..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 12 décembre 2014

Mettons fin à un scandale !



Voyager instruit. Visiter des endroits populaires encore plus. Une promenade à Collioure même en morte saison inspire à l’esprit distingué une foule d’émotions esthétiques mais aussi d’amers constats et le désir de mettre fin à certains abus.



A ceux qui l’ignoreraient j’apprendrai que ma compagne, Nicole, possède un petit animal de compagnie appartenant à la sous-espèce Canis lupus familiaris de race Yorkshire terrier.  J’ai ailleurs dénoncé la nature sanguinaire de cette bête qui comme bien des criminels dangereux bénéficie d’une physionomie avenante apte à tromper les braves gens sur sa véritable personnalité. Et c’est là la source du problème que je voudrais évoquer. Sa taille réduite, sa frimousse sympathique ont pour effet que, dès lors qu’on se trouve en un lieu passager on est en butte à de multiples agressions. La plupart venant d’enfants ou de vieilles dames. On ne peut pas faire un pas sans, dans le meilleur des cas,  entendre des commentaires flatteurs sur les qualités esthétiques de l’animal, et, dans le pire, voir enfants ou mèmères à chien-chien s’accroupir afin de lui caresser la tête après s’être assuré qu’une telle manœuvre n’entraînerait aucun danger de morsure.



C’est tout simplement inadmissible.  Voilà une bestiole qui ne demande à la vie que de pouvoir aller renifler de ci-de là à la recherche de traces olfactives laissées par ses congénères et qui ce faisant se voit perpétuellement dérangée dans son innocente quête par ce qu’il faut bien appeler des harceleurs sans vergogne.



Mettez-vous à sa place.  Imaginez que chaque fois que vous sortez acheter votre baguette ou votre journal vous vous voyiez apostrophé tous les trois pas par des personnes saluant vos atouts physiques ou s’arrêtant pour vous caresser la tête ou le dos ? On me dira que certaines (plus ou moins) jolies femmes sont en partie victimes ce genre de harcèlement. Elles se voient adressé des sifflets ou de lourds "compliments" de la part de rustres. Toutefois, si l’ouvrier du bâtiment ou le teneur de murs s’aventuraient qui à descendre de son échafaudage, qui à quitter son point d’appui pour aller caresser les cheveux ou le dos de la femme en question, cette dernière serait en droit de faire appel à la force publique pour mettre un terme à ces excès. Pour le Yorkshire, rien de tel. Si son propriétaire s’aventurait, de la voix ou du geste, à remettre à leur place les importuns, c’est lui qui se verrait blâmé par une foule hostile.



Cela dit, que faire ? La solution serait-elle de renoncer au York et de se rabattre sur le Pitbull ou le Rottweiler qui, bien qu’appartenant à la même sous-espèce, semblent provoquer nettement moins de ces familiarités déplacées ?  Ne serait-il pas plus raisonnable que le gouvernement ou le parlement promeuvent une loi apte à mettre fin à ce scandale ?  Ou que, faute de légiférer, une campagne de sensibilisation du public vise à décourager ces inadmissibles pratiques et faire accepter par ceux qui s’y livreraient qu’une magistrale gifle ou un bon coup de pied dans les tibias vienne sanctionner leurs audaces ?

PS : Vu les nombreuses critique faites à l'air lugubre que révélait ma photo d'hier, je vous en propose une plus souriante : 

jeudi 11 décembre 2014

Retour !



Huit jours entiers sans le moindre petit bout de commencement d’un semblant de billet. C’est bien la première fois que ça arrive depuis plus de trois ans.  Comme quoi les pires addictions se dominent. Il faut dire que 4 journées passées à conduire, les soirées au restau, les emplettes en Espagne, le temps passé entre amis ne m’ont laissé aucun temps pour m’adonner à la passion du blogage. Des mornes plaines poitevines aux causses du Quercy où subsistent tant bien que mal d’étiques chênes, des pluies de l’ouest à la Tramontane balayant sans merci la plaine du Roussillon, des contreforts montagneux du Limousin aux massifs des Albères, des Corbières  ou des Pyrénées, on en a vu du pays.



Et puis les retrouvailles où se mêlent joie, tendresse, mélancolie. Revoir, après vingt ans de quasi absence, une amie qui fut si proche, qui accompagna vingt ans de jeunesse n’est pas rien. Tout et rien n’a changé. Certains ont disparu, tous ont vieilli. Tel jeune sportif n’est plus que l’ombre évanescente de lui-même, les parents sont morts ou ne valent guère mieux perdus qu’ils sont dans le labyrinthe de leur gâtisme. On évoque les anciens conjoints perdus de vue, les bambins qu’on a vus naître atteignent la trentaine. On évoque les bringues et coucheries de nos folles jeunesses, les amours disparues, on rit des petits drames qui nous avaient un temps démolis, en fait, on n’a pas changé vraiment : juste un peu muri, chacun suivant sa pente ou la redressant quand elle semblait mener au pire. On est heureux. Quelques rides de plus, quelques kilos perdus ou supplémentaires mais rires et sourires demeurent comme toujours. Qu’importent les cimetières et autres accidents de la vie, on est là comme en nous-mêmes l’éternité nous change : incorrigibles, intangibles et prompt à s’envoler dans des délires qu’on ne saurait partager avec d’autres.



Et puis on s’en va. Incapables de planifier la prochaine rencontre. Car chacun a trouvé son coin de paradis et répugne à s’en éloigner. On se dirait bien « à dans vingt ans », comme de plus voisins se disent « à la prochaine ». Mais où et dans quel état seront-nous dans vint ans ? Conduira-t-on encore ? Le hasard fera-t-il qu’un voyage permettra de nouvelles retrouvailles ? Qu’importe au fond ?



PS : M. Aristide s’étant plaint de ne pas me voir moustachu et le moindre désir d’un tel lecteur prenant à mes yeux des allures d’ordre voici une photo apte à apaiser ses attentes :

Notez l'air songeur et un rien mélancolique qui sied au profond penseur

jeudi 4 décembre 2014

Amis de quarante ans



Un des nombreux avantages qu’on a à ne plus être très jeune est qu’on a de vieux amis ou plus exactement des amis de longue date. Ainsi moi qui vous parle partirai-je demain au volant du break (avec compagne et chien) pour un périple de près de 2000 km (aller-retour quand même) pour aller fêter l’anniversaire d’une amie de 40 ans… Il y a pas loin de vingt ans que nous ne nous sommes pas revus, parce que la vie, la distance et tout ça mais le contact n’a jamais vraiment été rompu.



Voilà pourquoi ce blog risque de demeurer silencieux quelque temps.

mardi 2 décembre 2014

Chapeau bas, Mr Waugh !




Dedicated to M. Goux whose enlightened advice made me discover this author.

Je l’ai reçu hier midi et viens de le finir : il s’agit du second livre et du premier roman d’Evelyn Waugh, Decline and fall  (Le déclin et la chute) dont il existe une traduction nommée Grandeur et décadence que l’on trouvera chez  tous les bons Amazon. Au contraire de Wodehouse, Waugh ne met pas un point d’honneur à utiliser la langue alambiquée et fleurie des aristocrates de la première moitié du siècle dernier avec pour conséquence de faciliter le travail du traducteur et, s’il a quelque talent, d’éviter que le lecteur français ne se voit servi un récit ayant perdu beaucoup de ses couleurs d’origine. Le burlesque, si l’on excepte le nom des personnages, est bien moins dans le verbe que dans la nature de ses personnages.



De quoi s’agit-il ? Des aventures sur un peu plus d’un an du jeune Paul Pennyfeather. Il va lui en arriver des choses à ce jeune étudiant en théologie ! Je laisserai à ceux qui le  souhaitent le soin de découvrir lesquelles. Il s’agit d’un roman initiatique où, après quelques dramatiques vicissitudes le héros revient à son point de départ, transformé. Il y a du Candide et du Picaro chez Paul. Les êtres pour le moins bizarres qu’il rencontre dans la première partie et qui lui racontent leur vie réelle ou supposée, il ne cessera, sauf quand ils connaissent une fin tragique, de les croiser pour les perdre de vue avant qu’ils ne reviennent dans les deux parties suivantes suite à des hasards aussi invraisemblables que n’est leur caractère. Si Waugh se livre à une critique sociale, il le fait avec humour. La société est injuste ? Le faible et le doux y sont écrasés par le méchant ou le puissant dans l’indifférence, voire même avec l’approbation,  générale. Elle est amorale ? Les vrais crapules s’en tirent toujours. L’auteur fait un portrait au vitriol d’une société de classes où seuls prospèrent riches et malhonnêtes. Mais attention, on dénonce avec le sourire et c’est ce qui fait l’intérêt du roman.  Plutôt que de vous indigner la comédie sociale provoque votre  sourire aigrelet ?  La Maison Waugh a en magasin de quoi vous satisfaire !



Tiens si ça peut vous distraire deux extraits traduits par votre serviteur, l’un bref et l’autre moins où le Docteur Fagan, directeur d’une école privée s’entretient avec le héros :


« - Si j’ai bien compris, vous avec quitté l’Université un peu précipitamment. Et pourquoi donc ?

C’était la question que Paul redoutait et, fidèle à sa formation, il avait décidé d’être honnête.

-        - J’ai été renvoyé, monsieur, pour comportement indécent

-        - Vraiment ? Bon, je ne vous en demanderai pas le détail. J’ai appartenu suffisamment longtemps au corps enseignant pour savoir que nul ne le rejoint à moins qu’il n’ait pour cela une excellente raison qu’il s’empresse de cacher. Mais, soyons réalistes, M. Pennyfeather, il m’est difficile d’offrir 120 livres à quelqu’un qui a été renvoyé pour comportement indécent. Et si on fixait votre salaire à 90 livres, pour commencer ? »



«  - Le caractère gallois est intéressant à étudier, dit le Dr Fagan, j’ai souvent pensé écrire une petite monographie* sur le sujet, mais j’ai craint que cela puisse me rendre impopulaire dans le village. Les ignorants en font des Celtes mais c’est évidemment totalement erroné. Ils sont de pure race Ibérienne c'est-à-dire de celle des habitants originels de L’Europe qui ne survivent qu’au Portugal et au Pays Basque. Les Celtes se marient volontiers avec les peuples voisins et les absorbent. Depuis les temps les plus reculés, les Gallois ont été jugés répugnants. C’est ainsi qu’ils ont conservé leur pureté raciale. Leurs fils et leurs filles s’accouplent volontiers avec les moutons mais, en dehors de leurs frères de race, jamais avec les humains. Au Pays de Galles, point ne fut besoin  de législation pour éviter que les conquérants ne se mariassent avec les conquis. Ce fut nécessaire en Irlande car là ces mariages étaient un problème politique. Au pays de Galles, c’était une question morale. J’espère, soit dit en passant, que vous n’avez pas de sang gallois ?

-        - Pas la moindre trace, répondit Paul

-       - J’étais certain que vous n’en aviez pas mais on n’est jamais trop prudent. Il m’est arrivé une fois d’évoquer la question avec les terminales avant d’apprendre que l’un d’eux avait une grand-mère galloise. J’ai bien peur que cela n’ait terriblement blessé ce pauvre garçon. Notez qu’elle était originaire du Pembrokeshire, ce qui change tout. Je pense souvent, continua-t-il, que tous  les désastres de l’histoire anglaise trouvent leur origine au pays de Galles. Souvenez-vous d’Édouard de Carnarvon, le premier Prince de Galles, de sa vie de pervers, Pennyfeather, et de sa mort inconvenante, ensuite des Tudor et de l’abolition de l’Église et encore de Lloyd George et de ses ligues de tempérance, de la non-conformité et de la luxure marchant main dans la main, répandant dans le pays les ravages et la désolation. Mais peut-être pensez vous que j’exagère ? J’ai tendance, je l’admets, à laisser les mots m’emporter…

-        - Pas du tout, dit Paul.

-       - Les Gallois, dit le docteur, sont la seule nation au monde  à n’avoir produit aucun art graphique ou plastique, aucune architecture, aucune œuvre dramatique. Ils ne savent que chanter, dit-il avec dégoût, chanter et souffler dans des instruments à vent argentés. Ils sont malhonnêtes parce qu’ils ne savent pas discerner le vrai du faux, dépravés parce qu’ils ne voient pas les conséquences de leurs excès."


* NdT : le bon docteur mettra son projet à exécution et ça deviendra un best-seller !

dimanche 30 novembre 2014

D'une victoire douteuse



Nos commentateurs politiques nous l’assurent et répètent : l’élection de M. Sarkozy avec 64,5% des suffrages et un taux de participation de 58% est une contre performance. Le véritable gagnant est M. Lemaire avec presque 30% des suffrages. Il en est d’ailleurs content comme tout.



Moi, j’envie son heureux caractère au jeune Bruno. Voilà un gars qui à la veille du scrutin affirmait être certain que se tiendrait un deuxième tour, qu’il le gagnerait et qui, alors que ses prévision ont été cruellement démenties, se réjouit d’avoir obtenu moins de la moitié des suffrages du vainqueur !  Plus fort que Hollande le député de l’Eure !  Il se plante et se pavane. Il est vrai que les media l’y aident grandement. Après de telles victoires, point besoin de défaites !  Mais Bruno, il est satisfait. Ce qui prouve qu’il est un bon politicien : quelqu’un qui dit n’importe quoi et s’enorgueillit ensuite de ses échecs.



Faisons un peu de politique fiction. Imaginons que les militants du PS soient appelés à élire leur dirigeant suprême. Nous sommes en pleine fantaisie car le secrétaire général du PS est choisi par un Conseil National du parti, composé de 204 membres élus par le congrès et des 102 Premiers secrétaires fédéraux, chefs de file des socialistes dans leur département. La démocratie pyramidale, si chère au cœur des communistes, rien de tel. Ainsi, M. Cambadélis qui dirige avec brio son parti a-t-il été choisi par  67,12 % de 306 apparatchiks (soit au maximum 205 suffrages) tandis que l’inconnu Sylvain Mathieu recueillait les 32,88% restants. A-t-on pour autant applaudi au score inouï de l’anonyme ?



Mais revenons à nos fictions. Qui pourrait imaginer qu’une élection démocratique du dirigeant du PS permettrait à un quelconque candidat d’être élu au premier tour avec plus de 60% des voix ? Un tel scrutin n’exposerait-il pas au grand jour les profondes divisions qui parcourent ce parti ?  Prudents, nos grands démocrates se gardent bien de l’organiser ! Dans le fond, ils ont tort : il ne viendrait à l’idée d’aucun commentateur politique de critiquer ses résultats quels qu’ils soient. Car, en bons serveurs de soupe, ils ne verraient dans l’éparpillement des suffrages que l’expression d’une bienheureuse diversité, ils souligneraient la vitalité du débat démocratique interne qu’il met en évidence.  Quand à droite on n’obtient pas un score de Maréchal, c’est un signe de désaveu, de profondes divisions et les prémisses d’une future guerre des chefs. Curieux, non ?