..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 4 janvier 2022

J'ai deux compteurs

 


Je le rappelais dans mon précédent billet, selon M. Goux, son journal n’aurait que douze lecteurs. Je pense qu’une fois encore ce bon Didier fait preuve d’une modestie qui l’honore, au risque de minimiser la portée du message qu’il adresse au monde.


Il n’empêche que connaître le nombre de ses lecteurs peut intéresser un blogueur. S’il n’était lu par personne, il pourrait se trouver en proie au découragement. Les commentaires qui viennent s’inscrire au bas des articles ont un côté rassurant de ce point de vue. Leur totale absence est inquiétante. Cependant, leurs auteurs ne sauraient, par leur nombre restreint, donner une idée même approximative du lectorat que l’on rencontre, de manière constante ou occasionnelle.


Pour aider le blogueur à cerner la question de plus près, il existe des compteurs. Madame Joséphine Baker avait deux amours (Pompéi et Marly si je me souviens bien), eh bien moi, c’est deux compteurs que j’ai. Un fourni par M. Blogspot, l’autre par M. Statcounter. Vous voyez apparaître leur chiffres respectifs en haut et à droite de chaque page. Si M. Compteur de Blogspot était présent dès l’origine, son camarade n’a été installé que quelques mois plus tard. Mais cela ne saurait expliquer le gouffre statistique qui sépare les deux. M. Statcounter n’a vu, en plus de 10 ans passer que 882 000 visiteurs tandis que son collègue en comptabilisait 1 544 000. A croire que le second est un gars de la CGT et que le premier travaille à la préfecture !


Qui dit la vérité ? Loptimiste ou le pessimiste ? Les deux ne raconteraient-ils que des sornettes ? Comment le savoir ? Si l’un me crédite d’un peu plus de 200 visites par jour, l’autre m’en attribue plus de 400. Mais visite ne veut pas dire lecteurs. En effet, il n’est pas rare qu’un même lecteur revienne plusieurs fois par jour, ne serait-ce que pour voir s’il a été répondu à son commentaire. De plus, nombre de visites ne sont dues qu’à l’image qui illustre l’article. Ainsi, celle qui illustrait « Pour un droit à la casquette (plate) » aurait-elle attiré des milliers de visiteurs, plus alléchés par le côté sympathique du bonhomme que par le contenu de l’article. Il en va de même pour bien d’autres billets.


En conclusion, avec ou sans compteur, il est impossible au blogueur de se faire une idée, même vague, du nombre de ses lecteurs. Est-ce vraiment important ? Je ne pense pas. Bloguer est un loisir que l’on pratique pour son plaisir. Tant que ce dernier demeure, qu’il arrive qu’on soit lu et qu’on trouve quelques futilités à exprimer, pourquoi ne continuerait-on pas ?

dimanche 2 janvier 2022

Une année qui commence bien !

 Je sais que mon titre peut paraître provocateur. Il serait de meilleur ton de geindre sur les privations de liberté, la terrible épidémie qui ravage le monde, notre chère culture qui tend à se barrer en couille et plus généralement à pleurer sur les mille et uns malheurs qui menacent jusqu’à l’existence de notre pauvre pays. Eh bien je n’en ai nulle envie.

La seule liberté que je connaisse se trouve dans ma tête. Tout le reste n’est que contraintes plus ou moins rigoureuses dont nul ne saurait totalement s’affranchir. Dans ma tête, je suis libre de penser ce que je veux sans que cela nuise à -ou outrage- qui que ce soit. C’est moi qui décide d’exprimer ce qui me passe par la tête ou pas.

Si les gens laissent envahir leur esprit par ce qu’il est admissible de penser, s’ils adhèrent avec plus ou moins d’enthousiasme aux contraintes qu’on leur impose, grand bien leur fasse !

Pour ce qui est des malheurs de notre sacro-sainte culture dont au fond peu de gens ne partagent que quelques bribes, qu’y puis-je ? Si mes concitoyens s’intéressent plus à la baballe, aux images qui bougent venues d’Outre-Atlantique ou aux conneries wokistes du même tonneau qu’aux merveilles architecturales, littéraires ou autres que nous ont laissées les siècles passés, qu’y puis-je ?

Si, par peur de l’aventure plus que par conviction une majorité de mes contemporains placent à la tête de l’État des insignifiants dotés d’un charisme d’huître, ils n’obtiennent que ce qu’ils méritent et tant qu’on n’aura pas trouvé un système moins imparfait que la démocratie représentative, cela continuera, que ça me plaise ou non.

Cela dit, qu’est-ce qui peut bien justifier mon titre ? Juste une petite chose. Il se trouve que je fais partie du « Club des douze » qui rassemble, selon son auteur, les lecteurs du journal de M. Didier Goux. Et hier après-midi, dans la quasi-torpeur qu’engendrèrent les bombances du nouvel an, je me suis délecté de cette lecture, comme au début de chaque mois depuis plus de dix ans. N’allez pas croire que je souscrive sans la moindre réserve à chaque phrase qu’il contient. Je dois avouer que je me fous comme de l’an quarante de savoir si Vautrin était-un peu, beaucoup ou à la folie- homosexuel. Les éloges permanents adressés à M. Proust, auteur qui me tombe des mains, ne m’enthousiasment guère. Pas plus que les longs passages consacrés à nombre d’auteurs que je n’ai jamais lus et que sauf accident, je ne lirai jamais.

Ce qui pour moi fait le charme de cette lecture, c’est, d’une part, son style et d’autre part les petites notations qu’elle contient sur de menus incident de la vie quotidienne de son auteur toujours teintées d’un humour léger. Le style : tout est là. Je pourrais dire que si Proust me tombe des mains, c’est que les remarques fines ou pas d’un snobinard sur la vie mondaine du début du siècle dernier ne me concernent pas. Mais ce serait mentir. Ce qui me le rend illisible, c’est un style lourd et indigeste à mes yeux. D’ailleurs en quoi les heurs et malheurs d’Eugénie Grandet, du Père Goriot ou de nombre de personnages des meilleurs livres de Romain Gary me concerneraient-ils davantage ?

Deux passages ont, ce mois-ci, particulièrement retenu mon attention. D’abord, celui concerné à l élection de Vargas Llosa à l’Académie Française. Je ne partage pas son indignation. Il me semble que ce prix Nobel de littérature qui a, de nombreuse années, vécu dans notre pays a autant sinon plus sa place dans cette vénérable institution que nombre d’obscurs personnages qui en encombrent les fauteuils. De plus, l’évocation de cet auteur m’a remémoré tout le plaisir que j’avais jadis pris à la lecture de « La Tante Julia et le scribouillard ». Ayant envie de revivre les moments de pure rigolade que j’avais connus en lisant les récits de plus en plus échevelés du scribouillard, je l’ai d’ailleurs commandé ce matin.

L’autre passage qui m’a frappé est celui où, après s’être déclaré étranger à la notion de loisir il prévient d’éventuelles critiques en affirmant que la littérature, au moins pour lui, ne pouvait aucunement être considérée comme un loisir mais comme un élément essentiel de sa vie. Je lui ferai simplement remarquer que tout loisir, quand il se transforme en passion quasi-exclusive, que ce soit le bilboquet ou le hula-hoop, peut devenir « la part la plus essentielle d[‘une] existence ». Cette sacralisation de la littérature m’est étrangère. Bien qu’ayant passé de longues années a étudier les littératures française et anglo-saxonnes, bien que lisant bon an mal an quelques dizaines d’ouvrages dont je m’empresse de ne pas parler, la littérature n’est pour moi qu’un centre d’intérêt entre bien d’autres.

Cela dit, il n’en reste pas moins que je recommande la lecture de ce journal pour les raisons que j’ai dites et que je vous souhaite une aussi bonne année que votre détachement face aux remous externes rendra possible.

jeudi 30 décembre 2021

Complotisme


Sauf erreur de ma part, il m’a semblé percevoir de légers relents de complotisme dans les récents commentaires de certaines personnes qui prennent la peine de déposer leurs opinions au bas de mes modestes écrits.

Il se trouve malheureusement que, mon goût du drame étant très modéré, j’ai du mal à me sentir entouré de menaces létales encouragées, sinon diaboliquement organisées, par une poignée d’individus visant à éradiquer toute vie de la surface terrestre.

Un certain M. Big Pharma, allié aux industriels du phytosanitaire et soutenu par des politiciens corrompus et des media aux ordres, serait responsable d’imminentes catastrophes propres à reléguer la Peste Noire du XIVe siècle au rang d’aimable plaisanterie après avoir établi une terrible dictature mondiale.

Jusqu’ici, le moins qu’on puisse dire est que leur plan machiavélique n’a pas très bien fonctionné. Malgré tous leurs efforts, on a assisté, ces dernières décennies, à de curieux phénomènes. Ainsi, la population mondiale est-elle passée de 3 milliards en 1960 à plus de 7 milliards en 2020 sans que le taux de malnutrition ait augmenté dans les mêmes proportions. De même, l’espérance de vie à la naissance a globalement augmenté surtout dans les pays développés pourtant les plus médicalisés. Quant à l’asservissement des peuples, c’est leur faire peu confiance que de les penser incapables de s’asservir tous seuls, surtout en Occident où l’exigence de nouvelles contraintes n’a pas de limites. Comme le faisait judicieusement remarquer, il y a quelque temps déjà, M. de La Boëtie, « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ».

Nier que certains médicaments puissent avoir des effets secondaires néfastes, voire létaux, qu’il en va de même pour certains produits phytosanitaires, serait refuser l’évidence. Reste à en déterminer le rapport bénéfice/risque et si celui-ci montre que les risques l’emportent sur les bénéfices à y remédier (ce qui ne se fait pas en un jour). Il est à noter que les effets nocifs des produits sont généralement recensés par des officines gouvernementales qui dans l’hypothèse d’un complot n’auraient pour fonction que de les masquer.

Le complotisme, selon moi, consiste, au-delà des simples constats, à déceler dans les phénomènes observés, un plan général visant à nuire.

Je veux bien tout ce qu’on veut mais si les multinationales pharmaceutiques ou phytosanitaires avaient pour but de détruire l’humanité, ce serait se tirer une balle dans le pied voire dans la tête :que deviendraient-elles, sans ces clients qui, certes, sont un ramassis d’emmerdeurs mais sans lesquels elles mourraient ?

Ces portes ouvertes dûment enfoncées, je me contenterai donc sans angoisses ni suspicions aiguës de continuer mon petit bonhomme de chemin qui me mènera, l’âme sereine, jusqu’à l’Ehpad et/ou la mort.

Et comme en France tout est censé se terminer par des chansons, je vous propose celle-ci qui du temps où c’était moins en vogue souligna de manière plaisante l’existence de complots :



lundi 27 décembre 2021

Salutaire piquouse !

 


Jeudi dernier, 22e jour du mois de décembre de l’an 2 du Covid, j’annonçai dans ces termes à ma fille Anna un événement marquant , du moins pour moi : « Cet après-midi, je me rendrai à Flers (une des villes où l'on vaccine le mieux au monde) afin d'y recevoir ma troisième injection. Si je n'en meurs pas, je pourrai donc à nouveau marcher la tête haute. Dans le cas contraire, j'irai au paradis. C'est donc avec confiance que j'affronterai cette épreuve ! ». Avec un humour tout étiennesque, elle me répondit : « Tu pourras marcher la tête haute au paradis en ayant allongé de manière substantielle l'apport pour l'achat de la maison* » Faire d’une pierre trois coups, je n’y avais pas songé :retrouver ma fierté citoyenne, parader au paradis et faire, sur Terre des heureux, peut-on rêver mieux ?

C’est donc l’âme légère que je me rendis au centre de vaccination. Ce ne fut pas une mince affaire : le centre ayant été transféré de l’hôpital au cœur de la ville et Noël approchant j’eus du mal à me garer. Après quelques tours d’un parking payant, je finis par y trouver une place mais au moment de prendre un ticket, je ne parvins pas à faire fonctionner la machine. Afin de ne pas être en retard à mon rendez-vous, je décidai de m’en passer et parcourus au pas de charge les 500m me séparant de la clinique où j’arrivai à temps.

Après que l’on eut contrôlé mes papiers, on me pria de me rendre dans une salle d’attente bondée où les mesures de sécurité avaient été oubliées. Je n’étais visiblement pas sorti de l’auberge et mon agacement fit place à une résignation morose. Je finis par être appelé pour l’entretien médical préalable à l’injection.

La jeune médecin, d’origine exotique, était bien jolie. Toutefois je m’aperçus vite que le jour où l’on avait distribué l’humour elle avait oublié sa gamelle. Avec le sérieux d’un employé des pompes funèbres en service, elle me fit un exposé très complet des conséquences parfois catastrophiques que pouvait avoir la piquouse. Ce n’était pas très rassurant, aussi lui demandai-je quelle était la fréquence de ces redoutables effets secondaires. Pour toute réponse, elle me déclara, comme je m’en serais douté sans son aide, que ça dépendait des personnes…

Ainsi rassuré, j’allai dans une pièce où une infirmière, souriante, elle, me piqua avant de s’enquérir de ma forme. Je sais que je ne suis pas de première fraîcheur mais de là à me cajoler comme un enfant peureux… Après le quart d’heure d’attente réglementaire destiné je suppose à vérifier que les vaccinés passaient l’épreuve sans tourner de l’œil, je pus rejoindre ma voiture, vérifier que je n’avais pas écopé d’une amende et reprendre la route.

Quatre jours ont passé depuis. Pas plus d’effets secondaires que de beurre en broche, si l’on excepte un état un peu vasouillard le matin de Noël mais que j’attribuerais plutôt aux libations accompagnant l’excellent repas de réveillon qu’avait concocté ma fidèle amie Nicole. J’ai donc, faute de paradis et de coup de pouce au projet immobilier d’Anna, simplement recouvré ma fierté citoyenne. Du moins jusqu’à la prochaine piquouse.

*Avec son mari, elle convoite une maison aux environs de Toulon.

jeudi 23 décembre 2021

Parlons foie gras !


 

« Décembre 2021 sera consacré au foie gras ou ne sera pas ! ». Ainsi parlait M. André Malraux. Je ne suis pas certain du verbatim mais il a dit ou écrit quelque chose d’approchant, j’en suis certain. Pour ce qui me concerne, cette phrase s’avéra prophétique.

Pour être tout à fait honnête, c’est le 24 novembre que je me lançai dans la confection de cette préparation culinaire délicate. Mon premier essai ne fut pas très concluant. Le temps de cuisson indiqué sur l’étiquette accompagnant mon foie cru était bien trop long et beaucoup de gras s’en échappa. De même, la quantité de poivre et de sel préconisée que j’avais scrupuleusement respectée avec ma balance soi-disant sensible au gramme près se montra trop importante. Le résultat fut donc décevant.

Le 2 décembre, à Toulon, en compagnie de ma fille, je tentai une seconde expérience. Nous éveinâmes le foie et, plutôt que de peser l’assaisonnement, j’y allai au pif, enduisant les lobes d’un mélange de sel et de poivre. Pour ce qui est de la cuisson, nous la fîmes au bain-marie dans le four préchauffé à 100 ° C. pendant une heure, en vérifiant de temps à autre que le foie ne baignait pas dans sa graisse. Le résultat fut parfait : plusieurs soirs durant, nous pûmes ainsi savourer un foie mi-cuit excellent sur de petits toasts de pain de mie.

Ma fille laissant libre cours à la joie juvénile que provoque en elle la dégustation du plat que je photographie avec le sérieux qui s'impose.

A mon retour, enhardi par cette réussite, j’achetai un foie gras cru éveiné chez ce bon M. Carrefour avec lequel il m’arrive de tromper mon cher Leclerc. Plutôt que de tirer les leçons de cette expérience , j’eus la faiblesse de suivre les instructions de l’étiquette soi-disant adaptées à la cuisson au bain-marie dans un four à chaleur tournante comme est le mien. La cuisson, une fois encore, fut trop longue et trop de gras s’échappa. De plus, quand je le goûtai, je notai une certaine amertume. M. Google me permit de découvrir l’origine de ce désagrément : mon foie avait été mal éveiné comme je pus le constater ensuite. Après plusieurs jour au frigo, ce goût s’estompa.

Je ne me laissai pas pour autant décourager. J’achetai chez M. Leclerc, un foie éveiné. Rendu méfiant, j’incisai les lobes pour y vérifier l’absence de veines. Le travail avait été bien fait. J’assaisonnai mon foie, le tassai dans la terrine et le fit cuire au bain-marie une heure durant en en vérifiant tous les quarts d’heure qu’il ne fondait pas. Mon four ayant tendance à chauffer plus que celui de ma fille, j’avais réduit la température à 80 °C. Le résultat fut vraiment satisfaisant, égalant celui obtenu au pays des Mocos*. Je me suis régalé, en guise de déjeuner, de deux tranche sur pains de mie grillé, arrosées d’un Côtes de Bergerac blanc.

Les angoisses de la cuisson ayant disparu, je passerai désormais devant le rayon des foies gras avec un sourire narquois.

*surnom des habitants de Toulon que Gabin, dans le rôle de Pépé, immortalisa.