Samedi dernier m’est venu l’idée de renouveler un peu cette magnifique fête venu d’Outre-Atlantique qui permet à nos chères têtes blondes de venir en soirée sonner à nos huis avant de nous proposer le choix entre un bonbon et une farce (ou un sort) sans qu’on sache au juste en quoi pourrait consister la farce ou le sort. N’étant que très moyennement croyant en la puissance réelle de la magie, j’avoue que la menace d’un sort ne m’effraie que très modérément. Quant à la farce, si elle reste de bon goût (comme celles dont on farcit volailles et légumes) en quoi constituerait-elle une menace ?
En revanche, à notre époque de grande hygiène alimentaire, offrir à ceux qui sont l’avenir de notre civilisation des bonbons propres à leur niquer les dents et à les engager sur le périlleux chemin du diabète de type B, me paraît hautement criminel. Il m’a donc semblé judicieux de préférer offrir aux quémandeurs des tronçons de saucisse arrosés d’un petit coup de rouge (boisson qui, vu l’état dans lequel leur progéniture rentrerait après n’avoir racketté que quelques maisons tendrait à tempérer l’enthousiasme des parents vis-à-vis de cette sympathique fête).
Je me mis donc en devoir de pouvoir offrir ce type de mets à mes éventuels visiteurs. Je découpai en lanières les 1,4 kg de viande maigre d’une rouelle de jambon et les 600g de gras de porc nécessaires à mon projet :
Je les hachai en alternant gras et maigre avec une grille de 10 mm (en fait, une de 8 aurait été suffisante) puis, vu qu’il s’agissait d’une première, pris la sage décision de ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier ou plus exactement tout mon porc dans la même mêlée afin d’être en mesure d’offrir un choix à mes visiteurs. Je séparai donc mon hachis en deux parties d’un kilo. J’aromatisai l’une à l’oignon et au persil et l’autre aux herbes (thym, romarin et persil). Une fois les deux mêlées homogénéisées, je procédai au remplissage de mes boyaux préalablement dessalés (ou, en langue charcutière, à l’embossage) et me trouvai bien vite (après un premier essai portant sur des chipolatas et des saucisses de canard, je maîtrisais la technique) avec un kilo de saucisses aux herbes :
et un kilo de saucisses à l’oignon :
Hélas, un élément inattendu vint empêcher la mise en œuvre de mon projet : le lendemain, de fortes pluies et un vent tempétueux poussèrent mes potentiels visiteurs à rester à l’abri dans leurs foyers et je me retrouvai avec mon stock de saucisses sur les bras. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, je dus me contenter de goûter ma production avant d’en congeler le reste.
J’espère que l’an prochain le temps sera plus favorable à mon projet et que nombre de mes lecteurs suivront mon exemple afin de franciser cette fête et de sauvegarder la santé de notre belle jeunesse.