..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 22 juillet 2019

Conquête de la lune

Le vingt-et-un juillet 1969, j'eus une surprise en arrivant au bureau de poste où je remplaçais un facteur en congé. Avant d'être d'une ponctualité exemplaire, j'avais une forte tendance à être en retard. Ce fut le cas ce matin-là. La receveuse, une femme dont l'extraordinaire laideur pouvait expliquer le caractère aigri, m'adressa d'agressifs reproches. A ma grande surprise, une employée prit ma défense, arguant qu'en un tel jour, un retard était excusable. J'appréciai ce soutien inattendu. Cependant, je m'interrogeai sur son origine. Qu'est-ce que ce jour pouvait bien avoir de si spécial pour qu'il justifiât mes errances ?

Car il se trouve que, si j'avais entendu parler d'une expédition lunaire des Étasuniens, vu le peu d'intérêt que j'y trouvai, je ne savais pas que ce grand pas pour l'humanité s'était produit quelques heures avant que j'embauche. La personne qui m'avait défendu pensait donc que comme 500 millions de terriens j'avais passé ma nuit les yeux rivés sur mon écran de télévision. Ce n'était évidemment pas le cas car même si j'avais été au courant de l'événement, je ne serais pas resté éveillé pour y assister. Je dois confesser ma totale indifférence à la conquête spatiale. Je ne saurais expliquer pourquoi. Toutefois, je ne vois pas en quoi le petit pas de M. Armstrong a pu changer ma vie.

Sa phrase historique, probablement aussi spontanée que la récitation d'un écolier, avait de la gueule. Enfin beaucoup plus que n'en aurait eu l'exclamation « Ah, putain, encore une merde de chien ! » si son pied s'était posé sur une de ces déjection qui font l'attrait des trottoirs de nos cités. Dieu merci, la lune étant aussi dépourvue de ces canins que de vertes prairies, le risque d’occurrence de cette phrase était nul.

jeudi 18 juillet 2019

La grosse arnaque !

Les gilets jaunes se sont révoltés contre la hausse de certaines taxes. Pas de toutes. Celles sur le tabac, bien que connaissant une croissance exponentielle, semblent ne susciter de protestations que chez les buralistes alors qu'environ un tiers des Français fumeraient quotidiennement. Ça paraît surprenant, non ? En fait, l'explication est simple : grâce à des décennies de campagnes anti-tabac, on est parvenu à transformer la plupart des fumeurs en coupables qui ne doivent qu'à leur manque de volonté de ne pas avoir arrêté. Tout coupable mérite une sanction. Et la sanction tombe sous la forme de nouvelles taxes dont nul ne saurait s'indigner. Le but final serait grâce à des prix prohibitifs d'éradiquer le tabagisme. On ne peut pas dire que ça marche vraiment. Bien sûr, on vend moins de tabac en France. Seulement, les achats ans les pays limitrophes aux tarifs moins exorbitants augmentent considérablement de même que la contrebande.

Le fumeur est accro, et il est difficile de le dissuader de se suicider. Il sait depuis longtemps que le tabac lui fait perdre 9 ans de vie (dont une ou deux d'EHPAD), qu'il risque la cécité, l'infécondité, l'impuissance, un cancer pas gentil du tout, plus de problèmes cardiaques qu'un curé ne saurait en bénir, l'amputation de plusieurs membres, etc. Et malgré ça, il continue, le bougre. Malgré les risques, le coût, la culpabilité, il continue.

S'il a un minimum de sens civique, il souffre en plus du tort qu'il fait à la collectivité. Car le fumeur coûte bien plus qu'il ne rapporte ! Si on en croit M. Pierre Kopp et l'étude que cet éminent professeur a consacré à la question en 2015, c'est à plus de 120 milliards que s'élèverait le coût social du tabagisme. Cependant, l'essentiel de ce coût social est constitué par celui des vies perdues, de la perte de qualité de vie et de celui des pertes de production. Car une année de vie a un prix : 115 000 € selon l'étude ! Avouez que vous ne pensiez pas valoir autant ! Sans compter que la mort « prématurée » du fumeur se produit en moyenne à 71 ans et qu'il est rare qu'entre ce bel âge et les 80 ans « normaux » on soit très productif.

Quel que soit le coût réel du tabagisme, il n'en demeure pas moins que l'état a besoin des 15 milliards qu'il lui rapporte. D'autre part, en admettant que les fumeurs cessent tous de fumer, les économies sur les dépenses de santé ne se feraient sentir qu'à plus ou moins long terme et qu'en attendant ces beaux jours, il faudrait prendre dans la poche des contribuables le manque à gagner. Environ 400 € par an et par foyer fiscal ! Les gens en seraient-ils satisfaits ?

Le gouvernement se trouve donc dans une position délicate : pour des raisons de santé publique, il se doit de prôner la fin du tabagisme tout en priant le bon Dieu que celle-ci soit TRÈS progressive. Il faut donc s'attendre à ce que les taxes sur le tabac continuent de compenser la baisse du volume des ventes. Ça a bien marché l'an dernier : 750 millions de francs de rentrées supplémentaires dans l'indifférence générale !

La culpabilisation est donc efficace. Elle permet de taxer à tour de bras sans soulever de protestations. Ne serait-il pas bon pour tout gouvernement de lancer de longues campagnes de sensibilisation aux terribles méfaits du diesel, du sucre ou des topinambours afin de pouvoir à terme augmenter sensiblement les rentrées de l'État ?

mardi 16 juillet 2019

Dieu que l'amour est triste !

Une grande vague de paresse m'ayant récemment submergé suite à de petits ennuis de santé, plutôt que de faire un ménage depuis trop longtemps délaissé ou mettre en ordre le jardin , je me contente du minimum syndical. Je cueille des haricots, je cuisine, je fais mes courses et la vaisselle (c'est à dire que je remplis puis vide tour à tour le lave-vaisselle). Cela me laisse des loisirs que j'occupe à croiser les mots, lire ou regarder la télé. Ainsi, cet après-midi ai-je regardé deux Maigret avec dans le rôle principal M. Cremer. Il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas replongé dans le monde de Simenon...

Dès la sixième, j'avais commencé à lire ses romans. Je me demande ce que je pouvais à cet âge y comprendre mais il faut croire que j'y trouvais mon compte. Je l'ai dit et redit, mes lectures ne me laissent peu voire aucun souvenir. Pourtant j'ai beaucoup lu. Simenon fut un de mes auteurs favoris. J'ai usé et abusé de ses œuvres. J'ai lu des tas de Maigret mais aussi d'autres romans, ses derniers ouvrages autobiographique ainsi que des livres à lui consacrés. Jusqu'à l’indigestion. Ça m'est souvent arrivé : je m'entiche d'un auteur, je lis parfois des dizaines de ses livres et puis, allez savoir pour quoi, je n'en peux plus et l'idée même de les relire un jour m'apparaît improbable. La liste de ces désamours est longue, elle comprend Balzac, Zola, Mauriac, Modiano, Faulkner, Caldwell, Dickens, Pratchett, Rankin, Vaugh, Wodehouse, et bien d'autres dont le nom a rejoint leurs œuvres dans mon total oubli.

Simenon est un cas spécial. Disons qu'il y avait une raison à mon désamour. Plus que la lassitude, c'est l’écœurement, qui m'a fait le quitter. Je n'en pouvais plus de son univers glauque, étouffant presque désespérant. Avec un talent indéniable, il a su décrire un monde disparu, celui des années trente à cinquante voire soixante. Seulement, il nous en a donné une image terrible : quel que soit le milieu où se déroulent ses intrigues y règne une atmosphère pesante, ça sent le renfermé et la tristesse. Les familles y ont tant de secrets qu'on se demande si ce ne sont pas plutôt les secrets qui y ont des familles. De tous les éléments qui participent à l'établissement d'un climat délétère, le sexe est probablement le plus actif. Il n'est pas source de joie ou de plaisir. On le subit. Il est compulsif ou passif. Les femmes n'ont souvent le choix qu'entre la frigidité et la nymphomanie (ce qui, selon Gary, ne sont que deux symptômes du même mal être). Les hommes n'y trouvent qu'un soulagement à leurs pulsions.

Un autre élément récurrent est l'alcool. Pas festif non plus. On boit pour oublier problèmes, échecs et malheurs. On boit histoire de boire comme dans certains Maigret où on se demande dans quel état le commissaire va finir la journée.

A cela rien d'étonnant quand on connaît un peu la vie de l'auteur, son penchant pour la boisson, sa sexualité envahissante (n'a-t-il pas déclaré avoir « honoré » 10 000 femmes, en général prostituées ?) comme la constance avec laquelle le malheur frappait les siens. La description à peine masquée que fait de lui et de son entourage Alphonse Boudard dans Cinoche en 1974 est édifiante à cet égard. On pourrait même se demander comment les intéressés ne l'ont pas poursuivi pour diffamation si on oubliait que déclarer se reconnaître dans ces tristes clowns eût été peu glorieux.

Tout cela dit, il n'en reste pas moins que Simenon est un grand, un très grand écrivain. Dont il ne faut peut-être pas abuser...

lundi 15 juillet 2019

Le homard, cet inconnu

Grâce au bon M. de Rugy, ce crustacé décapode vient de connaître un regain de popularité. Je ne reviendrai pas sur cet anecdotique « scandale » mais il me semble que le temps est venu de lui consacrer une de ces chroniques éthologiques qui ne sont pas pour rien dans le renom national et international de ce blog. Tout le monde en parle mais, en fait, peu le connaissent, c'est pourquoi j'ai choisi ce titre inspiré d'Alexis Carrel.

En tant que Nouvel Animal de Compagnie, le homard présente un inconvénient majeur, celui d'attirer sur ses propriétaires la haine d'une majorité de citoyens. En effet, il est de coutume pour eux,quand vient le temps des vacances, de manger leur ami à dix pattes afin qu'il ne souffre pas de la solitude. Car si de nombreux hôtels acceptent chiens et chats, je n'en ai jusqu'ici trouvé aucun pour signaler qu'ils acceptent les homards, quelle que soit leur taille. Manger du homard est très mal vu : c'est, aux yeux de beaucoup, le signe d'une honteuse opulence. Je vous conseille donc de lui préférer le chat ou le chien car le fait de manger ces sympathiques mammifères avant de partir en congé ne vous attirera que l'inimitié des âmes sensibles.

Mais revenons à nos moutons. La vie du homard est passionnante et serait longue si elle n'était trop souvent interrompue par une capture. En effet, sa gourmandise le pousse à venir se nourrir des appâts que les pêcheurs placent dans des casiers. Incapables d'en sortir, ils sont remontés à la surface, on leur met des élastiques autour des pinces avant de les vendre à des restaurants de luxe ou à des ploutocrates. Il connaît ensuite un bien triste sort : il meurt ébouillanté vivant. D'un autre côté, s'il avait été moins con, ça ne lui serait pas arrivé.

Il existe deux espèces de homards. L'européenne (appelée, en France, homard breton) et l'américaine qui ne présente pas grand intérêt. Sauf accident, notre crustacé peut vivre jusqu'à 40 années ! Et quelle vie ! La femelle pond des œufs qu'elle couve sous son abdomen jusqu'à ce qu'ils éclosent libérant une larve minuscule qui vit une vie planctonique avant de subir une mue et de se mettre à vivre au fond de la mer, Une vingtaine de mues suivront jusqu'à ce qu'il atteignent l'âge adulte vers quatre ou cinq ans. Et ce n'est pas fini car l'adulte continue de grandir et change de carapace tous les un ou deux ans. Grâce à quoi, à la différence de l'humain, il ne reste jamais éternellement mal dans sa peau et ne fait donc appel à aucun psy.

La nature l'a doté de deux pinces différentes : la gauche pour couper, la droite pour broyer, ce qui peut poser des problèmes à ceux d'entre eux qui sont gauchers. Nul observateur sérieux n'a jamais pensé que la langouste était la femelle du homard. Tout au plus a-t-on parfois avancé qu'elle n'était qu'une copine qu'il sautait de temps en temps. C'est faux. Pour la simple raison que la langouste vit dans des eaux chaudes et que le homard a horreur de celles-ci, répugnance explicable par la triste fin qui souvent l'attend.

De tout temps, le homard a été apprécié. On lui a même trouvé des vertus médicinales. Toutefois, plus que toute autre chose, c'est sa chair qui l'a fait rechercher. Du fait de la surpêche et de la pollution, le homard européen se fait rare et son prix monte. C'est pourquoi tant de Français ont du mal à en remplir leur frigo. Est-ce vraiment dommage ? Pas vraiment. A mon avis, la chair de ce crustacé est loin d'égaler en saveur celle de la langouste ou même du crabe araignée.

Mais je cause, je cause et tout ça me donne faim. Je crois que je vais aller faire un tour chez Leclerc histoire de voir si par hasard ils n'auraient pas quelque savoureux crustacé à me proposer...

dimanche 14 juillet 2019

Oh ! Quelle nuit!

J'en parlais récemment, la campagne, même la plus rase, est bruyante. Ce n'est pas pour cela qu'il y a un peu plus d'un an j'ai décidé de la quitter pour la petite ville voisine mais plutôt par lassitude. Dix ans de collines, c'est long... Je me suis donc installé dans ce gros bourg de 3000 habitants et je viens d'y vivre ma première fête nationale. Je suppose que l'an dernier j'étais sagement parti pour la Corrèze...

Hier donc, en allant acheter une cartouche au tabac du coin, j'avais remarqué sur les trottoirs de ma rue des panneaux d'interdiction de stationner ainsi que des barrières. Intrigué, je m'approchai d'un de ces panneaux sur lequel était collé une affiche. J'appris alors que, vus bien des articles de loi, M. le maire avait, pour cause de fête nationale, de banquet, de feu d'artifice et de bal, pris la décision d'interdire la circulation et le stationnement non seulement dans ma rue mais aussi sur les places environnantes. Mon sens civique me dicta donc d'aller garer mon break dans l'entrée de mon garage, laquelle donne sur une ruelle perpendiculaire à ma rue. Toutefois, une voiture, probablement conduite par un analphabète, vint se stationner à l'endroit que je venais de libérer et y passa la nuit. Comme quoi, le civisme ne paie pas toujours.

Dès le début de la soirée, je notai une animation inhabituelle. Des personnes âgées, en groupes ou seules se rendaient d'un pas traînant vers la place où était organisé pour elles un banquet. Ensuite des plus jeunes prirent le relais. Ils se rendaient sur la même place assister au tir du feu d'artifice. Je montais me coucher afin de passer une soirée paisible en compagnie de M. Maugham. Peu après, la pétarade commença. Vu sa durée, j'en conclus que nos édiles n'avaient pas mégoté sur le spectacle pyrotechnique. Contrairement à bien des gens, ce genre de divertissement m'ennuie profondément.

Le calme ne revint que très brièvement car bien vite commença le bal, toujours sur la même place près de laquelle j'ai le malheur de vivre. La sono était à fond et l'animateur s'époumonait dans le micro. Dans ces conditions, bien que mes yeux commençassent à piquer, me poussant à cesser ma lecture, bien difficile de trouver le sommeil... Une, heure, deux heures, trois heures du matin et le bazar ne s'arrêtait toujours pas... Pour me distraire, j'étais descendu commander sur le Net des bobines de fil pour mon taille-bordures, mais l'opération ne dura guère. Le comprimé que j'avais pris ne m'apportait pas le sommeil. Je finis pourtant par m'endormir, bercé par le raffut.. .

Malheureusement, la nuit fut courte et je passe ma matinée à me traîner comme une vieille loque en me disant que tant qu'à balancer le bon argent de mes impôts par les fenêtres, j'aurais préféré que le maire et ses adjoints le consacrent à un bon gueuleton entre eux (homards et vins fins) : ça coûterait moins cher et ça ne troublerait pas mon sommeil.

vendredi 12 juillet 2019

Encore une !

En France, nous avons de la chance et même de plus en plus de chance. Mon ex-pharmacien me le disait : « Il n'y a qu'en France qu'existe un journal comme Le Canard enchaîné ! » Quelle chance ! Je n'allais pas me mettre à dos ce brave homme en lui disant qu'à 20 ans j'avais cessé de lire ce torchon parce que ses formidables révélations sur les dessous de la politique française me semblaient avoir l'importance d'un pet sur une toile cirée. Portant notre chance à son comble, depuis quelques années est venu s'adjoindre à ce merveilleux media un autre, presque aussi intéressant, sous la bienveillante houlette de M. Edwy Plenel, un personnage qui a réussi à reléguer M. Noël Mamère à la seconde place de mon hit-parade des gauchistes répugnants.

Mediapart, journal d'information en ligne payant, vient de lancer une nouvelle affaire, propre à faire vaciller notre démocratie déjà chancelante : le scandale des homards, Figurez-vous qu'un personnage important de la république aurait régalé ses amis de ce précieux crustacé arrosé de couteux vins fins ! Le tout-media s'en émeut, le tout-Landerneau politique lui emboîte le pas, et le bon peuple s'en indigne.

Eh bien, quitte à choquer certains de mes lecteurs, de l'affaire de Rugy, comme de l'affaire Benalla, comme de l'affaire Trucmuche ou de l'affaire Machin, je me foutrais complètement si le retentissement qu'on leur donne n'était, parmi tant d'autres, un signe de la décadence de notre pays.

Il semble de plus en plus que la première chose que l'on demande aux politiques est d'être des modèles de vertu. La république exemplaire devrait se hisser au niveau d'éthique des monarchies scandinaves. Ce n'est pas ma façon de voir les choses. Politique et sainteté n'ont rien à voir ensemble. Le rôle des dirigeants est de s'attaquer efficacement aux problèmes du pays. Je préfère, et de loin, un « corrompu » efficace à un incapable vertueux. Le train de vie, si fastueux soit-il, de nos gouvernants ne me dérange aucunement. Mais, me dira-t-on, c'est tes impôts qui financent ce luxe ! Et alors ? Ces mêmes impôts financent nombre d'actions extrêmement plus coûteuses qui, elles, me scandalisent.

Toutes ces pseudo-affaires sont certes distrayantes à tous les sens du terme. Seulement elles sont basées sur l'exploitation du fervent désir d'égalitarisme qui continue d'animer bien des gens. Comme si les tentatives d'égalitarisme avaient mené à autre chose qu'au totalitarisme et à la misère.

mercredi 10 juillet 2019

Néo-ruraux ou paléo-emmerdeurs ?

On entend de plus en plus parler de procès opposant des néo-ruraux aux naturels du pays. Les causes de ces litiges sont diverses. Ça peut être la sonnerie de l'Angélus qui, dès sept heures du matin vient perturber le sommeil des grincheux. Ça peut venir aussi de ces sons de cloches qui, jour et nuit viennent sonner heures et demi-heures, leur rendant la vie impossible. Parfois c'est un coq qui ne trouve rien de mieux que de venir saluer l'aube de son retentissant chant. Et puis il y a les grenouilles dont les mâles enamourés lancent de toutes leurs forces, les soirs de printemps, un chant d'amour pour attirer les belles. Et s'il n'y avait que ça ! Dans les pleines céréalières, le temps que dure la moisson vous avez droit au vacarme nocturne que produit la noria des tracteurs qui vont livrer leur récolte au silo voisin. Des paysans mécréants, au lieu d'observer la trêve dominicale, ne trouvent rien de mieux à faire que de tronçonner ou, pire, de scier leur bois le dimanche. Le meuglement des vaches qui rentrent pour la traite, le bêlement des brebis et des agneaux viennent compléter le tohu-bohu.

Car figurez-vous que, n'en déplaise aux citadins, campagnes et villages ne sont pas des lieux de silence. Ceux qui viennent l'y chercher se trompent. La scie avec laquelle votre bon voisin débite ses bûches y produit bien plus de décibels qu'une rue passante...

La vie à la campagne c'est comme la vie avec Cunégonde ou Gontran : pour la supporter, il faut l'aimer. Car si elle a des attraits, elle a ses défauts. Elle n'est agréable que dans la mesure où pour ceux qui la choisissent les premiers l'emportent sur les seconds.

L'erreur de certains néo-ruraux est de vouloir transformer l'endroit où ils s'installent en un paradis rêvé, remplissant toutes leurs attentes. S'ils bénéficiaient d'un minimum de raison, ils prendraient conscience que c'est à eux de s'adapter au cadre qu'ils ont choisi et non le contraire. Si l'adaptation leur est impossible il leur reste la possibilité de retourner en ville et de s'y enfermer dans dans un caisson étanche qui leur apportera le calme et le silence désirés.

Toutefois il me semble que le néo-rural anti-coq, anti-cloche, anti-grenouilles, anti-tout n'est qu'un avatar récent d'une espèce bien plus ancienne : le paléo-emmerdeur qui, quel que soit son environnement, met un point d'honneur à faire chier le monde.

dimanche 7 juillet 2019

Rénovations

Le problème, quand on est pas dans son assiette, c'est que non seulement on manque d'énergie pour accomplir la moindre tâche et qu'à part lire ou regarder la télé on ne sait trop quoi faire. La télévision est une source inégalable de stimulation intellectuelle. Les émissions d'Hanouna, de Nagui ou de Ruquier entraînent les esprits vers des terres inconnues. La chaîne Arte est là pour nous rappeler qu'il y aura bientôt 9 décennies le monde s'était laissé aller à des dérives qu'il vaudrait mieux que nous évitions de reproduire. Tout cela est vivifiant.

Malheureusement, lorsque la tête vous tourne, il devient difficile de savourer pleinement les leçons des programmes évoqués. On tend à leur préférer des émissions plus légères, moins ardues. Mon actuel état de faiblesse m'a permis de découvrir et d'apprécier deux émissions de rénovations immobilières étasuniennes.

Dans la première, des équipes de rénovateurs s'affrontent pour acheter lors d'une vente aux enchères une maison délabrée. Ils l'acquièrent pour une somme variant d'environ 1000 à 1000 dollars puis ils la font transporter par la route jusqu'à leur chantier où ils rénovent le taudis au prix de quelques dizaines de milliers de dollars et en font une demeure de rêve qui est mise aux enchères et dont la vente leur rapporte une somme raisonnable voire un peu faible. On peut raisonnablement penser que le gros de leur bénéfice leur sera versé par la production de l'émission. La maison est vendue meublée, décorée, prête à être transportée sur le terrain de l'heureux acquéreur.

Évidemment, tout ça n'est possible que parce que ces maisons étasuniennes sont en bois et ont pour toutes fondations des plots de béton , ce qui explique leur faible prix et les ravages occasionnés par les tempêtes et autres ouragans.

Il serait difficile d'appliquer ce genre de rénovation dans mon Sud-Manche où les maison sont en granite, munies de caves, souvent mitoyennes et de ce fait très délicates à transporter

Une autre émission de rénovation, toujours étasunienne, est basée sur une autre démarche : les rénovateurs, en fonction du budget qui est le leur, proposent à des acheteurs potentiels des maisons à un prix susceptible de permettre une rénovation totale de la cabane. Bien entendu, ce sont les rénovateurs qui se chargent de tout, les acheteurs étant probablement trop stupides pour avoir la moindre idée de ce qui leur conviendrait. Les travaux sont menés à bien et les acheteurs découvrent ravis leur nouveau foyer.

Dans les deux cas, les rénovateurs ne se bornent pas à améliorer le bâti. Ils décorent les murs, procurent vaisselle et linge de table et de toilette. On en est à se demander si commodes, armoires et dressings ne sont pas garnis de vêtements convenant parfaitement aux propriétaires.

Tout ça se passe dans cette atmosphère à la fois bon enfant et hystérique qui caractéristique le pays. On sent bien que les rénovateurs ne travaillent qu'au bonheur d'autrui. On constate que les vœux des acheteurs sont comblé au-delà de leurs plus folles espérances. Il y a des rires, des pleurs (de joie!) de l'humour (enfin, de ce qui tient lieu d'humour aux USA). On ne peut s'empêcher d'imaginer que fournisseurs et clients vont vivre ensemble une durable amitié.

Tout ça est magnifique mais me laisse un regret : ne serait-il pas possible que, pour un petit supplément, les rénovateurs procurent à leurs clients une famille, des amis, un chat ou un chien qui leur conviennent autant que la baraque ?

vendredi 5 juillet 2019

Le scandale Carglass

Bien sûr, il n'y a pas véritablement de scandale Carglass. Mais, sans titre « punchy » comment attirerait-on les foules ? Bien sûr, quand le Monsieur de Carglass vous annonce qu'il vous offre des essuie-glaces « Boches », on pourrait trouver scandaleux qu'il n'emploie pas plutôt le terme « Allemands ». Personnellement, ça ne me choque pas : ça a un petit côté suranné assez sympathique.

Ce qui m'amuse dans les publicités de cette aimable société, c'est leur catastrophisme. Pour Carglass, le moindre impact mènera forcément à l'un des drames les plus épouvantables qu'un humain puisse connaître au cours de sa chienne de vie : la fissure du pare-brise, puisqu'il faut l'appeler par son nom. Les causes de l'horrible mutation de l'impact en fissure sont multiples. Il fait froid, vous actionnez le dégivrage : crac ! Il fait chaud, vous actionnez la clim : crac ! Vous passez sur un nid de poule : crac ! Un insecte entre en collision avec votre pare-brise : crac ! Vous éternuez : crac ! Vous mettez la musique à fond : crac ! Vous ou l'un de vos passagers fait une crise d'asthme : crac ! Et tout ça parce que vous n'avez pas eu le réflexe Carglass ! Avouez que c'est ballot ! Surtout que l'avoir eu ne vous aurait rien coûté, vu que les frais de réparation auraient été obligeamment pris en charge par votre assurance !

Admettons que vous suiviez les conseils avisés du Monsieur de chez Carglass et qu'au moindre impact vous fassiez appel à ses services. Au bout de quelques années, vous vous retrouveriez avec un pare-brise truffé de réparations, invisibles certes, mais quand même un peu usé et qui aurait perdu de sa transparence alors que si vous aviez attendu que l'impact se transforme en fissure, vous en auriez un neuf ou au moins un plus récent.

Il y a maintenant 50 ans que je conduis. Des impacts, les pare-brises de mes voitures en ont connu des tas. Curieusement, aucun d'entre eux ne s'est transformé en fissure, ce qui m'eût arrangé, me permettant d'avoir un pare-brise neuf. De deux choses l'une : soit je bénéficie d'une protection divine, soit Carglass nous prend pour des cons. Vu que la vie ne m'a pas épargné certaines épreuves égalant voire dépassant la malédiction du pare-brise fissuré, je tends à pencher pour la seconde hypothèse.

Mais bon, peut-on en vouloir à une société commerciale d'exploiter la pusillanimité de nos contemporains ? Vu que tout est fait pour que nous nous prémunissions contre des « accidents » aussi bénins qu'exceptionnels, elle aurait tort de s'en priver.