Je relis dans le journal de mars de l’ami Goux, l’article qu’il avait, dans le blog, une fois de plus consacré à ces notes de bas de page dont de « luisants » universitaires (les qualifier de « brillants » serait souvent exagéré) se croient contraints d’écrire lorsqu’ils établissent une édition d’un « grand » texte. Il semble que le blogueur de choc qu’il a été, est et demeure soit incapable de les traiter par le mépris ! Il est vrai que les précisions qu’elles apportent ne sont pas toujours très éclairantes ni d’une grande pertinence. Mais bon, je suppose que s’ils n’en écrivaient aucune, ils seraient pris pour des fumistes.
S’il en a un, le but de ces notes est de permettre au lecteur une meilleure compréhension du texte et de son contexte qu’il serait capable d’obtenir sans elles. Toutefois, en les écrivant, le ou les éditeurs supposent que leurs notes ne nécessitent elles-mêmes aucune précision afin d’être bien comprises par l’ignare lecteur (mon semblable, mon frère). Rien n’est moins certain ! Aussi, des notules, pourraient venir préciser les notes, des notulettes éclairer les notules et des notulinettes expliquer les notulettes. Je m’en tiendrai là mais on pourrait poursuivre…
Prenons un exemple :
M. Baudelaire, surnommé par ses potes Charlie la déconne, écrivit un poème intitulé Spleen dans lequel s’exprime toute sa joyeuse bonhommie d’inlassable boute-en-train. Prenons-en le premier vers :
Quant le ciel1 bas et lourd pèse comme un couvercle 2
1 Le ciel est tantôt l’espace visible limité par l’horizon*, tantôt le fond sur lequel on observe les astres. Dans le cas présent, vu que le poète le qualifie de « bas et lourd » on peut le supposer peu propice à l’observation des astres, impression confirmé par la mention postérieure faite au « cercle de l’horizon ». A noter que le côté déprimant du ciel bas fut évoqué par Jacques Brel dans Le Plat pays.
*Limite circulaire de la vue dont l’observateur est le centre et où ciel et terre (ou mer )semblent se rencontrer**
**Cette « rencontre » est bien entendu une illusion comme nombre de voyageurs l’ont constaté empiriquement, vu que l’horizon recule à mesure qu’on avance.
2 le couvercle est une pièce mobile destinée à fermer un récipient (pot*, marmite, casserole etc.). On voit d’ailleurs mal comment le ciel pourrait jouer ce rôle sur quelque cerveau que ce soit. Mais bon, la poésie est propice aux comparaisons hardies.
*« A chaque pot son couvercle » dit Thérèse à Zézette dans Le Père Noël est une ordure voulant dire par là que chacun finit par trouver l’âme sœur. La sagesse populaire ajoute que « C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe** » signifiant que rien ne vaut l’expérience, que les vieilles méthodes sont supérieures aux nouvelles. Cette expression peut être également employée par de jeunes gens pour justifier leur préférence des femmes mûres aux plus jeunes.
** Nom donné couramment au potage***
*** Au départ, la soupe était la tranche de pain sur laquelle se versait le potage. Ainsi s’explique l’expression « Trempé comme une soupe » qui sinon serait redondante.
J’espère que ces notes, notules, notulettes et notulinettes auront éclairé vos lanternes et que se trouveront des émules avides d’enrichir les textes par d’indispensables précisions.