« Je demeurais tout le jour enfermé seul dan un
poêle »
Quiconque lit avec ses yeux d’aujourd’hui cette phrase de M.
Descartes imagine le brave René seul et recroquevillé à longueur de journée
dans un Godin* d’où on lui interdisait la sortie. A moins que ce ne n’ait été
lui qui s’y confinât. Allez savoir… On voit mal d’ailleurs comment il aurait pu
y accueillir grande compagnie sauf qu’il se fût agi d’un modèle
particulièrement imposant. De là à penser que celui qui est à l’origine de la
pensée rationnelle qui fait du Français l’objet d’une universelle admiration
avait un sévère pet au casque, il n’y a
qu’un pas. Que le vulgaire franchirait sans états d’âme s’il lui arrivait de le
lire. Et ce serait une erreur. Pardonnable, certes, mais erreur cependant.
Car l’initiateur de ce cartésianisme que chacun d’entre nous
hérite à sa naissance ou acquiert sans l’avoir même demandé à dix-huit ans pour
être né sur notre territoire ne parlait pas d’un poêle au sens où nous
l’entendons aujourd’hui mais d’une chambre chauffée.
Cet exemple n’est là que pour montrer qu’il faut se méfier
des interprétations hâtives de textes passés. Les mots avec le temps changent
de sens. Ils n’arrêtent pas de le faire, ces coquins ! Quand ils
continuent de dénoter la même réalité, il leur arrive de passer d’un registre
de langage à un autre comme du courant au péjoratif par exemple.
Certains semblent ne
pas le savoir et blâment des gens du passé pour leur usage de tel ou tel vocable
devenu politiquement incorrect. C’est évidemment d’une connerie sans nom.
*Anachronisme, je sais , mais tant qu’on y est !
Et pourquoi donc, anachronisme, cher Jacques ? Il paraît que le chauffage au bois et l'usage du poêle reviennent en force. Coût et rendement sans équivalent...
RépondreSupprimerParce que M. Godin a déposé son premier brevet de poêle en 1840 et que M. Descartes aurait donc eu du mal à s'enfermer dans un ce ceux-ci.
SupprimerPS : Je crains que la rentabilité du chauffage au bois soit TRÈS relative. En plus, il faut trimbaler le bois (salissant), vider les cendres, allumer le feu le matin et tout et tout. Du coup, je me chauffe à l'électricité et n'allume le foyer fermé que rarement.
SupprimerJ'ai vécu une situation analogue il y a deux ou trois jours, où j'ai été amenée à renoncer à l'emploi d'un mot qui pris dans son acception courante était très péjoratif par rapport à son sens premier que je voulais lui donner.
RépondreSupprimerMalheureusement j'ai beau me creuser la cervelle, je ne me souviens plus de quel mot il s'agit.
Si ça vous revient, faites-nous en part.
SupprimerJe n'y manquerai pas, mais pour l'instant c'est électroencéphalogramme plat !
SupprimerUn poêle Godin, c'est la Classe.
RépondreSupprimerC'est comme le mot nègre, vous mettez le mot art devant et de suite il devient fréquentable mais dans la bouche ou les écrits de nauséabonds que sont certains, il est signe de discrimination, voire pire.
Vous devriez en chercher d'autre, pour nous amuser.
Nègre en est un bon exemple, quoi qu'il puisse être utilisé par les Noirs eux-mêmes.
SupprimerJ'ai trouvé cet exemple grâce au Petit Robert que je fréquente assidument. Si j'en trouve d'autres, je ne manquerai pas de vous le communiquer.
Et Aimé Césaire, poète de la négritude?
RépondreSupprimerCf supra !
SupprimerDe Descartes encore, il y a cet étrange aveu, que je vous livre comme un petit mystère à résoudre, genre "mais qu'a-t-il vraiment voulu dire ?" :
RépondreSupprimer"Lorsque j'étais enfant, j'aimais une fille de mon âge, qui était un peu louche".
(Lettre à Chanut du 6 juin 1647).
Plus louche que quelqu'un qui s'enferme dans un poêle ? Ne parlait-il pas d'une gamine atteinte de strabisme ?
SupprimerGagné !
SupprimerBen, vous savez, le français dans tous ses états c'était un peu mon métier...
SupprimerIl n'empêche que lorsque je demande des têtes de nègre à mon pâtissier, j'ai toujours peur des conséquences...
RépondreSupprimerAmitiés.
Tant que vous les demandez sans cervelle...
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