..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 29 janvier 2016

Du malheur et de l'empathie

M. Gary-Ajar écrivit dans L'Angoisse du roi Salomon « La pire chose qui puisse arriver à un malheur c'est d'être sans importance. » Triste constat ! Quoi de plus intéressant qu'un bon gros malheur ? De ceux qui vous foutent une vie en l'air ? Seulement, c'est surtout celui ou celle qui l'éprouve qui en mesure toute l'importance. Les autres s'en tamponnent souvent grave comme ils le font des bonheurs d'autrui, d'ailleurs. Il faut dire que des malheurs, tout le monde en connaît, de la tasse de café renversée sur la robe juste avant que ne s'ouvre le bal à la perte d'un être cher, de la commande d'Amazon qui s'égare à la longue, pénible et fatale maladie, ce n'est pas ce qui manque. Notre vie en est parsemée. Certains les collectionnent, d'autres en sont relativement épargnés mais leur profusion même nuit gravement à la considération qu'ils réclament.

Face au(x) malheur(s) chacun réagit à sa manière. La phrase-cliché de ce boute-en-train de Friedrich Nietzsche « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort » remporte l'adhésion des uns tandis que pour d'autres certaines blessures ne cicatrisent jamais et transforment ce qui leur reste de vie en un interminable chemin de croix. Question de résilience, je suppose. Confrontés aux mêmes épreuves, certains s'y noient ou se complaisent dans leur souvenir, d'autres, bien que non épargnés par la souffrance passent plus ou moins vite à autre chose. Question de sensibilité ? En l'absence d'appareils de mesure fiables, comment évaluer une notion si floue ? Est-il pertinent d'établir une échelle de valeur entre les personnes « sensibles » et celles qui le semblent moins ?

L'empathie est une faculté appréciée. En être plus ou moins dépourvu est mal vu. Seulement, toute développée qu'elle soit, celle-ci ne peut être que sélective. Il y a tant de malheurs au quotidien que non seulement on n'as pas connaissance de tous mais même parmi ceux dont on est informé on est contraint d'effectuer un tri. On gère son affliction, même relative. Certains deviennent « Charlie », « Paris » mais pas « Ouagadougou ». On ne saurait être tout. D'ailleurs la relative proximité favorise l'empathie au point que l'on peut se demander si la peine ressentie face à certains drames n'est pas due à une peur que cela puisse leur arriver... J'entendais hier à la radio un psy raconter que certains de ses patients faisaient d'insupportables cauchemars où ils se trouvaient au Bataclan en pleine tuerie bien que ni eux ni les leurs n'y aient jamais mis les pieds. Ce qui me plonge dans des océans de perplexité. L'humain m'apparaît bien bizarre.

Je ne peux m'empêcher de penser que pour certains le malheur donne un sens à la vie. Une sorte d'axe tragique autour duquel tout s'articule. Comme une justification à leur vision désespérée de l'existence. Non contents de se crucifier, ils militent au sein d'associations afin de promouvoir leur douleur particulière au rang de cause au moins nationale. Comme si, un par un, en s'appliquant, on parviendrait à éradiquer toutes les sources de malheurs présents et à venir. Curieux optimisme !

Ces quelques réflexions me furent inspirées par la lecture du Journal de M. Goux où en date du 17 décembre il décrit certaines militantes intransigeantes de nobles causes. Je ne saurais trop recommander la lecture de cette livraison (et de toutes les autres) car on y traite également d'attente dans les garages Volvo, de mœurs canines, de livres, de soirées électorales et de bien d'autres sujets graves.

jeudi 28 janvier 2016

Adieu Christiane !

Elle est partie hier et laisse un grand vide difficile à combler. Car il ne suffit pas d'être nul pour la remplacer, il faut surtout posséder un sens du ridicule apte à effacer celui du président. Ce n'est pas donné à tout le monde. J'avais, afin de prolonger son maintien au gouvernement, créé une page Facebook. Le soutien du gros milliers de ceux qui l'ont aimée aura été insuffisant. J'en suis navré. Comme bien des Français. Il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas rire à la peine qu'exprima notre cher Noël Mamère à l'annonce de son départ. Lui seul serait à même de la remplacer mais son entrée au gouvernement ne semble, hélas, pas être à l'ordre du jour. Dès lors, qui brandira bien haut le drapeau de ce ridicule tant chéri par la gauche ?

L'histoire, si elle continue d'exister, se souviendra d'elle comme de l'initiatrice du « mariage pour tous », mesure sociétale démontrant la tendance naturelle de son camp à transformer le marginal en essentiel et l'aberrant en naturel. Mais plus que son grand œuvre, c'est sa capacité à déclencher involontairement les rires que je retiendrai. Le summum de ce qu'il faut bien appeler un apostolat fut quand elle brandit fièrement devant la presse des documents infirmant clairement les propos qu'elle tenait :



Un sommet ! Seulement, il serait injuste que ce haut moment éclipsât sa pratique quotidienne, moins spectaculaire mais tout aussi méritoire, du ridicule achevé. Ainsi, malgré un profond attachement aux « valeurs de la république », son amour de la petite reine la fit parcourir à vélo les rues de Paris :


A ceci près qu'elle le fit façon ministre, , accompagnée par six gardes du corps, dont deux à vélo, suivie d’un monospace et d’une équipe à moto...

Un autre domaine où elle fit preuve d'un sens inné du comique involontaire fut, parmi maints gazouillis dont elle inonda avec constance certain réseau social, l'invention du tweet politico-poétique :


Son goût du paradoxe ne fut pas pour rien dans l'épanchement de nos larmes de rire. Se présenter au régionales sur une liste indépendantiste quand on est ministre de la république, il faut le faire. Tirer à boulets rouges sur un gouvernement duquel on se dit entièrement solidaire, il fallait oser !

Hier est partie (à vélo) celle qui fit tant œuvrer nos zygomatiques. Jour de grand deuil pour la franche rigolade !

mercredi 27 janvier 2016

Le pou, ce mal aimé

Le pou ne saurait, comme les précédents animaux ici évoqué, être considéré comme un Nouvel Animal de Compagnie (NAC, pour les intimes). En effet, sa fréquentation de l'humain remonterait, selon des témoins dignes de foi, à deux millions d'années. Qui dit mieux ? Toutefois, et en dépit de cette exceptionnelle fidélité, ce petit insecte est mal considéré. On ne se contente pas de le haïr, on le calomnie ! Ainsi l'accuse-t-on d'être fier. Erreur qui fait sourire tout philologue sérieux, vu que le pou dont on mentionne la fierté est en fait un jeune coq que l'évolution phonétique a rendu homonyme de ce brave animalcule dont la modestie est totale. On l'accuse également de laideur. Je vous fais juge :


Regardez cet œil vif, ce charmant sourire, ces élégantes petites pattes, ce bedon rebondi de président ! Mais il est sympathique en diable ! De plus, il est de nature joviale et aime à prendre du plaisir comme en témoigne l'expression populaire « bicher comme un pou ».

C'est souvent à l'école que s'effectue la première rencontre entre humain et pou. Car ce dernier est toujours avide d'orner son esprit de nouvelles connaissances et particulièrement assidu bien qu'on fasse son possible pour éviter qu'il n'y vienne.

Le seul petit défaut qu'on puisse lui reprocher est la coquetterie. En effet, il se distingue des autres mots terminé par « ou » par un pluriel en x. Mais est-ce bien grave ? En effet, il partage cette particularité avec d'autres noms exempts d’opprobre. Vous en connaissez la liste, je suppose.

Malgré un physique avantageux et une bonhomie enviable, cet animal est devenu une personnification de la misère et de la saleté à travers l'adjectif « pouilleux ». On est allé jusqu'à qualifier de « pouilleuse » une partie de la Champagne ! Encore une calomnie, vu qu'elle n'est nullement infestée par cet hexapode. En fait, c'est au dix-neuvième siècle que le pou est devenu une marque sociale infamante au fil des progrès de l'hygiène corporelle et grâce à l'invention des insecticides. Auparavant, le pou fréquentait tout le monde jusqu'au sommet de l'état. Ainsi Louis XIV en abritait-il sous sa perruque. Pourtant, plutôt que roi-pouilleux, on l'a surnommé roi-soleil !

N'étant aucunement partisan de l'exclusion sociale, le pou n'a pas accepté de se voir contraint à ne plus fréquenter que les miséreux : il a réagi, s'est adapté et est devenu résistant aux poisons qui visaient à l'éradiquer. Quel exemple pour notre belle jeunesse ! Seulement, il continue de susciter une haine atavique. Contrairement au loup ou à l'ours, et bien que n'ayant dévoré aucune brebis, point de réhabilitation pour lui. Pourquoi ? Il est hématophage, certes, mais les vampires ne le sont-ils pas ? Cela n'empêche pas qu'on consacre à ces derniers nombre de films ! Trouvez m'en un seul dont le héros soit un pou ! L'égoïsme, voilà la vraie raison de ce rejet. L'humain ne veut pas plus partager son sang avec un petit être qui en a pourtant un besoin vital qu'il n'est prêt à offrir à tous les migrants qui le désirent une place d'honneur à sa table. C'est lamentable !

mardi 26 janvier 2016

Excusez-moi d'exister !

Si une chose m'agace, c'est bien cette manie de l'autoflagellation qui s'est emparée de l'Occident ces dernières décennies. On n'en finit plus d'implorer le pardon des descendants de victimes d'actions perpétrées par nos ancêtres. Le prétexte en est un soi-disant « devoir de mémoire ». Connaître l'histoire est une chose. Se sentir coupable des actions auxquelles on n'a pris aucune part est stupide. Il est certes utile de tirer des leçons de l'histoire à condition, bien entendu, d'être conscient que les faits historiques sont déterminés par une conjoncture idéologique, sociologique, démographique, économique, etc. d'une époque et que celle-ci n'est plus la nôtre.

Une autre chose qui me sort par les yeux et qui relève de la même tendance est de voir des gens déclarer avoir changé et dire regretter leurs « erreurs » passées surtout quand celles-ci leur sont reprochées par des gens animés d'une haine rabique à leur égard. A mes yeux c'est non seulement maladroit et inutile mais ça constitue une preuve de faiblesse. Et cela est d'autant plus regrettable que la personne qui se livre à ce triste exercice ambitionne de présider aux destinées d'un pays.

Si j'en crois les échos glanés dans les media, c'est pourtant ce que vient de faire M. Sarkozy dans un livre-prétexte-à-passer-à-la-télé. Il semblerait qu'il déclare regretter, entre autres, le Fouquet's, le « Casse-toi pauv'con », le yacht de Bolloré... Toutes choses que ses ennemis de gauche lui ont reprochées avec la virulence haineuse qui leur est habituelle. A quoi bon leur donner raison ? Pourquoi s'abaisser à répondre à de ridicules attaques ? Espère-t-il ainsi obtenir leur pardon et, pourquoi pas, leur vote ? On attend autre chose d'un homme d'État, du moins c'est ailleurs que se trouvent mes attentes.

Tout cela est ridicule. Pendant qu'il y était, M. Sarkozy aurait pu s'excuser d'une taille que ses détracteurs trouvaient insuffisante, de ne pas avoir épousé un boudin RMIste et pourquoi pas d'être né.

Si l'ex-président avait à demander des excuses, ce serait plutôt de s'être fait élire sur une ligne de « droite dure » pour ensuite pratiquer une toute autre politique. Peut-être que son échec de 2012 est davantage dû à la déception qu'ont créée ses reniements parmi ses électeurs de droite qu'à l'animosité engendrée par les peccadilles que lui reprochèrent ses ennemis politiques. Allez savoir... Quant au programme politique qu'il expose sûrement dans son ouvrage, pourquoi croirait-on, en admettant qu'il fût bon, qu'il l'appliquerait plus qu'il n'appliqua le précédent ?

lundi 25 janvier 2016

État de déliquescence

Ce qui se passe à Calais ne fait que démontrer si besoin était l'état de profonde déliquescence où se trouve plongé notre pauvre pays. Et s'il n'y avait que lui ! L'ensemble de l'Occident s'enfonce progressivement mais, je continue de l'espérer, pas inéluctablement dans le chaos et cela au nom de soi-disant « valeurs de gauche ». Ce qui reste d'État est totalement incapable d'assurer ne serait-ce qu'un semblant d'ordre. Les frontière de l'Europe sont des passoires qui permettent à des millions de « migrants » de venir grossir les rangs des chômeurs et des assistés. Et pendant ce temps-là, le clergé médiatico-politique débat du sexe des anges et dénonce l'extrême droite.

Droits-de-l'hommistes, gauchistes de tout poil (des violents qui cassent aux modérés qui ne les condamnent jamais), droite « de gouvernement » sont bien d'accord : nos seuls problèmes sont le chômage et le FN et notre unique planche de salut l'immigration.

A croire les dégoiseurs patentés, le FN crée de toute pièce une haine qui n'a aucune raison d'être. Selon eux, tout va bien et si de rares émigrés posent ici ou là quelques problèmes aussi ponctuels que bénins, c'est de notre faute : nous avons étés et demeurons trop méchants. A tel point que malgré leur bonté naturelle nos victimes sont parfois amenées à porter un jugement critique sur le pays qu'ils sont venus enrichir sans en espérer le moindre retour.

Le grand ennemi des gentils est donc ce fauteur de trouble animé par le seul désir de nous faire revivre les HLPSDNH. Et si c'était tout le contraire ? Si l'animosité qu'on constate était due à l'exaspération que crée le laxisme autiste dont font preuve depuis des décennies les « partis de gouvernement » ? Si au lieu d'attiser les haines il se contentait de canaliser des courants qui parcourent le pays ? Si, en offrant à une hostilité grandissante face à la mise en cause de nos racines culturelles un exutoire électoral il, évitait que celle-ci ne se manifeste par des actions violentes ? N'est-il pas préférable pour la démocratie que le mécontentement s'exprime dans les urnes plutôt que dans les rues ?

Je dis ça, je dis rien. Je pose des questions, c'est tout.

vendredi 22 janvier 2016

L'enfer du jeu

L'enfer du jeu, ce n'est plus Macao, c'est Facebook ! Les ravages que provoque cette honteuse passion ne sont pas suffisamment stigmatisés par les media, trop occupés qu'ils sont à faire l'exégèse des déclarations du ministre de la consternation nationale et des affaires scabreuses. Et pourtant... Une image valant mieux que tous les discours, celle-ci illustrera le mien :


Qu'est-il arrivé à ce malheureux volatile dont on pouvait deviner que sa chair aurait réjoui le palais des gourmets ? Eh bien, la personne chargée de la surveillance de sa cuisson s'est absentée un instant pour aller faire une petite partie de belote sur Facebook ! Une partie entraînant l'autre, les gains dopant l'enthousiasme, les pertes poussant à se refaire, l'instant s'est transformé en heures, le poulet en carcasse charbonneuse et la cuisine en antre pestilentiel.

Oh ! combien de volailles, combien de clafoutis
Placés dans un bon four à la chaleur tournante
D'un jeux de cartes honteux, victimes innocentes
Suite à un long oubli ont terminé trop cuits ?

Victor Hugo (Pullo nox)

Comme Totor, je déplore cette passion qui fait vivre aux gallinacée les Heures Les Plus Sombres De Leur Histoire. D'autant plus qu'après des années d'abstinence, je viens de rechuter. Eh oui, plutôt que de suivre mes vocations d'éthologue, de géographe et de fin observateur de la vie politique, je cède à l'appel des cartes. Je belote, rebelote, dixderère, coupe, choisis l'atout, maudis mon partenaire, perds des jetons, en regagne, et les heures passent...

J'en viens à n'écouter que d'une oreille distraite les vœux du président ! C'est vous dire ! L’œil hagard, je suppute les chances que trèfles, cœurs, pics ou carreaux ont de m'apporter la victoire, je prie pour que mon as ne soit pas coupé, pour que mon partenaire ait du jeu, me désole d'une donne injuste, me réjouis des gains, m'entête à tenter d'effacer mes pertes. Bref, je connais les affres du joueur. Sans pour autant débourser un centime : je n'ai aucun besoin de gagner de l'argent et encore moins envie d'en perdre...

jeudi 21 janvier 2016

Avantages comparés

Emmanuel Macron, boute-feu notoire, vient de provoquer une sacrée tempête dans le verre d'eau politico-médiatique. Face à un Bourdin que j'espère médusé, n'a-t-il pas osé déclarer que "La vie d'un entrepreneur est bien plus dure que celle d'un salarié" ! On croit rêver ! Boirait-il ? Serait-il atteint de démence juvénile ?

Tout le monde le sait : le chef d'entreprise, quelle que soit la taille de cette dernière, se la coule douce, va de fête en fête accompagné de pulpeuses beautés, se fait péter la sous-ventrière à coup de vins et de mets fins, roule dans de luxueuses limousines et habite un palais. Quand la fantaisie l'en prend, il licencie sans raison aucune les pauvres hères dont l'exploitation assure son train de vie de nabab et la pérennité de sa fortune.

Le salarié, lui trime dur de l'aube au coucher du soleil (quand sa misère ne le condamne pas à rejoindre alors un autre poste), rentre épuisé dans un sordide galetas, a pour toute fête les documentaires d'Arte sur la Shoa, se nourrit frugalement de produits douteux arrosés d'eau du robinet et s'entasse dans des transports en commun quand ses moyens lui permettent de laisser son vélo au taudis. Avec pour seule perspective un prochain licenciement menant à une encore pire misère. Car le fruit de son travail est confisqué par son ploutocrate de patron.

Et si la vérité était un chouia différente ? Si on quittait la caricature pour la réalité ? Car la réalité des entreprises est souvent tout autre. Un haut niveau de vie est certes assuré aux patrons du CAC 40 comme leur sont octroyés retraites-chapeau et parachutes dorés. De là à ce qu'ils mènent une vie de rêve, il y a de la marge. Et quand bien même la vivraient-ils, que représentent-ils ? Ils n'emploient qu'une faible proportion des salariés. Le reste travaille dans de moyennes, petites, voire minuscules, entreprises gérées par des patrons dont la vie n'est pas toujours un lit de roses.


Quand tout va bien, le petit patron bénéficie d'un train de vie supérieur à celui de ses employés, c'est certain. Mais pour cela, il lui faut trouver des marchés sur lesquels écouler ses produits, ses marchandises ou ses services. Il est soumis à la concurrence. Il lui faut donc sans cesse s'en préoccuper : quand la conjoncture est bonne, il faut savoir en profiter, quand elle est moins favorable, ce n'est pas le moment de se relâcher. Du coup, les cinq semaines de vacances et les 35 heures, c'est plutôt pour les salariés.

Et quand les choses tournent au vinaigre ? Quand, pour une raison ou pour une autre (gouvernement socialiste, crise économique, etc.) de graves difficultés se profilent ? Qui est le plus mal loti ? Ça peut paraître curieux, mais le petit patron, quand il rencontre un vrai coup de mou ne s'empresse pas de mettre ses employés à la porte ne serait-ce que parce qu'il en a besoin, qu'il espère un mieux et que même s'il s'y résignait sa trésorerie ne lui permettrait pas forcément de leur payer les indemnités dues. Et les trous se creusent... Si rien ne s'arrange, une fois qu'il a bouché les trous de l'entreprise en liquidant ses avoir et qu'il s'est endetté plus que de raison, la solution s'impose : il met la clé sous la porte. Le salarié se verra régler son dû, aura droit au chômage. Le petit patron, lui n'aura droit à rien. S'il n'est que ruiné, ça peut encore aller mais s'il a des dettes envers les organismes sociaux ou le fisc, il n'est pas sorti de l'auberge. L'employé, sera considéré comme une victime, si le marché de l'emploi le permet, il retrouvera un poste. Un passé d'entrepreneur ne facilite pas la soumission. De plus, l'échec sur lequel il reste, même s'il n'a pas trop de conséquences sur sa bonne humeur, fait qu'un éventuel employeur suspectera ses aptitudes. Ça ne facilite pas le réemploi.

Résumons nous : Dans le meilleur des cas, une certaine aisance au prix de beaucoup de travail, dans le pire une ruine totale et durable. Est-ce si enviable ?

mardi 19 janvier 2016

Pierre, Paul, Jacques, Jean et la malédiction des Michel

Allez paf, encore un Michel qui nous claque entre les doigts ! Ce coup-ci, c'est le modèle de chez Tournier qui a avalé son bulletin de naissance. Un modèle qui avait fait bien de l'usage. Quatre-vingt onze ans au compteur : il avait fait du rab le Michou. Dire que j'en suis tourneboulé serait exagéré. J'ai le vague souvenir d'avoir, influencé par la rumeur publique qui en colportait le plus grand bien, ouvert son Robinson et l'avoir trouvé bien chiant. En ai-je seulement terminé la lecture ? Qu'importe ? Un Michel de plus vient d'être fauché. Pour que l'affaire fût parfaite, il eût fallu qu'il eût soixante-neuf ans mais on ne choisit pas sa date de naissance, que voulez-vous.

Il y aurait donc une malédiction des Michel. Je n'y crois pas un instant. Si tant de Michel referment leur parapluie, c'est que des Michel il y en a eu des tas, un temps fut. Alors, sur le tas des calanchés du début d'année, on en retrouve fatalement plusieurs. D'ici trois ou quatre décennies, ils n'encombreront plus les oraisons funèbres. Pas plus que ne le feront les Jacques, les Jean-Quelque-Chose, les Gérard, les Alain. Les prénoms qui faisaient florès dans ma jeunesse ne sont plus donnés. Sur des centaines d'élèves, ces dernières décennies, je n'ai rencontré qu'un seul Jacques, pas plus de Jean, quelques Pierre, quelques Paul (prénom ringard dans les années cinquante) et pas le moindre Michel. Les Jules, avec un parfum suranné d'avant-guerre de 14, revenaient un peu.

De nos jours, musulmans mis à part, on fait dans l'original, on innove, on se distingue. On les veut exceptionnels, ses enfants. Bien sûr, pour la plupart, ça s'arrêtera au prénom. C'est déjà ça. Ça entraînera la fin des hécatombes. Faudra que les journaleux trouvent autre chose. Je leur fais confiance.

lundi 18 janvier 2016

Diabolisation et alliances

Je ne sais pas si ça vous arrive mais moi j'entends parfois des gens proférer au sujet des immigrés et autres migrants des propos qui, s'ils étaient tenus publiquement par un militant FN lui vaudraient une suspension immédiate tandis qu'il offrirait aux media bien pensants l'occasion d'une nouvelle campagne haineuse. Quand vous leur demandez vers où va leur vote, vous avez la surprise d'entendre qu'ils choisissent des partis qui encouragent le multiculturalisme, défendent l'idée que l'immigration enrichirait la France et tout ce qu'ils déclarent réprouver. Si vous leur suggérez qu'un vote FN serait plus en accord avec leurs opinions, ils poussent les hauts cris. Comment pourraient-ils apporter leur suffrage au seul parti qui, de façon plus modérée certes, partage leur point de vue ?

Comment expliquer cette apparente schizophrénie ? C'est que la diabolisation fonctionne encore suffisamment pour que bien des gens répugnent à introduire une dose de cohérence entre ce qu'ils pensent et leur choix. Selon moi, ils ont tort car tous ces gens "raisonnables, posés et de sens rassis" ne sauraient qu'avoir une influence apaisante sur un mouvement quel qu'il soit. Sans compter qu'il est hautement improbable que dans certaines régions les 45% qui ont voté FN soient TOUS de parfaits abrutis assoiffés de sang, ne serait-ce que parce que cette dernière catégorie n'est pas si répandue et que bien des parfaits abrutis assoiffés de sang votent à gauche.

Bien que journalistes et politiques n'inspirent guère confiance à une large majorité ils sont, à force de répétitions, parvenu à inculquer une sainte trouille de ce parti chez une majorité, décroissante certes, mais une majorité quand même. Ils n'ont donc pas perdu leur temps et la digue qu'ils ont inlassablement construite pour contenir le flot de la pensée identitaire semble jusqu'ici tenir. Seulement, il semble également qu'elle connaisse des failles et les failles, c'est mauvais pour les digues, très mauvais, surtout quand ceux qui les ont construites ne disposent plus de matériaux idéologiques nouveaux pour les combler.

Devant la lassitude croissante et la perte d'efficacité qu'engendrent les discours diabolisateurs, on a vu apparaître de nouveaux argumentaires : ceux du plafond de verre, du manque de compétence des équipes et du programme économique irréalisable. Ce dernier point est par définition stupide : quand un programme est irréalisable, on en applique un autre ! Ce n'est pas M . Maurois qui m'aurait contredit là-dessus. Quant au manque de compétence et d'expérience, quand on voit le spectacle qu'offrent depuis bientôt quatre ans les divers gouvernements socialistes, il faut un sacré self-contrôle pour ne pas s'étrangler de rire face à un tel argument ! Sans compter qu'experts et hommes d'expérience se rueraient au secours de la victoire comme hommes de gauche à Vichy.

La notion de plafond de verre me paraît présenter un peu plus d'intérêt. Tous les fins analystes politiques qui viennent finir leurs après-midis autour du bon Yves Calvi vous le diront et répéteront : on ne peut pas gagner d'élections sans alliés. Un LR sans UDI, un PS sans EELV, Radicaux de Gauche et PC ne sauraient être majoritaires. En gros, faute d'unir une carpe et un (voire plusieurs) lapin(s) aucun mariage ne saurait réussir. Et si c'était tout le contraire ? Si les alliances contre nature ne pouvaient mener qu'à des déconvenues ? Ne serait-il pas indispensable pour gouverner un pays qu'un parti dispose du soutien clair et affirmé d'une nette majorité des électeurs ? Comment un parti pourrait-il mener une politique cohérente susceptible de satisfaire ses partisans s'il s'allie à d'autres qui n'ont que mépris et/ou haine envers lui et dont les tenants ont d'autres aspirations ? Les alliances ne mènent qu'à l'impuissance et au bricolage. Est-ce ce dont a besoin un pays en grave crise ?

samedi 16 janvier 2016

Un combat inégal !

Lorsque je me promène chez M. Facebook, il arrive que des publicité apparaissent dans les marges. Certaines sont liées à mes recherches comme celles vantant des perceuses ou autres rétroviseurs mais d'autres me paraissent intempestives, proposant des objets, des biens ou des services dont je n'ai jamais envisagé l'achat. C'est le cas des propositions de rencontres. L'âge et une austérité de mœurs qui pour être récente n'en est pas moins fervente me font trouver peu d'attrait à ces propositions. Toutefois, puisque rien de ce qui est humain ne m'est étranger, la vision de ces offres suscite ma réflexion. Prenons au hasard deux exemples de ces publicités :

I


II

De prime abord, elles pourraient paraître très semblables : elles montrent toutes deux une jeune femme avide de combler sa solitude et qu'on devine empressée de partager des moments intimes avec un solitaire. De plus toutes deux ont en commun d'habiter dans le voisinage. Je dois reconnaître que près de chez moi, le type I est plus répandu que le II, mais là n'est pas la question.Il est,en outre, à remarquer que dans les deux cas, grâce au tutoiement s'instaure immédiatement un climat de douce intimité. Et ce sont ces multiples similitudes qui rendraient indécis.

A supposer que l'on soit appelé à rencontrer l'une ou l'autre de ces jeunes personnes également, quoique chacune a sa manière, charmantes. Sur quoi baser son choix ? Certains débauchés diront : « Pourquoi choisir ? Sautons les deux ! » Belle mentalité ! Répondre ainsi aux nobles aspirations d'âmes esseulées ! On croit cauchemarder !

Cela dit, examinons de près textes et photos. D'un côté, on recherche un VRAI rendez-vous, de l'autre on propose des rencontres. Ce n'est pas la même chose. La rencontre est souvent fortuite tandis que le rendez-vous est volontaire. Ensuite on vous invite à parcourir les profils tandis qu'ailleurs on exige une inscription.  A quoi au juste ? Ça sent l'arnaque : on s'inscrit et ensuite on a sa BAL pleine de spams !

Venons-en aux images. Alors là, y'a pas photo. Enfin, si, y'a photos mais vous m'aurez compris. Commençons par le décor. Une des jeunes filles apparaît dans sa cuisine : on en déduit qu'après un vrai rendez-vous on ne repartira pas le ventre vide, la bougresse, de manière subliminale, met en avant des talents de cuisinière qu'on devine grands et que confirment ses formes généreuses. L'autre apparaît auprès de ce qui semble être des lits superposés. Pourquoi ? Serait-ce une feignasse ou une lubrique ? Quand à l'apparence physique, même si seule compte la beauté intérieure, l'homme de goût n'hésitera pas longtemps. Nous avons d'une part une tenue traditionnelle, simple et élégante qui n'exclut pas la fantaisie comme le montre l'absence de chaussures. De l'autre, le vêtement laisse à désirer : un T-shirt à vous attraper un rhume de nombril, une sorte de jean de couleur indéterminée. Quelle vulgarité ! Et puis il y a la personne. L'une à un maintien modeste, l'autre, qui prend un selfie, semble fascinée par son imaginaire beauté ! Car regardons les choses en face : ça ressemble à quoi ces mensurations disproportionnées ? On fait un petit 36 en bas et un 90 bonnet D en haut ! Ridicule ! Un engin comme ça, ça vous fait cinquante kilos à tout casser. Quelle misère ! En revanche, l'autre jeune femme, c'est du costaud, du massif, du qu'on peut emmener se promener par grand vent sans redouter l'envol. De la vraie femme, quoi.

J'en serais presque à regretter de ne pas m'intéresser davantage à la gaudriole !


vendredi 15 janvier 2016

Le ténia

Parmi les NAC, curieusement, il est un oublié. C'est injuste car si un animal présente de nombreux avantages, c'est bien lui. Le ténia ne miaule, pas, n'aboie pas, n'appelle pas bob*, ne griffe pas vos canapés, ne réclame aucun jouet, n'a besoin ni de niche ni d'aquarium, vous suit partout sans qu'aucun hôtel ne vous refuse son accès, ne vous ruine pas en coûteuses croquettes, n'a pas d'heures de repas, ne mord pas les facteurs, pousse la discrétion jusqu'à se faire oublier, ne laisse pas de poils partout, n'urine jamais sur votre paillasson, ne ravage ni les magasins de porcelaine ni les jeux de quilles, facilite votre perte de poids sans régime ni exercice physique, est d'une fidélité sans faille (il ne vous quittera que si vous l'assassinez), ne nécessite pas d'être en couple pour se reproduire, ne pose aucun problème de prolifération, s'acquiert pour le prix d'un bifteck ou d'une côte de porc, ne vous importune jamais en réclamant des caresses, évite comme vous les végétariens...

Hélas, récemment,le ténia du porc (Taenia solium)a disparu de nos pays. Pour vous en procurer un, il vous faudra faire un voyage en contrées exotiques. Si vos moyens ne vous permettent pas de lointaines expéditions, il faudra que vous vous contentiez d'un ténia du bœuf ( Taenia saginata ). Seulement, bénéficier pleinement de sa compagnie n'est pas immédiat. Il faut se montrer patient car adopter un individu adulte est impossible. Pour que le ténia se développe en vous, il vous faudra manger la viande crue d'un animal infecté. Pour cela vous aurez besoin d'un l'aide d'un vétérinaire, ce qui vous évitera de vous bourrer en vain de steaks tartares d'où ses larves seront absentes. En cas de réussite, en quelques mois, votre ténia atteindra sa maturité sexuelle sans que ses ébats ne viennent vous perturber, vu qu'il est non seulement hermaphrodite mais qu'il est, comme son surnom l'indique un irréductible solitaire. Bientôt, il atteindra sa taille maximale qui varie de 5 à 9 m, ce qui n'est pas rien comparé au Teckel ou à la poule naine.

Nous ne reviendrons pas sur les multiples avantages que présente la bête. Signalons simplement que, si la vôtre ne manifeste pas sa présence, vous pourrez être rassuré sur sa bonne santé par la présence d'anneaux dans vos selles, vos draps ou votre douche. Viendriez-vous à vous lasser de sa présence, la simple absorption d'un vermifuge vous en débarrassera sans que les défenseurs des animaux n'en prennent ombrage. De plus, pour se débarrasser de sa dépouille mortelle, point ne sera besoin de faire appel aux services d'un vétérinaire, il vous quittera avec la même discrétion qu'il vous aura rejoint.

Si tout cela ne vous avait pas convaincu, je pense qu'une photo de son visage avenant viendra à bout de vos dernières réticences. Il est mignon, non ?



*A la différence du poisson rouge.

jeudi 14 janvier 2016

Gardons la tête froide !

« On ne réfléchit plus Monsieur, non, on réagit à l'émotion  » cette phrase, extraite d'un article d'Arnaud D. est d'une totale justesse. L'émotion remplace le raisonnement et participe de la faiblesse de nos sociétés en ce qu'elle révèle à nos ennemis l'état de délabrement moral qui nous mine.

A première vue, rien n'est plus « normal » que de s'émouvoir. L'émotion est émouvante en diable ! Et quel signe plus manifeste de profonde humanité que de laisser libre cours à son expression ?

Alors, on s'émeut à tours de bras. A-t-on réussi à un examen que seuls 10 pour cent des candidats parviennent à rater ? On hurle de joie ! Le moindre drame est l'occasion de déposer, fleurs, bougies, dessins d'enfants, pensées puériles griffonnées sur un bout de papier sur le lieu où il s'est produit. Si bientôt on voyait un ministre de la santé en pleur se rendre au chevet de qui se serait retourné un ongle, je n'en serais pas plus que ça surpris : n'a-t-on pas récemment vu l'homme le plus puissant du monde essuyer de furtives larmes en évoquant le massacre d'enfants qui ne lui étaient rien ? Présidents, ministres et sous-ministres se doivent, avec la tête d'enterrement requise, d'exprimer aux familles, à la nation, au monde et à sa banlieue la profonde émotion que provoque en eux la moindre victime et d'assister, avec une peine toujours renouvelée, aux commémos qui suivent. On se demande comment ils tiennent. L'émotion est aujourd'hui un must. Mais n'est-elle pas surtout une mode ?

Sans pouvoir en fixer la date, l'expression publique des émotions n'est apparue que relativement récemment. Je ne me souviens pas avoir entendu le Général De Gaulle exprimer la sienne à tout bout de champ et pourtant ce n'était pas faute d'occasions dans les temps agités où il présidait aux destinées de la France. Naguère encore les ministres avaient d'autres occupations que d'aller consoler les mères, cousins, voisins ou passants éplorés. On obtenait ou échouait à un diplôme sans larmes ou cris de joie ou de douleur. Furent des temps anciens où, selon la légende, la mère de Boabdil pouvait dire à son fils vaincu « pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme ! » montrant à la fois le mépris que lui inspiraient les épanchements intempestifs et le peu de place que les études de genre avaient conquis en ces âges obscurs.

J'aurais tendance à considérer que cette mode, comme beaucoup de ce qui nous nuit, vient des États-Unis, pays de grande sensibilité bisounoursique s'il en est, comme en témoignent depuis des décennies ses divers bombardements aussi massifs qu'humanitaires. Elle se répand par le truchement de la télévision qui encourage et propage l'hystérie.

Plus que de montrer toute la tendresse de petits cœurs fragiles, je pense qu'il vaudrait mieux que raison nous gardions. Les nombreuses manifestations d'émotions diverses qui ont suivi les récents attentats n'ont fait que démontrer notre vulnérabilité et partant conforté les terroristes dans l'efficacité de leurs actions. N'eût-il pas mieux valu qu'on se contentât d'enterrer les morts dans le silence et qu'on se concentrât sur l'action à mener afin qu'à l'avenir leur nombre soit réduit ?

mercredi 13 janvier 2016

J'voudrais bien (ouin, ouin, ouin) mais j'peux point (ouin, ouin, ouin) !

Je remarque chez beaucoup, et dimanche dernier chez l'ami Fredi, une tendance certaine au pessimisme. Notre siècle s'annoncerait mal. Comme s'il y en avait eu qui se fussent bien annoncés ! Il y a deux manières de considérer le précédent : soit comme un temps de grands progrès scientifiques et techniques, soit comme celui du summum de la barbarie occidentale avec son cortèges de boucheries guerrières et d'hécatombes totalitaires. Selon que l'on choisira l'une ou l'autre vision on considérera les changements qui affectent le siècle nouveau d'un œil différent : les enragés de l'autoflagellation se réjouiront de l'apparente disparition de ce qui a leurs yeux a engendré les drames du XXe siècle, les nostalgiques y verront les prémisses de la destruction d'une civilisation.

Les sirènes de l'optimisme « progressiste » comme du pessimisme « réac » sont peut-être séduisantes mais j'ai du mal à à céder à leur appel. Ne serait-ce que parce que je n'ai pas de boule de cristal. Et peut-être aussi parce que la division de l'histoire en siècles est arbitraire et qu'en admettant qu'elle ne le fût pas nos pronostics sur le déroulement du XXIe siècle, en son an seize ne sont ni plus ni moins fiables que ceux qu'auraient pu faire nos aïeux en l'an seize du leur. Qui en 1716, alors que commençait la Régence, eût pensé que son siècle, en sa fin verrait l'avènement du consulat et eut imaginé les multiples soubresauts qui allaient y mener ? En résumé, de l'avenir nous ne savons rien.

Donc, pour faire simple, commence un siècle qui sera ce qu'ils sera ou plutôt ce que nos successeurs en feront. Je n'en verrai pas plus que ma fille la fin. Vu que je ne crois pas en l'Âge d'Or, je n'ai pas plus de regret du siècle dernier que je n'ai de crainte face au nouveau. Le XXe siècle vit conjointement de grands progrès ET d'inouïes barbaries (la technologie au service du massacre de masse !) il n'y a, quand on n'a été à l'origine ni des uns ni des autres, aucune raison de s'en sentir coupable ou nostalgique. La seule chose certaine est que, selon notre calendrier, il est à jamais révolu.

Envisager l'avenir avec confiance est essentiel voire inévitable. Dans le cas contraire, que faire ? Pleurer le temps passé ? Ne rien entreprendre puisque tout finira dans le chaos ? Notre destinée individuelle, quels que soient les efforts que nous fassions pour nous voiler la face, mène forcément à une fin plus ou moins tragique. Est-ce une raison pour passer sa vie à le déplorer et à ne rien entreprendre ? Les civilisations anciennes, si brillantes qu'on ait pu les considérer, ont fini par céder la place à d'autres pour le meilleur ou pour le pire. Son inéluctable fin peut être hâtée ou retardée selon le jugement qu'on porte sur sa civilisation. Se refuser à mettre au monde des enfants au prétexte que l'avenir serait incertain ou lourd de menaces est une des plus efficaces méthodes pour en rapprocher le terme.

C'est pourquoi, bien qu'essayant de considérer le spectacle qu'offre la France d'aujourd'hui avec un noir pessimisme de bon aloi, je n'y parviens pas et quand ma fille m'annonce son projet de mariage en vue de fonder une famille, j'en suis heureux et ne peux que lui dire : « Vas-y, fonce, ne t'occupe pas des signaux ! ».

DERNIÈRE MINUTE :

Il semblerait qu'il y ait de l'eau dans le gaz chez les Tourterelles : 


mardi 12 janvier 2016

Le Sabbat

Lors de ma récente excursion en terres collaborationnistes, cheminant de lien en lien, je tombai par hasard sur une allusion à Maurice Sachs, « Juif-collabo ». Le nom me dit quelque chose. Je ne tardai pas à trouver parmi mes livres « Le Sabbat » qu'il écrivit en 1939. Je n'en gardais bien entendu aucun souvenir. Comme j'en avais alors l'habitude, j'avais indiqué sur la première page la date et le lieu de cette lecture : « le 17 juin 1972, à Thiès* ». Bientôt 44 ans. Ça ne nous rajeunit pas et ça excuse l'oubli.

J'entrepris une relecture. Curieuse autobiographie d'un bien curieux personnage. Ça tient des Confessions de Jean-Jacques, c'est larmoyant à souhait, débordant d'apitoiement sur soi. Le bon Maurice ne cesse de poursuivre la Vertu, l'Honnêteté, la Paix intérieure mais pour toujours retomber dans les ornières du vice, de la tromperie, de la flagornerie... Le livre est bâti à la va-comme-je-te-pousse. L'auteur s'attarde sur certains épisodes, en traverse d'autres en trombe, sans qu'on comprenne le pourquoi de ces soudaines ruptures de rythme. On a du mal à cerner un personnage qui semble tout de même avoir joué un rôle dans le milieu littéraire de l'entre deux guerres. On y croise, entre autres, Jean Cocteau, Jacques Maritain, André Gide Gide, Soutine, Max Jacob, Pierre Fresnay. Il en trace des portraits souvent flatteurs, parfois vengeurs. Cocteau y es dépeint de manière peu flattée, sous la forme d'un mauvais génie et d'un usurpateur de talents exploitant les mérites d'autrui. D'autres se voient plus gâtés, parés de toutes ces hautes vertus que l'auteur vise d'atteindre mais que sa profonde indignité lui interdit en attendant qu'une nouvelle crise d'aspiration au Bien ne lui fasse espérer les conquérir. Dans ce chemin de croix d'un snob auto-flagellateur, les chutes se multiplient, immanquablement suivies de temporaires et illusoires remises sur pied. Il semblerait que le chemin de Maurice Sachs se soit terminé sur une route d'Allemagne, en avril 1945, alors qu'on évacuait sa prison par une chute qu'une balle tirée dans sa nuque par un SS rendit fatale. Triste épilogue d'une triste existence.

Le livre refermé, j'en retire une impression mitigée. On y trouve des pépites, comme ce chapitre XXXII où est décrite la curieuse faune de l'hôtel miteux sur la destinée duquel règne le brave Joachim Le Plouharet. On aurait pu s'attendre à une riche peinture d'un milieu que l'auteur a connu intimement. Même si le talent affleure ci et là, c'est par trop inégal pour qu'on ne demeure pas sur sa faim.

Mais peut-être suis-je un peu sévère... Et puis le personnage vaut quand même le détour tant il tranche, pas vraiment en bien, sur le lot commun.

*Sénégal. Ne pas confondre avec Thiais (Val-de-Marne).

samedi 9 janvier 2016

Écoutons l'élite !

Il existe aujourd'hui en France comme en tout temps et en tout lieu une élite raffinée et des bas du front. L'élite pense comme il faut, le bas du front ne pense pas ou quand il s'y essaie arrive à des conclusions erronées. Et c'est normal, car le bas du front ne dispose pas des outils intellectuels nécessaires qui permettent, au-delà des apparences de discerner la vérité. Comme aurait dit Socrate, il vit dans une caverne. Son vocabulaire limité, son manque de goût pour le paradoxe et les contorsions sémantiques ainsi qu'une maîtrise approximative des subtilités de la dialectique sont autant d'obstacles à la saine pensée comme aux justes conclusions.Je vous en donnerai quelques exemples.

Un paysan bas du front découvrant son poulailler dévasté après avoir entraperçu une bête rousse à la queue touffue rôder dans les herbages en conclut que quelques coups de fusil le débarrasseront du renard. Le citadin d'élite, qu'une longue expérience du bitume a rendu spécialiste, entre autres, des mœurs de ce canidé, regardera avec hauteur et réprobation ce rustre. Rien ne prouve formellement que le coupable soit un goupil. Certains chiens, certains chats, ont le poil fauve et la queue fournie. Comment accuser sans preuve ? D'autre part, de nombreux exemples relevés par des scientifiques dignes de foi montrent que le renard est volontiers végétarien et qu'à la rigueur il lui arrive de se nourrir de campagnols mais jamais de poulets. Le plouc tue le renard.

L'imbécile, vu que bien des villes et villages portent un nom de saint et que la moindre bourgade possède une église, souvent plusieurs chapelles et bien des croix aux carrefours, n'est pas spécialement choqué lorsqu'il entend dire que la France est un pays de tradition chrétienne. Cette ineptie est rejetée avec horreur par tout esprit dégrossi. Car la chronique du moine Theobaldus atteste la présence d'un groupe de mahométans à Vazy-en-Berrouette dès la première moitié du VIIIe siècle. Que cette présence ait été fugace car précédant de peu l'exécution de ces prisonniers faits sur l'armée en déroute d'Abd el Rahman, ne change rien à l'indéniable ancienneté de l' "Islam de France ".

Le citadin obtus a souvent l'impression que les métropoles et bien d'autres villes de moindre importance voient la nature de leur population changer et que les personnes d'origine apparemment subsaharienne ou maghrébine y sont de plus en plus nombreux. Levant les yeux au ciel devant un tel racisme (car il n'y a jamais loin de ce genre de pseudo-constat à l'hitlérisme), le Bobo lui démontre, chiffres à l'appui, que vu qu'il y a de moins en moins d'étrangers en France, son impression d'envahissement relève du pur fantasme et que si, contre toute logique, il avait raison ce serait une excellente nouvelle car l'immigration enrichit.

Des femmes bas du front ont le sentiment d'avoir été dévalisées, violentées, quand ce n'est pas violées par des migrant à Cologne. L'esprit fort met, dans un premier temps, en doute la véracité des faits mais n'ayant rien de l'autruche, finit par admettre qu'il est possible que quelques vénielles incivilités aient eu lieu mais que rien n'indique clairement, vu que la police n'a arrêté personne, que des migrants soient coupable. Et quand bien même cela serait-il « La manipulation nationaliste des crimes de Cologne est dangereuse pour les femmes » comme le note si bien une intelligence féministe. Les idiotes continuent de penser que les agresseurs sont plus dangereux.

J'espère être lu par l'élite.

vendredi 8 janvier 2016

Vive le roi ?

La mort des Michel est certes aussi triste que celle des Bernard ou des Lucienne mais quand ils sont célèbres, ça donne lieu à des hommages et des rétrospectives. Par exemple lorsque Michel Delpech a disparu, ce fut l'occasion d'entendre ses vieux succès. Parmi ceux-ci figura un hymne d'amour à Marianne cette incarnation de la république sans les valeurs de laquelle nous serions pire que des animaux. Le refrain en était :

Dieu ! Mais que Marianne était jolie
Quand elle marchait dans les rues de Paris
En chantant à pleine voix :
"Ça ira ça ira... toute la vie."

Étant trop jeune pour avoir connu cette époque bénie, je ne porterai aucun jugement sur les qualités plastiques de cette allégorie. Toutefois, mon goût pour l'histoire m'a amené à penser que la joliesse n'était pas sa seule qualité. Elle savait également se montrer joueuse, voire même taquine comme en témoigne sa propension à décapiter les gens puis à se promener avec leur tête au bout d'une pique. Les massacres de septembre 1792 montrèrent qu'elle savait sévir quand nécessaire. La Terreur qui suivit nous la montra rigoureuse. En Vendée, elle fit preuve de discernement en séparant le bon grain de l'ivraie. Hélas, il y avait peu de bon grain ! Son goût des sciences lui fit faire à Nantes des expériences sur la flottabilité comparée des prêtres (lestés ou non) et des laïcs et à Lyon sur la résistance du canut et du soyeux aux pilonnages d'artillerie comme aux fusillades.

Une liste exhaustive des mérites insignes de la jolie Marianne serait fastidieuse. On peut même se demander si parmi ses nombreuses qualités ne se seraient pas glissés quelques bien pardonnables défauts. On aurait tort. Car il ne faut pas oublier qu'elle succédait à un régime atroce, inique, où le serf ployait sous l'impôt tandis qu'une soi-disant élite se gobergeait, que des rois infâmes exerçaient un pouvoir sans limite et que le clergé maintenait le peuple dans une morbide superstition.

C'est du moins ce dont des décennies de propagande active sont parvenues à convaincre le bon populo. Hors la république, point de salut, point de ces valeurs dont on nous rebat les oreilles. On serait logiquement tenté de croire que dans la dizaine de monarchies qui survivent en Europe on pratique le servage, la corvée, le prétendu droit de cuissage, que l'obscurantisme religieux y fait rage, que d'iniques impôts y réduisent le peuple à la famine etc. Mais est-ce vraiment le cas ?

Il semblerait qu'au Royaume-Uni, en Espagne, en Belgique, en Suède, au Pays-bas, on connaisse peu ou prou le même régime démocratique avec ses mérites comme ses dérives. Plutôt que républicaines les obscures valeurs qui nous gouvernent me paraissent plutôt celles de la démocratie. Or donc, que la France ait un président ou un roi ne changerait rien de fondamental.

Toutefois, vu le triste spectacle que nous offre de plus en plus l'élection présidentielle et les candidats qu'elle porte au sommet, j'en suis à me demander si un roi ou une reine ne personnifieraient pas mieux et plus durablement la France que les tristes politicards que, par défaut, par dépit, par erreur on porte provisoirement au rang de chef d'État avant que l'impopularité ne leur ôte toute légitimité à parler au nom du pays. Il me semble qu'un souverain doté d'un seul pouvoir de conseil, représenterait mieux la France que des politiciens roublards au seul service de leur ambition. Les candidats au pouvoir devraient se contenter d'un rôle de premier ministre, mieux adapté à leur stature.

Un tel changement aurait en outre le mérite de nous épargner les frais d'une élection quinquennale mais surtout les dérives qu'elle implique : frontières mal définies entre chef d'État, chef de gouvernement et chef de parti, élections parlementaires soumises au résultat des présidentielles, etc.

Mais ne rêvons pas : nous ne sommes pas à la veille d'un tel changement. De même, la fin de la longue dégringolade du régime actuel qui ne peut se montrer efficace que lorsqu'une large majorité du peuple accorde durablement sa confiance à un homme n'est pas pour demain.

jeudi 7 janvier 2016

Le Grand Remplacement *

J'ai conté la mauvaise surprise que m'avait réservée le lendemain de Noël. Pour un Réac, se voir privé de rétroviseur, ne serait-ce que partiellement, est un grand handicap vu que c'est par leur truchement qu'il regarde la vie. Il fallut donc envisager leur remplacement. C'est maintenant chose faite. Hier après-midi, un courriel de M. Oscaro, toujours aussi obligeant, m'avertit que mon colis m'attendait au Relais Colis de Vire. Je m'y rendis ce matin et récupérai les précieux rétroviseurs.

Avant de procéder à leur remplacement (d'où le titre), je jetai un dernier coup d’œil à mon break outragé, mon break brisé, mon break martyrisé mais mon break bientôt réparé. Ce n'était pas beau à voir, jugez-en plutôt :





Mais c'est en s'approchant que les dégâts apparaissent dans leur dramatique ampleur (moi-même je faillis l'être en les constatant**)



Cette réparation de fortune faite au ruban adhésif fut utile mais disgracieuse.



Quant à l'autre côté, où des bouts de scotch évitaient que la pluie n'envahisse l'habitacle, je ne vous dis rien du tort qu'il causait à mon prestige.

La réparation ne prit qu'un peu plus d'une demie-heure et, après avoir vérifié qu'ils se réglaient et chauffaient comme aux plus beaux jours, je pus contempler avec fierté mon break restauré :



PS : Moyennant une forte somme en espèces , je suis prêt à céder les pièces récupérées qui trouveront leur place dans l'intérieur de toute personne de goût que ce soit comme miroir d'appoint, comme élément décoratif ou comme œuvre d'art contemporain (me contacter par E-mail).


Magnifique, non ?


*Il ne s'agit aucunement de faire une concurrence déloyale au bon M. Camus, comme disait Lao-Tseu, chacun son métier et les vaches seront bien gardées.

**Jeu de mots d'une colossale finesse !

mercredi 6 janvier 2016

Enculeurs de mouches et apprentis-sorciers !

La France compte quelques millions de chômeurs. L'insécurité, qui n'est certes qu'un sentiment honteux, se propage. Des islamistes s'éclatent ou nous éclatent à la kalachnikov. Des migrants et autres Rroms entrent chez nous comme papa dans maman et installent leurs campements dans nos villes. On est de plus en plus nombreux à se partager un gâteau qui, lui, n'augmente pas. Bref tout va bien.

Et quel est le problème qui agite les gens de gauche enculeurs de mouches ? Eh bien la fameuse déchéance de nationalité ! Et pourquoi ça ? Parce que voyez-vous, elle créerait deux catégories de Français ! Alors que chacun sait que la République ayant apporté à nos concitoyens liberté, égalité et fraternité nous sommes tous libres, égaux et fraternels comme c'est pas possible.

J'ai déjà écrit que le côté dissuasif de la mesure n'était pas la question. Pour moi, un petit coup de guillotine trancherait la question. Sans compter que ça rendrait service au malheureux terroriste qui n'aurait pas eu la chanse de se faire zigouiller au cours de ses attentats : en l'exécutant, on en ferait un martyr de la foi et à lui lui petites vierges du paradis ! Seulement, la peine de mort est passée de mode. En dehors de quelques assassins peu au fait des tendances, qui songerait à l'appliquer dans la France du XXIe siècle, pays des Droits de l'Homme ?

Mais revenons à nos catégories. Hier midi, un professeur de Français de Bobigny était invité au 13 heures de la RSC. Il avait écrit une lettre ouverte au président Hollande, où son petit cœur s'épanchait. Curieusement, quand je m'épanche dans un article, aucune radio de service public ne me prie d'en venir lire quelques extraits à ses micros. Pour lui on eut ce geste. Donc, ce brave jeune homme (je l'espère jeune!) la voix pleine de trémolos rentrés s'exécuta. Il était question de trahison envers lui et ses disciples divers. Alors qu'il passait le plus clair de son temps à expliquer à ces derniers à quel point ils étaient Français, autant et même plus que bien des souchiens ignares, hontes pour leur pays, voilà que le chef de l'État venait foutre en l'air son apostolat et créer, chez des êtres plein d'espoir et de confiance dans leur belle quoique récente patrie, un profond désarroi. Ainsi ils ne seraient plus que des Sous-Français soumis à d'autres lois ? Ainsi, cette terre d'espoir et de gloire** qu'ils aiment de fine amour les bafouerait ? Etc.

Ce brave pédagogue, écoutant davantage son cœur que sa raison oubliait certains détails : d'abord que pour ses chères têtes blondes, brunes ou crépues avoir une double nationalité n'est pas nécessairement la règle. Ensuite que la mesure qui « fait débat » n'est prévue qu'en cas d'action terroriste. S'ils ne commettent ou ne participent à aucun attentat, la mesure ne saurait les concerner.

Je passerai sous silence son apologie sous-jacente de la multi-culture de ses ouailles car cela soulèverait la question du communautarisme. On voit assez comme à partir d'un projet de mesure symbolique, en mettant en œuvre toute sa mauvaise foi, un apprenti sorcier peut, plutôt que de tenter de l'effacer, aider à se renforcer un sentiment de non-appartenance chez ceux dont on lui confie la formation. Les prêtres de Constantinople assiégée, qui disputaient, dit-on, du sexe des anges étaient certes des enculeurs de mouches mais faute d'être utiles, ils demeuraient inoffensifs. Leurs homologues modernes ajoutent la nocivité à la ratiocination comme ils desservent toutes les personnes qui, quelle que soit leur origine, ont eu à cœur et se sont donné les moyens et le mal de faire de leurs enfants des Français assimilés.

* Je recommande le passage où il évoque une France « protégeuse et partageuse (sic) » !
**Land of hope and glory, comme disent les British

mardi 5 janvier 2016

Toujours pas très Charlie...

Pour nos chers media, soit on est Charlie, soit on est pro-terroriste. Curieux raisonnement ! Comme si ne pas s'identifier à l'équipe de ce journal que peu lisaient impliquait une adhésion au terrorisme assassin. Manichéisme, quand tu nous tiens ! Si tu n'approuves pas l'immigration de masse, tu es raciste. Si tu penses que le mariage n'est pas forcément pour tous, tu es homophobe. Si tu n'évoques pas à tout bout de champs les « valeurs de la République », tu es fasciste. Ceux-là même qui sont contre l'amalgame, le pratiquent sans vergogne, sans même en être conscients.

Être contre le terrorisme et pour la liberté d'expression est une évidence pour moi. De là à déclarer mon identité avec des gens que je n'appréciais absolument pas, dont je ne lisais pas les écrits et dont les dessins me faisaient autant sourire qu'un clou dans ma chaussure...

Un an a passé. L'inaugurateur de chrysanthèmes va dévoiler des plaques. On a légiondhonneurisé les victimes. On vivra une semaine durant dans la commémoration. Pour l'occasion, l'équipe du journal commet une Une ridicule qui fait d'un Père Noël en chemise de nuit le coupable et tire son torchon à un million d'exemplaires.

Ce « spectacle » est désolant. Mais qu'est-ce qui est le plus désolant ? Qu'un président aux abois tente de faire de tout bois le feu dont il aimerait réchauffer une opinion pour le moins tiède ? Que des media tentent de combler leur insondable vacuité à coup d'hypocrites souvenirs émus ? Que des « journalistes » au talent douteux mettent l'occasion à profit pour se faire des ronds ? Ou de constater qu'une partie non négligeable de l'opinion mord à ces hameçons ?

Président, media et journal font leur boulot, ou du moins le boulot qui est devenu le leur. L'adhésion de gogos à leurs pitreries émotionnelles me paraît plus préoccupant.

Décidément, après un an, je ne reste pas plus Charlie que je ne suis devenu Paris en novembre.

dimanche 3 janvier 2016

Nomade ou sédentaire, telle n'est pas la question !

L'autre soir, j'ai réagi au texte d'un ami Facebook qui vantait les incroyables possibilités de mobilité qu'offre notre monde digital. Mobilité non seulement virtuelle mais aussi spatiale que nous offriraient les technologies modernes. Ainsi émergerait une nouvelle humanité, plus libre, car affranchie de ces carcans que sont les peuples, les États et les nations et jusqu'aux habitudes de vie. Avec pour corollaire le surgissement du « citoyen du monde », plus adaptable, possesseur d'une largeur de vue sans cesse stimulée par de nouvelles rencontres, de nouveaux lieux, de nouvelles situations, de nouvelles occupations, bref un homme nouveau et pourquoi pas supérieur.

Bien entendu, je n'adhérai pas à cette vision et je laissai un commentaire rédigé en grande partie en anglais dans lequel j'opposais l'homme enraciné au soi-disant « citoyen du monde ». Et puis, au matin jugeant le débat un brin stérile, je supprimai mon intervention. Toutefois, l'auteur du post ayant pris connaissance de ma critique disparue y répondit puis développa son point de vue dans un article de blog.

Lecture intéressante en ce qu'elle expose avec enthousiasme le point de vue d'une personne que fascine la modernité et qui voit en elle une ouverture inouïe sur un monde riche en variété et en surprises. Mouais. Je veux bien tout ce qu'on veut, c'est à dire que je conçois que l'on puisse s'enthousiasmer sur ce qui me laisse de marbre, que l'on puisse trouver une valeur immense là où je n'en vois pas, bref qu'on ne partage pas ma vision des choses et du monde.

Mais en y réfléchissant, tout en reconnaissant la cohérence interne d'un discours ou le nomadisme n'exclut pas les racines, je me dis « Nihill novi sub sole ». Certes, les technologies accélèrent et multiplient les occasions d'être mobile mais de là à considérer qu'elles permettent l'émergence d'une nouvelle humanité disposant d'une supra-citoyenneté mondiale il y a un pas que je ne franchis pas.

Opposer l'homme d'hier, sédentaire, attaché à la glèbe, prisonnier d'une communauté et de sa vision forcément étriquée du monde parce que bornée par des us, des convenances à un nouvel homme libre me paraît illusoire. Ne serait-ce que parce que de tout temps l'homme a été mobile de manière plus ou moins restreinte, mais mobile. Que ce fût à l'occasion d'invasions, de pèlerinages, de croisades, de guerres, nombre ont ressenti le besoin ou se sont vus contraints à la mobilité. Mon père, connut, au gré des vicissitudes de la guerre le Canada, l'Algérie, la Tunisie, l'Égypte, l'Afrique du Sud, le Sénégal et j'en oublie lors de séjours parfois brefs, parfois durables et cela sept ans durant. Il n'était pas seul dans son cas. J'ai moi même pas mal vécu à l'étranger et ai vagabondé de ville en ville, de région en région dans notre beau pays. Seulement il ne me semble pas que ce « nomadisme » soit de nature à transformer la nature profonde d'un être. Des séjours prolongés outre-Manche m'ont même fait prendre une meilleure conscience de mon appartenance à la France. Pour ce qui est des courts séjours, des rencontres multiples et variées, je crains qu'ils ne puissent que permettre d'effleurer la surface des choses et provoquer l'illusion qu'existe une communauté mondiale sinon uniforme du moins largement similaire.

En réalité, si on approfondit un peu il devient évident que nous sommes le fruit d'une culture véhiculée par une langue qui découpe et décrit le monde de manière originale. Que l'on pratique d'autres langues n'y change rien sauf peut-être dans le cas du bilinguisme. Car même le plus érudit des hellénistes ne saurait rêver de jamais devenir un Grec ancien. J'opposerai la langue de culture à la langue de communication. Si la première permet également de communiquer, elle enracine et fonde l'être et cela d'autant plus qu'on en approfondit le savoir. La seconde se borne à permettre des échanges quel que soit le niveau de connaissance qu'on en ait.

Ce constat n'implique pas la fermeture à autrui ou la sédentarité. Il me paraît simplement qu'il interdit l'illusion que pourrait apparaître un « citoyen du monde » chez qui le commun dépasserait le spécifique.

samedi 2 janvier 2016

NAC : une mise en garde

Vous êtes lassés de la compagnie des chiens, des chats, des kangourous, des chimpanzés, des hyènes, du ténia et des éléphants. Vous cherchez désormais un compagnon plus original pour agrémenter vos soirs de désarroi. Je ne vous blâme pas et même vous comprends. Seulement, votre idée d'adopter une baleine bleue ne me paraît pas aussi judicieuse qu'elle peut sembler au premier abord.

Certes, la baleine bleue présente de nombreux avantages. Son caractère est enjoué, ses manières exquises, son chant mélodieux et, quand elle souffle, elle supplée au manque de geysers qui affecte nos contrées. Seulement, face à ces indéniables avantages, elle présente de menus, voire rédhibitoires, inconvénients.

L'animal, ne l'oublions pas peut mesurer jusqu'à trente mètres et peser plus de cent cinquante tonnes. Je n'ose imaginer le supplément de bagages que vous paieriez si la fantaisie vous prenait de l 'emmener avec vous en vacances aux Seychelles !

Bien que réputé être le plus grand animal ayant jamais vécu SUR TERRE, la bête vit en fait dans l'eau salée. Disposez-vous d'un aquarium de taille suffisante pour qu'elle puisse s'y ébattre ? Et puis il y a le problème de la nourriture : une baleine bleue peut manger plus de trois tonnes de krill par jour. Disposez-vous en quantité suffisante de ces petites crevettes ? Vous me rétorquerez que des daphnies séchées pourraient les remplacer avantageusement. Rien n'est moins certain. Et puis songez au nombre de poubelles emplies de boites vides qu'il vous faudrait descendre quotidiennement. Corvée d'autant plus pénible que l'on habite un sixième sans ascenseur !

Adopter un baleineau pourrait vous séduire. Ce bébé de deux tonnes et demie et de sept mètres est certes moins encombrant, seulement il grandit vite ! Il lui faut jusqu'à 570 litres de lait par jour ! Soit la production quotidienne de quelque 21 Prim'holstein. Disposez-vous la place nécessaire à cet élevage dans votre studio (compte tenu de celle occupée par l'aquarium) ? De plus, ce tendre nourrisson peut prendre 90 kilos par jour (alors qu'il faut jusqu'à huit ans à un jeune Étasunien pour ce faire!).

D'autre part, il ne faut pas oublier que la baleine bleue est d'une lubricité peu commune. Si elle n'a pas sa dose quotidienne, elle dépérit. Aussi, pour son équilibre, il serait bon de lui procurer un compagnon, ce qui n'irait pas sans poser problème : le mâle est pourvu d'un pénis de 2,4m. Imaginez les comparaisons défavorables que pourrait établir votre compagne ! C'est fragile, un couple...

Même si tous ces obstacles vous paraissent surmontables, je voudrais pour finir faire appel à votre sens des responsabilités : la baleine bleue vit jusqu'à quatre-vingts ans. Êtes-vous certain d'avoir cette espérance de vie devant vous ? Ne serait-il pas dommage que, vous disparu, votre animal n'échoue à la SPA puis en de mauvaises mains ?

Décidément, adopter ce cétacé n'est pas une bonne idée. Préférez lui un loup, surtout si vous avez des enfants : il les adore !

vendredi 1 janvier 2016

Soyons original !





A tous mes fidèles lecteurs et même aux infidèles : que 2016 vous apporte tous les bonheurs souhaitables et même quelques uns auxquels vous n'auriez pas pensé !


PS : Le foie gras est très bon !