morts, guéris, diagnostiqués, en réa. Pas d’applaudissement pour leurs soignants qui ne doivent pourtant pas être à la fête tous les jours. Et 39 000 autres personnes meurent chaque mois d’autre chose. Le nombre ne justifie rien.

Seulement, le cancer ou les affections cardiaques présentent l’avantage certain de ne pas être contagieux. On peut se dire, parfois à tort, que, grâce à une stricte hygiène de vie, ils nous épargneront. C’est la contagion qui fait peur. Car là, tout le monde se sent menacé. Plus on la décrit virulente, frappant aveuglément toutes les générations, plus la psychose monte. Et c’est ce que font les media, repris et souvent déformés par les réseaux sociaux. Sans le battage médiatique, la pandémie pourrait passer quasi-inaperçue comme ce fut le cas des précédentes. Seulement, le mal est fait et la panique est là.

Comment s’en guérir ? La pandémie viendrait-elle à disparaître d’elle même (c’est l’hypothèse qu’esquissait le Pr Montagnier ce matin chez Pascal Praud) que la peur d’un rebond pourrait fort bien subsister. On parle d’un déconfinement progressif qui pourrait se poursuivre jusqu’à fin 2020. On enfermerait les plus de 70 ans sine die, pour leur bien. Les obèses, les asthmatiques, les cardiaques et autres populations à risques connaîtraient le même sort. Pour les autres : masques et tests obligatoires. Comme si ces précautions, en admettant qu’on ait les moyens de les prendre, étaient des armes absolues !

Comment s’imaginer qu’après des mois et des mois de gestes barrières, de masques et de tests les gens pourront d’un coup croiser des gens dans la rue sans faire un pas de côté, s’asseoir à une terrasse de bistro, dans un théâtre, dans un stade, prendre un métro ou un bus à côté de quelqu’un qui tousse en toute tranquillité ?

La psychose sera probablement plus difficile à éradiquer que la maladie et pourrait repartir de plus belle au moindre pet de travers. Plus que le Covid-19, elle aura mis en danger nos sociétés occidentales et démontré clairement leur grande fragilité. On n’est vraiment pas sortis de l’auberge !


mercredi 15 avril 2020

Une triste conséquence de plus !

Quand reverra-t-on cela ?


Depuis quelque temps, j’ai pris de plus en plus goût au poisson. Ce ne fut longtemps pas le cas. Il faut dire que, de mon enfance, je n’en gardais pas d’excellents souvenirs.Et cela pour une raison très simple : ma mère faisait ses courses au marché de Houilles ( ville dont le maire comme celui de Eu est un farouche ennemi de l’élision) qui avait lieu, si ma mémoire est bonne, le lundi. Le jour du poisson était, comme dans toute famille catholique qui se respecte, le vendredi. Il en résultait que le poisson n’était plus toujours très frétillant et que son goût s’en ressentait.

Depuis que je vis en Normandie, il m’arrive plus souvent d’en trouver du bien frais, parfois même chez Leclerc. Sinon, on en trouve sur le marché du village ainsi qu’à sa poissonnerie. Huit jours après le début du confinement, je me rendis donc au marché d’un pas allègre, bien décidé à acheter du poisson. Arrivé sur la place, force me fut de constater que le marché avait été annulé. Je me rabattis donc sur la poissonnerie. Je fis de même le jeudi de la semaine suivante et congelai mes achats. Comme il m’en restait le mardi suivant, je n’eus pas besoin de me réapprovisionner mais je vis que quelques commerçants étaient revenus au marché dont les deux poissonniers habituels.

C’est donc persuadé de n’avoir que l’embarras du choix que je me rendis hier au marché. Curieusement, je constatai au passage que la poissonnerie était fermée. Je poursuivis mon chemin jusqu’à la place pour y faire le triste constat que les poissonniers en étaient absents. C’est triste comme plusieurs semaines sans poisson que je revins bredouille. Au passage, je m’arrêtai pour lire une affichette apposée sur la vitrine de la poissonnerie. Celle-ci expliquait que, faute d’approvisionnement, ils s’étaient vu contraints, bien qu’autorisés à ouvrir, à fermer boutique. Je me souvins que lors d’une précédente visite, la propriétaire m’avait expliqué que le poisson se faisait rare mais, qu’ils parvenaient tout de même à en avoir un peu par leurs mareyeurs habituels. Il faut croire que ces derniers avaient depuis jeté l’éponge.

Il faut préciser que la filière française du poisson dépend à 60 % de la restauration, laquelle n’est pas près de reprendre ses activités et que la consommation des particuliers a également beaucoup baissé. Les mareyeurs n’achètent donc plus et les bateaux restent à quai et ça va durer. Combien de pêcheurs, de mareyeurs, de poissonniers vont se retrouver sur le carreau ? Encore un secteur d’activité qui, grâce au confinement, va se retrouver en grande difficulté. Espérons qu’au jour du bilan, ce dernier se sera montré capable de sauver beaucoup de vies. Si les pays qui n’y ont pas eu recours montraient une mortalité égale voire inférieure, on aurait créé une belle catastrophe pour rien !

mardi 14 avril 2020

Dieu qu’il est chiant !


J’ai regardé et plus ou moins écouté notre cher président hier soir. Je n’en attendais pas grand-chose et je dois dire qu’à cet égard je n’ai pas été déçu. Une courte et nette allocution eut été souhaitable et qu’avons nous eu ? Un interminable filet d’eau tiède, des portes ouvertes enfoncées de haute lutte, des plaidoyers pro domo, une annonce claire et beaucoup de flou. J’ai eu une pensée émue pour la pauvre Brigitte ! Nous, on s’en tape une petite demie-heure de-ci-de-là et encore si on veut bien mais elle, depuis des années c’est tous les jours ! Pas étonnant que le confinement à l’Élysée lui pèse !

On se reprend donc quatre semaines de confinement. C’est là l’essentiel. Après le 11 mai, les plus fragiles d’entre nous feront du rab, les autres seront astreints au port du masque. Probablement que d’ici là tout aura changé. Ou pas. Aura-t-on trouvé, un vaccin, un traitement ? Les masques seront-ils devenus une protection infaillible ? Disposerons-nous de tests fiables ? Ne fait-on que reculer pour mieux sauter ? Démarche inutile, vu qu’il faudra bien sauter un jour  !

Il me semble que l’on ne souligne pas suffisamment un des succès les plus éclatants de l’affaire Covid-19 : celle d’avoir communiqué une sainte trouille aux populations. Avec pour conséquences, entre autres, une paranoïa inouïe, une irrésolution générale, un désir irrationnel de précautions inefficaces voire totalement inutiles, la circulation de rumeurs chiffrées d’un alarmisme irraisonné.

Face à une population atteinte de folie, que voulez-vous que les gouvernements, quels qu’ils soient fassent sinon entrer dans son jeu ? Comme chacun sait, il est dangereux de contrarier les fous-furieux… Alors, on leur dit des conneries, dans l’espoir, probablement illusoire, de les calmer. On leur parle de mettre en quarantaine les contaminés (en oubliant qu’en revenant d’un test négatif on peut se faire contaminer). On évoque la possibilité d’un tracking (sauf que tout le monde n’a pas de smartphone et que si on a mis les contaminés déclarés en quarantaine, on ne voit pas pourquoi ils se promèneraient). Bref, on dit un peu n’importe quoi… On est l’homme de la situation : le président que mérite un peuple déboussolé.

Cela dit et comme en France, tout est censé se terminer par des chansons, vu que je n’ai aucune envie de porter un masque dont l’efficacité me paraît très relative, je vais laisser un grand artiste vous exprimer ce dont je préférerais m’équiper. Je sais, ça ne servirait absolument à rien, mais c’est plus guilleret :



lundi 13 avril 2020

Et après ?


Ce soir notre vénéré président (que Dieu l’ait en sa sainte garde!), va causer dans le poste. Comme tous les bons Français , je m’en fais une joie. Car s’il y a une chose à laquelle ce grand homme excelle, c’est bien ces sympathiques petites causeries. Il est probable qu’à cette occasion il évoquera la crise du Covid-19. Il se pourrait même qu’il envisage, sans donner de date précise bien entendu, l’éventuelle possibilité d’un commencement de déconfinement plus ou moins partiel ou sa prolongation jusqu’à la saint Glinglin ou un peu avant bien qu’il ne soit pas totalement inconcevable que ce soit après. On y verra donc bien plus clair comme après toutes ses magistrales interventions.

En attendant, on se perd en conjectures. Pourra-t-on sortir davantage à condition d’être équipés de ces masques que l’on n’a pas ? Seuls ceux qui ont fabriqué des anti-corps seront-ils autorisés à sortir après avoir été testés( comment, avec quels tests ? Mystère !) ? Amorcera-t-on un déconfinement dans les zones les moins atteintes (ou les plus atteintes) ? Devrait-on maintenir seulement les personnes les plus fragiles à l’isolement ? Sur quels critères les sélectionnerait-on ? l’âge (lequel ? Si on confine les plus de 70 ans jusqu’à la fin de l’année, je serai libre de sortir jusqu’au 28 septembre puis devrai me confiner à nouveau) ? L’état de santé (sur quels critères, suite à quel certificat médical?) ?

Quoi qu’il en soit, il faudra bien, un jour ou l’autre, une semaine ou l’autre, un mois ou l’autre, une année ou l’autre, que se termine le confinement. Plus il aura duré, plus sa fin sera délicate. En effet, avec le temps s’installent les routines. Si applaudir et taper sur des casseroles est extrêmement utile, gentil et agréable d’un balcon, continuera-t-on à le faire dans la rue ? Le professeur Salomon est devenu un compagnon incontournable de nos soirées télévisuelles avec ses chiffres d’entrées, de sorties de l’hôpital ou de la réanimation, de cas avérés et de décès du jour. Saurons-nous nous en passer ? Faudra-t-il organiser un sevrage progressif ? Sera-t-il supportable d’entendre parler d’autre chose que de masques, de tests, de gestes barrières ? Les plus zélés partisans de l’isolement le prolongeront-ils ? Continueront-ils de dénoncer à la police leurs voisins qui sortent trop à leur goût ? Osera-t-on sortir de chez soi sans un papier en expliquant le motif ou faudra-t-il organiser une campagne d’information ? La farine, les pâtes et le papier hygiénique constitueront-ils l’essentiel des rayonnages de nos grands distributeurs ? Combien d’auteurs en vue publieront leur journal de déconfinement ? Ce sera un moment très compliqué à vivre, surtout au milieu des ruines de notre économie.

Petit supplément gratuit :

Afin de vous désennuyer je vous offre ce tableau extrait d’un article du Figaro (en lien) montrant que la grippe de 2016/2017 avait fait autant de mort qu’on nous a annoncé de victimes du Covid-19 hier (EHPAD inclus). Avec un pic d’environ 400 par jour les semaines 5 et 6. Celle de 2014/2015 fut également remarquable. Qui aujourd’hui se souvient d’elles ?



samedi 11 avril 2020

Voisinage (2)



Avertissement : J’ai tenté de relater cet épisode lamentable sur un ton badin. Seulement, il n’a rien de plaisant. Il est même navrant de constater que l’on vit au milieu de gens de cette sorte, que l’on n’y peut rien, que la misère matérielle et morale continue d’exister et que si elle allait s’installer un peu plus loin de chez moi ça ne l’effacerait pas pour autant.

A l’automne dernier, un charmant jeune homme est venu remplacer le vieux trumeau et son ex-taulard d’amant dans une maison voisine. De mon jardin, je pus vite constater que ce que je perdais en querelles de tourtereaux débiles et conversations ineptes était largement compensé par de nouvelles nuisances : en effet, mon nouveau voisin, s’il vivait seul hors des visites du jeune enfant que je supposai être son fils, était de ces amateurs de Rap qui ne rechignent pas à faire partager leurs goûts musicaux au voisinage. Vue sa présence constante, il semblait ne pas être assujetti à cette malédiction divine qu’est le travail. Heureux propriétaire de deux voiturettes sans permis, il quittait fréquemment son domicile dans de bruyantes pétarades pour y revenir bien vite avant de partir à nouveau. Sinon, il s’occupait dans le jardin à écouter ses airs préférés en sirotant une bière. Bref, un cassos avait chassé l’autre.

L’actuel confinement ne semble pas avoir beaucoup changé ses habitudes. Il continue de se rendre je-ne-sais-où pour en revenir bien vite. J’en conclus qu’il doit se ruiner en attestations de déplacement dérogatoires vu qu’il en est aujourd’hui, à seulement dix heures, à son troisième ou quatrième aller-retour. Il semble que le petit garçon ne vienne plus. Ses jouets verdissent toujours, épars, dans la cour. Ses cris ont été remplacés par les gémissement d’un chien molossoïde suppliant qu’on le laisse entrer. La nature a repris ses droits dans ce qui fut naguère un jardin soigné, maintenant jonché d’objets hétéroclites . Tout va donc bien. Ou plutôt allait bien jusqu’à avant-hier soir.

Dans la soirée, tandis que je désherbais mes carrés de fraises j’entendis une voix masculine s’enquérir de la dangerosité puis du nom du chien. Il y avait donc au moins un visiteur. Comment mieux lutter contre la solitude qu’impose le confinement qu’en recevant des amis ? Toutefois, plus tard dans la soirée, j’entendis des éclats de voix. Quoi de plus naturel au fond ? Au fil des heures, les packs de bière se succèdent, un mot entraîne l’autre, le ton monte… On ne peut pas être tous d’accord sur le traitement du professeur Raoult ou sur certains points de la philosophie kantienne… Nous ne vivons pas dans un monde idéal. Cependant, certains bruits fracassants de vaisselle brisée et de meubles déplacés sans ménagement, commencèrent à m’inquiéter sur l’issue du débat en cours.

Je mis le nez dehors et vis une porte s’ouvrir et quatre hommes sortir sur le trottoir. L’un deux s’écroula tandis qu’un autre, visiblement irrité  se mit en devoir de faire valoir son point de vue à grands coups de pieds dans le corps de l’homme à terre, criant qu’il allait « le finir » Les deux autres tentaient de calmer le jeu, priant « Momo » d’arrêter. Je décidai prudemment de fermer ma porte et montai à l’étage, d’où j’assistai à la fin de la dispute. Ses compagnons ayant regagné une voiture garée de l’autre côté de la rue, le dénommé Momo, abandonnant son projet de finalisation, les y rejoignit non sans avoir au préalable brisé une glace d’un des voiturettes d’un coup de poing rageur. La voiture s’éloigna tandis que mon voisin se relevait et rentrait à la maison.

Le voisin d’en face, qui avait assisté à la scène en attribua l’origine à la boisson, ayant vu plus tôt un des hommes, ne tenant plus bien sur ses jambes sortir pour soulager sa vessie sur l’une des voiturettes. Je redescendis et allai me promener un peu sur le net. J’entendis de nouveau des bruits de bris divers. Il semblait que le voisin, perfectionniste, ait voulu parachever les destructions. Puis tout se calma.


vendredi 10 avril 2020

Poulet et pommes de terre rôtis



Mais qu’est-il arrivé à cette pauvre bête ? Victime d’une forme particulièrement aiguë du Covid-19 ? D’un grave accident de la route ? Vous titrez « Poulet et pommes de terre rôtis » mais où sont les pommes de terre en question ? Eh bien figurez vous que l’accompagnement de la bête, je l’ai dévoré comme une bonne partie du poulet. Parce qu’ils étaient excellents et que je suis gourmand.

Si depuis des décennies je cuisine ce genre de plat rôti, je dois dire que cette fois-ci suite à quelques modifications je suis parvenu à un résultat vraiment remarquable. Ma générosité légendaire et mon non moins remarquable sens du partage me le dictent : en voici la recette.

Procurez vous par achat, vol ou élevage, un poulet de qualité, genre fermier (on le reconnaît à ses bottes Baudou), ayant, si possible, obtenu grâce à ses mérites le Label Rouge. Pelez les pommes de terre et coupez les en deux ou quatre selon leur grosseur. Dans un plat allant au four disposez le poulet ainsi que les patates. Salez, saupoudrez de piment d’Espelette moulu. Introduisez deux ou trois feuilles de laurier et autant de branches de thym frais à l’intérieur du poulet. Déposez sans lésiner du saindoux sur la volaille et son accompagnement. Introduisez votre plat dans un four à chaleur tournante pré-chauffé à 180°. Ensuite, toutes les 20 minutes, arrosez avec la graisse de cuisson votre poulet et les patates que vous retournerez également afin qu’elles dorent régulièrement et d’éviter qu’elles n’attachent. Après une heure et demie, le poulet est prêt, succulent, parfumé, tendre et moelleux comme ses compagnes de cuisson. Bon appétit !

mercredi 8 avril 2020

Une optimiste !


Ce matin, quand je me suis réveillé, j’ai vu qu’il s’apprêtait à faire jour. Je ne fis ni une ni deux pour me lever car j’étais bien décidé à me rendre au cabinet de soins infirmiers afin qu’on m’y fasse une prise de sang histoire de voir si, après avoir cessé de prendre le médicament contre l’hyperthyroïdie et celui qui était censé l’avoir provoquée, mes TSH, T4 libres et d’autres bestioles de ce genre étaient revenues à de meilleurs sentiments.

Je dus me hâter car ma montre indiquait 7 heures 35 et que la permanence des infirmières prenait fin à 8 heures. Encore à moitié dans le coaltar, je parvins cependant à m’habiller, à retrouver mon ordonnance, à remplir l’attestation et d’un coup de voiture à me retrouver au cabinet à 7 h 50. Je fus un peu surpris de voir que le bureau d’accueil était vide alors que d’ordinaire tous les sièges y sont occupés jusqu’à 8 h et plus. Une personne était cependant dans le cabinet de l’infirmière. J’attendis donc un peu et échangeai quelques mots avec la secrétaire.

Conversation intéressante ! La bonne dame (j’allais dire brave, mais son discours m’indiqua que sa bravitude était en bien piètre état) me tint des propos qui donnaient à ceux que nous tiennent les plus alarmistes commentateurs médiatiques l’impression de refléter un optimisme exagéré. Selon elle, il suffisait qu’un membre d’un foyer soit contaminé pour que tous ses membres se retrouvent illico-presto en réanimation. Je lui exprimai mon scepticisme quant à ses affirmations. Elle me répliqua que ce qu’elle disait était basée sur des observations locales, des cas réels et non sur ce qu’on disait à la télé. Qu’elle s’empressa de me dire ne pas regarder. J’en restai pantois.

Car, si on en croit la carte en temps réel de la progression de l’épidémie, il n’y avait au 7 avril dans l’ensemble du département de la Manche que 66 personnes hospitalisées dont 23 en réanimation et qu’on n’y déplorait depuis le début de la crise que 17 morts. Le département comptant 500 000 habitants, ces chiffres sont tout de même très faibles. A croire que l’essentiel des intubés venait de Sourdeval ou de son canton qui seraient un mini-cluster départemental. Ce qui serait étonnant vu le faible peuplement et la faible densité de notre coin du Sud-Manche. J’eus beau lui dire que la plupart des diagnostiqués positifs n’étaient pas hospitalisés, que moins d’un tiers de ces derniers étaient en réa, rien n’y fit : c’était ce que racontait la télé qu’elle n’écoutait pas, point barre.

J’avoue qu’une telle réaction me laisse songeur, moi qui pensais que la cause essentielle des frayeurs qui parcourent notre beau pays était le battage médiatique autour de l’épidémie. Et puis je me suis souvenu que lors de ma précédente visite, le 27 février, cette même personne m’avait annoncé qu’un cas de Covid-19 avait été diagnostiqué à Vire. Renseignements pris, il s’agissait seulement d’une employée de la poste qui, ayant passé des vacances en Italie, s’était vue prescrire une période d’isolement. Ainsi, pour certains, un isolement devient cas, un infecté et tous ses proches se transforment en quasi-mourants. Pas étonnant que le cabinet soit moins fréquenté !

Ça me rappelle une expérience que je fis, adolescent : un camarade de lycée m’annonça être passé devant chez moi la veille. Ma fantaisie me dicta de lui demander s’il avait vu l’accident. Bien sûr, qu’il l’avait vu ! Il fut même en mesure de me fournir des détails précis sur cet événement totalement imaginaire…

Nous sommes dans un pays cartésien, tout le monde le sait. Il me semble cependant qu’en matière de rationalité certains ont encore de menus progrès à accomplir.


mardi 7 avril 2020

Mes joies, mes peines

Maquereau au vin blanc et sa fondue de poireaux (du jardin, les poireaux)


J’avoue que j’aurais préféré vous parler de la recette de fondue de poireaux que j’ai réalisée hier mais les sujets sérieux ne sont pas de mise à l’heure actuelle où, plus que jamais,  le rôle de bouffon irresponsable que je me plais à tenir m’impose de parler de choses plus futiles comme les joies et les peines qui rythment mes jours.


Or donc, hier, je me levai, après une nuit agitée par des facéties intestinales dans une forme bien moyenne. Saisi de colique je me rendis d’urgence aux toilettes. Sans trop d’appréhension, je me décidai ensuite à subir le test que propose  M. Gouvernement Point fr sur son joli site.  Vu que l’avant-veille j’avais connu une faible poussée de fièvre très temporaire à 38° (du genre de celle que ma mère jugeait sans intérêt et non susceptible de me faire manquer l’école), que je ressens depuis pas mal de temps des courbatures et que je me sens un peu fatigué, autant savoir ce qu’il en pensait. Je répondis donc avec conscience aux 22  questions posées. Et le verdict tomba : Votre situation peut relever d’un COVID 19. Vos symptômes indiquent qu'un avis médical est nécessaire. 

Seulement, vu que, à part me dire qu’il fallait voir comment la situation allait évoluer je ne voyais pas trop ce que mon médecin allait pouvoir me dire, je m’empressai de n’en rien faire. Il serait toujours temps de la* déranger en cas d’aggravation notable des symptômes.  J’avisai ma fille de cette sage décision par SMS.

Lorsqu’elle me téléphona dans l’après-midi, elle me fit remarquer que si elle se trouvait dans quelque temps dans la situation d’avoir à annoncer mon décès pour cause de Covid-19 sur le blog, vu tout ce que j’avais écrit sur la question ces derniers temps, j’aurais plus l’air d’un con que d’un archevêque (ce qui, je dois l’avouer est une hypothèse envisageable vu que jusqu’à présent personne ne m’a pris pour un archevêque). Je lui rétorquai que quoi qu’il advienne, je ne reviendrais pas sur mes déclarations, vu qu’elle reflétaient parfaitement ce que je pense.

Ce matin, pas plus de fièvre que de beurre en broche, pas de désordres intestinaux non plus. Je crois que la cause de mon indisposition momentanée était l’excellente côte de porc au barbecue que je m’étais préparée la veille au soir et plus particulièrement au surdosage en piment de sa marinade. Que voulez-vous, j’aime les plats épicés et dans la vie tout se paye.  Quand on voit la photo de la coupable, on ne peut que se montrer indulgent à son égard : 

Arrivé à la fin de ce récit dont l’intérêt exceptionnel n’échappera à personne  pas plus qu’à son auteur, je me contenterai de répéter ce qui est pour moi une maxime : le pire n’est jamais garanti. Et d’ajouter accessoirement que quand il se produit, il faut bien faire avec. 

Je vous souhaite donc d’attaquer, comme moi, cette quatrième semaine de confinement avec confiance et bonne humeur.

*Mon médecin est une femme.

lundi 6 avril 2020

Un étrange compagnon





Depuis quelques jours, profitant de l’inhabituel beau temps, j’en entrepris de préparer mon terrain en vue de la plantation des patates mises à germer devant une fenêtre. Pour cela, je passe au croc la terre que j’avais labourée à l’automne afin d’en retirer les mauvaises herbes et de l’ameublir. Il y a deux ou trois jours j’aperçus un merle à un peu plus d’un mètre de moi. Il tournait sa tête dans tous les sens. Tout à coup, de quelques bonds, il s’approcha, saisit dans son bec un lombric, avant de reprendre un peu de distance en sautillant. Il se mit alors en devoir de picorer le malheureux ver sans se soucier de ma proximité. Je m’approchai même sans qu’il ne paraisse se méfier. J’allai alors chercher mon téléphone afin de filmer la scène mais à mon retour l’oiseau s’était envolé.

Depuis, chaque jour il me rend des visites intéressées. Il surveille mon travail et dès que l’occasion se présente, il se hâte de saisir d’un coup de bec les proies que je mets à jour. Des lombrics en général mais hier ce fut un ver blanc (larve de hanneton) qui connut un triste sort. Sans vouloir le vexer, je dois dire qu’avec sa larve au bec, il avait l’air plus con que glorieux.

Qu’un rouge-gorge vienne surveiller de près l’avancement de mes travaux de bêchage afin d’en tirer parti est habituel. C’est tout juste si ces petits impertinents ne viennent pas se jucher sur ma bêche afin d’être au plus près d’éventuelle nourriture. Si je signale ce fait c’est qu’en des décennies de jardinage, je n’avais jamais vu un merle si peu farouche. Peut-être qu’une longue fréquentation des jardins sourdevalais lui a appris que l’homme ne représentait pas un réel danger pour lui et que la balance risques/avantages penchait du côté des derniers.

Je ne suis pas parvenu à filmer ni photographier mon voleur, celui qui, en le privant de ses précieux lombrics appauvrit mon terrain. C’est donc d’une photo empruntée au net que j’ai illustré mon article. La ressemblance avec le mien est frappante, comme celle du vers qu’il tient dans son bec avec ceux dont il prive mon jardin.

dimanche 5 avril 2020

Faudrait savoir !


Comme tous les matins, j’ai allumé la télé pour prendre des nouvelles de Covid-19, histoire de voir s’il allait bien, si ses affaires marchaient. J’ai été vite rassuré et je me suis empressé d’éteindre. Ça ne m’a pas empêché d’entendre quelques conneries. Ainsi, des Parisiens, au mépris de toute prudence, au risque de provoquer plus ou moins sciemment la mort de leur prochain se seraient permis de sortir dans la rue ! Une honte, ma bonne dame !

Faudrait quand même savoir ! Soit on est autorisé à des sorties d’une heure dans un rayon d’un kilomètre de chez soi (probablement parce que passé mille mètres on devient un danger et qu’à 999 tout baigne) soit on ne l’est pas. Si on l’est encore, ce qui me semble être le cas, je ne vois pas au nom de quoi on se priverait de ce droit. Ben oui mais, ça fait beaucoup de monde dans les rues ! Oui, ça en fait même d’autant plus qu’on a fermé les espaces verts de la capitale. Probablement parce que les gens s’y seraient rués pour s’y lécher la pomme et faire fi de toutes les consignes. Tout cela est ridicule !

J’ai avant de mettre mes yeux et mes oreilles à l’abri de la folie ambiante entendu le docteur Tartempion, président de l’AMSD (Association des Médecins sans Diplômes)* préconiser le port obligatoire du masque par tous. Faudrait savoir ! Soit les mesures de distanciation sociale sont efficaces, soit elles ne le sont pas. Si elles ne servent à rien pourquoi nous les impose-t-on ? Faute de masques ?

Un des gros problèmes qui va se poser est celui du déconfinement. Les hypothèses les plus folles circulent à son sujet : Pour certains, il faudrait le maintenir dans les régions les plus contaminées, pour d’autres c’est au contraire dans les moins touchées qu’il faudrait le prolonger. Faudrait savoir ! En fait on n’en sait rien. Faudrait paraît-il tester tout le monde et agir en fonction des résultats. Seulement, au rythme où c’est parti, il y en aurait pour des mois et des mois, sans compter les possibles rechutes…

Admettons le problème résolu, le dernier infecté guéri, le dernier mort enterré (ou incinéré). Le moment sera venu de faire les comptes (et non de les régler, comme le souhaiteraient certains vengeurs, généralement masqués, sur les réseaux sociaux). Si les rares pays qui se sont refusés à confiner ne s’en sortent pas plus mal que les autres, en conclura-t-on qu’à part foutre l’économie du pays en l’air, le confinement aura été inutile ? J’en doute !

Au milieu des sempiternels lamentos, j’ai entendu une « super bonne nouvelle » : une Espagnole de 101 ans, pensionnaire d’un EHPAD (ou de son équivalent outre-Pyrénées) a été guérie ! N’est-ce pas la un encourageant signe d’espoir , une merveilleuse info, un truc propre à émouvoir les âmes sensibles ? Ainsi la pauvre vieille va pouvoir mourir tranquillement d’autre chose dans les mois ou, dans le meilleur des cas, les années qui viennent !

Le spectacle que m’offre notre société me désole presque. Je m’y sens de moins en moins à mon aise mais l’ai-je jamais vraiment été ? Je sais que depuis le début de l’affaire Covid-19 mes statuts facebook et mes articles en défrisent certains. Mais vu que je vivais déjà quasiment en reclus ça ne m’empêchera pas de prendre plaisir à bricoler, jardiner, cuisiner et prêcher le calme et le sang-froid dans le désert...


*Ou d’un des multiples syndicats ou associations de la profession médicale dont on nous a appris l’existence récemment.

vendredi 3 avril 2020

Tout est relatif


Même pour moi qui ne souffre pas beaucoup du confinement du fait que je dispose d’un logement très spacieux, d’un jardin et qu’en temps normal je ne sors guère, celui-ci a de menues conséquences sur ma vie. Ainsi, du fait de l’épuisement de mon stock de colle à papier peint et de l’impossibilité où je me trouve d’aller dans un magasin acheter des boutons de porte adaptés et de nouveaux luminaires, je me trouve contraint à remettre sine die l’achèvement de la rénovation du palier. C’est bien triste, mais il est de plus grands malheurs.

Je me console de ces contraintes en jardinant. J’ai monté ma serre à tomates et je retourne et nettoie le carré où dans quelques jours je planterai les patates mises à germer au bord d'une fenêtre. C’est en me livrant à cette tâche ingrate qu’une fois de plus j’ai fait la découverte d'une douille en bien piètre état :


J’ai poncé sa base et ai vu apparaître deux chiffres et deux lettres : 4 3 T W. Une rapide recherche sur le Net m’apprit qu’il s’agissait d’une munition américaine. 43, étant son année de fabrication et TW indiquant son endroit de fabrication (Twin Cities Ordnance Plant, Minneapolis). Modeste témoin de la bataille qui fit rage dans mon coin de Normandie, lorsque l’armée allemande lança sa contre-offensive en août 1944. Pour vous faire une idée de la violence, voici une image du bourg de Sourdeval après sa libération :



Et une de ce qui restait de son église :


Au lendemain de la libération, ce triste spectacle n’avait rien d’original en Normandie : pratiquement tous les gros bourgs et petites villes de la région étaient dans cet état.

Et puis on reconstruisit. Mais pas plus à l’époque qu’aujourd’hui on n’avait de baguette magique. Cela prit du temps. Selon une vieille voisine, la maison que j’habite fut rebâtie en 1956. Douze ans plus tard. Qu’ont fait en attendant les occupants de l’ancienne, s’ils avaient survécu ? Un passionnant document retrace les étapes de la reconstruction en Normandie qui s’étalera sur 20ans ! A Sourdeval, pour des raisons non précisées, il est dit que celle-ci piétina.

On nous dit que nous vivons une catastrophe. Certes, des gens meurent, certes le PIB va connaître une baisse conséquente. Seulement le virus ne laissera pas nos villes en ruine, nos terres par endroits inutilisables, nos capacités de production industrielles quasi-anéanties, nos pénuries seront relatives et passagères. On s’en remettra comme on s’est remis de tant de bien pires épreuves. Au risque de paraître inconscient aux yeux des « apocalypsistes » je reste optimiste. J’ai, depuis longtemps, chevillée au corps, cette tendance à relativiser à mettre les choses en perspective. Comme nous le disions avec mon copain François, les jours de mauvais temps en attendant le car qui nous ramenait du lycée : « A Verdun, c’était bien pire : en plus y’avait les boches qui tiraient ! ».


mercredi 1 avril 2020

Humble suggestion au Président Macron


Monsieur le Président, je ne sais si vous êtes un lecteur régulier ou simplement occasionnel de ce blog. J’envisage même que, pris par vos nombreuses tâches vous en ignoriez jusqu’à l’existence. Toutefois, j’espère que mon message vous atteindra tant il est essentiel pour le salut de notre pays.


Il se trouve que de l’avis général votre gouvernement se montre totalement incapable de juguler la terrible épidémie de Covid-19 qui ravage la France. Il y a une raison simple à cela : vous êtes mal entouré. Vos ministres, quand ils ne sont pas taxés de corruption sont tout simplement considérés comme criminels et/ou totalement incapables.Pourtant, votre gouvernement s’entoure de comités scientifiques et d’experts en quantité. Seulement, la compétence de ces scientifiques laisse sceptique vu que les mesures qu’ils ont préconisées ont varié au fil du temps et se sont souvent avérées contradictoires et/ou insuffisantes et inefficaces.

Pourtant, notre pays regorge de gens honnêtes, compétents, cohérents, sincères et efficaces que l’on n’écoute pas ; il dispose d’un vivier d’une richesse inépuisable de talents dans lequel on ne daigne puiser. Je veux parler, vous l’aurez j’espère deviné, de ces êtres d’exception qui font des réseaux sociaux des lieux où règnent et prospèrent intelligence, clairvoyance et connaissance.

C’est là que se trouvent les solutions à la crise que nous traversons. C’est là qu’on connaît à la fois ce qu’il eût fallu que l’on fît, ce qu’il faut que l’on fasse, ce qu’il faudra que nous fassions, Par millions s’y trouvent d’infaillibles stratèges, par millions aussi des pharmacologues distingués capables de conseiller les traitements ad hoc. Avant même que le virus n’apparaisse, ils avaient des solutions pour l’empêcher de nuire !

C’est pourquoi, je vous en conjure, débarrassez-vous immédiatement de cette bandes d’incompétents qui vous entourent. Foin des ministres corrompus, foin des comités scientifiques bidons, foin des experts auto-proclamés ! Faites appel aux vrais talents ! Vu la compétence généralisée des membre des réseaux, un simple tirage au sort vous permettra de vite remplacer tous ces jean-foutres par des équipes de choc qui vous permettront de bien vite gagner la guerre.

Prenez la décision qui s’impose, Monsieur le Président, il en va du salut du pays.

Vive la République ! Vive la France !