..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 23 mars 2022

Il jouait du piano debout...

 


...et sans les mains ! Faut quand même le faire ! Même M. Macron , prêt à toutes les âneries qu’il est, n’aurait pas osé.

Il a tenu le rôle d’un professeur HONNÊTE devenu, de manière inattendue, président de l’Ukraine dans un feuilleton comique. Ça l’a rendu populaire. S’ensuivit un film, intitulé lui aussi Serviteur du peuple. Un bien beau titre qui conviendrait admirablement à un parti politique. Ce fut chose faite en 2016. En 2018, ce parti obtient 5 % des voix et entre au parlement. Pas de quoi pavoiser. Mais un an plus tard, aux présidentielles, il arrive en tête du premier tour et écrase son rival au deuxième obtenant 73,2 % des voix en faisant ses meilleurs scores dans les régions russophones. Il dissoudra l’assemblée et y obtiendra la majorité.

Tout cela mérite qu’on s’y attarde : que penser d’un pays où la maturité politique est telle qu’un histrion devient, comme par miracle le mieux élu des présidents ? Imagine-t-on ,Christian Barbier (L’Homme du Picardie*) élu triomphalement en 1969, avec le soutien du parti La Péniche ou Jean-Marie Bigard remportant la présidentielle à la tête de Lâchons les salopes ?

Mais la lune de miel entre le président et son peuple fut de courte durée. L’Ukrainien est versatile et contrairement à la France son pays est désuni (à prendre au second degré). Il y règne des tensions politiques, économiques, linguistiques, la corruption et les oligarques y règnent en maîtres. On peut vouloir s’y attaquer, on peut vouloir calmer les choses dans le Donbass mais en a-t-on le pouvoir ? Surtout quand on se trouve mêlé au scandale des Pandora papers ? L’idole des jeunes et vieux téléspectateurs à du plomb dans l’aile. Deux ans après son élection sa popularité tombe à 30 %…

Face à l’enlisement de la guerre dans le Donbass, il réclame à cor et à cri son admission dans l’Otan. Admission que cette même guerre rend impossible. Et que son irascible voisin aura du mal à apprécier avec les conséquences que l’on sait.

Durant le mois passé, on l’a vu évoluer : il semble avoir renoncé à demander l’entrée de l’Otan dans le conflit avec les incalculables conséquences que cela eût entraîné. Comme quoi certaines évidences finissent par faire leur chemin. Il se dit prêt à négocier avec Poutine. Il fait la tournée des Parlements comme les grandes stars de la chanson font la tournée des grandes capitales et les ivrognes celles des bistros. Il s’y fait applaudir à tout rompre. Bernard-Henri Lévy, qui décidément s’en voudrait d’en rater une, voit en lui le nouveau Churchill (doté d’un talent pianistique que Sir Winston n’avait pas a ma connaissance)! On le voit, en tee-shirt kaki, culpabiliser le monde entier de son bureau (ce qui prouve qu’à la différence de bien de ses concitoyens, il est bien chauffé). Bref, il fait de la com. Et ça marche, du moins en Occident. Mais en quoi cela améliore-t-il le sort de ses compatriotes ?

Ne ferait-il pas mieux, vue la situation, de TOUT faire pour alléger les souffrances de son peuple ? C’est beau de rejouer Camerone, ça a du panache, mais est-ce bien utile ? Reste à déterminer ce en quoi pourrait consister ce TOUT et donc quels sont les buts exacts de son homonyme russe. N’étant pas, à la différence de nombre de mes contemporains, dans la tête de ce dernier je n’en ai pas la moindre idée.

* Référence vieillotte que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître.

dimanche 20 mars 2022

Un sang nouveau ?

 

Depuis quelque temps, on voit apparaître dans les débats de Cnews de nouveaux intervenants. Ils ont en commun leur jeunesse et aussi un niveau culturel élevé et un bagout phénoménal. Des sortes de modernes Pic de Mirandole bavards. Agrégés, désagrégés, suragrégés, on sent bien que leur savoir dépasse largement leur spécialité. Qu’ils soient philosophes ou historiens, aucun sujet ne leur est étranger. Qu’il s’agisse de politique intérieure ou extérieure, d’immunologie, d’épidémiologie, de politique sanitaire, de psychiatrie poutinienne, de stratégie, d’armement ou de technique du bilboquet, rien n’échappe à leur encyclopédique savoir. Du coup, M. Praud reste comme deux ronds de flan face à ces petits génies. Il faut dire que la nature a doté le bon Pascal d’une glande admirative surdimensionnée : qu’on soit de Gaulle, Mitterrand, BHL, la Mère Denis, Mbappé, Zelensky, Bernard Tapie, Delon, Gabriel Attal ou sa crémière c’est avec peine qu’on échappe à son admiration, quitte à se voir voué aux gémonies quelque temps plus tard. C’est son côté ravi de la crèche.

Eh bien moi, dont cette glande est un atrophiée, je ne partage pas son enthousiasme. Ces jeunes gens ne sont certes pas dépourvus de talent mais il leur manque, à mes yeux un savoir fondamental, celui qu’engendre l’expérience, à savoir la capacité à mettre les événement en perspective. Ils sont « docti cum libris » mais, justement, ils ont passé l’essentiel de leur temps dans les livres. C’est le problème qu’ont bien des universitaires qui ont cependant généralement la sagesse de se cantonner à leur domaine d’excellence. Ce que ne font pas nos jeunes débatteurs.

On pourra m’objecter qu’ils apportent un sang nouveau dans des débats où sévissent couramment de vieux birbes ou des birbes d’âge moyen (si tant est qu’un birbe comme une ganache puisse n’être que quadra- ou quinquagénaire). Qu’ils apportent avec eux l’enthousiasme (et le dogmatisme pur sucre ) de leurs convictions qui manquent souvent aux vieux routiers du commentaire qui en ont vu bien d’autres dans leur (chienne de) vie et ne prennent pas tout pour argent comptant.

C’est justement cet enthousiasme et ces convictions que je reproche à ces jeunes gens. J’ai, par exemple, tendance à faire davantage confiance, en matière de stratégie ou d’armement à un vieux général blanchi sous le harnois qu’à un gamin n’ayant pour toute connaissance de la guerre que les récits de son père, ancien combattant de mai 68 et quelques lectures. A mes yeux, comme disent les Anglais, « ils sont encore un peu humides derrière les oreilles » ou comme on dit en bon français « On leur presserait le nez, il en sortirait du lait ».

Mais bon, nous vivons une époque moderne où il faut que toute catégorie et donc la jeunesse soit représentée. Au risque présenter des têtes à claques comme de grands sages.

jeudi 17 mars 2022

De bien braves garçons !

Oh surprise ! Ce matin, un intervenant de l’émission de M. Praud, a fait mention du bataillon (devenu régiment) Azov. Il est même allé jusqu’à envisager que les accusations de Néo-nazisme que certains n’hésitent pas à proférer à son égard n’étaient peut-être pas totalement infondées.C’est scandaleux ! Jusqu’où la calomnie s’arrêtera-t-elle ? *

Si on lit l’article de Wikipédia consacré à ces jeunes gens dynamiques et patriotes, on pourrait être tenté d’ajouter foi à ces ragots. Mais comme chacun sait, cette encyclopédie ne fait rien qu’à sortir des menteries. Lisez le tout de même, ne serait-ce que pour voir à quel point leur méchanceté peut entraîner certains malintentionnés à salir la réputation de ce qui s’apparente par bien des côtés au scoutisme : Goût de l’uniforme et des badges, perpétration de Bonnes Actions (BA)**, etc.

Certains ont cru discerner dans l’emblème de ces braves gens, des similitudes avec celui de la 2e panzerdivision SS Das Reich, vous savez, ces militaires un peu taquins qui après avoir pendu 99 otages aux balcons de Tulle, en route vers la Normandie, firent étape à Oradour-sur-Glane pour y perpétrer le massacre que l’on sait. Sur ce point de détail, je vous fais juges : 


Vous trouvez une ressemblance ? Vraiment ? Et qu’est-ce qui vous dit que ce n’est pas le fait d’un hasard fortuit ? Si ça se trouve, ils ont hésité entre ce joli dessin et une photo de chatons mignons.

Quoi qu’il en soit, d’abord milice privée, le bataillon Azov, financé par un oligarque au dessus de tout soupçon (comme ils le sont tous), attira de nombreux volontaires dont  certains amateurs de scoutisme venus d’autres pays d’Europe et fut, dès septembre 2014, intégré en tant que régiment à la garde nationale ukrainienne (équivalent de notre gendarmerie). Une telle incorporation pourrait étonner certains esprits vétilleux. Mais n’est-il pas normal qu’une armée soit à l’image de la population ? Les effectifs de l’armée ukrainienne étant estimés à 200 000, les 3 500 à 5 000 hommes du régiment Azov n’en constitueraient au mieux que 1.75 % et au pire 2,5 %. Autant dire rien du tout.

A l’heure actuelle, le régiment Azov défend Mariupol contre les attaquants russes. Gageons qu’il a fait, fait et fera tout pour protéger les populations civiles des conséquences de cet assaut.

*Clin d’œil à M. Coluche.

** De bonnes actions parfois militaires : bombardement dans le Dombas, libération musclée des bâtiments officiels de Mariupol squattés par de méchants russiphones russophiles, et diverses Bonnes (Ex-) Actions .

mardi 15 mars 2022

Crimes de guerre


Saint-Lô, juin 1944 : sous les décombres, plus de 1000 morts

Ce matin, j’apprends avec horreur que les Russes auraient, d’une manière ou d’une autre, endommagé un bâtiment d’une zone résidentielle de Kiev, occasionnant deux morts civiles. C’est évidemment regrettable. Que la guerre fasse des victimes civiles n’a rien de bien nouveau, hélas ! On parle de crime de guerre. Cette notion m’a toujours intriguée. Étant de nature pacifique, j’ai tendance à penser que la guerre est en elle-même un crime, qu’il est difficile de savoir si s’y faire tuer avec un uniforme est plus acceptable que sans, si un soldat muni d’une arme qui est réduit en bouillie par un obus ou une bombe est plus en position de se défendre qu’un civil désarmé.

Je vis dans une région qui a connu voici bientôt 78 ans les ravages de la guerre. Comme des centaines de milliers de gens, j’y habite un logement de la reconstruction. Après la contre-attaque allemande d’août 1944, il ne restait plus grand-chose de mon village. Nombre de villes et villages de Normandie furent quasiment rasés. Les seuls bombardements occasionnèrent plus de 19 000 morts civiles dans la région. Aussi surprenant que cela puisse paraître, le 6 juin 1944, il y eut autant de victimes civiles par bombardements aériens qu’il n’y eut de combattants alliés tués sur les plages du débarquement.

Ces bombardements n’avaient pas pour seul but de débarrasser la terre de quelques milliers de gens qui en encombraient la surface. C’eût été bien méchant. Ils visaient à désorganiser la défense allemande. Parfois, cependant, comme par exemple à Caen, ce fut la ville qui fut visée, entraînant la mort de 2000 habitants alors que les troupes allemandes étaient stationnées au nord de la ville. D’autres objectifs ne représentaient aucun intérêt stratégique majeur. Certains mauvais esprits prirent mal la chose au point que, dans son journal, Le colonel étasunien L.F Roker s’en étonna : « C’était un choc de s’apercevoir que nous n’étions pas accueillis comme libérateurs par la population locale [...] Ils nous voyaient comme des porteurs de destruction et de douleur ». On se demande vraiment pourquoi ? L’ingratitude humaine est triste à constater !

Pouvait-on parler à ce sujet de crimes de guerre ? Il ne me semble pas que ce fut envisagé. Pour les bombardements de Dresde, Hiroshima et Nagasaki non plus. Entendons nous bien : durant le Blitz qui ravagea Londres de septembre 40 à mai 41, ce ne sont pas de photos de chatons mignons que les Allemands bombardèrent la population. L’horreur est toujours des deux côtés.

La guerre est d’autant plus criminelle qu’elle a lieu près de chez nous. Quand elle a le bon goût de se cantonner dans des territoires lointains et exotiques, elle devient plus acceptable. Quelques morts en Ukraine émeuvent bien plus que des milliers naguère en Irak ou aujourd’hui au Yemen. Que ce soit compréhensible ou pas ne change rien à la question : c’est comme ça et pas autrement.

Je suis bien conscient que le pacifisme a ses limites, que vouloir se désarmer face à un agresseur potentiel est folie, que le recours à la guerre, que nous le voulions ou non, est fréquent, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons, que « si uis pacem, para bellum » etc.

Nous avons, depuis bientôt 80 ans connu, sur notre sol du moins, la paix. Cette période exceptionnelle durera-t-elle ou serons-nous volens nolens entraînés dans la guerre et ses inévitables crimes ? Il me semble que nos va-t-en guerre se prétendant prêts à entrer dans un conflit douteux manquent cruellement de mémoire et d’imagination. Il est vrai qu’une fois séché, le sang s’oublie et ne reste que la gloire… ...du moins quand on gagne.


dimanche 13 mars 2022

Un OLNI (Objet Littéraire Non Identifiable)

 


J’approche de la fin du bizarraroïdissime roman de John Kennedy Toole intitulé La Conjuration des imbéciles. Ma fille me l’avait offert pour une fête des pères ancienne. Je l’avais lu et, curieusement, n’en avais gardé aucun souvenir. Rien de bien neuf, me diront mes fidèles lecteurs car j’ai maintes fois répété que je ne gardais aucun souvenir de mes lectures. Certains livres, cependant, du fait qu’ils m’ont, pour une raison ou pour une autre, marqué, me laissent un vague souvenir, bon ou mauvais. Or de celui-ci ne m’en gardais absolument aucun. A qui m’aurait dit que ça parlait de la pêche au goujon dans le Nebraska ou des angoisses existentielles d’un adepte du bilboquet, j’aurais été bien en mal d’apporter le moindre démenti.

Et voilà que je le relis et que sa totale originalité me laisse totalement abasourdi. L’histoire du manuscrit, elle-même n’est pas banale. Son auteur, persuadé d’avoir écrit un chef-d’œuvre, le proposa à nombre d’éditeur qui le refusèrent avec un bel ensemble. J.K.Toole, à la différence de bien d’autres dans son cas, au lieu de passer à autre chose et de devenir hôtesse de caisse chez Félix Potin (ou son équivalent étasunien) en conçut un grand dépit, sombra dans la déprime et se suicida à l’âge de 31 ans en 1969. Mais il avait une maman ! Ce fait n’a rien de très original, c’est vrai mais en l’occurrence, la sienne croyait dur comme fer en l’œuvre de son petit génie de fils. Elle fit le siège d’éditeurs et d’écrivains jusqu’à ce qu’un de ces derniers, séduit par son originalité insistât auprès d’un éditeur pour qu’il le publiât. Il parvint à ses fins en 1980. Et ce fut le succès : 1,5 millions d’exemplaires, traduction en 18 langues et, cerise sur le gâteau, le prix Pullitzer du roman en 1981. Comme quoi, l’écrivain frustré a parfois tort, comme Toole, de se laisser aller au désespoir…

Cela dit, de quoi parle ce livre ? Son personnage central, Ignatius Reilly, natif de la Nouvelle-Orléans et n’en étant sorti, pour son plus grand malheur, qu’une fois, mène aux crochets de sa mère une existence quasi végétative. Diplôme de l’enseignement supérieur, se pensant habité par le génie , il refuse toute implication dans une vie ordinaire. Il faudra que sa mère, ayant bu un coup de trop comme elle n’en a que trop la fâcheuse habitude, suite à un accident de voiture, se trouve dans une position financière délicate pour qu’il consente à entrer dans la vie active. Et ceci à reculons. En plus d’être une grosse feignasse, Ignatius est doté d’un physique remarquable : très grand, très obèse, pour tout arranger, il s’accoutre de manière originale et tout ça le fait considérer par qui le rencontre comme un parfait abruti. Mais ça ne s’arrête pas là car Ignatius, pense, écrit et parle ce qui n’arrange pas les choses. Et ce qu’il pense, écrit et dit est totalement loufoque. Ce qui l’amène à agir de manière pour le moins saugrenue. Sans entrer dans le détail, ses expériences dans le monde du travail (qu’il consigne dans un délirant journal) oscillent entre le catastrophique et le burlesque. Il faut dire que les personnes qu’il est amené à côtoyer n’ont rien à lui envier en matière de loufoquerie. Faire une liste des personnages foutraques qu’il rencontre et de leurs déroutantes idiosyncrasies prendrait un temps infini. Sachez simplement que pour en trouver un qui s’approche même timidement d’une quelconque norme, il faudrait avoir l’esprit large et s’armer de patience.

Cette lecture, je le répète est totalement déroutante. On peut y voir une critique virulente de la société étasunienne, on peut la trouver hilarante, assommante, géniale, débile ou ce qu’on voudra. Une chose est certaine, ce roman est original. Si le cœur vous en dit, allez y voir…

Ah, j’allais oublier : il n’y est nulle part, et pour cause, fait mention du Covid ou de l’Ukraine. C’est déjà ça !