Tournons- nous vers les cultures venues de l’étranger.
Leur présence en France est évidente. Le phénomène n’est pas
récent. Dans ma lointaine enfance, à Sartrouville, j’allais parfois le
dimanche, parce que son horaire me convenait,
à la messe des Polonais. Eh oui, il y avait une telle messe. Je n’y
comprenais rien, mais n’importe comment, la messe ne m’a jamais vraiment
passionné même avec un sermon et des cantiques en français. C’était une
obligation dans la famille.
Le premier réflexe du migrant est de se regrouper. D’autant
plus que la langue fait barrière. On
aime à retrouver son semblable en terre étrangère. Rien de plus naturel même si
ça retarde l’ « intégration ». Parallèlement à cette tendance au
repli une ouverture se produit du fait du travail qui contraint parfois à
sortir de son ghetto linguistique et
surtout de la venue d’enfants qui, scolarisés, s’assimilent rapidement à la
culture ambiante. Pour peu que la religion n’y fasse pas obstacle, les enfants
se marieront avec des personnes d’autres
origines et, à leurs enfants, ne restera,
pour les garçons, qu’un nom plus ou moins « exotique ». Ainsi
va l’assimilation.
Ce fut le cas pour les Italiens, les Polonais, les Espagnols,
les Portugais, les Yougoslaves, etc. Pourtant certaines de ces
« communautés » comptèrent de
très nombreux membres…
Lorsque les
différences culturelles, du fait du mode de vie, du niveau économique du
pays d’origine, de la religion, de la manière de s’alimenter, de l’histoire,
etc. sont plus marquées, le processus d’assimilation devient plus délicat. Dire
qu’il soit impossible me paraît exagéré mais il est forcément plus
difficile. Il faut d’une part qu’il y
ait désir d’assimilation de la part du pays d’accueil comme de l’arrivant.
Idéalement, le migrant ne vient pas installer son pays d’origine dans celui qui
le reçoit mais y chercher une nouvelle vie et s’y fondre. A moins qu’il n’y
vienne que pour des raisons économiques avant de retourner chez lui
« vivre parmi les siens le reste de son âge ». C’est ce que firent,
dans une démarche comparable,, mes parents qui ne rêvèrent que de Bretagne et y
retournèrent finir leurs jours. Ça se défend.
Et c’est là qu’intervient le multiculturalisme. Qui ne
consiste pas en un simple constat de l’existence de personnes originaires de
cultures diverses à mais en une politique délibérée de reconnaissance et
d’encouragement à la pérennité de ces cultures.
Traditionnellement, que ce soit dans les anciennes colonies,
au niveau national ou vis-à-vis des migrants, la politique française avait
jusqu’à récemment été assimilationniste. Il s’agissait de transformer les
éléments allogènes en Français plus ou
moins standards.
Les Anglais, avaient tendance à « respecter »
davantage les cultures de leurs colonisés. Les motivations profondes de cette
politique peuvent être interprétées dans bien des sens. Quand les colonisés
sont à leur tour venus s’installer chez eux, il était donc naturel que cette
politique se poursuive. On y est allé jusqu’à instituer des tribunaux
islamiques réglant certains conflits de cette « communauté ».
Aux États-Unis, pays d’immigration fondé par des
« dissenters » respecter l’existence de communautés diverses est
toujours allé de soi. Ce pays fédéral semble avoir abandonné le mythe du
« melting pot » au profit d’une simple juxtaposition de communautés
unies autour du drapeau que chaque élève salue tous les matins. Les indiens restent
sont dans leurs réserves, les noirs dans
leur ghettos, les amishs dans un autre siècle et les mormons dans l’Utah. Ainsi
les vaches sont bien gardées.
Le Canada, en partie
francophone, état également fédéral,
avait vocation à se monter multiculturaliste, ce qu’il fit avec ardeur.
Je pense depuis longtemps que les novateurs français ont une
forte tendance à aller ramasser leurs idées « originales » dans les
poubelles de l’Amérique (USA) une fois que les États-Uniens les ont mises au
rebut pour cause d’ineptie. Ils sont
également très friands de celles qui, que ce soit aux USA ou dans les pays
scandinaves, sont peut-être adaptées à ces pays mais qui ne sauraient que
difficilement s’appliquer au nôtre.
Ainsi, depuis quelques années la mode est-elle venue, en
notre pays traditionnellement centralisateur et assimilationniste, de
s’émerveiller sur les avantages du multiculturalisme. Plutôt que de tenter de
faire se fondre les gens de toutes origines dans la masse, cette politique tend
à favoriser, encourager et pérenniser la « diversité ».
Car c’est d’une politique qu’il s’agit.
En créant des cours de langue des pays d’origine, en favorisant l’établissement
de « centres culturels »
idoines, on tend à maintenir les nouveaux arrivants dans leur diversité.
Cela s’accompagne d’un discours tendant à mettre « hors la loi »
toute pensée contraire à l’émiettement de la nation en communautés toutes plus
enrichissantes les unes que les autres. Par ailleurs, il est de bon ton, au nom
de la repentance, de souligner à quel point la France est historiquement
coupable d’abominations envers les populations des pays d’où proviennent ces « communautés ».
Tout cela me paraît être former un cocktail explosif,
d’autant plus que nous assistons dans certaines parties du monde à des
mouvements en profondeur qui ne semblent pas aller dans le sens de notre propre
évolution. J'en parlerai demain.