Ce texte risque de
paraître un rien mystérieux et pour tout dire carrément chiant à qui n’en
connaît pas les protagonistes. Disons qu’au-delà
de l’épisode évoqué, j’ai tenté de mettre en évidence la vanité de certaines
disputes.
Il y a bien des années, les hasards des amitiés
internautiques m’amenèrent sur le forum
littéraire de Monsieur A*. Il y régnait une ambiance d’enfer. Quoique je soupçonne
Satan, s’il réside en cet endroit, d’y faire régner plus de calme : il y a
des limites à tout. Un personnage que nous nommerons Monsieur B*, y adressait à
tout un chacun des tombereaux d’insultes ordurières. Se rêvant polémiste,
réincarnation de M. Léon Bloy, dont au passage il me fit découvrir le total manque
d’intérêt, et grand critique littéraire devant l’Éternel, c’était sa façon d’exister.
Il était aussi tentant que facile d’entrer
dans son jeu et de s’amuser de le voir, bave aux lèvres, répondre à des provocations.
Je succombai à cette tentation. Amateur
de mots rares, d’interminables phrases absconses, champion du name-dropping en salle comme à l’extérieur,
confondant véhémence, hargne et talent, c’était délice que de lire ses diatribes.
B* n’avait pas que des détracteurs. Une cohorte de groupies
courait à son secours dès qu’un impertinent osait mettre en doute son génie, l’intégrité de ses facultés ou les deux. Mais
il en était un, M. C*, qui tenait dans son cœur une place de choix. « Ah,
mon C* ! Toi seul me comprends ! Toi seul est capable de discerner
les merveilles que recèle mon âme ! Tu es mon alter ego, mon rêve, la
récompense de mes surhumains efforts ! ». Pour C*, son âcre bile se
faisait miel. Des tonnes de moutarde contre autant de séné !
Un beau jour pourtant, Monsieur A*, soit par lassitude, soit par
crainte de se voir un jour reprocher par la justice d’avoir toléré sous son toit les insultantes divagations de B*,
décida de fermer boutique. Tout à une fin, n’est-ce pas ?
Cette période fut pour moi l’occasion de nombreuses
rencontres virtuelles. Il m’arriva de temps à autre de croiser tel ou tel en d’autres
endroits. Plusieurs sont demeurés mes « amis » sur Facebook. Parmi ceux-ci, Monsieur D*, qui, au beau temps
des empoignades, ménageait mon chou comme cette chèvre de B* pour lequel il
avait de l’estime.
L’oisiveté aidant je suivis parfois l’actualité de B*. Le
bougre tient blog. C’est ainsi que j’appris qu’entre lui et C* rien n’allait
plus. D’alter ego le pauvre avait chu au rang de sous-merde. Les deux logorrhéiques
s’adressaient de blog à blog d’interminables tartines où l’affection laissait
place à l’aigreur. Ce qui est triste faute d’être étonnant.
B* allait son bonhomme de chemin, se fâchant avec l’un,
insultant l’autre, se rabibochant avec les deux en attendant de nouvelles
hostilités ou un petit litige judiciaire. La routine, quoi.
Et puis voilà qu’avant hier, me rendant sur le blog de
Monsieur D*, je vis qu’en rien moins de 30123 caractères, espaces compris, il exprimait au valeureux B* le fond de sa
pensée. Il faut dire que le 28 novembre, M. B* avait pondu, avec sa concision
ordinaire, un cinglant libelle de 46 159 caractères, espaces compris,
disant son fait à l’infâme C*. Il ne faisait que répondre aux modestes 5 264 caractères,
espaces compris, que ce dernier, décidément en petite forme, lui avait consacrés
et que D* avait commis le crime de plus ou moins approuver provoquant l’ire de
B*. Vous suivez ? Bravo !
N’ayant pas eu la patience de lire jusqu’au bout ces (pas si)
petits (que ça) chefs d’œuvres, je ne saurais vous en dire plus. Je n’en garde
qu’un sentiment d’admiration pour des (pas si) jeunes gens (que ça) capables
après tant d’années d’amitié et/ou de bisbilles de trouver en eux l’énergie de s’accorder
tant de temps et de haine. Parce qu’au
fond tout cela importe-t-il vraiment ? Que B* soit un âne, C* un bourricot
ou D* une andouille à leurs yeux respectifs devrait les amener à s’ignorer. A
moins bien entendu qu’il ne s’agisse que de montrer au monde ébahi l’étendue d’un
talent polémique hors pair ? Je
crains hélas qu’en dehors d’un cercle très restreint le monde n’ait pas grand-chose
à faire des tempêtes qui agitent leur marigot !
*J’ai changé les initiales
Vous avez tout à fait raison, ce genre de querelle n'intéresse que les protagonistes et c'est bien dommage car de la haine et de l'acharnement agressif naissent souvent les plus belles et les plus admirables tranches d'humanité.
RépondreSupprimerAmitiés.
Insinueriez-vous que la haine soit la vérité de l'homme ?
SupprimerJ'ai bien ri. Et encore, vous ne connaissez pas la blogosphère beauté, ni la blogosphère mode.
RépondreSupprimerLa littéraire est difficile à dépasser !
SupprimerTexte passionnant, bien que je n'ai pas la moindre idée des personnes à qui vous pouvez faire allusion.
RépondreSupprimer(Smiley, tout de même…)
Je vous ai connu moins hypocrite !
SupprimerA partir du moment où il n'y en a pas un seul qui n'ait eu le courage ou la rage d'en révolvériser un autre, on va dire qu'on peut s'en foutre.
RépondreSupprimerPaul et Mickey ne se battent qu'avec des mots !
SupprimerC'est pas chez moi que je tolérerais de telles gugusseries, en tous cas ! Que le monde est bruyant, par saint Jean, saint Pierre et sainte Andouille !
RépondreSupprimerComme je vous comprends !
SupprimerAmicalement !
Des noms !
RépondreSupprimerDemandez à Didier ! Quant à moi, je ne les révélerais pas sous la torture, quel que soit le nombre de tournées que vous y mettiez !
SupprimerAh mais je refuse de mettre une tournée si vous ne révélez aucun nom.
SupprimerMon bon Nicolas, je suis pris de compassion. Je sais combien il peut être agaçant de ne pas avoir le fin mot d'une croustillante affaire, d'autant que tout récemment un certain D. G. a refusé de me renseigner au sujet d'un feuilleton dont les proportions semblaient épique. Je vais donc vous aiguiller : apprenez que certain blogueur belge a tout récemment retrouvé les instincts belliqueux de son ancêtre François de Haddock.
SupprimerQuoi ? Mais je n'ai rien refusé du tout, moi !
Supprimer(En plus, quelque chose me dit qu'il s'agit du même feuilleton…)
Très probablement, et j'en voudrais toujours connaître le début. Avouez que ça a de quoi intriguer, une haine aussi formidable, de "formido : qui inspire la peur". Et puis, j'ai l'impression que tout le monde est dans le secret, sauf moi. C'est pas juste.
SupprimerUn véritable abécédaire votre drôle de texte mais qui était Monsieur Z.
RépondreSupprimerPour en revenir au texte, c'est rigolo les empoignades mais il faut savoir s'arrêter surtout le net où alors prendre rendez vous avec l'importun et lui refaire la gueule à la hache danoise et ensuite prendre bien soin de lui couper les doigts à la tenaille ou pour les fumeurs au coupe-cigare, il y en a de très élégant.
Voilà,voilà!
Il y eut menaces, mais moins cruelles que les vôtres: on est entre gens de lettres. On ne se bat qu'avec des mots !
SupprimerMais je suis un homme de lettres, je travaille à la Poste mais je veux bien admettre un côté manuel.
SupprimerCertains ont des facilités pour le bricolage et bien moi monsieur,j'utilise des outils comme la scie égoïne, le marteau,le rabot, la feuille de boucherie et comme j'habite en ville,je fais avec ce que j'ai sous la main, les importuns et Dieu sait qu'il y a du boulot en ces moments de troubles.
Cher M. E.
RépondreSupprimerVous n'avez rien compris.
Vous mélangez tout.
Lisez mon blog et vous comprendrez tout.
Je ne demanderais qu'à le lire mais comment le trouver ? Mon incompréhension n'a rien de surprenant : en tant qu'ancien prof, ma mission n'était-elle pas d'expliquer ce à quoi je ne comprenais rien ? Une fois le pli pris, difficile de s'en défaire !
RépondreSupprimerJ'apprécie cependant votre humour.