..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 10 avril 2015

Sauvons les immeubles !



Le monde appartenant à ceux qui se lèvent tôt et m’étant, ce matin, arraché des bras de Morphée avant les aurores m’en voici donc propriétaire. Que vais-je en faire ? Le vendre au plus offrant ?  J’aviserai.

 Pour l’instant, je me contente d’améliorer la minuscule partie de ce dernier sur laquelle je me suis jusqu’ici contenté de régner en maître. A la fois Hercule et mon propre Eurysthée, je m’impose une série de travaux dont le nombre s’accroît à mesure de leur accomplissement. Le dernier s’est terminé hier après plusieurs semaines d’efforts. Il s’agissait de la réfection des joints du garage. Tâche ingrate et fastidieuse autant qu’indispensable. Voilà le travail :



Lesjoints semblent blancs mais ils sont en fait en mortier gris. J’entends déjà fuser de partout les « C’était mieux avant ». A quoi je répliquerai : « Ce sera mieux après ». Car des décennies et peut-être par endroits plus d’un siècle et demi de négligence avaient offert aux rongeurs l’occasion de creuser dans la terre qui assemblait les pierres de profondes galeries où, aux beaux jours, venaient s’installer des nids de bourdons. Le lent travail d’érosion si on ne faisait rien aurait eu pour conséquence ultime la ruine du bâtiment. Par endroit, déjà, des pierres étaient tombées. J’ai dû combler ces manques par l’apport de nouveaux cailloux dont le sol regorge. De même, j’ai, autant que faire se pouvait, comblé les galeries creusées à l’aide de cailloux et de mortier sans être certain que ce faisant la solidité des murs sera assurée. C’était surtout nécessaire à l’arrière du bâtiment comme le montre la vue prise au cours de la réfection :



Des dizaines d’heures de travail, 400 kilos de mortier s’ils n’assurent pas sa pérennité permettront au moins de prolonger de quelques décennies la vie de cette humble bâtisse dont les pierres sont appareillées à la va-comme-je-te-pousse comme il était de règle pour les annexes. De nos jours, on ne se donne plus la peine de construire celles-ci en pierre. On  lui préfère la tôle ondulée qui en rouillant offre un bien triste spectacle…

Quand je dis avoir terminé, je me vante car le pignon ouest reste à faire mais la présence d’un parterre de fleurs à son pied me contraint de remettre à l’automne sa réfection :



Pour mémoire : une vue générale du bâtiment avant divers travaux de réfection :


jeudi 9 avril 2015

Bon ou mauvais calcul ?



« La famille, ça fait partie des p’tits soucis quotidiens, mais pourtant c’est une vie qu’on aime bien » chanta jadis Sheila (A moins que ce ne fût Heidegger qui l’écrivit. J’ai tendance à confondre les deux.). Aussi la famille Le Pen n’est-elle pas exempte de ces petites frictions. La notoriété  des intéressés donne à leurs bisbilles un retentissement plus important que n’en connaîtrait l’affrontement entre les Chombier père et fils (Bouchers-charcutiers à Mellamois-Vitfay) quand ils s’opposent sur la recette du pâté de campagne. Ça prend même des proportions incroyables : en l’absence d’un tsunami à Romorantin ou  d’un avion s’écrasant sur le centre-ville de Châteauroux, ça meuble les unes et constitue un thème acceptable pour les journaux parlés ou télévisés.

Résumons l’affaire : M. Jean-Marie Le Pen, un peu poussé à cela par M. Bourdin réaffirme qu’à ses yeux « les chambres à gaz sont un détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale ». Quelques jours plus tard, donnant une interview à une publication nauséabonde, il déclare que pour lui le Maréchal Pétain n’était pas un traître mais que M. Valls est un immigré. Apprenant de telles horreurs, le sang de sa fille (elle l’aurait, paraît-il, bouillant) ne fait qu’un tour : républicaine jusqu’à la moelle des os, voilà qu’accompagnée du chœur antique de ses fifres et sous-fifres elle vitupère son père (rime riche), déclare ne plus vouloir de lui pour mener la liste FN en PACA, on sent même que, s’il n’en avait tenu qu’à elle,  elle vous l’eût viré à grands coup de pieds dans le cul des instances du parti sans autre forme de procès.

Traiter ainsi son vieux papa, quoi qu’il ait dit ou fait, témoigne d’un manque de piété filiale manifeste. D’autant plus que si vous tenez une si belle boutique, c’est bien parce qu’il vous l’a léguée. Bien sûr, c’est vous qui avez repeint la devanture en un rouge ma foi seyant, une campagne publicitaire réussie et une conjoncture favorable vous ont permis d’augmenter son chiffre d’affaire mais il n’empêche que si vous n’aviez pas hérité du fonds, la maison Le Pen (fondée en 1972), père, fille, gendre, petite fille aurait eu bien du mal à être autre chose qu’une boutique de dépannage et non un magasin prospère où une clientèle fidélisée fait l’essentiel de ses achats.

Pourquoi une telle ire ? Parce que Mme Marine vise le pouvoir et pour cela se doit de renoncer aux diableries paternelles et de rejoindre une banalité de bon aloi propre, elle l’espère,  à rameuter une majorité. On peut se demander si, ce faisant, elle ne se fourvoierait pas. Le politique a besoin du diable, c’est pourquoi il attribue des traits lucifériens à tout opposant, si débonnaire soit-il. Il en va de sa conservation ou de sa conquête des postes. Ainsi M. Sarkozy fut-il diabolisé cinq années durant. Maintenant qu’un troisième larron menace de venir perturber le jeu bien huilé de l’alternance, diablotins et angelots de naguère s’allient pour crier « Haro sur le facho ! »  Le démon pourra assister à la messe et aux vêpres tous les jours, il aura beau réciter son catéchisme mélenchonnien la main sur le cœur et l’œil embrumé de larmes, rien n’y fera. En se muant en défenseur intransigeant du politiquement correct,  Mme Le Pen rejoint cette « normalité » qui ne conçoit la liberté d’expression que dans le cadre défini par le « politiquement correct ».

Dans un système où il n’y a de place que pour deux acteurs principaux et où ces deux acteurs s’entendent pour vous barrer l’accession aux grands rôles, il faut se montrer prudent. N’eût-il pas mieux valu laisser passer l’orage plutôt que faire allégeance aux ennemis ? Il n’existe dans les verres d’eaux si grande tempête qui ne se calme et s’oublie. Le passé nous l'a démontré. En se joignant au chœur des vierges effarouchées Mme Le Pen risque de défriser un tantinet une partie de l’électorat traditionnel de son parti sans pour autant s’attirer les bonnes grâces du camp du bien. Est-ce un bon calcul ? L’avenir nous le dira.

mercredi 8 avril 2015

Traitre certes, mais surtout créateur



Comme je le disais il y a quelque temps, j’ai récupéré ma traduction de Snuff Fiction de Robert Rankin. Depuis, je lui fais subir une révision complète, comparant l’original à ma version, phrase à phrase. Cela me permet de reformuler certaines passage, de corriger quelques erreurs, de remédier à des oublis, de préciser certaines approximations. Dans cette tâche, Internet s’avère un outil utile en ce que la multiplication des dictionnaires en ligne permet de mieux cerner le sens d’une expression ignorée par le Happap’s unabridged edition bien qu’il tende à l’exhaustivité.

La célèbre formule « Traduttore, traditore », tend à présenter le traducteur comme un traitre au texte original. Comment pourrait-il en aller autrement ? La véritable fidélité consisterait à ne pas traduire. Ce qui réduirait le public de toute œuvre aux seuls locuteurs-lecteurs de sa langue d’origine. Aussi près qu’il tente de rester du texte, le traducteur ne peut aucunement rendre une foultitude de connotations, de jeux de mots, de références culturelles plus ou moins évidentes pour son lectorat d’origine qui pour être comprises nécessiteraient de lassantes notes de bas de page, etc. De plus toute langue a ses caractéristiques propres. Toute traduction de l’anglais en français a pour conséquence d’augmenter de manière conséquente (20 à 30 %) le volume de l’écrit. Malgré toutes ses qualités insignes, notre belle langue manque de concision, ce qui la rend moins « percutante » (traduction peu satisfaisante de « punchy »).

Un des obstacles majeurs à la fidélité est le jeu de mot. Un autre est la connotation. Tenter de les contourner mène soit à une perte de sens, soit à des contorsions acrobatiques et parfois pathétiques. Ainsi ai-je (provisoirement ?) renoncé à traduire le titre« Snuff Fiction ». Car s’il est question dans le roman de tabac à priser (snuff), il existe un genre de films pornographiques nommé « Snuff movies » au cours desquels un participant est réellement assassiné (de l’américain snuff : buter, zigouiller). Comment rendre cette connotation qui bordaille au jeu de mot ? La solution choisie face à ce genre de problèmes est de pousser les balayures sous le tapis en choisissant un titre n’ayant rien à voir avec l’original…

Si l’on écarte la possibilité d’’une totale fidélité, que fait le traducteur ? A mon sens, il crée une nouvelle œuvre, inspirée, plus ou moins rigidement guidée par le texte d’origine mais quelque chose de totalement nouveau et qui devient à tous les sens du terme étrangère à son auteur. Traduire est aussi  un exercice enrichissant pour qui se mêle d’écrire. C’est d’ailleurs dans le but de perfectionner mon écriture que je m’étais lancé le défi de traduire un roman de Pratchett. J’avais alors le vague projet d’écrire un roman. J’ai abandonné l’idée. Écrire des billets de blog me suffit. Si la fantaisie de traduire me reprend, ce sera dans le seul but d’occuper de manière agréable les interminables moments de loisir qu’impose la mauvaise saison.

dimanche 5 avril 2015

D’Urbain II et du pape François (premier du nom)…



Vendredi, le pape François a condamné avec la plus grande fermeté (et non avec la plus molle hésitation) les massacres des chrétiens d’Orient et a blâmé la coupable indifférence des Occidentaux face aux exactions jihadistes. C’est bien. Seulement ça ne fait que souligner une réalité : notre époque a les papes qu’elle mérite.

Souvenons-nous qu’il y aura cette année mille vingt ans, un autre pape, Urbain II, lança à l’issue du concile de Clermont un appel à la croisade qui aboutit moins de quatre ans plus tard à la prise de Jérusalem. Il faut dire que depuis 17 ans déjà, les Turcs Seldjoukides, soit dit sans vouloir les critiquer*, s’étaient comportés de manière contestable en Terre Sainte : massacre de la population de Jérusalem, réduction des chrétiens à l’esclavage, attaques contre les Byzantins, interdiction de l’accès de Jérusalem aux pèlerins chrétiens, etc. Ce qu’il faut bien appeler des incivilités (excusez la force du terme) poussèrent le bon pontife,  dont on est en droit de penser qu’il était de caractère impulsif, batailleur et expansionniste, vu qu’il encourageait également la Reconquista espagnole, à appeler les chevaliers de l’Occident chrétien à se rassembler sous le signe de la croix et à aller infliger aux infidèles la bonne raclée que selon lui ils méritaient.

Les barons furent précédés par une « croisade des pauvres » qui, rassemblés en France ou en Allemagne se livrèrent à de menues exactions avant de se faire anéantir qui par les Turcs, qui par les Hongrois comme il convenait aux vilains de l’être. Venus de toute l’Europe, les chevaliers et grands féodaux se regroupèrent à Constantinople d’où ils partirent pour la ville sainte. Retracer les nombreuses péripéties de ce long et périlleux voyage serait trop long. Toujours est-il que le 15 juillet 1099, les croisés s’emparèrent de Jérusalem. Mission accomplie. Enfin, provisoirement…

Un pape ne peut plus guère rêver de regrouper l’occident sous la bannière de la chrétienté. Qui entendrait son appel ? Il doit se contenter d’exprimer sa douleur. Les temps ont bien changé me dira-t-on. Mais ont-ils vraiment changé  POUR TOUT LE MONDE ? N’entend-on pas de toute part des voix s’élever pour appeler à la guerre sainte sous la bannière de l’Islam ? Ne massacre-t-on pas ici ou là les chrétiens avec une ardeur digne des Seldjoukides ?  L’Occident est devenu bien prudent, limite timoré, il bombarde bien encore un peu mais refuse le combat de terrain, tandis que pour certains rien n’a vraiment changé…

Bonnes Pâques quand même !  

*Je ne tiens aucunement à finir mes jours dans un cul de basse fosse pour Seldjoukidophobie !