Pour ceux qui l'ignoreraient, l'équivalent anglais du plouc, c'est le clown. |
Je dois le reconnaître
à ma plus ou moins courte honte : je suis un infâme plouc. Et ceci sans
espoir de jamais changer. Il est trop tard si jamais il fut temps. Le pire est que
je n’en suis que marginalement désolé. Je note qu’autour de moi fleurissent
esthètes et fins esprits.
Mes goûts en matière de charcuterie, exprimés hier, ont été l’occasion de me ramener à mon néant, si tant est que je l’eusse jamais
quitté ne fût-ce qu’en rêves. L’histoire de ma vie est celle d’une longue
remise en place. C’est triste, douloureux, déchirant même. Ou du moins ça
devrait…
Prenons quelques exemples.
En matière de champagne, il paraît qu’il faut aimer le Dom
Pérignon millésimé 1996 (Je donne cette marque et cette date au hasard, si ça
se trouve, cette année-là ils ont pissé dans les bouteilles). Je me renseigne,
je vois que pour un peu moins de 400 € on en a une, de bouteille. Et qu’est-ce
que je me dis ? C’est que pour le même prix j’aurais facilement 40 cubis
de 5 litres de rosé à mon goût.
Quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup les femmes.
Surtout quand elles étaient impétueuses et qu’elles suçaient comme des
reines de bonne famille. J’en ai
rencontré quelques unes comme ça. Des Françaises, des Anglaises parfois. On avait beau me dire que
les meilleures suceuses compagnes étaient portugaises ou allemandes, je
n’en voulais rien savoir.
En matière
de littérature, c’est pareil. Longtemps, je me suis
couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se
fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je
m'endors. » J’essayais de lire « A la perte du temps recherché ».
Et ça me faisait chier grave. Je préférais, de loin, le sulfureux Louis-Ferdinand
et le bouillonnant Romain Gary. Sans parler de moindres viandes. Et ça n’est
pas allé en s’arrangeant. Je ne jure désormais que par Robert Rankin,
triste britannique bouffon que je lis dans le texte et qui n’a pour mérite que
de me faire rire.
Comme disait le bon Jean-Roger
Caussimon, je suis de plus en plus léger. Et je n’en ai même pas honte !
Peut-on rêver pire abjection ?