Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. La sagesse des nations a bien raison. Malheureusement, au niveau politique, le plus élémentaire bon sens n’est pas de mise. Lors de la dernière élection présidentielle, nous avons pu assister à cette sorte de combat de coqs rituel qu’est le débat d’entre deux tours. Un des candidats y aurait dominé son adversaire de manière si totale que cette dernière se vit donnée par des media unanimes pour morte et enterrée. Plus de quatre ans plus tard, le cadavre a toujours bon pied bon œil et serait peut être en tête des sondages si, sorti d’un chapeau, un trublion* n’était récemment venu brouiller les cartes.
J’avoue être de plus en plus sceptique sur l’intérêt que peuvent présenter les débats en général et ceux d’entre deux tours en particuliers. Ayant depuis plus de trente ans choisi mon camp et n’ayant par conséquent rien de la girouette, je ne vois pas comment un combat verbal pourrait influencer mon choix. De plus, une large majorité des électeurs ne se donnant pas la peine d’en suivre les échanges, son impact ne saurait être vraiment déterminant (en 2017 : 16,5 millions de téléspectateurs pour 47,5 millions d’inscrits soit un peu plus d’un tiers du corps électoral) . Enfin, et de plus en plus, le débat prend un tour essentiellement technocratique, ce qui lui fait perdre de son intérêt.
Je m’explique : pour moi, un aspirant président devrait se présenter comme l’architecte de la maison France. Celui qui conçoit sa structure et laisse le soin aux différents corps de métiers d’en finaliser la réalisation. Le maçon s’occupe des fondations et des murs, le charpentier et le couvreur la mettent hors d’eau, le menuisier pose portes et fenêtres, le plombier s’occupe de l’équiper d’une plomberie performante, l’électricien la câble aux normes, le plaquiste installe les cloisons, etc. L’architecte n’a pas besoin d’être un as de la clé à molette ni un virtuose de la pose des papiers peints. De même, le plombier et le couvreur n’ont pas pour fonction de concevoir la maison. De même le président-architecte n’a pas besoin d’être un spécialistes des questions économiques, sociales, civilisationnelles, ou autres : ce rôle revient aux technocrates qu’il chargera de mettre leur savoir faire au service des grandes orientations qu’il aura définies.
En attendant de l’Homme d’État qu’il soit une sorte d’homme-orchestre omni-spécialiste, on permet peut-être à certains beaux parleurs de « briller » dans les débats mais surtout on dévalorise sa fonction. Bonaparte a inspiré ce qu’on appela un temps le code Napoléon afin de définir et d’unifier le droit français. Il n’en a pas rédigé tous les articles avec son petit crayon. De même de Gaulle et Debré ont inspiré à des constitutionnalistes la rédaction des institutions mettant fin à l’instabilité gouvernementale de la IVe. A l’Homme d’État l’initiative des projets, au technocrate les détails de leur réalisation, aux gogos impressionnables de confondre les deux et d’élire des gens sans autre projet que leur éventuelle réélection.
*Entendons nous bien : je n’ai rien contre ledit trublion, j’ai même commencé, pas plus tard qu’hier, la lecture de son dernier opus que ma fille m’a offert pour mon anniversaire. J’apprécie son talent d’écrivain, je suis d’accord avec lui sur bien des points de ses constats. Simplement, sa possible candidature, en débauchant une partie des partisans du clan attaché à l’identité nationale, risque de faire le jeu du candidat de la « droite de gauche » et de nous amener à un deuxième tour entre M. Blancbonnet et M. Bonnetblanc.
Mwahaha...
RépondreSupprimerA votre âge?
Vous êtes encore assez naïf pour croire que le/la politique pourrait reposer sur des bases raisonnables?
Oui, malgré mon grand âge, je continue à l'espérer. Sinon, il ne nous resterait plus, au moins au niveau politique, qu'à désespérer et à se complaire dans la délectation morose. Comme le trublion, je pense que la France n'a pas dit son dernier mot.
RépondreSupprimerTrouvé pour vous, Oncle Jacques, chez Maxime Tandonnet :
RépondreSupprimerSganarelle dit :
11 octobre 2021 à 10:20
Frère Bertrand est centre droit c’est à dire droite molle ..très molle. Madame Pécresse est la championne des girouettes et ondule avec le vent . Rien d’enthousiasmant.
Actuellement tous les journaleux et autres observateurs politiques sont en guerre contre Zemmour ce qui le rend plutôt de plus en plus sympathique ..et puis cet ovni nous parle de France ça nous change des valeurs républicaines dont on rassasie nos oreilles à défaut de les appliquer. Enfin la foule lambda des électeurs en a assez du croquemitaine Le Pen , on lui préfère Marion qui a l’encontre de sa tante semble avoir l’électricité à tous les étages. Une vraie droite intelligente qui n’aurait pas de complexes et s’en fout de se faire traiter de facho d’homophobe et de raciste serait fort bienvenue.
"Une vraie droite intelligente... ... serait fort bienvenue.". Je n'en doute pas, bien que la notion d'intelligence soit souvent subjective. Je trouve votre Sganarelle bien sévère avec Mme Le Pen.
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