Troisième et (hélas) dernier bouquet de jonquilles cueilli hier dans mon jardin. Vous avez ça en ville ? |
Depuis mon retour de Londres soit plus
de 26 ans, en dehors de deux brefs séjours dans la charmante petite
ville de Châteaudun, je n’ai vécu que dans de petits villages
peuplés d’entre 200 et 3000 âmes. Auparavant, j’avais déjà
expérimenté les joies de la campagne qui sont nombreuses.
Je
ne parle pas du calme car quoi qu’en puisse penser certains
citadins, les sources de boucan y sont nombreuses et même en ces
temps de confinement. Par
exemple, un énorme tracteur attelé à une non moins conséquente
tonne à lisier vient de passer sous mes fenêtres dans un fracas
d’enfer.
Et
puis il y a les cloches qui sonnent heures, quarts, et demies quand
elles ne se mettent pas en branle pour l’angélus
du matin du midi et du soir ou pour quelque messe, enterrement,
mariage ou baptême. Si on ajoute à ça les raffut des tondeuses (à
la belle saison), des tronçonneuses, des scies, et autre machines
agricoles,
les épouvantables chants des coqs, le caquètement des poules et
le criaillement des pintades,
les « chants » pas toujours harmonieux des oiseaux
(celui qui trouve jolis les appels des corbeaux, corneilles, geais
des chênes et autres pies a des goûts
pour le moins spéciaux).
En rase campagne on bénéficie de surcroît du meuglement des
vaches, du bêlement des agneaux quand ce n’est pas un âne qui
vient polluer les airs de son sinistre
braiment. Un capharnaüm sonore ! Pas étonnant qu’excédé
le citadin néo-rural y intente tant de procès à ses voisins
faute de pouvoir traîner directement poules, canards, grenouilles,
chevaux, ânes, coqs, cochons, couvées, cloches, etc. devant les
tribunaux.
Et
si les nuisances n’étaient que sonores ! Mais que dire des
mouches qui en nos terres d’élevage envahissent les maisons l’été
venu ? Et puis il y a
toutes sortes de sales insectes qui piquent de
manière parfois franchement désagréable.
Enfer
plus que paradis ? Non, parce que ces bruits sont naturels ou le
fruit du travail des hommes et qu’ils me dérangent beaucoup moins
que les clameurs des villes et leur agitation fébriles. Ici on est
serein. Les gens peu bruyants, limite réservés. Et puis il
y a tant d’autres avantages ! Plutôt que de vivre dans un
logement exigu, je bénéficie pour
un coût dérisoire de plus de
100m2 d’espace et aucun
voisin du dessus ou du dessous. Mon
petit jardin m’offre l’occasion de prendre l’air et de
l’exercice en le cultivant. J’y cueille des fleurs, y récolte
fruits et légumes à la saison. Bien sûr, au niveau cinéma,
théâtre, expositions etc. C’est inexistant. Mais vu ce qu’on y
projette, joue ou montre, franchement, je ne saurais m’en plaindre.
Et si ça me manquait, je
pourrais toujours aller en ville mais je n’en ai aucune envie.
La
période exceptionnelle que nous vivons prive le citadin de ses
avantages (dont je n’ai rien à faire) mais lui laisse et amplifie
ses inconvénients : promiscuité, espace réduit et même
difficultés voire pénurie d’approvisionnement rendent
sa vie difficile. Je ne le
plains que s’il ne vit en ville que parce que les circonstances l’y
contraignent. S’il s’enorgueillit néanmoins
de sa situation et
des possibilités qu’elle lui offre, je m’en félicite car un
exode massif des villes vers les campagnes nuirait grandement à la
sérénité du plouc que je suis et de ceux qui m’entourent.