..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

samedi 27 mars 2021

Les végétarismes

 

Cette affiche, aperçue  il y a quelques années sur les routes du Lot-et-Garonne
m'a bien fait rire mais je vous déconseille de mettre ce conseil en pratique

Dans la série les NHC (Nouveaux Humains de Compagnie), nous allons aujourd’hui traiter des différents types de végétarisme et des avantages et inconvénients que chacun présente afin que vous puissiez choisir celui de votre compagnon à deux pattes en toute connaissance de cause.

Le végétarisme est très tendance, surtout auprès de ceux qui veulent à tout prix sauver une planète supposée en danger de disparition. L’idée est généreuse, surtout si on réalise qu’en cas de disparition pure et simple de la Terre, cela aurait de très fâcheuses conséquences pour la Lune qui n’aurait plus rien autour de quoi se satelliser.

Comme dit souvent ma coiffeuse, « On gagne toujours à fréquenter des âmes généreuses ». Plus qu’à son pourboire, je pense que, ce disant, elle pensait à l’élévation spirituelle que les côtoyer apporte aux êtres en quête d’absolu. Fréquenter des adeptes du végétarisme ne peut donc que vous apporter un bénéfice moral.

Nous examinerons donc les dix tendances recensées du végétarisme en allant de la plus stricte à la moins sévère.

Les végans en constituent la branche la plus extrême. Non seulement ils se refusent à tout aliment d’origine animale mais répugnent à se vêtir ou se servir de tissus ou d’objets de la même provenance. Je suppose que, logiquement, ils refusent tout produit issu de la pétrochimie vu que le pétrole résulte généralement de la décomposition de planctons. De même, ils doivent s’interdire de demeurer ou de pénétrer dans tout bâtiment en calcaire, roche dont l’origine largement animale est connue de tous. Cela crée bien des contraintes mais dans la vie il faut savoir ce que l’on veut. Le bon côté des végans les plus enragés c’est qu’ils sont distrayants. Écouter discourir M. Aymeric Caron est pour moi une source inépuisable d’hilarité. Avec certains éléments radicaux, on peut s’adonner à des activités originales comme les attaques de boucheries ou la réalisation clandestine de films dans les abattoirs.

Un cran en dessous on trouve les végétaliens qui ne mangent que des légumes, des fruits, des céréales, des noix, des légumes et des graines mais à qui leur laxisme permet de porter des vêtements et chaussures de cuir et des foulards ou cravates de soie.

L’ovo-végétarisme permet, comme son nom l’indique, en plus de végétaux, de consommer des œufs. Si votre spécialité culinaire est l’omelette aux cèpes, vous pouvez la partager avec eux.

S’il bannit les œufs, le lacto-végétarisme, autorise les produits laitiers. On peut donc avec ses adeptes deviser gaîment entre la poire et le fromage.

L’ovo-lacto-végétalisme permet de se repaître en plus de végétaux d’œufs et de produits laitiers.

Plus laxiste encore, le pesco-végétarisme autorise en plus des œufs et des produits laitiers la consommation des poissons, des crustacés et des fruits de mer. Outre le fait que ce régime réduit le risque de carences alimentaires, il vous permet de partager leur repas avec ses adeptes sans trop vous emmerder.

Le pollo-végétarisme se rapproche du précédent mais remplace le poisson par la volaille comme il arrive à certains commentateurs des recettes du site Marmiton de le suggérer.

Le crudivorisme consiste à ne manger que des aliments crus. Il peut constituer une variante anti-cuisson du végétalisme mais certains crudivores ne répugnent pas à se goinfrer de viandes, poissons, fruits de mer, produits laitiers et œufs. On peut donc partager en leur compagnie un steak tartare ou divers carpaccios accompagnés d’une petite salade verte. C’est déjà ça…

Le semi-végétarisme, lui, me paraît une curieuse école. Vu qu’il permet de manger viandes, poissons, produits lactés et œufs. On ne saisit donc pas bien la différence entre ses pratiquants et les omnivores. Peut-être qu’ils reprennent systématiquement une deuxième portion de légumes ?

Pour finir parlons du flexitarisme. Le flexitarien sans aller jusqu’au végétarisme s’efforce de réduire, autant que lui permet son côté velléitaire, sa consommation d’aliments carnés. Est-ce que celui qui ne craignait pas d’ingurgiter une côte de bœuf à lui seul devient flexitarien quand il se contente d’une entrecôte de 300 g ?

Voilà, vous savez tout. Faites votre choix ! N’importe comment, vous n’avez rien à craindre car le végétarisme n’est pas contagieux : j’en suis la preuve vivante ayant partagé 3 ans durant la vie d’une végétalienne, cela n’a rien changé à mes habitudes alimentaires ni réfréné mon goût prononcé pour la barbaque.


mercredi 24 mars 2021

Indépendance charcutière

S’il est une chose dont un homme ou une femme puissent s’enorgueillir, c’est bien, à force d’efforts et de ténacité, d’être parvenu à s’émanciper de l’odieuse tutelle qu’exercent sur eux ces filous de charcutiers, leur vendant à prix d’or des produits souvent frelatés. En effet, comment connaître la proportion exacte de viande de pangolin, de chat ou de chauve-souris que contiennent leurs terrines, rillettes et autres préparations  ?

J’ai accompli en partie cet exploit mais je dois dire que ce ne fut pas sans mal. La première étape de mon activité charcutière fut de m’attaquer à la confection de pâtés de campagne. Je la relatai dans un article prônant cette activité comme remède à l’angoisse covidienne qui saisissait la France en ce triste mois de novembre 2020. J’en donnai alors la recette mais ce que j’omis de dire ce sont les affres par lesquels je passai en hachant les viandes. Mon vieux hachoir, s’il remplissait sa mission sans problèmes quand il s’agissait de préparer le bœuf bouilli  d’un hachis parmentier se montra bien moins performant face à de la viande crue. Je tentai de pallier ses bourrages en achetant de nouvelles grilles aux trous d’un diamètre supérieur mais en vain. Le désespoir commençait à me gagner quand, en dernier ressort, je décidai de changer la lame. Miracle : le problème était résolu ! Depuis, les fournées de pâté se sont succédé pour mon plus grand régal.

Ensuite, je m’attaquai à la préparation de rillons, charcuterie que j’avais découverte en Touraine mais à laquelle je n’avais plus goûté depuis trente ans. La nostalgie me poussa à rechercher des recettes sur le Net et j’en trouvai une à la fois simple et rapide. A la différence de celle que j’appliquais en Touraine et dans le Berry la cuisson n’impliquait pas que les morceaux de poitrine de porc cuisissent longuement dans le saindoux mais seulement 40 minutes dans une cocotte-minute. J’avoue qu’un certain doute me saisit quant au résultat mais ma nature aventureuse me le fit surmonter et j’obtins un mets délicieux. Depuis, coupés en morceaux, ces rillons font les délices de mes apéros. Comme le pâté, ils se conservent au congélateur et y gardent toute leur saveur. 

Mes rillons maison

Encouragé par ce succès, je décidai de m’attaquer aux rillettes. L’échec fut cuisant. J’expérimentai une première recette où, après avoir cuit à feu doux six heures durant dans le saindoux jambon et poitrine étaient censés se transformer en rillettes en les écrasant à la fourchette. Le résultat fut déplorable car je me trouvai au bout du compte avec des viandes trop frites et si dures que la plus obstinée des fourchettes n’aurait su les écraser. La raison en était que même après avoir été réglé au plus bas le plus petit des feux de ma plaque produisait trop de chaleur. J’étais sur le point de jeter l’éponge quand je réalisai que mon four, lui, pouvait cuire à basse température. Seulement, pouvait-on cuisiner des rillettes au four ? Une rapide recherche m’apprit que c’était le cas. J’y trouvai la recette du regretté Jean Carmet. Je la mis en œuvre et après 10 heures de cuisson à 120 degrés (en sortant ma cocotte toutes les heures pour en remuer le contenu et en éliminer progressivement os et couennes), j’obtins, après écrasement des chairs à la fourchette, ces deux terrines de délicieuses rillettes :




Sera-ce là la fin de mes aventures charcutières ? Je l’ignore. Mais il m’arrive de caresser, entre autres, des projets de saucisses, de pâtés en croûte, de saucissons secs, de magrets de canard séchés et de bien d’autres gourmandises. L’avenir me dira si à terme je pourrai passer devant les étals de charcuterie sans le moindre regard d’envie, fier de ma totale indépendance charcutière.


mercredi 17 mars 2021

Ça ne date pas d'hier...

 

Les Chamards : un lieu de rêve !

Cet article, ramenant à ma mémoire une expérience ancienne, m’a été inspiré par le dernier billet de l’excellent Nouratin qui évoquait les angoisses d’un « petit blanc » face à la détérioration des conditions de vie dans sa résidence HLM au début des années soixante-dix. Je tiens à rendre hommage à l’auteur de ce texte émouvant.

En septembre 1972 , de retour du Sénégal où j’avais 18 mois durant effectué mon Service National dans la coopération, j’eus l’honneur et l’avantage d’être nommé instituteur en classe de 3e Terminale Pratique au collège Pierre et Marie Curie de Dreux. Ce collège se trouvait dans le quartier des Chamards qui connut quelques années plus tard sinon son heure de gloire du moins la célébrité nationale en tant que quartier à problèmes au point que sa réputation lui valut par la suite d’être débaptisé . Au début des années1960, on y construisit une première tranche de 400 logements d’un certain standing pour y loger employés et cadres moyens…

En cet automne 1972, les choses avaient déjà commencé à changer. Je n’habitais pas les tours, m’étant vu offrir un petit logement au sein même du collège mais certains de mes collègues y logeaient. La répartition des logements y était organisée d’une main de fer par un homme dont les sympathies envers les « nouveaux venus » étaient plus que tièdes : les immigrés dans les petites tours, les Français dans les grandes. « Pour vivre heureux, vivons séparés », telle était sa devise. Moyennant quoi, la vie y était encore assez paisible. Il y avait même, en bas des grandes tours de petits commerces.

Qui étaient ces immigrés ? En plus des Portugais on y trouvait une large majorité de Marocains qu’on était allé chercher dans leur pays afin d’approvisionner en main d’œuvre bon marché les usines automobiles et électroniques locales ou plus ou moins proches. N’oublions pas qu’alors le plein emploi faisait rage. Bien que le regroupement familial n’ait pas encore été promulgué, les petites tours abritaient des familles. Ça se ressentait dans les effectifs scolaires.

La classe qui m’était confiée était disparate, n’ayant pour commun dénominateur que l’échec scolaire. Les Marocains y constituaient le groupe le plus important. Souvent débarqués du bled de fraîche date en ignorant tout du français, il n’y avait là rien d’étonnant. Venaient s’ajouter à eux deux portugais, un fils de harki (méprisé des autres pour son ignorance de l’arabe et sa traîtrise héritée), et quelques français dont un Juif à qui les musulmans n’oubliaient pas de rappeler sa religion.

Dire qu’encadrer ma petite équipe était une sinécure serait exagéré. J’y jouissais d’une liberté quasi-totale, vu que les programmes pour ce genre de classes-dépotoirs, totalement hétérogènes étaient pour le moins flous. Partisan que j’étais des techniques Freinet, j’organisai la classe sur le modèle coopératif, nous avions un journal qui regroupait textes libres et rubriques diverses que les élèves vendaient pour alimenter les fonds de la coopérative et nous permettaient d’acheter des fournitures pour les travaux manuels, chacun définissait son programme. La grande majorité des élèves, en dehors de leur retard scolaire, ne posaient aucun problème. Toutefois il arrivait que se produisent des incidents.

Un beau jour, suite à un échange en arabe, une Marocaine, élève d’ordinaire calme et docile , fut prise d’une rage folle envers un de ses compatriotes. S’emparant du compas de tableau, instrument en bois d’une bonne trentaine de centimètre et muni d’une pointe métallique, elle le projeta vers ce dernier, avant de commencer à lui lancer tout ce qui lui tombait sous la main. Pour mettre fin à ce déluge de projectiles je dus m’emparer d’une table et la plaquer contre un mur jusqu’à ce que sa rage se transforme en pleurs puis qu’elle se calme. Je ne réussis jamais à savoir ce qui avait pu engendré cette violence.

Parmi mes ouailles, il s’en trouvait un dont le comportement violent et l’indiscipline perturbaient souvent l’ambiance. Il provoquait des bagarres que je parvenais à calmer par des interventions musclées. Il avait un père que son comportement général inquiétait. Comme bien des immigrés de l’époque, il n’avait pas quitté son pays pour la France afin que ses enfants y devinssent des voyous. Aussi venait-il régulièrement s’enquérir de la conduite de son fils. Le problème était que ce père avait une conception de la discipline un peu, disons, archaïque : il était arrivé que pour punir son fils de son inconduite, il le batte jusqu’à ce qu’il reste sur le carreau. L’ayant appris, j’hésitais à signaler ses incartades au père.

Un autre cas était celui d’un autre élève marocain qui lui était à la limite de l’incontrôlable. Seul le fait qu’il me craignait (j’étais alors jeune et vigoureux) l’empêchait de sortir de la classe pour aller semer le trouble dans l’établissement. Il réussissait parfois à tromper ma vigilance et alors s’amusait, entre autres facéties à jeter les seaux d’eau des femmes de ménage dans les escaliers ou à perturber les cours d’autres classes. Un jour que nous revenions avec des collègues de prendre un café en ville après le déjeuner, il s’amusa à nous foncer dessus au guidon d’un cyclomoteur probablement « emprunté ». Notre chauffeur dut faire un écart pour éviter qu’il ne nous percute. Quelques années plus tard, j’appris qu’il se trouvait en prison pour avoir assommé à coup de poings avant de lui voler son portefeuille un automobiliste naïf qui lui avait demandé son chemin et auquel ce brave garçon avait proposé de l’accompagner jusqu’à bon port.

Le temps a passé. Le quartier s’est vite détérioré, j’ai pu le constater en rendant visite à des amis  : les commerces ont peu à peu fermé, les français qui le pouvaient sont progressivement partis, le chômage et la délinquance se sont développés, les étrangers sont devenus français… Quarante ans plus tard un vaste et coûteux plan de réhabilitation fut mis en œuvre on changea le nom du quartier*. Les problèmes ont-ils pour autant été résolus ? Je n’en sais rien mais c’est que je sais, c’est qu’il y a cinquante ans de cela leurs germes étaient déjà présents.

Certains de mes élèves surnommaient, avec fierté, leur quartier « Chicago », signe qu’ils se considéraient dans un lieu à part où la loi n’était déjà plus la règle. La ghettoïsation rendit plus difficile voire impossible l’assimilation dont certains de leurs parents rêvaient et les maintint, eux et leurs descendants dans un « gloubi-boulga » culturel : pas mieux adaptés à la société où ils vivaient qu’à celle d’où ils venaient. Leur faible niveau d’éducation ne leur permettait de prétendre qu’à des emplois sous-qualifiés. Or, en 1973, la première crise pétrolière vint mettre fin aux « Trente glorieuses » et, partant, au plein emploi. Cerise sur le gâteau, le gouvernement Chirac par décret du 29 avril 1976 vint autoriser, sous conditions, le regroupement familial. Alors que le chômage s’amplifiait, le gouvernement Barre par décret du 10 novembre 1977 en suspendit l’application mais ce dernier fut annulé par le Conseil d’État en décembre de la même année. Depuis quarante-cinq ans, la porte est donc ouverte…

Alors que les difficultés d’assimilation étaient perceptibles au début des années soixante-dix, plutôt que de tenter de les résoudre alors qu’il en était peut-être encore temps, on a préféré ouvrir les vannes à une immigration de population. Nous en voyons en maints endroits les déplorables conséquences et ce n’est probablement qu’un début.

*Ce long article d’un blog de Mediapart vous en dira plus


Des nouvelles de l'ordinateur fou !

 Il a rechuté ! Voici les nouvelles estimations de ma consommation qui apparaissent ce matin  sur le site d'EDF : 

Ce site est censé aider le  consommateur à surveiller sa consommation afin, on le suppose, de la réduire celle-ci. Comment serait-ce possible si on y trouve n'importe quoi ? 

Les consommations raisonnables de février et mars ne font que souligner l'absurdité du reste.

lundi 15 mars 2021

Ils sont farceurs chez EDF !


Pour moi, le 18 décembre 2020 fut un jour à marquer d’une pierre blanche. Ceci à cause d’un compteur vert-jaune dénommé Linky. Comme Jack Lang le 10 mai 1981, je pensais « avoir franchi la frontière qui sépare la nuit de la lumière ». Adieu les factures estimées ! Adieu les visites du releveur de compteurs qui semblait prendre un malin plaisir à ne venir qu’en mon absence ! J’entrais enfin dans la modernité, et par la grande porte ! J’allais pouvoir changer mon contrat heures pleines/heures creuses dont je n’avais aucun besoin sans la coûteuse intervention d’un technicien !


Le 20 janvier, après une très longue période d’attente durant laquelle une suave voix féminine m’annonçait qu’on allait s’occuper de moi tout de suite, je finis par avoir le technicien qui sait et lui exprimai mon désir de changer de formule. Il m’assura que ce serait fait incessamment sous peu et je raccrochai, avec aux lèvres le sourire de l’homme dont l’âme est soulagée d’un grand poids. De temps en temps, je me rendais sur le site d’EDF pour voir si ma modification avait été enregistrée. Il n’en était rien.


Le vingt-six février au matin, je reçus l’appel d’un technicien qui m’annonça être en train de mettre la dernière main aux modifications que j’avais requises. Comme le bon vieux que chanta Brassens dans Le nombril des femmes d’agents et bien que la cause de ma félicité fût différente, je m’écriai in petto « Alléluia, de mes tourments voici la trêve, grâces soient rendues au Bon Dieu, je vais réaliser mon rêve » ! Je me rendis une fois de plus sur le site d’EDF, vis que rien n’y avait changé sauf un détail au niveau de mes estimations de consommation.



Pour une raison inconnue, depuis le mois d’octobre on m’attribuait une consommation pour le moins surprenante : des trente et quelques euros mensuels, ma consommation était passée à une estimation dix fois plus élevée avant de culminer en décembre à 519 €, de se stabiliser en Janvier avant de plonger à un modeste montant de 240 € à deux jours de la fin février. Je sais bien qu’en hiver on consomme plus qu’aux autres saisons à cause de l’éclairage mais quand même !


Je pris mon plus beau téléphone pour expliquer mon trouble à Qui-de-droit. N’étant pas du genre qu’un rien affole, je lui signalai, sur un ton guilleret, l’anomalie. Le M. Qui-de-droit en question n’était pas des plus brillants. Il commença par contester ma possession d’un Linky. Je lui répliquai que le fait qu’un gentil technicien était venu échanger mon antique compteur noir contre un nouveau et pimpant compteur vert-jaune sur lequel on pouvait lire « Linky » inscrit en creux dans son plastique constituait pour moi un faisceau d’indices m’amenant à conclure qu’il se trompait. Après quelques recherches, il admit que j’avais raison.


Il me demanda donc de lui indiquer les indices heures pleines et heures creuses que mon Linky affichait. Malheureusement, ce dernier ayant été mis à jour, il n’indiquait plus qu’un chiffre en KW de base. Toutefois, vu qu’un relevé avait été fait le 18 décembre lors du changement de compteur, je lui en indiquais les chiffres qui lui permirent après calcul de constater que les chiffres estimés, d’octobre, novembre et de décembre étaient totalement aberrants. Il les justifia en les attribuant à l’ordinateur. Je lui fis part de mes craintes que ledit ordinateur ne s’adonne sans modération à la consommation d’alcools forts et/ou de substances. Il reconnut que des erreurs pouvaient se produire mais que tout cela était ensuite contrôlé et que je ne risquais aucunement de recevoir une facture de plusieurs milliers d’Euros. Nous nous quittâmes bons amis après avoir bien ri.


Il me fallut attendre encore plus d’une semaine pour qu’au lieu des estimations aberrantes en apparaissent de plus raisonnables. Que ce soit la conséquence de mon intervention ou d’un retour à la sobriété de l’ordinateur, toujours est-il que l’estimation de ma facture se trouvait divisée par dix :



Cet épisode est certes, pour qui a le sens de l’humour et surveille ses comptes, plutôt réjouissant. Cependant, il peut être inquiétant car au cas où un abonné n’aurait pas ma vigilance, serait absent lors du relevé et n’aurait pu transmettre un relevé à temps, celui-ci recevrait une facture fantaisiste et se verrait prélever des sommes faramineuses qu’il risquerait de ne pas avoir sur son compte avec toutes les conséquences fâcheuses que cela pourrait entraîner. Il paraît que ça arrive...

vendredi 12 mars 2021

Adoptez un islamophobe !

Étant actuellement souffrant, je vous prie d'excuser les fautes ou coquilles que ma fatigue aurait pu laisser passer.

Plus je connais les animaux, plus j’aime les humains. Robert Tugdual Le Squirniec, Philosophe Breton, in Être Breton et philosophe n’est qu’apparemment paradoxal.

Il arrive parfois que, lassé de la compagnie d’un animal à pattes, nageoires ou ailes, à poil, à plumes ou à écailles et des nombreux inconvénients qu’ils présentent on se tourne vers cette espèce plus proche de soi que l’on appelle l’humain. Seulement, vue sa grande diversité, il est parfois difficile de déterminer de quel type d’humain on aimerait se rapprocher. C’est pourquoi, afin d’éclairer votre lanterne, j’ai décidé de vous en décrire quelques-uns et de vous en indiquer les éventuels inconvénients et avantages. Vous serez ainsi, je l’espère mieux à même de choisir celui ou celle qui sera votre pote, avec qui vous boirez des canon, repeindrez la cuisine et irez taquiner le goujon (Toutes choses dont on est souvent privé en cas d’absence de beau-frère) . Il est important de le souligner d’emblée, l’humain, quel qu’il soit, présente un avantage indéniable sur l’animal  : comme le montrèrent clairement Messieurs Montaigne et La Boétie, vous pouvez profiter de sa compagnie sans pour autant vous voir contraint de l’installer chez vous, de le nourrir et de payer ses frais de santé, d’habillement, de toilettage et autres produits de beauté.

Nous commencerons par définir ce qu’est au juste un islamophobe et à quoi on le reconnaît. L’islamophobie est une maladie qui, comme toutes les autres phobies, consiste en « une peur démesurée et dépendant d’un ressenti plutôt que de causes rationnelles, d’un objet ou d’une situation précise. L’objet ou la situation qui déclenche la phobie est nommé « phobogène » ». C’est ce qu’en dit M. Wikipédia et pourquoi ne lui ferait-on pas confiance ? Le phobogène qui plonge l’islamophobe dans des abîmes de terreur est tout ce qui de près ou de loin rappelle l’Islam. C’est totalement incompréhensible pour vous et moi qui savons que cette religion n’est qu’amour, douceur, bonté et paix, mais c’est comme ça. Encore plus bizarrement, à la différence de l’arachnophobe, du claustrophobe ou de l’agoraphobe, cet être fragile est parfois mis au ban de la société. C’est pourquoi, lui témoigner votre amitié fera de vous ce rayon de soleil qui illuminera sa vie et il se montrera envers vous d’une fidélité constante. Votre absence de préjugé sera donc largement récompensée.

En dehors de tout indice de présence musulmane réelle ou supposée, l’islamophobe se comporte aussi rationnellement qu’il en est capable. Si donc, pour d’autres raisons, vous vous sentez des affinités avec lui, il sera un ami aussi acceptable que reconnaissant. Afin d’éviter qu’il ne se mette à trembler comme une feuille avant de s’enfuir en courant et n’attire l’attention des éventuels passants par ses cris de terreur, il est prudent de ne pas l’exposer à quoi que ce soit qui puisse provoquer une crise. Je vous en donnerai quelques exemples.

Si vous êtes musulman, inutile d’essayer : au contraire des racistes et autres antisémites que, comme le proclament leurs ennemis, l’on reconnaît à ce qu’ils déclarent selon le cas, avoir des amis arabes, noirs, berrichons ou juifs, il ne pourra que vous éviter. C’est plus fort que lui. Il réagira de même, si par coquetterie, vous vous êtes laissé pousser une barbe par trop fournie et/ou portez une djellaba.

L’Islamophobe, par prudence, ne vit que dans des endroits ignorant largement l’immigration musulmane. Ses crises étant proportionnelles à la densité de musulmans , ou supposés tels, dans son environnement, il est préférable d’éviter en sa compagnie les métropoles où, quoi qu’il en pense, notre enrichissement se fait le plus sentir.

Il est également conseillé de ne pas fréquenter avec lui les boulangeries-pâtisseries où la seule vue d’un croissant, surtout au beurre*, l’irriterait gravement.

Il est toutefois, pour peu qu’il soit amateur d’art et en particulier d’architecture romane ou gothique des lieux où vous pouvez l’emmener en toute quiétude : il est en effet assez rare de rencontrer ses phobogènes dans les musées, abbatiales et autres cathédrales, lieux que leur timidité les pousse à ne pas trop fréquenter.

J’espère que ces quelques conseils vous encourageront à accorder votre amitié à ces malheureux dont la maladie ne saurait raisonnablement engendrer le réflexe d’exclusion qu’ont, à tort, certains partisans de valeurs de la république mal comprises.

*Jeu de mots d'une finesse remarquable ! 

mercredi 10 mars 2021

Pour en finir avec les tartines

 Je m’aperçois que ces derniers temps, suite à la lecture de commentaires et d’articles consacrés à un petit livre de M. Bettini, je me suis lancé dans une série de longues tartines où je faisais le point sur ma manière de concevoir les apports culturels, l’identité nationale et le travail de sape des déconstructeurs. Alors que je rédigeais un article sur la pseudo-générosité des immigrationnistes, d’autres sujets concomitants firent surface qui auraient soit rendu mon article interminable soit constitué la matière de nombre de longs articles en suscitant à leur tour de nouveaux et transformant ce blog qui se veut futile, primesautier, distrayant, foutraque, en un recueil des idées nauséabondes de Tonton Jacquot. Métamorphose d’autant plus vaine que vu que l’on n’est jamais « doctus » que « cum libro », ces idées, on peut les trouver ailleurs. Ce que je pourrais écrire sur les méfaits de l’immigration sur notre pays comme sur ceux des migrants, sur la constitution, subie ou volontaire, de ghettos, sur le mythe des métiers dont les Français sont censés ne pas vouloir, et autres fariboles a déjà été dit ailleurs avec plus de talent.

Si on ajoute à ça le risque de prêcher des convertis ou dans le désert, ce qui d’une certaine manière revient au même, continuer serait s’engager dans une impasse et cela d’autant plus que je crains que l’évolution culturelle des sociétés occidentales ne les mène aussi inéluctablement à la déchéance que le gâtisme individuel mène à l’Ehpad. Alors que la Chine s’est éveillée, que l’Inde et toute l’Asie lui emboîtent le pas, que l’Islam est en ébullition, l’Occident n’en tremble plus que ça, trop occupé qu’il est à d’ineptes bisbilles pour percevoir les menaces réelles.

Le problème, quand , comme moi il arrive que l’on prenne plaisir à écrire, est de trouver d’autres sujets que les folies idéologiques ambiantes. L’actualité, qu’elle concerne la politique, les évolutions sociétales ou les faits divers peut paraître une source infinie de sujets sur lesquels s’enthousiasmer, s’étonner, se scandaliser ou s’indigner. Malheureusement, elle m’intéresse si peu que je ne regarde pas plus les journaux télévisés que je n’écoute la radio ni ne lis les journaux. Il se trouve que je me suis lassé des politiques qui nous expliquent comment ils font, feraient ou envisageraient de faire mieux en ne changeant rien afin de maintenir les déséquilibres fondamentaux. Ce qu’on nous raconte des changements supposés, souhaitables ou profonds de la société ne fait que confirmer mon idée que l’Occident est un asile à ciel ouvert. Quant aux faits divers, même si on tend à y masquer ou minimiser le rôle qu’y joue la « diversité » ils ne font souvent qu’illustrer de manière redondante les conséquences des pertes de repères.

Ayant la chance de m’intéresser à des domaines d’activité variés, je pourrais parler de mes lectures, de mes bricolages, de mon jardinage, de mon cuisinage mais je craindrais à la longue de lasser. Reste à trouver des thèmes qui sortent de la routine par le ton comme par le fond. Les NACS et les pays à ne visiter à aucun prix sont des domaines que j’ai déjà explorés, mais somme toute restreints.

Je pourrais envisager une rubrique culinaire donnant des recettes à éviter, un courrier des lecteurs entièrement bidonné, me faire l’avocat de réformes sociétales plus absurdes que celles en cours, écrire la biographie de personnages hauts en couleurs dont le seul défaut serait de n’avoir pas existé, commenter des fake news, tenir mes lecteurs informés d’une actualité locale totalement fictive, etc.

J’espère qu’une muse foutraque saura m’inspirer et me détourner des sentiers par trop battus et faire qu’ici on se contente de rire, batifoler, plaisanter, ricaner comme il est indiqué en exergue. Que faire d’autre quand on se trouve sur un Titanic que des pilotes fous font foncer vers un iceberg tandis que les embarqués pour partie applaudissent, pour partie disputent du sexe des anges, et que ceux qui réalisent le péril passent pour insensés ?

vendredi 5 mars 2021

Des déconstructeurs

Comme j’ai pu l’exposer dans mes deux articles précédents il est difficile de cerner la notion d’identité française et beaucoup plus simple de dire ce qu’elle n’est pas. Quiconque tend en définir avec précision les composantes s’expose aux critiques fondées des déconstructeurs* auxquels il est facile de montrer que TOUS les Français ne possèdent pas ces caractéristiques et partant que cette identité n’existe pas.

Si on parle de l’existence d’un substrat catholique dans notre pays, il est aisé de dire que des minorités juives y ont toujours (ou presque) résidé. Pour le Professeur Djamel Debbouz, de l’Université de Trappes, l’Islam serait même présent en Europe depuis trois mille ans**. Dans certaines régions, et malgré les guerres de religion et les persécutions subséquentes demeurent des communautés protestantes. A partir de ces constats, les déconstructeurs s’empressent d’en tirer la conclusions que ce substrat catholique n’est pas une composante pertinente de la culture et de l’identité du pays. Curieuse conclusion si l’on considère que le moindre village possède une église et que le nom d’environ 12 % des communes françaises commence par « Saint- » ou « Sainte- ».

La démarche de déconstruction est simple : pour elle, la moindre exception infirme la règle au lieu de la confirmer. Les phénomènes les plus marginaux se trouvent de ce fait hissés à la hauteur des majoritaires et tout est d’égale importance. La méthode a pour but d’exalter le particulier aux dépens du général et de fractionner la société.

Si la méthode est contestable, le but en est limpide : il s’agit de faire passer toute identité nationale pour illusoire afin de laisser la place à un multiculturalisme présenté comme aussi ancien qu’incontestable. Les défenseurs de l’identité sont non seulement d’incorrigibles rêveurs mais de dangereux rétrogrades désireux de nous ramener aux heures les plus sombres de notre histoire car le sentiment d’appartenir à une nation ne peut logiquement que mener au nationalisme et inéluctablement au nazisme. Cette reductio ad hitlerum si ridicule soit-elle, véhiculée par des « élites » auto-proclamées et perpétuées par la cooptation, continue de trouver un certain écho dans l’opinion et même, hélas, un écho certain.

Face à l’enfer identitaire et au repli sur soi le multiculturalisme propose le paradis divers et ouvert du « vivre ensemble » non seulement avec les éléments allogènes déjà présents mais avec tous ceux que l’envie saisirait de venir les rejoindre. Dans ce nouvel Eden, les multiples minorités vivraient en harmonie dans le respect mutuel et l’amour. Ça fait envie !

Sauf que…

Une des conséquence du refus de l’identité et de l’exaltation des minorités s’oppose à l’assimilation de ces dernières vu que, si on suit les déconstructeurs, il n’existe rien à quoi s’assimiler. Tout minoritaire doit donc conserver ses caractéristiques propres que, curieusement, on néglige de lui contester. Parallèlement et paradoxalement, alors les races n’existent pas, ces mêmes progressistes attribuent aux blancs (qui n’existent pas) en général et aux Français en particulier, des caractéristiques peu flatteuses : ils sont tous racistes, colonialistes, esclavagistes, la voilà leur véritable identité ! Ayant martyrisé des siècles durant le reste du monde comment pourrait-on s’attendre à ce que leurs malheureuses victimes qui, « chassées par la misère », viennent s’installer sur leur sol ne leur en veulent pas un tout petit peu ? Suivant l’argument imparable du loup de La Fontaine, on dit au français du XXIe siècle : « si ce n’est toi, c’est donc ton trisaïeul ou bien quelque autre ancêtre ». Tu dois donc expier ses fautes jusqu’à la énième génération.

C’est ainsi que nous voyons fleurir des mouvements de défense des Noirs ou décoloniaux qui tiennent à l’encontre des blancs (notez l’absence d’une majuscule que selon certains ils ne sauraient mériter) des discours de haine que l’observateur distrait pourrait juger à la limite du racisme. On les voit organiser des manifestations où ils défilent bras dessus, bras dessous avec les déconstructeurs. Bref, il devient incertain que l’harmonie rêvée du paradis multiculturaliste soit aussi harmonieuse qu’on essaie de nous la vendre…

En encourageant le ressentiment des immigrés contre le pays qui les accueille plutôt qu’en les incitant à s’assimiler, il me semble qu’on prépare mal le monde merveilleux de demain. On m’opposera que ce ressentiment est le fruit non seulement de l’histoire mais de la mauvaise qualité de l’accueil qui leur est réservé. Le problème est de savoir si nous sommes en mesure d’en offrir un meilleur à ceux que les apprentis-sorciers déconstructeurs sont si impatients, dans leur fausse générosité, d’héberger. J’y reviendrai.

* Par déconstructeurs j'entends tous ceux qui, dotés d'une âme généreuse autant que belle et animés par de nobles idéologies consacrent toute leur énergie à  mettre en cause ce autour de quoi pourraient se rassembler les Français afin de constituer une société plus ou moins homogène.

**Présence d’autant plus méritoire que nous n’en sommes aujourd’hui qu’à l’an 1442 de l’Égire.

mercredi 3 mars 2021

De l’enracinement et de l’identité

J’ai, dans mon précédent article, exprimé mon scepticisme sur la valeur des notion de racines et celle de fleuve chère au bon Maurizio Bettini. En filant la métaphore des racines ne pouvant se concevoir que comme la partie de l’arbre qu’elles nourrissent. Cependant, l’enracinement est ou plutôt a été une réalité. J’en veux pour preuve les recherches généalogique faites par un membre de la famille de mon ex et défunte épouse qui montraient que du XVIIe siècle au début du XXe tous leurs ancêtres avaient vécu près de Luçon, en Vendée. Dans la première moitié du siècle dernier, pour une raison que j’ignore le grand-père de mon ex-femme vint s’installer comme métayer dans le département voisin de la Vienne où trois de ses cinq enfants demeurèrent également. Jusque relativement récemment donc, on pouvait considérer que cette famille de petits paysans était enracinée dans son terroir vendéen, parlant le patois local et vivant ou survivant grosso-modo de la même manière, en dehors des périodes de troubles civils, dans une société stable . Seulement, le grand-père, probablement doté d’un esprit aventureux, rompit cette chaîne et devint un déraciné en s'installant comme métayer dans le département voisin de la Vienne, certains de ses enfants n'y retèrent pas et ses petits enfants s’éparpillèrent encore davantage…

De mon côté, bien que n’ayant fait aucune recherche généalogique, je suppose qu’il en alla de même pour mes ancêtres maternels et paternels vivant dans le Trégor. Si je croyais aux racines, je devrais donc me considérer comme Breton. Mes parents, parlant la langue, considérant leur exil francilien de trente et quelques années comme une parenthèse, retournèrent dès que mon père prit sa retraite au pays. Ce fut pour ma mère une source de désillusion, la Bretagne réelle ne ressemblant plus vraiment à la Bretagne idéalisée de sa jeunesse. Quant à moi, mis à part une mise en nourrice dans le pays de ma mère jusqu’à deux ans et demi et bien qu’ayant vécu jusqu’à 18 ans en Île-de-France, je ne me sens pas pas plus Breton que Francilien. Plutôt qu’à des « petites patries » je me sens appartenir à une plus grande : la France. Si j’ai une identité, celle-ci est Française et rien d’autre.

Le Larousse donne entre autres définitions du mot "identité" la suivante : « Caractère permanent et fondamental de quelqu’un, d’un groupe, qui fait son individualité, sa singularité : Personne qui cherche son identité. Identité nationale. ». Pourtant, le terme « permanent » mérite d’être précisé. Rien n’est immuable, tout évolue. Bien qu’indéniablement et fondamentalement Français, les paysans du XVIIe siècle que j’évoquais plus haut, étaient bien différents de moi. Ils s’en distinguaient par la langue ou le patois, le mode de vie, un rapport différent à la religion, un manque de mobilité, de moyens de communication, des accoutrements différents, etc. De même, à soixante-dix ans, je ne suis plus ce que j’étais à vingt ni même à quarante ans. Des influences, des expériences sont venus me modifier cependant je n’ai pas pour autant perdu mon identité personnelle. Pour ce qui est de mon identité nationale, il en va de même. La France de 2020 n’est pas celle de 1970 ou de 1990 je ne lui demeure cependant pas moins viscéralement attaché. C’est, je crois, la durabilité de cet attachement qui fait la permanence de mon identité française. Je me sens Français, en ce que j’appartiens à la communauté française et que je ne saurais appartenir à aucune autre.

J’ai pris conscience de cette appartenance au cours de plusieurs séjours prolongés à l’étranger, d’abord au Sénégal puis par deux fois en Angleterre. Il est évident qu’il était plus facile de me sentir davantage d’affinités avec les Anglais que les Sénégalais. Cependant je n’aurais à aucun prix pu devenir Anglais malgré toute l’affection que je peux porter à cette nation et les liens forts que j’ai pu, un temps, y nouer. Je n’ai, malgré les années que j’y ai passé, pu sentir la moindre appartenance à ce pays. Sentiment d’ailleurs réciproque vu que, sans que mon accent puisse me faire identifier comme Français, j’y étais considéré comme étranger. C’est à dire qu’à la différence de certains Cockneys, Jordies ou Glaswegians, que leurs accents respectifs rendent difficilement compréhensibles mais dont personne ne remettrait en cause l’appartenance à la communauté anglaise ou britannique, je n’y étais qu’un élément allogène.

Cela dit, tenter de donner une liste des éléments constitutifs de l’identité française ou de toute autre identité nationale me paraît illusoire. Pour une simple et bonne raison qui est la diversité de toute population. On pourrait commencer par éliminer des critères non pertinents comme par exemple, la couleur de peau, la religion, l’adhésion à un système politique, des traits de caractère et de manière générale tout critère que seraient censés partager l’unanimité des Français. Même la connaissance de la langue si elle est devenue une condition nécessaire de l’appartenance à la communauté nationale n’est pas une condition suffisante vu qu’on peut très bien en avoir une maîtrise supérieure à celle de bien des Français sans pour autant être Français. Considérer que posséder une culture commune serait nécessaire me paraît également erroné, tout individu n’en possédant qu’une partie voire de simples bribes.

Plus qu’un ensemble de caractéristiques généralement partagées qui seraient censés constituer l’identité française, il me semble qu’il serait plus sage de se borner à une sorte de plus petit dénominateur commun qui fait qu’en dehors de la classe sociale, du niveau d’éducation, de la race, de l’origine, de la région etc., on se sent chez soi en France et qu’on est certain d’appartenir à la communauté française. Je serais bien en mal d’en décrire avec exactitude les composantes. Toutefois, il est certain que ce PPCD existe et qu’il est ressenti par une majorité de Français.

Une autre évidence est que des forces sont en œuvre pour détruire ce fond commun et faire primer l’individuel sur le collectif afin d’atomiser les nations et de mieux les amener à se dissoudre dans une sorte de gloubi-boulga humain (ou Matière Humaine Indifférenciée pour reprendre l’expression de Renaud Camus), la « citoyenneté du monde » notion aussi vague qu’inexistante devenant, du moins pour certains membres des sociétés occidentales, l’idéal à atteindre. Malheureusement, il ne semble pas que cet idéal enthousiasme le reste de la planète… J’y reviendrai.