..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 31 décembre 2011

America ? No, thanks !



Hier soir, j'ai encore fait une crise : alors que Didier Goux dédiait un billet au bon président  Chavez qui accuse plus ou moins les Américains d'inoculer le cancer aux dirigeants de la partie sud du nouveau monde, ça m'a repris.

En fait, il y a bien quarante ans que ça ne m'a pas vraiment quitté. Il y a eu des périodes d'apparente rémission, certes. J'ai étudié à l'université dans le cadre de ma maîtrise d'anglais (consacrée à Erskine Caldwell) les fondements idéologiques de cette société. Un temps fut, j'ai beaucoup lu de littérature Etats-Unienne : Caldwell, Faulkner, Dos Passos, Hemingway, Miller (les deux)....  J'ai même failli aller vivre aux Etats-Unis!

Et pourtant, je dois le confesser : mon anti-américanisme est primaire, profond et incurable. Au point qu'il me suffit de savoir qu'un film est américain pour ne pas le regarder.

La raison de ce rejet total est simple : pour moi tout ce qui est socialement mauvais nous vient d'outre-atlantique : melting-pot, politiquement correct, théorie du genre, approche puritaine du politique, consommation effrénée, "humanisme" dégoulinant, etc.

Ces poisons sociétaux, ils ne nous sont pas imposés par la force, à la totalitariste, non. C'est plus habile, plus insidieux. Ça se fait au charme. Il n'est de pire bourreau que celui qui obtient le consentement de sa victime. Comme le charmeur de rats du conte amenait les enfants, séduits par sa musique, à la noyade, les américains nous mènent à notre perte en nous faisant rêver. Le rêve américain ! Une nation qui a inscrit le droit à la poursuite du bonheur dans sa constitution ! Qui dit mieux ?  Personne apparemment. 

Et cet "americain way of dreaming" nous est inculqué par ces images qui bougent dont ils inondent le monde entier. Y'a pas à dire, pour ce qui est de faire bouger les images, ils ont le coup : le rythme avant tout. Pas de temps mort. Efficace. On jurerait des films ! Mais ce qui compte, c'est le subliminal, le message implicite qu'ils colportent et qui s'insinue au profond des esprits jusqu'à paraître l'unique manière de penser...

Américanoïaque*, direz-vous. Peut-être. Je l'assume.

* Pour reprendre un terme de  Rezvani.

vendredi 30 décembre 2011

Point trop n'en faut ? (2)



Il y a une chose qui, si j'étais du genre à me laisser chiffonner, me chiffonnerait dans la pub pour les Restos du cœur qui passe à la télévision  en ce moment. 

On y voit des gens faire la queue. Toto attend le Père Noël, Titine attend la retraite, Rigobert attend le Messie, Léonie attend la fin de la grève à la SNCF, puis vient une kyrielle d'autres qui attendent également. Et qu'attend la kyrielle ? Elle s'écarte, apparaît le mâle visage de Michel Colucci, accessoirement comique et fondateur des Restos du cœur. La kyrielle attend vos dons afin de pouvoir continuer à fréquenter lesdits restos.

Et alors ? Ben, alors, il y a quelque chose qui cloche dans la liste des prénoms : mis à part celui d'une femme, aucun n'est DIVERS ! Ceux qui attendent votre générosité sont des Albert, des Ginette, des Robert. Pas de Mamadou, point de Fatoumata, Mouloud est aux abonnés absent quant à Cherifa, elle doit être au Fouquet's.

C'est un peu curieux, non ? Moi qui croyais innocemment que les multiples  discriminations dont souffrent nos amis divers avaient pour conséquence de les plonger dans la misère. On s'attendrait donc à ce que parmi ceux qui attendent les subsides des généreux donateurs ils se trouvent en nombre. Eh bien non : ils sont bien blancs, ceux qui espèrent.

La diversité serait-elle trop digne pour accepter la charité ? Les Restos la discrimineraient-ils ? Ou bien, du fait que les donateurs (toujours généreux) sont dans leur immense majorité des Français de souche et qu'il est nécessaire qu'ils puissent s'identifier un minimum aux bénéficiaires de leurs largesses, l'escamoterait-on ?

Je crois, comme je l'évoquais dans un précédent billet que c'est du côté de la troisième hypothèse que nicherait la vérité. Ce doit être un crève-cœur , pour des âmes généreuses, de devoir se soumettre aux impératifs du marketing, surtout quand il vous pousse dans un sens opposé à vos inclinations. 

Mais ce qui importe c'est que les disparus des files d'attente publicitaires réapparaissent miraculeusement et en nombre lors des distributions, non ?

jeudi 29 décembre 2011

La radio de service comique et le camarade Daniel





Enfant déjà, j’écoutais France Inter. Je continue de le faire malgré la conception curieuse que se fait du service public cette radio qui vit de nos deniers. Pour elle l’équilibre des opinions consiste en un pâté d’alouette constitué d’un cheval de gôche, parfois extrême  et d’une alouette de gôche modérée. Si c’est pas de l’objectivité, ça, je me demande ce qu’il vous faut !

On s’y croirait dans un club fermé ou l’on cause entre soi comme si les électeurs de droite, présentés comme de parfaits abrutis aux idées nauséabondes, ne permettaient pas, par leurs contributions, la réunion de ces fins et généreux esprits.

Pas plus tard qu’hier matin, un invité y expliquait doctement que dans les quartiers dits difficiles il n’y avait pas plus de délinquance qu’ailleurs et que bien des problèmes y étaient dus à une police raciste. C’est pour bénéficier de tels moments de rigolade  que je suis revenu vers cette radio. J’ai bien tenté de m’informer sur les autres mais, grosso-modo, à Luxembourg, Monte-Carlo ou Europe, on nous sert la même soupe progresso-humaniste-de-gôche avec en prime de la pub. Il n’y a qu’Inter pour franchir le pas du comique bouffon. C’est sa spécialité.  Didier Goux a ses modernœuds, moi j’écoute la différence. On s’amuse comme on peut.

Parmi tant de choses  divertissantes, il est à noter que les collaborateurs de cette radio déclarent, dès que l’occasion se présente et même quand elle ne se présente pas,  la main sur le cœur et des larmes plein les cils leur attachement indéfectible au service public… Jusqu’à ce qu’ils se fassent embaucher par une radio privée concurrente, où, frappés d’amnésie, ils oublient d’un coup ce qui semblait être leur  raison de vivre. Allez savoir pourquoi...

Le plus fort des forts, et Dieu sait que parmi ces forts il en existe de sacrément forts, c’est quand même Daniel Mermet qui tient boutique gauchiste sur cette antenne de 15 h à 16 h du lundi au vendredi.  Voilà un gars comme je les aime : pas démagogue pour un sou,  au service des humbles,  égalitaire et humain. Du genre à vous envoyer au goulag tous les méchants qui ne partageraient pas son avis mais avec ce rien de sourire rigolard dans la voix qui fait qu’on ne saurait lui en vouloir tant sa supériorité autoproclamée le rend sympathique.

Papy Daniel a passé les 69 ans. Ça ne l’empêche pas de militer pour le maintien de la retraite à 60.  Parce qu’il est honnête et prévenant, Mermet. : la vie est dure pour ceux qui bossent, pour les rigolos de son acabit, elle est lit de roses…

Ce qui est curieux, tout de même, c’est que ce pourfendeur infatigable  de toutes les injustices sociales  eut  naguère maille à partir avec  certains de ses collaborateurs qui se plaignirent de licenciements abusifs  ou de harcèlement…

Le camarade Daniel  défend tous les canards handicapés pourvu qu’ils boitent à gôche et en accord avec lui…

mercredi 28 décembre 2011

Banquier, quel beau métier !



Les banquiers d'affaires sont de bien tristes sires. Ils se remplissent les poches de grasses primes  tandis que le bon peuple traîne sa triste vie dans un environnement hostile et précaire. N'empêche, ce n'est pas toujours aisé. Ainsi, du temps où je donnais des cours de français dans la City de Londres, parmi ceux que j'eus comme "clients", il en est un dont le souvenir me trouble, tant son quotidien me sembla peu enviable.

Le collègue qui m'avait précédé avait basé son enseignement sur "La Femme du boulanger". Nous continuâmes donc d'étudier ce roman. Étudier, un bien grand mot... En fait, John, appelons-le John, avait un petit problème : il s'endormait au bout de quelques phrases. Seul le téléphone le tirait de sa torpeur. Dans les conversations qui suivaient, il était question de millions de livres sterling. En quelques phrases le sort de ces dernières était réglé, puis John retournait à Pagnol avant de se rendormir jusqu'au prochain coup de fil qui se faisait rarement attendre. C'était un peu gênant. Je ne pouvais tout de même pas le secouer, ni claquer dans mes mains pour le ramener à son histoire de boulanger cocu. En gros, nous ne faisions rien. Au bout de quelques séances, John se demanda si nos rencontres du matin étaient vraiment fructueuses et si nous ne ferions pas mieux de déplacer ces cours dans la soirée. Il serait moins dérangé.  Va pour la soirée, admis-je. 

Ça n'alla pas vraiment mieux. Certes, le téléphone sonnait un peu moins souvent mais, entre deux jongleries de millions, il n'en dormait que plus longtemps. Nous finîmes par considérer que, peut-être, si nous déjeunions ensemble ça irait mieux. Il interdirait qu'on lui passe ses communications.

Nous déjeunâmes donc. Dire que la fréquentation de Pagnol s'en trouva améliorée serait exagéré. En fait, nous bavardions de choses et d'autres en anglais tout en dégustant d'excellentes salades au saumon fumé qu'un appariteur apportait dans son bureau sur un petit chariot. J'appris alors que la vie de John était parsemée de bévues multiples. Ainsi m'apprit-il un jour que le matin même il avait fait le plein de sa Porsche avec du gazole. Je ne me souviens que de cette anecdote marquante mais il m'en conta beaucoup. L'acte manqué semblait être son mode de vie.

Nous atteignîmes  tant bien que mal la fin de son contrat avec l'école de langue qui m'employait. Trop fatigué, manquant de temps, il me demanda de l'excuser de ne pas le renouveler. Dommage. De son propre aveu nous nous entendions bien...

J'avoue que cette expérience me laissa songeur. Comment John, toujours au bord de l'écroulement, pouvait-il efficacement gérer la vente et l'achat de je-ne-sais-quoi par millions ? Ne lui arriverait-il pas un jour de faire de GROSSES erreurs ? Avait-il récemment contracté la maladie du sommeil ou bien, à force d'efforts pour être performant et s'élever dans la hiérarchie était-il parvenu à cet état d'épuisement prématuré ? Ne risquait-il pas, un beau jour, de se retrouver dans la poubelle comme un vieux citron bien pressé alors qu'il n'avait pas quarante ans ? Il n'y a pas qu'en bas de l'échelle que le fameux "système" fait des "victimes"...

mardi 27 décembre 2011

Réflexions sur quelques vers de Machado




Nuestras horas son minutos
cuando esperamos saber,
y siglos cuando sabemos
lo que se puede aprender.

(Nos heures sont des minutes, quand nous espérons savoir et des siècles lorsque nous savons ce que l’on peut apprendre.)



Belle et profonde réflexion, non ? Cependant, Antonio Machado décrivait-il bien la situation ? Il est vrai qu’apprendre vient de et génère l’impatience de savoir. L’impression que ce savoir ne sera jamais que partiel ou, pire, impossible peut engendrer un sentiment de vide face aux attentes déçues. De quoi alors meubler ce vide ?


Toutefois, ce désenchantement concerne  le domaine métaphysique.  Pour ce qui est de la culture du chou, par exemple, il est possible d’atteindre un niveau de connaissance opératoire satisfaisant. Ce qui mène à des récoltes abondantes et savoureuses. Pour autant qu’on aime le chou.

Maintenant, si on aborde le chou d’un point de vue métaphysique, ça se complique : Pourquoi le chou ? Où va le chou ? D’où vient-il ? Et si chou il y a, pourquoi la piéride ? Autant de questions qui mènent à des impasses.

Cela s’applique à tous les domaines de l’activité humaine. Il est pourtant des pourquoi auxquels  on peut répondre : par exemple pourquoi déboucher l’évier ?  Pour que l’eau s’écoule, tiens ! Un évier sans écoulement se transforme en cuvette difficilement  transportable et perd tout intérêt.  La question principale devient donc le comment. Plusieurs solutions simples se proposent : l’emploi d’un déboucheur chimique ou mécanique ou le démontage du siphon, toutes choses à la portée d’une intelligence et d'un savoir-faire moyens. En cas d’absence de ces derniers, il est possible encore de faire appel à un spécialiste, solution efficace mais coûteuse.

Étant totalement hermétique aux questions métaphysiques, mes heures ont tendance à rester des heures quel que soit mon niveau de connaissance.  C’est triste, je sais.

lundi 26 décembre 2011

J'ai honte !



Retour de la grand ville, enfin, si tant est que Saint-Lô mérite le qualificatif de "Grand", je retrouvai mes collines avec l'espoir secret que mon nouveau réglage de piège me permettrait de faire une photo saisissante. Propre à impressionner les foules. Celle d'un rat pris au piège. 

En pénétrant dans la grange, je vis que le piège s'était comme espéré déclenché. Mais de gros rongeur point. En le retournant je vis qu'il avait mis fin aux jours d'une sorte de souris. Mais brune. Probablement un campagnol. Ecrabouillé à mi-corps par un instrument mal adapté à sa taille. 

J'ai eu honte. Comme un qui croyant se débarrasser de quelque dangereux agresseur aurait envoyé ad patres, à la Kalachnikov, un brave pompier vendeur de calendriers. Les menus ennuis judiciaires en moins.

La photo qui illustre mon billet n'est pas celle du drame ci-dessus évoqué. Je la trouvai sur Internet, histoire d'illustrer quand même. Mon caractère breton ne m'a pas, malgré tout, laissé découragé. J'ai réarmé le piège, mis un appât de fromage dans l'espoir que la prochaine fois...

A ceux qui me diraient que mes rats n'existent pas, qu'ils ne sont que fantasmes, que ce sont les campagnols qui bouffent mes patates, je dirai que des campagnols qui laisseraient des crottes de la taille de celles que je trouve dans la grange seraient des phénomènes de foire.

samedi 24 décembre 2011

De mal en pis...




Selon un récent sondage, les français conserveraient leur titre envié de peuple le plus pessimiste de la terre. Pour une fois que nous sommes les premiers en quelque chose, ne boudons pas notre plaisir ! Nous ne serions 79 % à penser que 2012 sera pire que cette année. Avec nous sur le podium : les irlandais et les autrichiens, loin  derrière. Les grecs ? Même pas dans le top 10 ! 

Du côté des optimistes, les nigérians remportent la palme, suivi des vietnamiens et des ghanéens. Rien d'étonnant à cela : dans des pays pauvres mais connaissant une forte croissance, il est logique d'envisager des lendemains qui chantent.

Ce qui m'étonne dans l'état de dépression profonde qui affecte notre pauvre pays, c'est que, tout de même, en 2012 il y aura des élections, lesquelles devraient chasser du pouvoir l'horrible dictateur qui opprime et saigne le peuple aux quatre veines. Du moins si on en croit les sondages. Une telle perspective devrait donner de l'espoir, non ? Eh bien non. A croire  que les gens se disent qu'avec la gôche les choses seront peut-être un tout petit peu moins pires, mais pires quand même.

Maintenant on est en droit de se demander qui sont ces 21% de personnes qui pensent que les choses vont s'améliorer ou au moins qu'elles ne vont pas empirer. Dans ce climat de morosité générale, comment font-ils ? Viendraient-ils de gagner une forte somme au loto ? De faire un coquet héritage ?  On ne peut que répondre par la négative car, figurez-vous, le français, s'il voit l'avenir du pays en noir, considère le sien propre de manière plus nuancée.

Qui sont-ils donc ? Des inconscients ? Des délirants ? Pensent-ils que le président Coty a la situation bien en main et qu'il va nous sortir de la crise en deux coups les gros ? Sont-ils sourds, illettrés et aveugles  (Dans ce dernier cas, on se demande comment on aurait pu les sonder.) ?

Quoi qu'il en soit, je vous souhaite à tous un joyeux Noël. Profitez-en bien, le prochain sera pire !

vendredi 23 décembre 2011

La politique à l'huile, c'est bien difficile mais c'est bien plus beau que la politique à l'eau !



Contrairement à ce qu'on pense communément, la politique n'est pas de la tarte.

Ainsi j'entends que M. Sarkozy, notre bon président (que Dieu continue de l'inspirer !), aurait fait voter une loi bannissant le négationnisme afin de se concilier le vote Arménien. Certes, mais ce faisant, il met le Turc en colère.  Or il est de notoriété publique que plus fort qu'un Turc, y'a pas. Alors, un Turc en furie...

Le bon M. Erdogan, premier ministre de Turquie, s'est fâché tout rouge. Comme le drapeau de sa noble patrie ! Et son ire va croissant* ! Finie la coopération militaire (nous ne bombarderons plus ensemble...), adieu la coopération culturelle, "les plaies sont irréparables" (espérons qu'elles ne sont que superficielles, car une plaie à la fois profonde et irréparable, ça vous expédie au paradis d'Allah en moins de deux).


Les compatriote de M. Erdogan qui font à la France la faveur de l'enrichir, du moins certains d'entre eux, sont même allés manifester leur courroux devant l'Assemblée Nationale où nos bons représentants, ou du moins 10% d'entre eux, s'apprêtaient à voter la loi qui les marrit.


Les avantages que ne manquera pas de nous valoir auprès des 3,2 millions d'Arméniens d'Arménie cette merveilleuse loi contrebalanceront-ils les désagréments d'un éventuel boycott par les 73 millions de Turcs de Turquie ? Pas certain.

Au niveau international, les gains ne sont pas évidents. Et à l'interne ? Eh bien, ce n'est pas gagné non plus. Figurez-vous que les communautés d'origine Arménienne et Turque sont, en nombre, sensiblement équivalentes en notre beau pays. On peut se dire que l'immigration Arménienne étant plus ancienne que la Turque, les premiers sont plus nombreux à voter. On peut se dire également que, mieux intégrés, plus ou moins dissous dans la population générale, ils ne sont pas tous passionnés par les effets d'une telle loi...

Et si cette loi n'était, par-delà toute considération politicienne, tout simplement qu'une connerie de plus ? Elle aura du moins présenté l'avantage de me mettre d'accord avec Nicolas Jégou et Me Badinter. Ce qui est plutôt rare...

* Pour l'étoile, je n'ai rien trouvé. Ou j'ai la flemme...

jeudi 22 décembre 2011

Rat-le-bol !



Le rat est un animal très habile. Je le constate chaque jour un peu plus. Suite à une attaque sournoise contre mes patates, je lui ai déclaré la guerre. Je pensais me débarrasser de ce rongeur à l'aide d'une tapette à rats en deux temps trois mouvements. Innocent que j'étais !

Il était indiqué sur l'appareil qu'en guise d'appât on pouvait utiliser du pain ou du fromage. J'optai d'abord pour le pain. Rien ne se passa d'abord. Puis, mystérieusement le pain disparut sans que le piège ne se déclenchât.  "Ah ah!"  me dis-je, "ne faudrait-il pas avoir recours au fromage, plus difficile à arracher ?" Je fixai donc un beau morceau de fromage au crochet du piège. Rien ne sembla d'abord se passer. Puis, observant de plus près le piège, je vis que progressivement le fromage diminuait. Je tentai de mieux régler le piège afin qu'il devienne plus sensible. Peine perdue. Bien que ce déclenchant à la moindre pression, le bout de fromage continua de se réduire et finit par disparaître totalement pas plus tard que ce matin. Comment le rat s'y prend-il ? Mystère...

Il y a bien les grains empoisonné mais je m'en méfie pour deux raisons : d'abord je crains que l'adorable petite chienne Yorkshire de ma compagne n'en absorbe par mégarde avec les conséquences qu'on devine. Ensuite, je n'ai pas envie, en faisant du rangement dans la grange de tomber sur des cadavres de rats en décomposition. 

Que faire ?  Me résigner à vivre en cette douteuse compagnie ? Rendre mon piège plus sensible ? Espérer que la crise qui frappe la France et la perte programmée de son triple A pousse les rats à fuir vers des cieux plus cléments ? Attendre le printemps prochain qu'une victoire de la gôche vienne résoudre ce problème comme elle résoudra tous les autres ?  Voyez à quelles extrémités j'en suis réduit !

S'il y a, parmi mes lecteurs, quelqu'un qui connaisse une solution valable, qu'il me la donne. Il ou elle n'aura pas obligé un ingrat : je lui conférerai le titre envié de Dératiseur des Collines de Première Classe, qui, inscrit sur une carte de visite, apporte à qui l'obtient (jusqu'ici personne) un prestige indéniable.

mercredi 21 décembre 2011

Vive l'histoire officielle !



Les turcs ne sont pas contents. Ce qui est curieux car le turc, en général, est plutôt de nature satisfaite. Pour qu'ils soient fâchés, il faut donc qu'ils aient une bonne raison. Il semblerait que ce qui les froisse serait une loi que notre bon parlement, dans sa grande sagesse, s'apprête à voter et qui interdirait sous peine d'amende d'obligation d'écouter en boucle les discours de François Hollande ou d'internement dans un camp de rééducation de nier le génocide arménien. Voilà ce qui défriserait le turc. Car une des choses qui vous met le turc de bonne humeur c'est justement la négation de ce génocide. C'est à qui le niera le avec le plus d'ardeur... 


D'un autre côté, nier un génocide, quel qu'il soit, n'est pas bien. Pas bien du tout même. Le tout est de faire la différence entre un de ces massacres de population bon enfant qui émaillent toute guerre civile digne de ce nom et lui donnent un relief de bon aloi et un VRAI génocide. Par exemple, y eut-il génocide ou pas en "Vendée" ? Difficile à dire tant les chiffres varient. 120 000 morts, c'est faible, de bonne guerre, pour tout dire. En revanche, 600 000 victimes, ça devient sérieux, inquiétant même. Ce qu'il faudrait,  avant tout, c'est établir une liste officielle des génocides. Objective et incontestable. Ensuite on interdirait de les nier. Et tout le monde serait content.


Il y a tout de même quelque chose qui cloche dans cette interdiction. Pourquoi s'arrêterait-elle aux génocides ? Pourquoi n'interdirait-on pas toute remise en question de ce qu'il est convenu de considérer comme des faits historiques ? 


Rien ne m'empêche (si ce n'est ma paresse et un reste de raison)  d'écrire de doctes thèses tendant à prouver que les guerre napoléoniennes n'ont fait en tout et pour tout qu'un blessé léger, que le débarquement allié n'a pas eu lieu le 6 juin 1944 mais le 3 décembre 1957, que Louis XIV n'a jamais existé, que le bon roi Henri promouvait le canard laqué plutôt que la poule au pot ou même que Jack Lang n'est plus ministre depuis belle lurette... Tout au plus me prendrait-on pour un crétin total, un sinistre hurluberlu, pour tout dire un piètre historien.


Au lieu de considérer ceux qui questionnent certains faits historiques comme d'irresponsables farfelus libres comme tout un chacun de dire n'importe quoi sur n'importe quel sujet, en faire des coupables tend à leur accorder une importance qu'ils ne méritent pas nécessairement. Comme si leur opposition à la version officielle était de nature à remettre en cause cette dernière, la fragiliserait.


L'interdiction de la remise en question des génocides m'apparaît donc comme un timide premier pas vers l'instauration d'une histoire officielle, incontestable sous peine de poursuites. Une fois l'histoire officielle établie, on pourrait envisager de dresser, dans tous les domaines, la liste des opinions qu'il serait bon de professer si l'on veut éviter des séjours prolongés en prison. 


Un certain George Orwell, dans son 1984 avait décrit une société de ce genre. Comme nous avons 27 ans de retard, il serait grand temps de mettre les bouchées doubles.

mardi 20 décembre 2011

Point trop n'en faut ?



Il a frappé, est entré dans la classe après que je l'y eus invité, m'a salué, puis a promené son regard sur les élèves. Du doigt, il en a désigné plusieurs, leur demandant de le rejoindre. Dans un premier temps, je pensais qu'il s'était passé quelque chose de pas vraiment bien et qu'il était là pour recenser les présumés innocents. Lesquels devaient phosphorer à vitesse grand V, se demandant laquelle de leurs turpitudes avait été éventée. Il n'en était rien. Il rassura rapidement les chers enfants en leur annonçant que c'était pour une photo. Après s'être excusé du trouble que ces prélèvements occasionnaient à mon cours et m'avoir assuré qu'il ne durerait que quelques minutes, le directeur adjoint de la Maison, car c'était lui, s'éclipsa en compagnie des chères têtes blondes. Car, figurez-vous, blondes, elles l'étaient, ces chères têtes. Bleus étaient leurs yeux.

J'appris plus tard la raison de cette sélection. 

La "Maison pour jeunes en grande difficulté" appartenait et appartient toujours, à une fondation bien connue dont les appels aux généreux donateurs font l'objet de campagnes publicitaires. Et c'est là que le bât blessait. Figurez-vous que certains généreux donateurs étaient irrités. Emportés par leur ire, certains avaient même, argument à l'appui, décidé de cesser de donater. Face à la gravité de la situation, réagir s'imposait.

La raison de leur ire était la suivante : ils trouvaient que, sur le calendrier qu'on leur envoyait pour accompagner l'appel au renouvellement de leur générosité, la France plurielle, diverse, solidaire et unie était, comment dire... sur-représentée et qu'ils n'étaient que moyennement, voire pas du tout, enclins à entretenir par leurs subsides les dits "divers".  J'édulcore. Bien sûr, il ne s'agissait pas d'une majorité, mais tout don, même le plus humble, étant bon à prendre y renoncer relèverait de la mauvaise gestion. 

C'est ainsi que, suite à une sélection ethnique rigoureuse, les groupes figurant sur le calendrier ne laissèrent plus qu'une place discrète à la diversité. Place indispensable cependant car l'ouverture à l'"autre", tant qu'elle reste l'imitée est un argument de marketing payant.

lundi 19 décembre 2011

France, pays de jouvence !




Encore un petit portrait. Je ne sais pas si ces textes intéressent. Bavard compulsif, les gens que je rencontre ont tendance, face au flot de ce qu’ils prennent pour des confidences,  à laisser échapper un mince filet de détails intimes contenant parfois des pépites. Je parle de ces petits riens, de ces accidents cocasses ou  dramatiques, de ces ironies du sort  qui rendent la vie de ceux qui les ont vécus originale.  C’est le cas d’Yvonne.

En 1989, j’ai touché le fond. Ruiné, seul, sans feu ni lieu, sans projets ni avenir visible, je traînais ma déprime entre un stage de commerce international et mon ex-foyer afin d’y voir ma fille. C’est alors que j’ai rencontré  Yvonne. Elle tenait un modeste stand de plats vietnamiens à emporter aux halles de Châteauroux. Allez savoir pourquoi, Yvonne se prit d’amitié pour moi. Elle me trouvait gai, souriant et enjoué. Il faut croire qu’alors que je contemplais, morose, les ruines de mon petit monde, je devais avoir l’air moins sinistre que le castelroussin de base au summum de sa félicité. La vie est faite de malentendus.

Yvonne était un personnage. Souvent absente de son stand, elle passait son temps à jouer au billard dans le troquet d’à côté. Pour être servi, il fallait aller la chercher. Autre détail original : elle fumait des cigarillos. Notre amitié n’était pas sans avantages. Quand j’allais faire mes courses chez elle, pour une somme dérisoire, je revenais chargé de tout un tas de mets savoureux copieusement servis. Quand mon ex-femme ou l’amie chez qui nous mangions souvent allaient  s’y fournir, les prix et les portions n’avaient rien de comparable. J’étais donc préposé aux achats de plats exotiques.

Nous allions parfois boire un coup au café et nous nous racontions nos vies.  Sa vie, à Yvonne, n’avait rien d’un long fleuve tranquille. Ni plus ni moins que celle de tous les sino-vietnamiens qui ont eu à traverser  les guerres qui ont déchiré son pays d’origine des décennies durant, je suppose. Je passerai sur les exploits des héros communistes coupant les doigts des chinois qu’ils exécutaient afin de récupérer leurs bagues, sur son refus de payer la rançon que le gouvernement démocratique réclamait pour libérer son mari, ex-officier dans l’armée du sud, et qu’elle trouvait disproportionnée à la valeur du bonhomme… Parmi tant d’anecdotes oscillant entre l’horrible et le sordide, il en est une plutôt cocasse qui concernait son âge.

Du temps de l’Indochine française et après l’indépendance du Viet-Nam, il était possible, sous certaine conditions,  d’opter pour la nationalité française, pourvu qu’on le fît avant ses 18 ans. Ignorant ce détail, Yvonne se présenta au bureau ad hoc afin d’y acquérir une nationalité qui pourrait s’avérer utile à l’avenir. Innocente, elle déclara son âge réel. Il lui fut signifié que pour elle, c’était trop tard. Yvonne ne se laissa pas décourager pour autant. Avec une patience toute asiatique, elle attendit que le fonctionnaire qui l’avait rebutée quittât son poste. Cela prit plusieurs années, après lesquelles elle fit de nouveau  acte de candidature. L’état civil étant probablement un rien erratique en ces contrées, elle se présenta au remplaçant comme ayant 17 ans et obtint satisfaction.

En devenant française, elle perdit au moins cinq ans. Comme quoi il est possible de rajeunir considérablement sans le moindre appel à de coûteuses crèmes de beauté…

Seulement, toute médaille a son revers : quand je l’ai rencontrée, il arrivait à Yvonne de regretter d’être contrainte de continuer de gagner sa vie alors qu’elle avait dépassé, depuis quelque temps déjà,  l’âge de la retraite. On ne peut pas tout avoir.

dimanche 18 décembre 2011

Pour le droit de vote aux étrangers !



Hier soir, l'excellent Appo Appas, dont le blog à l'humour un rien déjanté réjouit quotidiennement mes zygomatiques, me fit l'honneur de déposer une commentaire au pied d'un de mes texticules. Ayant remarqué que je relayais la pétition de la Droite Populaire appelant à dire non au vote des étrangers, le bon Appo me fit part de son inquiétude :"N'étant pas opposé au droit de vote des étrangers, puis-je néanmoins continuer de fréquenter, en immigré occasionnel, ce blog ? Merci pour votre aimable réponse." Mon aimable réponse ne se fit pas attendre. Étant d'humeur badine, je lui répliquai : " Votre position me paraît un peu timide. Ne pourrait-on pas envisager de réserver le droit de vote aux étrangers ?" Je croyais plaisanter.

Depuis, la nuit qui, comme l'on sait, porte conseil a passé. Et au réveil, ce que je considérais comme une ironique provocation m'apparut clairement pour ce qu'elle était : une mesure d'élémentaire justice. J'entends déjà les cris d'orfraie de ceux de mes lecteurs qui appartiennent au camp du MAL (si, si, il en est!). L'absence de réflexion, cette plaie d'une société du divertissement, étant à l'origine de leurs errances, j'aimerais leur montrer rapidement la logique de ma nouvelle  position.
Toute personne cultivée et objective le sait :

  • Les étrangers ont construit la France : Le pont du Gard, le Mont Saint-Michel, le gazomètre de Bezons,  les cathédrales, Vaux-le-Vicomte, Versailles, les cités de la Courneuve, etc.
  • Les étrangers ont sauvé la France en 39-45, en 14-18, en 1870, pendant la guerre de cent ans, etc.
  • Les étrangers paient leurs impôts.
  • Les étrangers sont doux, pacifiques et ne rêvent que de couler des jours heureux dans ce pays pour lequel ils ont tant fait.

Examinons maintenant le cas des français :
  • Pendant que les étrangers construisaient les merveilles qui attirent par millions les touristes du monde entier vers la France (des étrangers, encore, notons-le au passage!) ils jouaient à la belote au bistrot en buvant des canons de rouge.
  • Protégés par les valeureux étrangers, planqués à l'arrière, ils se gobergeaient, s'enrichissaient en spéculant honteusement.
  • Ils fraudent le fisc et planquent leurs sous en Suisse.
  • Ils n'ont tout au long de leur histoire fait que porter honte et désolation sur toute la planète : croisades, hôpitaux, esclavagisme, écoles, colonisation, chemins de fer et plein d'autres vilaines choses généralement tournées contre les étrangers.
Ces évidences devraient amener toute personne raisonnable à rejoindre mon point de vue : ayant au fil des siècles, par leur paresse, leur pleutrerie, leur avarice, leur cruauté (et j'en oublie forcément)  montré leur profonde indignité, les français ne méritent pas de participer à la démocratie, système qui ne peut se concevoir que pratiqué par des êtres vertueux. En revanche, les étrangers, eux, présentent depuis toujours les garanties morales et civiques susceptibles de rendre le système démocratique viable.

Serait-il nécessaire d'exiger des étrangers, afin qu'ils votent en France, un temps de séjour minimal dans notre pays ? La réponse est bien évidemment NON. Ce serait discriminatoire. Tout étranger, où qu'il vive, à condition qu'il soit en mesure de prouver qu'il n'est pas citoyen français a le droit de vote en France. Cela exclurait cependant les ressortissants de l'Union Européenne lesquels ne sont pas suffisamment étrangers.

Voilà. 

PS : Pauvre sens et pauvre mémoire m'ayant Dieu donné le roi de gloire, je suis infoutu de supprimer le honteux appel  de la Droite Populaire qui défigure le coin supérieur gauche de ce blog vertueux. Je ne suis donc pas, à ma courte honte, en mesure d'empêcher les inconscients qui voudraient aller la signer de le faire. Veuillez m'en excuser.

samedi 17 décembre 2011

Le temps, quand il ne le tue pas, peut renforcer l'amour...





C’est Samba N’Diaye qui m’a fait connaître la Mère Thibaud. C’était une solide métisse qui avait dû être belle un jour, mais ce jour datait. Elle tenait un petit bistrot-restaurant à Thiès où Samba m’avait emmené dîner ou déjeuner, je ne sais plus tant le jour de notre première visite nos libations furent abondantes. Nous y retournâmes plusieurs fois. L’ambiance était sympathique et, n’étant pas trop dérangée par les clients, la patronne nous accordait tous ses soins. La cuisine était acceptable, sans plus.

A notre deuxième visite, j’eus l’honneur d’être présenté au Père Thibaud. Car père Thibaud il y avait. C’était un français, retraité des chemins de fer. Vieux, très vieux, gâtissime même, il ne bougeait pas de son fauteuil et encore moins de la pièce fraîche où on le tenait. Il ne parlait plus.

Samba me raconta l’histoire du couple. La mère Thibaud, alors  que sa jeunesse agitée  commençait à se flétrir, décida de faire une fin. Et cette fin incluait le Père Thibaud, déjà  vieux. Il avait une trentaine d’années, bien tassée, de plus qu’elle. Elle l’épousa donc se disant que le bon vieux, pas très solide, ne tarderait pas à passer l’arme à gauche lui laissant une pension de réversion très substantielle pour le pays.

Miracle de l’amour, au lieu de prendre le chemin du paradis, le brave homme retrouva sa jeunesse et lui fit un enfant.  Le temps passa, l’enfant grandit, sa mère vieillit, Thibaud dépérit. Lorsque je les rencontrai le bambin était bien engagé dans la vingtaine. Et il ne faisait pas grand-chose. Rien, pour être précis. Du coup, de pressée qu’elle avait été de se vautrer dans les délectations moroses du veuvage, la Mère Thibaud était progressivement revenue à de meilleurs sentiments : cloué dans son fauteuil, le pauvre vieux ne risquait pas de dépenser la moitié de la pension qui partirait avec lui. Il devint donc l’objet des soins attentifs et empressés de sa petite famille : plus il durerait, moins le besoin la menacerait.

On peut gager que le jour où, malgré les attentions dont on l’entourait, le Père Thibaud rendit l’âme, il fut amèrement regretté.