..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

jeudi 15 janvier 2015

Dérives de la non-intégration



Si l’on récapitule les critères qui mènent à l’assimilation ou à l’intégration on peut voir se dessiner en creux  ceux qui les rendent difficiles. On s’assimile d’autant plus vite qu’on est physiquement semblable aux autochtones, qu’on vient d’une culture similaire, qu’on a un emploi, si modeste soit-il, et cela parce que la situation économique le permet, et qu’on en a la volonté.

A contrario, si votre apparence vous fait à première vue percevoir comme un élément exogène, que votre culture d’origine vous impose des us et coutumes différentes voire difficilement compatibles avec ceux de vos hôtes, que la conjoncture économique ne permet pas le plein emploi et que votre volonté d’intégration est modérée, vos chances d’intégration ou d’assimilation se réduisent. Ce qui ne signifie pas qu’elles soient inexistantes. Il n’empêche que réunir tous ces critères mène une partie plus ou moins importante de la population immigrée ou originaire de l’immigration à se retrouver sur la touche, avec des conséquences multiples.

La plus importante, celle qui me semble la mère de beaucoup d’autres est la ghettoïsation, laquelle a plusieurs causes. D’une part, le regroupement avec ses semblables est un réflexe naturel chez les expatriés tant il est plus aisé de vivre et communiquer avec des gens qui parlent votre langue et partagent vos us et coutumes qu’avec des gens avec qui vous n’avez que peu de choses en commun. Ensuite entrent en jeux les facteurs économiques. Si vous vous trouvez au chômage ou exercez une profession faiblement rémunérée vous ne pourrez trouver à vous loger qu’en des lieux où les loyers sont faibles. Ainsi se produisent des concentrations de populations ayant en commun une culture dans le meilleur des cas très parcellaire du pays où ils vivent, un niveau de vie pour le moins médiocre, et souvent une appartenance religieuse commune.  

On pourrait cependant espérer que l’école vienne corriger le handicap culturel dont souffrent leurs enfants par rapport à d’autres qui y arrivent en parlant la langue qui permet d’accéder à tous les savoirs. Mais pour cela, il faudrait une école prescriptive, à l’ancienne, comme en ont connu mes parents (Bretons) et ceux de leur génération qui parlaient une langue régionale. Hélas, l’école post-soixante-huitarde pratique le respect de la différence et il y règne une discipline approximative. Or, si étroite est la porte qui mène au paradis, l’enfer, est comme on le sait, pavé de bonnes intentions et de « bonnes intentions » nos enseignants modernes ne manquent pas. Plutôt que imposer des normes menant à l’assimilation, ces grands cœurs préfèrent flatter l’altérité avec pour conséquence le maintien de la plupart de leurs élèves à un niveau culturel leur interdisant une évolution sociale et souvent jusqu’à l’accès à l’emploi. 

Ainsi les secondes voire les troisièmes générations issues de l’immigration continuent-elles souvent à vivre dans des ghettos. Puisqu’il faut bien vivre, faute d’emploi (et il faut bien le reconnaître, parce que c'est moins pénible et plus lucratif) s’y développent divers types de délinquance et parallèlement une rancœur vis-à-vis du pays d’accueil qui, s’il fut pour leur parents ou grands-parents une terre d’espérance, est devenu à leurs yeux un pays de cauchemar dont ils se sentent exclus  et dont ils ne voient plus aucune raison de suivre les lois ni d’adopter la culture, ce qui les mène à un repli identitaire lequel se manifeste souvent par un retour à la religion musulmane laquelle est traversée de courants extrémistes intolérants et prosélytes. D’où les départs pour le Djihad. Si on ajoute à cela que l’Islam se trouve, du fait du conflit Israélo-palestinien, en proie, depuis des décennies, à une montée de l’antisionisme et de l’antisémitisme, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’émergent des Merah ou des Coulibaly transposant au niveau communautaire en France le conflit du Moyen-Orient…

On se retrouve donc avec une bombe à retardement (n’est-on pas proche de l’heure de son explosion programmée ?). Le constat est simple à établir mais y existe-t-il des remèdes ?

mercredi 14 janvier 2015

Assimilation, intégration et… quoi ?



Avertissement : cet article comme le précédent et celui qui va suivre n’a pour but que d’expliciter à qui me lit ma  conception de l’immigration. Qu’on n’y voit qu’un chapelet de truismes est sans importance. Ces billets, pas plus que ceux que j’ai pu consacrer à la piéride ou à la Mongolie, ne visent  à changer la vision du monde de mes contemporains et encore moins à exposer une de ces conceptions originales dont raffolent les « élites » de notre époque à condition qu’elles soient obscures, alambiquées, basées sur le paradoxe et qu’elles fassent fi du plus élémentaire bon sens. 

Les agneaux de Raymond broutent l’herbe et, l’assimilant, en font du mouton. La chlorophylle assimile le carbone par photosynthèse. Ce processus consiste à transformer une substance différente en sa propre substance. On peut dire que l’assimilation de populations immigrées à la nation qui les accueille est un phénomène comparable en ce qu’elle transforme l’arrivant en membre à part entière de la communauté nationale.

C’est plus ou moins facile. Prenons l’exemple d’un Polonais venu travailler comme mineur de fond dans le nord de la France. A son arrivée, il n’est pas forcément bien considéré : pauvre, accomplissant une tâche peu valorisante, parlant peu ou pas la langue, il est souvent en butte à une forme de « racisme » ou au moins de rejet. Seulement, qu’il se marie avec une de ses compatriotes ou avec une française, ses enfants apprendront le français à l’école et s’ils y réussissent  accéderont à des professions mieux considérées, et le fils ou la fille du polack, comme du rital, de l’espingouin, du portos ou du yougo deviendront respectivement Messieurs ou Mesdames Gajewski, Spinelli, Rodriguez, Da Costa  ou Nicolic. Ils se marieront entre eux ou avec des autochtones et rien ne les différenciera du reste de la population si ce n’est la consonance un brin exotique de leur patronyme.

Et c’est bien naturel, vu qu’ils partagent avec les Français une apparence physique et une culture aux racines chrétienne qui facilitent leur fusion avec le reste de la population et qu’en abandonnant leur langue d’origine ils n’ont fait qu’imiter les Français issus de provinces où l’on parlait un autre idiome.

Maintenant, l’assimilation est plus délicate lorsque l’apparence physique, une culture religieuse différente impliquant, par exemple, une vision des rapports homme/femme différente, des interdits alimentaires  ou une manière de se vêtir spécifiques. Toutefois, au prix de l’abandon de leurs particularités, rien n’empêche ces personnes de se fondre dans la masse et d’y disparaître en quelques générations. Il suffit d’en avoir la volonté, d’être prêt à en payer le prix. Nombre de Français d’origine « exotique » l’ont prouvé.

L’intégration est tout autre chose : l’arrivant, tout en s’intégrant socialement et en se sentant membre de sa nation d’accueil, conserve la spécificité de mœurs de sa culture d’origine mais confine ce respect à la sphère privée. Ainsi il constitue une « communauté » particulière au sein du pays ce qui ne pose normalement pas de problèmes à la majorité du corps social  à moins que ce dernier ne se trouve parcouru de courants totalitaires visant à la stricte uniformisation de la société. On trouvera en tous lieux et en toutes époques de nombreux exemples plus ou moins sanglants de persécutions par la majorité des communautés minoritaires. C’est pourquoi l’intégration communautariste ne peut être qu’un pis-aller.

Encore faut-il que le pays d’accueil soit économiquement en mesure d’assimiler ou de simplement intégrer les arrivants et qu’il en ait la nécessité ou la volonté.

Reste à envisager le cas où les populations immigrées ne sont ni assimilées, ni intégrées…

mardi 13 janvier 2015

État des lieux



Qui soutiendra sérieusement que si les petits gars de Boko Haram massacrent à tour de bras aux abords du lac Tchad, que si les frères musulmans brûlent les églises coptes, que si les talibans zigouillent les écoliers au Pakistan, que si les extrémistes de L’EI décapitent à l’Opinel leurs otages, c’est parce que les écrits de MM. Zemmour et Finkelkraut ou que le dernier roman de M. Houellebecq les a stigmatisés ?  Serait-il aventureux de supposer qu’ils ne les ont jamais lus et même qu’ils ignorent tout de leurs écrits voire de leur existence ? Réduire, comme le voudraient certains,  les événements récents à sa dimension franco-française n'est pas très raisonnable.

Il  est indéniable que l’Islam est, dans le monde entier, parcouru de courants fondamentalistes et qu’une frange  de cette mouvance a recours au terrorisme que ce soit par des actions ponctuelles ou par des massacres de masse. Il est bien pratique de dire qu’Islam et Islamisme n’ont aucun rapport entre eux. Ce serait oublier que toute idéologie, laïque ou religieuse, entraîne à sa marge l’émergence de courants extrémistes et que toute population a en son sein un pourcentage, plus ou moins important selon les temps et les conjonctures, de têtes brûlées prêtes à tout pour faire prévaloir l’idéologie qu’ils ont embrassée. On n’y peut rien, c’est comme ça.

Dans nos pays de tradition chrétienne, au fil des siècles, les animosités se sont estompées. Le temps est loin des croisades contre les Albigeois ou de nos belles guerres de religion lesquelles n’avaient rien à envier en férocité à ce à quoi nous assistons aujourd’hui dans d’autres parties du Monde. Plus proche de nous, la folie raciste du nazisme a un temps rappelé qu’une civilisation pouvait connaître d’horribles résurgences des barbaries anciennes et même les surpasser en horreur. Mais à de rares exceptions près, l’extrémisme idéologique ou religieux a perdu en Occident de sa virulence. La pratique religieuse s’y est raréfiée et le fanatisme en a disparu. Les plus exaltés de nos « extrémistes » religieux n’ont pas recours à l’assassinat pour défendre ou imposer leur vision des choses. Si une frange de la gauche extrême continue de vouloir en découdre avec ceux que, dans leur délire, ils assimilent à des fascistes et des nazis, au moins ne le font-ils pas à coup de bombes. Sans atteindre un partage unanime des valeurs, notre société est plus pacifique qu’elle ne l’a probablement jamais été. Ceux qui tentent de jeter de l’huile sur un feu moribond n’obtiennent que de piètres résultats. Ainsi, malgré son permanent combat d’arrière-garde contre le catholicisme, Charlie Hebdo n’a-t-il provoqué chez les membres de cette religion que des haussements d’épaules  ou un agacement teinté de pitié, de tristesse ou de vague agacement et, de la part du grand public, qu’une indifférence le menant logiquement à une faillite prochaine.

Il n’en demeure pas moins, que, comme les événements récents viennent de le souligner, il existe au sein de notre société des gens prêts à tuer au nom de la défense ou de la propagation de leur religion. Et cela que ce soit à l’extérieur ou/et à l’intérieur de ce qui est supposé être « leur pays ». On peut en faire des « loups solitaires », des « déséquilibrés » ou y voir la cinquième colonne de « l’armée du Mal ». Ils ne sont certainement qu’une infime minorité mais ils bénéficient cependant du soutien ou d’une certaine compréhension d’une partie de ce qu’on appelle leur « communauté », partie qui, faute de s’être assimilée à la société laïcisée qui est la nôtre, est perméable aux courants extrémistes qui parcourent aujourd’hui l’Islam.  Les actions de ces terroristes et de leurs prédécesseurs ont visé plusieurs types de cibles : des Juifs (dans le cadre d’un « soutien à la Palestine »), des policiers (représentants d’un état qu’ils haïssent), des militaires (membres d’une armée qui combat leurs « frères djihadistes ») et des journalistes athées (coupables de blasphème).  L’intolérance assassine se met ainsi au service de causes étrangères, de la lutte contre l’État Français et de la liberté d’expression toutes choses qui reflètent un manque total d’assimilation.

Reste à savoir à savoir ce qu’il faut entendre par assimilation. J’y reviendrai.

lundi 12 janvier 2015

Liberté d’expression, grégarisme et unanimisme



Je l’avoue à ma courte honte, le traitement médiatique des manifestations d’hier m’a fortement perturbé. D’ordinaire, je prends les choses avec une certaine distance amusée mais là ça dépassait de loin ce que ma résistance était capable d’encaisser. Peut-être plus que l’imbécilité de ces gens brandissant leurs ineptes affichettes, ce sont les commentaires hyperboliques des journaleux qui m’ont mis hors de moi. Il n’était question que d’unanimité, de résistance, de Paris capitale du monde. On n’avait pas vu ça depuis la Libération (comme si la France dans son ensemble avait été libérée le même jour !). Pour couronner le tout, on nous dégottait des vieillards, des enfants de la maternelle, des mères de famille,  des juifs, des Musulmans, des copocléphiles, des adorateurs du Saint  Potimarron pour les convier à expliquer leurs motivations à participer à un événement marquant le début d’une nouvelle ère. Tous étaient  partisans de  la liberté d’expression comme des fous. Ils n’allaient pas jusqu’à préciser ce qu’ils entendaient par là, ça allait de soi :  la liberté d’expression c’était Charlie et Charlie, c’était eux, c’était la France, c’était… c’était…  bref, c’était un peu tout et de préférence n’importe quoi.

Or comme le développe si bien M. Hseize (je suppose qu’il s’agit là d’un pseudo) ici et , « [le] concept même de liberté d’expression n’a pas été conçu pour protéger les gens qui pensent et s’expriment comme tout le monde, qui évoquent la météo et le temps qui passe, mais bien pour ceux qui disent des choses qui dérangent, qui choquent ou qui remettent en cause l’ordre établi. ». Parmi les millions de promeneurs d’hier combien réalisaient clairement les implications du « combat » qu’ils étaient censés mener ?  Combien parmi eux vont dès aujourd’hui réclamer que se taisent les voix qui les dérangent et qu’ils n’ont, même au plus fort de leur crise  libertéd’expressionnophilique, jamais  cessé de rendre responsables des drames récents ?  N’eût-il pas mieux valu qu’avant de défiler une définition de ce concept soit au moins esquissée ?

Bien que mon aversion pour la foule m’y rende totalement hermétique, force m’est de constater qu’il existe chez une frange de mes contemporains une forte tendance au grégarisme. Plus on est de fous, plus on rigole, plus on est nombreux,  plus on est fort, etc. On attribue au nombre des vertus magiques. Comme si contrairement à ce qu’en disait Brassens, le pluriel magnifiait l’homme. Comme si se grouper fortifiait une conviction. Comme si son ampleur garantissait l’unanimité d’un rassemblement. 

Il faut dire que les politiques de tout bord (rejoints par nombre de leurs collègues étrangers) ont participé sans exception notable*à la création d’un sentiment d’unanimité. C’est grand, c’est beau c’est magnifique mais qu’en restera-t-il demain ?  Est-on bien certain qu’ici ou là bien des voix discordantes ne seraient venues gâcher la fête si un micro leur avait été tendu ? Point de danger qu’on le fît ! L’heure était à l’émotion, aux bons sentiments, à l’illusion réconfortante.

Bientôt, d’autres événements viendront estomper voir effacer chez ses participants le souvenir de cet "inoubliable" journée… N’empêche, elle offrit à qui n’a pas besoin de foule pour être ennemi de tout fanatisme et de tout terrorisme un bien pitoyable spectacle… 



*Le fait qu’elle soit allée faire sa Charlie ailleurs qu’à Paris ne fait pas de Mme Le Pen une exception.