..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 2 janvier 2020

Sacré Carlos !


Dire qu’il ait l’air particulièrement sympathique serait aller un peu loin. Ce brave M. Ghosn est plutôt du genre à rire quand il se brûle qu’à entraîner une bande de joyeux fêtards dans une chenille endiablée ou à déclencher les rires avec son répertoire de blagues belges. D’un autre côté, il est peut-être plus convenable de la part du dirigeant d’une puissante multinationale d’affecter une contenance un brin austère que de se comporter comme le cousin Léon quand il en a un coup dans le nez…

Malgré cela, quand hier matin j’ai appris qu’il avait, probablement avec un léger pincement au cœur car tous les départs, même les plus souhaités, ont leur mélancolie, quitté ce Japon qui après l’avoir encensé était allé jusqu’à lui offrir le gîte et le couvert dans un de ses établissement publics, j’ai bien ri. Pas chien, Carlos avait su exprimer sa reconnaissance à ses hôtes en leur adressant un petit chèque de 14 millions d’Euros, soit un peu plus d’un an de son salaire brut. Les petits cadeaux entretiennent l’amitié !

Que ce soit dans une caisse censée contenir des instruments de musique ou grimé en Papou afin de passer inaperçu, c’est en toute discrétion que M. Ghosn a pris congé de ses amis nippons avant de s’envoler pour le Liban via la Turquie. J’y vois, au-delà de la farce jouée, la marque d’un tact raffiné : sachant que son départ serait de nature à chagriner les autorités japonaises, afin de leur éviter d’inutiles tentatives de le retenir (sa décision étant irréversible), il a préféré partir sur la pointe des pieds. La grande classe !

Certains esprits chagrins, trop perméables aux racontars, diront que ce départ n’avait pour but que d’échapper au zèle tatillon des juges du pays qui l’auraient soupçonné de je ne sais quelles malversations. Que ce n’est pas bien. Que toute faute mérite sa peine et qu’un homme honnête et responsable ne craint aucunement la justice qui, en ce pays comme partout ailleurs, ne saurait poursuivre d’autres buts que de consolider l’ordre public. Que, bénéficiant de moyens financiers considérables et forcément coupable de ce fait, il aura pu échapper à une juste sanction alors que le vulgus pecus, s’il traverse en dehors des clous ou vole un croûton de pain tant la faim le tenaille se retrouve illico presto envoyé au bagne de Cayenne sans espoir de retour. Je ne les suis pas.

Pour moi, la soi-disant justice n’a rien de sacré. Elle est humaine et donc imparfaite. Il lui est déjà arrivé, ici ou là, de couronner le crime et de châtier la vertu. « Je te plains de tomber en ses mains redoutables » s’écriait la Jézabel de Racine. Bien qu’elle parlât d’autre chose, cette phrase s’applique bien à cette institution à laquelle l’innocent n’a pas intérêt à avoir affaire. Un procès aura lieu. Blanchi ou condamné, à tort ou à raison, M. Ghosn en sera absent. Dans tous les cas, les envieux continueront de le détester. Il n’empêche qu’à sa place et si j’en avais eu les moyens, entre risquer de passer des années voire de finir ma vie derrière les barreaux d’une prison nippone ou autre et vivre parmi les miens le reste de mon âge, je n’aurais pas non plus hésité.

mardi 31 décembre 2019

Adieu 2019  et bonjour 2020 !


Sauf incident de dernière minute, je verrai dans quelques heures la fin de 2019. Année qui se termine plutôt bien, vu qu’hier je me suis acheté pour une somme dérisoire une paire de charentaises tout à fait confortables et que ce matin j’ai légèrement modifié la disposition des fauteuils, de la table et du buffet du salon, action qui me comble d’aise. Tout compte fait, et sauf incident de dernière minute comme on ne le dira jamais assez, 2019 s’achève donc de manière superbe si on ajoute aux bonheurs précédents le festin de ce soir en compagnie de ma chère Nicole.

Pourtant, si me venait l’idée saugrenue de classer les années en fonction des mauvais moments passés, sans être la pire, elle serait loin d’être la meilleure. J’ai, deux mois durant été mis quasi hors-service par une hyperthyroïdie carabinée et la mort de Nelly a plongé notre fille dans un profond mal être. Mais tout ça s’est estompé et me voici prêt et gaillard pour relever les défis de 2020. Quels seront-ils ? Je n’en ai pas la moindre idée !

Quoi qu’il en soit, je vous présente à tous mes meilleurs vœux. On dit qu’il ne faut pas le faire avant que le dernier coup de minuit n’ait sonné, que ça porte malheur. Mais vu que je ne suis pas superstitieux et que ma foi en toutes les conneries qu’on me raconte est très limitée, je le fais quand même. Si vous pensez que les accepter risquerait de vous nuire, vous êtes pouvez les refuser sans que je vous en fasse grief.

Donc, je vous souhaite une santé d’acacia (comme disait Anne Sylvestre) et une prospérité méritée (ou pas). Pour le reste, je ne m’avancerai pas trop. Pour le repos des mollets de mes amis franciliens, je ne peux que souhaiter que la grève des transports prenne fin d’une manière ou d’une autre. Je vous laisse, en dehors de cela, le choix de vos vœux qui, malheureusement, ne pourront pas tous se réaliser vu qu’il leur arrive d’être contradictoires. Mais qu’importe ? Quand on jouit d’une bonne santé et qu’on est prospère (yop la boum), le reste, hein ?

PS : Pensez à ne pas dater vos courriers ou vos chèques de cette manière : 01/01/20. Des gens malintentionnés pourraient les anti- ou postdater en 2030 ou 2005 ce qui pourrait vous créer de menues contrariétés. Ça ne se produit qu’une année sur cent-une depuis l’an de grâce 1010 et je doute fort qu’en 2121 vous soyez en mesure de courir ce risque.

vendredi 27 décembre 2019

De l’intérêt de réaliser ses rêves


Rêver, quoi de plus beau ? Mais aussi quoi de pus vain quand on ne passe pas à la réalisation ? Se dire d’une envie ou d’une ambition qu’elle n’est qu’un rêve inaccessible c’est se résigner voire s’enfoncer dans le ressentiment et l’aigreur. Il est évident que certains rêves sont irréalisables (se voir pousser des ailes, se convertir au macronisme, rallier l’Amérique à la nage en quelques heures, manger cinquante kilos de boudin en moins de cinq minutes et remporter le premier prix à la foire de Mortagne, etc.). Tant qu’à rêver, autant le faire en s’assignant des objectifs à sa portée.

Lorsque je fais le bilan de ma vie (on s’occupe comme on peut!), en dehors de quelques remords, je le trouve globalement positif, pour paraphraser M. Marchais quand il évoquait celui de l’URSS. J’ai en effet réussi à réaliser mes rêves qu’ils soient petits, moyens ou grands. Je ne parle pas de vagues velléités mais d’envies récurrentes.

Adolescent, je rêvais de passions amoureuses avec, de préférence, de jeunes et jolies femmes. J’étais alors un petit gros. Ça ne semblait pas gagné d’avance… Et pourtant, quand j’y repense, je peux dire que la vie m’a plutôt gâté de ce point de vue.

Une ex m’ayant fait ressentir mon infériorité en matière de diplômes, grâce à des concours, je me mis à les collectionner.

J’avais envie de gagner de l’argent, et beaucoup si possible. J’y suis, un temps, parvenu et ai pu goûter aux avantages comme aux limites des grandes tables, des beaux hôtels et des grosses voitures.

Mon second beau-père m’ayant initié au bricolage, je me lançai dans la transformation de taudis en demeures agréables. J’en suis à la cinquième.

Il y a trente ans de cela, la mort dans l’âme, je quittai la Corrèze dont j’étais tombé amoureux pour Londres. Depuis quatre ans, j’y possède une maison.

Plus que d’un emploi stable et d’un lieu où m’enraciner, je rêvais de changements de lieux et d’activités. J’ai vécu en nomade.

En gros, j’ai fait ce que je voulais. Et j’en ai tiré la leçon : ce qui compte, pour moi, plus que le lieu à atteindre, c’est le chemin. Bien sûr, sans désir de connaître le premier pourquoi se mettrait-on en route ? Il faut aller voir, satisfaire sa curiosité et celle-ci satisfaite passer à autre chose. Ça met à l’abri des regrets, des envies, des frustrations.Ça permet surtout, le rêve réalisé de relativiser son importance.

Peut-être pour cela faut-il une certaine forme d’esprit, un goût certain du risque. Mais si la sédentarité ne dit rien au nomade, pourquoi le sédentaire rêverait-il de mouvement ? Chacun son destin et les vaches seront bien gardées !

samedi 21 décembre 2019

Le modèle français


Notre chère gauche et nos non moins chers syndicats nous rebattent les oreilles avec un soi-disant modèle français qu’il est urgent de préserver et que le monde est censé nous envier.

Avant d’aller plus loin, il est intéressant de rappeler les différentes acceptions du mot modèle. Pour premier sens, nous trouvons « Ce qui sert comme base à l‘imitation ». En second vient « Personne qui pose pour un artiste (peintre ou sculpteur) ». En troisième position arrive « Prototype ». On parle aussi d’un « objet de même forme qu’un objet plus grand ».

Il va de soi que le second sens ne peut réellement s’appliquer au système social de notre beau pays. Car si un sculpteur archaïsant voulait représenter, par exemple, « Le modèle français terrassant la misère », pour incarner cette allégorie, il lui faudrait faire appel à un modèle humain. Pour ce qui est du prototype, il ne me semble pas qu’un système se réclamant du programme du Conseil National de la Résistance, vieux de soixante-quinze ans et que l’on tente de sauvegarder plutôt que de perfectionner soit d’une nouveauté renversante ou susceptible de précéder une fabrication en série. Quant à le qualifier de modèle réduit, ce serait lui faire offense.

Nous reste donc le sens premier. Et là, ça ne semble pas coller tout à fait. Il semble que rares soient les pays qui tentent de copier notre modèle. A cela, des explications peuvent se trouver. Championne du monde des prélèvements obligatoires, connaissant un taux de chômage très élevé, étant paralysée tous les trois quatre matins par des conflits sociaux menés par des syndicats cryptocommunistes aux effectifs réduits quand elle n’est pas agitée d’émeutes destructrices, on voit mal comment la France pourrait provoquer chez ses voisins et ses concurrents une irrépressible envie de l’imiter. Un modèle ne peut l’être que s’il fonctionne. Et il ne semble pas que ce soit vraiment le cas du nôtre.

J’en voudrais pour exemple la grève de nos sympathiques cheminots et RATPistes qui provoque quelques menus troubles dans la circulation des personne et des biens en ce moment. Celle-ci est supposée être soutenue, selon les sondages par une majorité de Français. Lesquels verraient dans les héros du rail de braves gens qui se battent pour eux. On parle de grève « par procuration » : ne pouvant faire grève eux-même parce qu’ils n’en ont pas les moyens, l’envie ou le temps, ils chargent des êtres d’exception de combattre pour eux. Ce qui est amusant, c’est que cette « procuration » est également donnée par le personnel de la SNCF, en large majorité non gréviste, aux super-héros que sont les conducteurs de train. Or un train sans conducteur ça pose problème. Au bout du compte, quelques milliers d’employés, bénéficiant probablement de cagnottes mises de côté à cet effet et bénéficiant du soutien ou de la compréhension de millions de gogos, sont en mesure de troubler gravement les transports du pays. Je serais prêt à parier que si demain le premier ministre déclarait « Mes chers CGTistes de la SNCF, mes adorés Sudistes du même tonneau, je vous ai compris, et je maintiens votre statut jusqu’à la fin des temps, voire davantage. » la grève s’arrêterait immédiatement et les donneurs de « procuration » seraient gentiment priés d’aller se faire voir chez Plumeau.

Pour résumer, notre modèle-qui-n’en-est-pas-un a été mis en place et est maintenu en réanimation par les tenants d’une idéologie qui, sous prétexte de défendre les droits de tous, tentent à tout prix de maintenir leurs propres avantages. Et qu’importent le chômage de masse, les dommages causés à l’économie du pays et à la paix publique quand la cause est noble ?

mardi 17 décembre 2019

Recyclage



Allez savoir pourquoi, hier, je me suis demandé si le défunt site « Aux amis de Romain Gary » au forum duquel je participais et pour lequel j’écrivis quelques textes, voici une quinzaine d’année,  n’aurait pas par hasard ressuscité. Je fis une recherche Google et ne  trouvai qu’une coquille quasiment vide. Toutefois, à la rubrique «Rencontres avec Gary...» se trouvait un texte par moi écrit narrant comment, à une époque peu faste de ma vie, j’avais re-découvert cet auteur. J’y donnais quelques citations extraites de L’angoisse du roi Salomon, livre que j’ai lu, relu et re-relu maintes et maintes fois.  Je reproduis ici ce texte avec l’espoir qu’il saura susciter chez certains l’envie de lire ce roman.

Parfois la vie se fait taquine. Longtemps vous vous étiez cru maître des choses et du destin et vous voilà bouchon jeté au gré des vagues d'une mer en furie contre les brisants. Et les brisants, ça casse. Vous échouez enfin, bouchon écorché de partout, sur une plage solitaire, inhospitalière… Un désert, humide et glacé.

Trêve de métaphores. J'allais sur quarante ans. Très allégé. Dans ma chambre meublée à Londres, je pouvais faire le bilan. Envolés veaux, vaches, cochon couvée, famille, foyer, amour, patrie. De l'autre côté, la vie devant moi… La vie comme on la voit quand on est fracassé et qu'on se doute que tous les whiskies de l'Ecosse ne seront remèdes que le soir et catalyseurs d'angoisse au matin.

C'est alors que j'ai rencontré Gary. Pour de bon. Je le connaissais déjà, bien sûr. J'avais goûté son humour. Comme on fait dans le confort, en esthète. J'allais le découvrir mieux. Car il y avait dans mon livre de chevet d'alors des phrase à vous requinquer le bouchon . A vous défracasser le bonhomme :

« Il s'est tu, pour m'encourager, car,des fois, la pire des choses qui peut arriver aux questions, c'est la réponse »

« Il a même réussi à empêcher une fille de se suicider, en lui prouvant que ce serait encore pire après. »

« Ils parlaient ensemble de la sagesse orientale qui leur est d'un grand secours, là-bas, quand on ne les a pas tués avant »

« Vous avez un sens aigu de l'humain, mon petit et c'est très douloureux. [...] Vous auriez fait autrefois un excellent missionnaire… au temps où on les mangeait encore. »

« Il faut prendre les choses du bon côté, mademoiselle Cora, sauf qu'on ne sait pas toujours lequel c'est. Ça ne se voit pas très bien... »

« Elle a recommencé à sangloter. C'était peut-être parce que le champagne s'est arrêté et l'a laissée seule. »

« Il paraît qu'ils ont des écoles de clowns en URSS où ils vous apprennent à vivre. »

« Il n'y a rien de pire pour un malheur que de manquer d'importance. »

« - Un brave homme, un brave homme ! répéta monsieur Salomon à deux reprises, pour mieux se contredire.
– Oui, c'est un méchant con, reconnus-je. »

« Le stoïcisme, c'est quand on a tellement peur de tout perdre qu'on perd tout exprès, pour ne plus avoir peur. »

Je vous en passe des dizaines, des centaines, aussi bonnes mais qui ne concernaient pas la situation. Celles-là parlaient à mon mal-être.

Une bonne mécanique : on avance une platitude qu'on plastique d'un paradoxe, grinçant de préférence. Et voilà le malheur qui sourit ou le bon sens qui perd les pédales. On relativise, ça fait chaud : on n'est pas seul.

On est sur le fil, sans balancier et le pied pas bien assuré. Ben, ces petites lueurs ironiques, ça fait des points de repère. On avance… On a beau savoir que le funambule en chef , un jour de stoïcisme (ça tombe souvent le 2 décembre, le stoïcisme) s'est fait un croche-pied, ça ne change rien. C'est les risques du métier. Si personne ne croyait en la possible chute, pas de public, pas d'artiste. C'est comme ça.

Les belles leçons, les meilleurs aphorismes, ça ne vous remet pas à neuf. Mais ça aide à faire un petit pas en avant… Et comme dit si bien la chanson : « La meilleure façon de marcher, c'est encore la nôtre, c'est de mettre un pied devant l'autre et de recommencer ».

Ainsi, de petit pas en petit pas, on finit par atteindre le bout du fil. On abandonne le funambulisme pour la terre ferme. On se refait une existence, plusieurs si nécessaire. Et revenu le confort, on redevient esthète. Mais on n'oublie pas.

Voilà ce qu'a été et reste pour moi Gary : un faiseur d'étoiles dans la nuit.

Je ne suis pas fan. Je n'aime pas tout. Je ne le suis pas dans bien des envolées. Les pieds sur terre, j'ai vite le vertige. Mais comme Brassens c'est un compagnon à qui je suis fidèle. Fidèle au rire doux-amer dont ils ont su parer leur angoisse… et, accessoirement, ma vie.