..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

lundi 23 septembre 2013

Pour en finir avec « L’autocar de l’effroi » (Suite et fin)





Se penchant vers l’infortuné employé des Cars Corbinvillais, elle se mit en devoir de lui rouler un patin avant d’aller « de manu » vérifier les dires de grand maman. Cela entraîna une certaine perte de contrôle par le jeune homme de son véhicule. Lequel recommença de tanguer, réveillant les hurlements. Le hasard voulut que le car fût suivi par un Trafic de la gendarmerie. Les cris des passagers alliés aux embardées que faisait le véhicule alertèrent la gendarmette qui conduisait. Quelque chose de totalement anormal était en train de se produire. En accord avec son collègue, elle actionna la sirène et mit en marche le gyrophare. Réalisant que doubler un car à la trajectoire erratique sur les chemins sinueux et étroits du Baugeois dépassait ce qu’exige le simple courage militaire, Elodie Pinson, sous-brigadier de gendarmerie, intima au gendarme Couillard de contacter par radio la Brigade de Corbinville….

Pendant ce temps, dans le car, la résistance s’organisait. Gérard Blavu, un ancien d’Indochine, prit les choses en main. Appelant les passagers mâles à la rescousse, il décida d’intervenir. Ils se mirent à remonter l’allée centrale ce qui n’était pas aisé vu le gîte et le tangage que connaissait le véhicule au hasard de ses montées sur les bas-côtés. Accrochés les uns aux autres, ils progressaient péniblement. Une embardée sévère faillit faire s’effondrer la colonne héroïque. Les bretelles de Gérard s’en trouvèrent arrachées par Léo qui s’y agrippa désespérément pour éviter la chute. Malgré tout, ils parvinrent à s’approcher du poste de pilotage. Il fallait maîtriser la Rosière sans aggraver le manque de contrôle du jeune chauffeur. Plus facile à dire qu’à faire, vu qu’à ce moment la charmante faisait à ce dernier le coup de la pieuvre amoureuse en lui criant à l’oreille d’hystériques « Dis-moi que tu m’aimes ! » ou d’encourageants « Tu sens pas que je me transforme en marécage ? », tentant de détacher du volant les mains du conducteur afin qu’il puisse constater ses dires. Le chauffeur se montrait peu sensible aux invites de la demoiselle. Chaque fois que les mouvements désordonnés de sa conquête le lui permettaient il regardait la route et tâchait de s’y maintenir. Il avait réduit la vitesse de son car, mais, vu qu’une cuisse de la belle lui interdisait l’accès au levier de vitesse et que n’importe comment quitter le volant des mains était hasardeux, il lui fallait éviter de caler, ce qui aurait mis en panne le freinage et la direction assistée.

Les vétérans, animés de courage Gaulois, après s’être concertés, se saisirent, qui d’une jambe, qui d’un bras de la furie et parvinrent finalement à l’arracher à sa proie. Ce ne fut pas sans peine. Elle griffait, ruait, faisait alterner les « Mon amour, on nous sépare ! » larmoyants aux tombereaux d’injures adressées aux braves. Finalement, l’audace paya et l’escouade parvint à la clouer, ventre au sol, dans l’allée. Gérard se jeta sur elle afin de l’y maintenir de tout son poids. Un autre lui enfonça son mouchoir dans la bouche, tandis que ses compagnons maîtrisaient les membres de l’agitée. Le chauffeur, encore tremblant de l’assaut, reprit son véhicule en main. Juste à temps pour apercevoir un essaim de voitures de la gendarmerie dont une lui barrait la route à quelques centaines de mètres de là. Il s’arrêta comme l’y invitaient les gendarmes puis actionna le système d’ouverture des portes. Un membre des forces de l’ordre se précipita, l’arme au poing, par la porte béante.

 
Pour quiconque n’avait pas assisté à ce qui précède, la situation était claire autant que révoltante : un groupe de quasi-vieillards maintenait au sol une jeune personne dénudée, tandis que l’un d’entre eux assouvissait sur elle des instincts contre-nature, bretelles tombées. Les autres gendarmes accourus aidèrent leur collègue à secourir la malheureuse. Non sans horions. Les vieux, ne comprenant rien aux coups injustes qui pleuvaient, se débattaient comme de beaux diables. Les autres occupants du car protestaient contre l’intervention. L’adjudant-chef Béguinard contemplait la scène avec tristesse tandis que la gendarmette Pinson entraînait une Ginette passée de l’ivresse à l’abattement vers son Trafic afin de l’y réconforter. « Pauvre France, soupira mentalement le brave gradé ! ». Il avait quitté le 9 cube pour finir tranquillement sa carrière à la campagne… Pour y trouver quoi ? Une bande de débauchés séniles soumettant à une tournante la Rosière de Saint-Marcelin sous l’œil complice de leurs compagnes ! Sourd aux plaintes, protestations et menaces des voyageurs, il décida que l’on emmènerait le car et ses occupants à la brigade sous bonne escorte. Ce qui fut fait.

Le calme revenu, la vérité des faits fut finalement rétablie. Les gendarmes durent reconnaître leur erreur et adresser leurs excuses aux voyageurs. Restait le cas de Ginette. Comment expliquer son comportement ? Il fallut toute l’habileté et l’influence de Jean Rougier-Marcelin pour arranger l’affaire. Mis au courant de l’affaire, le maire accourut auprès de son administrée. Il sut trouver les mots pour expliquer aux gendarmes l’origine de ce qui n’était, à tout prendre, qu’un fâcheux incident. Il n’y avait pas mort d’homme, après tout ? En fait, la pauvre Rosière était une anxieuse. Elle devait passer le matin même un examen de droit administratif à la sous-préfecture dans le but de faciliter sa titularisation à la mairie de Saint-Marcelin. Ne disposant pas de véhicule, il lui fallait s’y rendre par le car, seul moyen de transport dont elle disposât. Seulement, elle avait la phobie de ce genre de véhicule. Depuis toujours. Malade dans le car de ramassage scolaire ! Tous les matins ! L’idée de revivre son calvaire d’enfant la stressait. L’édile avait bien tenté de la rassurer. Il l’avait même aidée jusque tard le soir dans ses révisions… Rassurés quant à ses capacités de réussite, ils avaient même décidé d’aller fêter son succès annoncé en boîte. Au champagne ! Une bouteille appelant l’autre, ce n’est que bien tard que le maire avait ramené Ginette chez elle. Seulement, face aux stress combinés de l’examen et du voyage en car, la pauvre petite n’avait pu s’empêcher de prendre avant son départ quelques tranquillisants. Combinaison explosive ! Qui explique la suite…

Les gendarmes voulurent bien relâcher la jeune femme après avoir enregistré sa déposition. Sur intervention de Jean Rougier-Marcelin, les voyageurs qui avaient menacé de porter plainte s’empressèrent d’y renoncer. Le jeune chauffeur, remis de ses émotions, fut invité par son agresseur à une petite fête, le soir même. Il s’avéra en être le seul invité et n’eut pas à le regretter. Bref, tout s’arrangea. A la Baugeoise…

dimanche 22 septembre 2013

Faute de Goux ?



L’autre jour, Monsieur Didier Goux s’en prenait avec véhémence  à d’honorables chanteurs  qu’il avait, en sa prime jeunesse, aimés et que, renégat, il considérait aujourd’hui comme de prétentieuses outres emplies de vent, à savoir MM. Jean Vasca et  Jacques Bertin. Bien qu’ayant tout  ignoré en leur temps de ces deux fleurons de la chanson gauchiste, ces noms sonnèrent une cloche (comme dirait le maladroit traducteur). Il me sembla me souvenir que ces deux lascars étaient les idoles et les modèles de Georges Cuffi, modérateur du défunt forum Écrits vains ? , résolument ancré à gauche et sur lequel je tins voici déjà plus d’un lustre le rôle ingrat de réac de service.  Craignant de me tromper, je googlai et eus confirmation de l’amour inconditionnel du bon Georges pour ces aèdes modernœuds. Il me revint alors que j’avais un temps eu coutume d’intercaler, sur ledit forum,  entre deux provocations droitières, des « nouvelles » consacrées au village imaginaire de Saint-Marcelin-en-Bauge, dont les habitants cultivaient ivrognerie et autres débauches avec fraîcheur, innocence et persévérance. Ces historiettes eurent l’heur de plaire à certains de mes « adversaires politiques » du lieu, un peu surpris toutefois qu’un réac puisse faire dans l’humour, attitude que chacun sait être de gauche.

Suite à un ennui informatique, j’avais perdu tous ces textes ainsi que d’autres œuvres dont il faudra bien que l’histoire de la littérature universelle apprenne à se passer. Sur les conseils de Sébastien (qui hantait ces lieux et à qui il arrive de commenter ici comme chez Monsieur Goux) je parvins,  il y aura bientôt deux ans,  à en récupérer quelques uns. Mes recherches me menèrent avant-hier à en retrouver davantage. Je les relus, et, les abordant d’un œil neuf (mon amnésie sélective m’amène à perdre tout souvenir de ce que j’ai lu et même de ce que j’ai écrit) elles me firent bien rire, tant je suis bon public. J’ai donc décidé d’en publier quelques unes ici.

Ces textes écrits et publiés il y a 6 ou 7 ans, m’ont permis de réaliser qu’en ces temps qui s’éloignent j’avais une veine bien plus gauloise qu’aujourd’hui. Le quasi-vieillard digne, sérieux, d’une sagesse profonde voire austère que je suis devenu a du mal à se reconnaître dans ce quinquagénaire égrillard qui écrivait des co(cho)nneries d’un autre style. La seule pensée que j’aie pu m’abaisser jusqu’à évoquer la tenue d’un CRS (Championnat Régional de Sodomie (en salle)) fait monter le rouge de la honte à mon front chenu. S’ils ne vous plaisent pas, vous n’aurez qu’à vous prendre à l’odieux Didier.

 Pour commencer ce cycle, je vous proposerai le début d’une nouvelle aventure de Ginette Dubourg, jeune rosière à la mode baugeoise dont j’avais déjà esquissé le portrait en action  ici et .



Pour en finir avec « L’autocar de l’effroi »

La semaine dernière, selon certains, des scènes d’une violence inouïe se seraient déroulées à l’intérieur de l’autocar qui relie Bézouilly-en-Baugeois à Corbinville-la-Houleuse via Saint-Marcelin.

En cette période pré-électorale, on raconte que tout aurait été fait pour éviter que la divulgation des faits ne crée un climat de psychose favorable au vote extrémiste. La déontologie nous impose de rétablir la vérité. Une équipe d’enquêteurs a donc été mise sur l’affaire. Après mure réflexion, la rédaction a décidé de vous livrer les résultats de leur travail, pensant qu’une relation objective des événements est toujours préférable aux ravages qu’opère la rumeur.

Au départ de Bézouilly, jeudi dernier à 7 heures et demie, rien de spécial. L’autocar emmenait vers le chef-lieu d’arrondissement son lot habituel de vieux à casquette et de ménagères âgées à fichu, munies de ces sacs à provisions indispensables les jours de marché. Certains saucissonnaient comme il se doit, faisant passer une flasque de bouillette* ou une bouteille de rouge dont on se désaltérait à la régalade. A chaque arrêt montaient de nouveaux passagers qui rendaient à grands cris leurs salutations à ceux qui les accueillaient avant de prendre place lourdement dans les sièges fatigués. On atteignit ainsi Saint-Marcelin.

« Elle a toujours eu mauvais genre, la fille à Dubourg,», nous relate une passagère qui a préféré conserver l’anonymat. « C’est à se demander comment elle a pu devenir Rosière ! Enfin, si M. Rougier-Marcelin a insisté pour que ce soit elle, il doit y avoir de bonnes raisons. C’est pas moi qui irais le critiquer. » Selon ce témoin, la tenue de la jeune fille qui monta dans le car à Saint-Marcelin contrastait fortement avec celle de ses compagnons de voyage. Son voisin de car, M. Léo F., qui écrit des chansonnettes, la décrit ainsi. « C’te nana, a’ portait un’ robe de cuir, comme un fuseau qu’avait du chien sans l’faire exprès. A ras-l’bonbon, sauf vot’ respect ! Et puis moulante ! Le haut, j’vous dis pas. Même au Comice à Corbinville, j’ai jamais vu autant de mamelle à la fois ! Et pareil pour c’qu’est du jambon. ». Même en faisant la part de l’exagération poétique, il faut reconnaître que Ginette Dubourg portait une tenue plus suggestive que celle de la ménagère, fut-elle de moins de cinquante ans, qui se rend au marché. Toutefois, ce qui frappa le plus les voyageurs ne fut pas la mise de la jeune fille mais sa démarche incertaine. Avant de s’affaler sur la banquette du fond, elle s’écroula plusieurs fois, dans des éclats de rire niais, sur les passagers médusés. « J’aurais ben voulu qu’a m’tombe dessus, déclara le vieux Léo, quitte à mourir enfoui sous une avalanche de loloches ! Une bien belle mort, ç’aurait été ! »

Tout le monde ne sembla pas prendre les choses avec la légèreté de notre poète. Suite à cette traversée, l’échange de banalités habituelles fit place au silence réprobateur. Seul le ronronnement du moteur se faisait entendre. C’est une odeur de foin brûlé qui fit se retourner les gens. Et leurs femmes qui contraignirent les hommes à regarder ailleurs. Une jambe reposant sur le dossier du dernier siège de chaque rangée, laissant voir ce qu’un string aurait pu tenter de cacher, Ginette venait de s’allumer une cigarette. De forme tronconique. Visiblement roulée main. Et qui ne sentait pas vraiment le tabac. « On a beau être dans le Baugeois, on entend quand même parler des choses… » nous déclara une passagère. « Faut pas nous prendre pour des arriérés, on sait bien que c’est interdit ce qu’elle faisait cette gamine. On fume pas dans les autocars, enfin pas quand y’a tant d’ monde ! »

Une voyageuse se risqua à faire remarquer à la Rosière en quoi son comportement était déplacé. Mal lui en prit, car au lieu d’obtempérer à ses requêtes, la jeune effrontée adressa à celle qu’elle qualifia entre autres de « vieille morue » une litanie semée d’injures. De ses propos, dont la véhémence cachait mal l’articulation pâteuse et quelque peu embarrassée, il ressortit en substance que la passagère en question ferait bien d’aller pratiquer le coït anal en pays méditerranéen, que ce car de merde rempli de vieux cons puait la mort et qu’en conséquence, elle irait passer son examen à pied. Cela dit, elle se leva tant bien que mal et entreprit de se diriger vers l’avant du car. Au passage, elle confisqua à Arsène Boulanger la bouteille de bouillette dont il accompagnait ses déplacements commerciaux. Elle en avala l’essentiel d’une lampée avant d’asperger quelques passagers du reste de son contenu. Une sorte d’hystérie s’ensuivit. Car la bouillette, c’est son seul défaut, tache. Des cris stridents retentirent, faisant se retourner le chauffeur. Conséquemment, le car se mit à zigzaguer Reprenant ses esprits, le chauffeur rétablit bien vite la trajectoire, malgré les hurlements dus au tangage. Continuant sa laborieuse remontée, la pulpeuse imbibée s’empara au passage d’un litre de blanc au goulot duquel elle se désaltéra. Parvenue à la hauteur du chauffeur, Ginette, boitant à cause d’un talon aiguille cassé, lui intima dans les termes suivants l’ordre de s’arrêter : « Tu vas l’arrêter ton putain de car de merde, Athénagoras ! ». Ce curieux surnom, Jean-Claude Dubas le traînait depuis les années 60 où sa barbe fournie de viril adolescent lui avait valu d’être comparé au patriarche orthodoxe de l’époque.

Pour le moins perturbé par cette apostrophe, le jeune remplaçant de Jean-Claude tourna son visage glabre vers la jeune fille qui réalisa immédiatement sa méprise.

- Putain, mais c’est pas Athénagoras, c’est un p’tit jeune homme, s’écria la distraite ! Mais c’est qu’il est mignon comme tout ce p’tit chauffeur ! Petit, mais mignon ! D’ailleurs petit, ça veut rien dire. Comme disait ma grand-mère, ces petits gars-là, faut pas s’y fier, ça a l’air de rien, mais c’est tout en queue…

La colère fit alors place en elle à une montée irrésistible de libido.

* La bouillette est une boisson locale, une eau de vie aux vertus puissantes qui l'apparentent à la panacée. 

A suivre…

samedi 21 septembre 2013

Des Afro-Américains et autres foutaises langagières



Nous étions dans la salle des profs de mon école londonienne et avec  A, que je ne savais pas encore destinée à  devenir ma compagne durant  trois longues (et souvent pénibles) années, nous parlions littérature. Bien qu’ayant atteint la quarantaine, allez savoir pourquoi, j’avais conservé une nette tendance à accorder grand crédit aux goûts littéraires des jeunes femmes d’une vingtaine d’années  à forte poitrine.  C’est alors que le terme Afro-Américain  résonna pour la première fois à mes oreilles dans sa version anglaise. Les Afro-Américains avaient, selon A, produit  une littérature des plus passionnantes.  J’en fus ravi pour eux tout en me demandant quel  pouvait bien être ce peuple bi-continental dont j’ignorais jusque là l’existence et encore plus le talent littéraire. Obligeante, A, qui devait sentir poindre en elle un certain intérêt pour le Français entre deux âges, me proposa de me fournir une liste d’ouvrages appartenant à ce courant fertile. J’acceptais volontiers, tant il est agréable et utile de s’instruire auprès de certaines personnes. Le lendemain, femme de parole, elle me remit la liste convoitée et je me rendis compte qu’y figuraient des titres et des auteurs que j’avais déjà lus, mais que ma grande ignorance des modes langagières anglo-saxonnes, m’avaient fait considérer comme des ouvrages écrits par des Noirs américains. Je fis celui qui découvrait tout afin de ne pas passer pour un gros bof aux yeux d’une relation prometteuse.

J’ai remarqué depuis que depuis quelque temps, cette lexie avait été traduite en français. Ce qui est bien étrange. S’il y a des Afro-Américains, pourquoi ne parle-t-on pas d’Euro-Américains, d’Asiato-Américains, d’Océano-Américains, de Sud-Améro-Américains et,  dans le cas des Amérindiens d’Améro-Américains ?

Il est probable que le terme Afro-Américain est utilisé en France par de braves gens qu’une référence à la couleur noire dérangerait. Pourtant, en accolant un adjectif rappelant le continent d’origine à celui de la nationalité il me semble que l’on introduit comme une sorte de doute sur l’appartenance réelle et totale des individus concernés à la nation en question. A l’idée de qui viendrait-il d’appeler nos compatriotes antillais des Afro-Français ?  Ce serait probablement  jugé discriminatoire par ceux-là même qui par snobisme et croyant se montrer délicats utilisent sans vergogne le terme importé des USA.  Ceux qui parlent de Néo-Français sont très mal vus des antiracistes : dès qu’on est Français, on l’est à part entière sans distinction de race, d’origine ou de préférences en matière de poitrine féminine, non mais !

vendredi 20 septembre 2013

Disparitions inquiétantes (2)



Le cas du Captain Iglo (en dehors de ce qu’il souffrait d’un grave problème de dysorthographie qui l’amenait à écrire jusqu’à son nom (Capitaine Igloo) de manière fantaisiste) est plus complexe.  Car sa disparition, au début des années 2000, fut l’objet d’une pathétique tentative de dissimulation : on le remplaça de 2008 à 2011 par un acteur, Gerd Deutschmann, mais cela ne trompa personne.

Le Capitaine adorait les enfants. En tout bien tout honneur, précisons le. Aussi, afin que ceux-ci  grandissent en se fortifiant, consacra-t-il sa vie à pêcher pour eux de savoureux colins qu’il transformait sur son navire-usine en bâtonnets pannés dont il surveillait la surgélation avec un soin sourcilleux. Hélas, le capitaine  était d’une distraction que n’arrangeait aucunement ce goût pour les boissons fortes qui est trop souvent  le lot des vieux loups de mer. Une nuit qu’inquiet de la qualité d’un lot de colins il se releva, bien imbibé, pour aller vérifier que leur surgélation se passait bien, il confondit la porte de l’atelier de préparation avec celle d’une chambre froide. Ayant oublié  d’allumer la lumière et distraitement fermé la porte derrière lui, il ne parvint pas à retrouver à tâtons  le système  d’ouverture de cette p****** de porte de m**** avant que le froid ne l’engourdisse. Ce n’est qu’au matin qu’un magasinier découvrit sa dépouille, raide comme un bâtonnet.  On raconte que, reconnaissants, les fabricants de congélateurs lui offrirent un linceul panné et  érigèrent sur sa tombe un monument en forme d’Iglo (igloo dont le dôme est amputé de 20 %). Afin de ne pas trop attrister les enfants pour le bonheur desquels il avait tant fait, on prétendit qu’il avait fait valoir ses droits à une retraite bien méritée, avant de le faire rempiler sous les traits d’un acteur hélas bien trop jeune pour  être convaincant. 


Et l’ami Ricoré, me direz-vous ?  Le drame qui mit fin à une saga publicitaire qui dura plus de vingt ans fut soigneusement étouffé. 

Avec pour fond sonore une chanson niaise, on voyait  arriver, à l’heure du petit déjeuner, le facteur  ou le boulanger  (les clips avec le plombier, le gars de chez EDF, le marchand de tapis, le représentant en aspirateurs, etc. ne furent jamais diffusés) arrivaient au sein d’une famille apparemment unie occupée à boire du Ricoré. Examinons celui du facteur : La mère de famille, toute pimpante et, malgré l’heure matinale, déjà pomponnée et chapeautée, s’écrie feignant la surprise : «  Ah, le facteur ! Bonjour facteur ! »( comme si le passage du facteur, en dehors du dimanche avait quoi que ce soit de surprenant). Le facteur se met à table sans que personne ne l’en ait prié et se met à boire d’un bol  tandis que la maîtresse de maison lui dit qu’il arrive  « toujours à la bonne heure ».  Le facteur (notons qu’il s’exprime avec un accent ridicule  visiblement bidonné) constate que le bol  contient de la Ricoré avant que la dame ne lui dise l’avoir surnommé « Ricoré » (ces gens cultivent un humour particulièrement imaginatif. Il aurait eu du mal à ne pas se voir nommé « Pastaga » s’il s’était pointé à l’heure de l’apéro).  Le facteur s’en va sur son vélo en lançant un « Au revoir, à demain ! » auquel la femme répond  par un « A demain » que vient vite compléter un « Pour la Ricoré » lancé sur un ton gourmand…  Si vous ne me croyez pas, c’est  ici

Ne faut-il pas avoir l’aveuglement de son pauvre mari pour ne pas voir que le facteur se conduit comme s’il était chez lui et que les propos échangés le sont dans un langage codé ?  « A demain, pour la Ricoré » signifie, bien évidemment : « mon couillon de mari ne va pas tarder à aller bosser, planque toi avec ton  vélo derrière la grange à Raymond et dès qu’il sera passé reviens me prendre à la barbare comme tu le fais si bien, grand fou! »(Le ton gourmand de la dame ne pouvant évidemment pas être motivé par l’absorption de ce triste breuvage).

Tout alla pour le mieux de la dame jusqu’à ce qu’un beau matin le pauvre mari, après avoir conduit les enfants à l’école et pris le chemin du travail se rendit compte qu’il avait oublié un dossier à la maison, rebroussa chemin et trouva la camionnette du boulanger garée devant sa porte. Les gémissements qui s’échappaient de la chambre conjugale lui laissèrent peu de doute quant au peu de place que tenait la Ricoré dans leur origine. Ravagé de douleur, le mari trompé voulut connaître l’ampleur de sa déconvenue et revint plusieurs jours de suite après avoir feint un départ et vit successivement garés devant chez lui, un vélo, une camionnette bleue siglée EDF, un camion de pompiers, les véhicules de nombreux artisans. Sa rage alla grandissante, jusqu’au jour où excédé par l’inconduite de son épouse, il revint armé d’un fusil. Voyant arriver un véhicule, il ouvrit le feu sur son occupant qui s’avéra être Steve, dit Stevounet,  coiffeur pour dame à domicile, qui venait en ami prendre un bol de Ricoré. Réalisant sa bévue, le mari retourna son arme contre lui. Nestlé étouffa l’affaire et il ne fut plus jamais question de l’ami Ricoré.