..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 9 août 2019

Nouvelles de Corrèze

Vu que depuis quelques jours, ma bonne forme pratiquement recouvrée, j'ai enfin pu rejoindre la Corrèze il serait temps que je fasse part à mes fidèles lecteurs les riches moments que j'y vis.

Grandes satisfactions :

Dès mon arrivée j'ai pu faire d'heureux constats : la maison n'avait pas brûlé ; aucun squatter ne l'occupait ; aucune trace de mérule dans le sous-sol ; aucune infestation de rats ou d'autres animaux désagréables ; le jardinier avait en effectivement tondu la pelouse comme je le lui avais demandé. Bref tout allait bien.

Importante économie :

Depuis quelque temps, je m'étais mis à guigner cette jolie voiture :





Une Mercedes SLK 200K de 2007 que son vendeur affichait à 9200 € ! Une misère ! Même pas le prix d'une Twingo neuve ! Je me voyais déjà à son volant, parcourant les routes de Normandie et du Limousin sous le regard envieux des vaches et des veaux. Je fis part de ma trouvaille à ma fille qui me fit remarquer que, pour emmener déchets verts et gravats à la déchetterie, ce n'était pas l'idéal. Et alors, rien ne m'interdisait de conserver le break ! Je me renseignai sur le coût de l'assurance, épluchai les notices techniques et m'apprêtais à contacter le vendeur. Mais un matin, je réalisai que l'idée n'était pas aussi bonne qu'elle paraissait. Je craignis d'avoir à la rentrer dans le garage afin d'éviter le vandalisme que j'avais connu avec ma première Mercedes. De plus, une telle voiture nécessite qu'on la bichonne or bichonner les voitures n'est pas dans mes habitudes. D'autre part, provoquer l'envie des vaches et des veaux n'est pas indispensable. J'abandonnai donc l'idée et fis ainsi une grosse économie. Je pourrai ainsi utiliser l'argent épargné à d'autres conneries (comme par exemple remplacer mes fenêtres) voire même le conserver.

Resurrection :

Je ne vais pas vous parler de l’œuvre immortelle du non moins immortel Tolstoï. Je viens de quitter Sommerset Maugham pour Graham Greene et ne me sens pas très attirés par les interminables bavardages russes. Il s'agit d'une métaphorique résurrection personnelle Depuis deux mois, pour cause de maladie, je n'avais rien fait de mes dix doigts et sourdait en moi la crainte que cette longue période oisive passée à lire et à regarder la télé ne m'incite à renoncer à tout effort. Eh bien, il n'en n'est rien. Dès mon arrivée je me suis mis au boulot avec ardeur. Et à un boulot que je déteste : poncer des portes avant de les repeindre. Me voici rassuré !

Voisinage :

Le vieux voisin d'en bas qui l'an dernier n'était pas venu passer l'été au village pour cause de maladie de son épouse était là et bien là. Seulement, si je l'ai aperçu, je n'ai pas vu trace de sa moitié. Cela m'inquiète et j'espère que celle-ci n'a pas disparu. Que deviendrait ce brave homme sans elle ? Qui engueulerait-il ? Vous me direz qu'il pourrait prendre un chien et passer ses nerfs dessus mais un chien ne saurait faire oublier des décennies de fervents conflits.

Et les fruits passeront la promesse des fleurs...

Il en avait de bonnes le vieux Malherbe! Il n'y a pas forcement là de quoi pavoiser. J'ai retrouvé le prunus qui, ces dernières années n'en donnait que quelques un couvert de fruits. Ses branches ploient jusqu'au sol sous leur poids :



Seulement, ces fruits ne seraient qu'à peine comestibles sous forme de confitures. Et que ferais-je de centaines de kilos de confiture, moi qui n'en mange jamais ? Toutefois il semble que leur côté acide n'ait pas l'heur d'attirer les guêpes et c'est tant mieux car j'y suis allergique et cela m'interdirai l'accès à mon abri de jardin. J'envisage pour cet hiver une sérieuse taille...

mercredi 7 août 2019

Le diable de Tasmanie

Minou, cet animal griffu, jovial autant que plaisantin qui lacérait avec entrain le cuir de tes fauteuils n'est plus. Ta douleur est immense. Tu t'apprêtes à faire incinérer sa dépouille tandis qu'avec angoisse tu te demandes quel quadrupède pourrait le remplacer. J'ai la solution a tes problèmes : le diable de Tasmanie.

Entendons nous bien : il ne s'agit pas d'un véritable démon auquel on pourrait vendre son âme : ce brave marsupial n'a pas plus le rond qu'il ne collectionne les âmes. S'il s'est vu attribuer ce curieux nom c'est parce que son cri strident effraya les premiers Blancs qui accostèrent sur cette île au sud de l'Australie. Notons au passage que cette particularité vocale est d'un grand intérêt. Grâce à elle, Témoins de Jéhovah, huissiers et autres fâcheux hésiteront à venir vous déranger.

Ce petit animal, de la taille d'un chien, est le plus grand des marsupiaux carnivores depuis que le tigre de Tasmanie (qui n'était pas plus un tigre que notre diable n'en est un) a disparu en 1932 dans des circonstances qui restent à éclaircir. Trapu, de couleur noire, il emmagasine ses réserves de graisse dans sa queue boudinée (particularité que Dieu nous a épargnée). Ses pattes antérieures, plus longues que les arrière, lui donnent un faux air de ce doux compagnon que nous évoquions ici en décembre 2015. Il n'est pas très rapide, ne pouvait que sur de courtes distances atteindre 13 km/h. Ainsi, si le vôtre s'avérait fugueur vous n'auriez pas de mal à le rattraper. Mais plutôt que de longs discours, un portrait serait de nature à vous faire apprécier sa bonhomie :



Mignon, il l'est mais il n'est pas que ça. Je signalais qu'il était carnivore et donc chasseur car en Tasmanie, les alouettes ne vous tombent pas plus toute rôties dans le bec qu'en notre beau pays. Si votre appartement ou votre maison sont infestés de rats, de serpents ou des tout autre animal, votre diable vous en débarrassera bien vite. Opportuniste, il est également charognard. Ainsi, du cadavre de ce pauvre Minou, il ne vous laissera rien car en plus de la chair et des entrailles, il dévore avec entrain fourrures et os. Ainsi, il vous épargnera déplacement et frais d'incinération, ce qui est toujours bon à prendre.

Nul n'est cependant parfait. Bien qu'appliqué, Dieu, vue l'ampleur de la tâche, n'a pu éviter que ses créatures présentassent de menus défauts. Ainsi le bar (ou loup) a trop d'arêtes, le crapaud un physique ingrat et les Rolls Royce sont un peu chères. Notre diable n'échappe pas à la règle : il ne faut pas l'agacer car, stressé, il répand une puanteur digne de celle de la moufette (ou sconse). De même, à moins que vous n'ayez à faire disparaître rapidement le cadavre embarrassant de quelque ennemi, nous vous déconseillons d'en adopter plusieurs, car lorsqu'ils dévorent de conserve une charogne, ils tendent à se disputer et poussent des cris audibles à des kilomètres. Ce qui risquerait de ternir votre images auprès de vos voisins.

En résumé, un Nouvel Animal de Compagnie quasiment parfait.

dimanche 4 août 2019

Promenade (s)

Jeudi dernier, en compagnie de ma fille, nous allâmes visiter la collégiale Saint-Évroult de Mortain avant de visiter, à Gers, le musée régional de la poterie. Visites intéressantes s'il en fut. La collégiale est magnifique. Fondée en 1082 par Robert, Comte de Mortain et frère de Guillaume qui cessa d'être surnommé le Bâtard en conquérant l'Angleterre. Tout en visitant l'église, nous extasier sur sa beauté ne nous empêcha pas de deviser. C'est alors, que, me trompant de Robert, je dis à ma fille que ce brave homme avait combattu son frère à la bataille de Tinchebray. Colossale erreur !

Notre Comte de Mortain ne fut vaincu par aucun de ses frères, c'est son neveu, fils de Guillaume et surnommé Courteheuse (courte botte car, petit il portait des bottes à sa taille) que son frère, roi d'Angleterre, Henri 1er Beauclerc défit dans cette bourgade voisine d'où je vis avant de le garder prisonnier jusqu'à son trépas survenu à l'âge canonique de 8o ans passés.

Il faut dire que ce Robert était un peu turbulent. Très jeune il se révolta contre son papa et aurait même blessé Guillaume lors d'une bataille. Peut-être est-ce pour cela que le Conquérant, préféra que son frère cadet Guillaume le Roux lui succédât. Mais Robert ne se résigna pas à n'être que Duc de Normandie, occupation pourtant prenante vu qu'à la mort de son père, les barons normands eurent le front de contester son autorité et qu'il lui fut pour le moins difficile de la rétablir et d'empêcher les guerres privées. Il se trouve que Guillaume le Roux convoitait autant le duché de son frère que ce dernier désirait son royaume.

Une révolte de barons échoua à renverser Guillaume II et, mauvais coucheur, il débarqua avec son armée en Normandie. Mais parce qu'une bonne alliance vaut mieux qu'une mauvaise guerre, les frères se réconcilièrent, se désignèrent héritier l'un de l'autre par le traité de Caen et s'entendirent pour tenter de récupérer les terres que leur benjamin Henri Beauclerc possédait en Normandie. L'alliance ne dura pas. Robert dénonça le traité. La guerre reprit. Nous étions en 1096. Un légat du pape parvint à calmer le jeu : moyennant une forte somme lui permettant de lever une armée pour aller délivrer le tombeau du Christ, Robert partit pour la Palestine, laissant l'usufruit du duché à Guillaume. Ce n'est qu'en 1100 que le duc revint.

Un mois auparavant, Guillaume avait cessé de vivre, ne laissant aucun héritier. Henri, en fourbe qu'il était, s'était empressé de se faire couronner. Cela n'eut pas l'heur de plaire à Robert qui débarqua à Portsmouth avec son armée. Henri se porta à sa rencontre mais la bataille n'eut pas lieu. On lui préféra un traité par lequel Henri abandonna à son frère ses terres normandes, lui concéda une rente annuelle de 3 000 mille livres moyennant quoi Robert renonça à la couronne. Évidemment, ce traité ne fut pas respecté, les actes belliqueux alternèrent avec des réconciliations sans lendemain jusqu'en 1105 où Henri Beauclerc, débarqua en Normandie avant de livrer le 28 septembre1106 la bataille décisive de Tinchebray qui lui permit de s'approprier le duché et, accessoirement de capturer son frère qu'il garda prisonnier 28 ans durant avant que la mort ne le délivre.

J'ai pris un vif plaisir à me promener dans la vie de ces trois frères. Je ne vous en livre qu'un résumé. L'existence de chacun d'eux est passionnante, riche en rebondissements. Y apparaissent une foule de personnages secondaires, cupides, intrigants ou débauchés (quand ils ne sont pas les trois) qui montrent si nécessaire que la politique d'aujourd'hui est bien terne comparée à celle des XIe et XIIe siècles et que les conflits familiaux ne datent pas d'hier.

M. Georges

Contrairement à ce que certains pourraient penser, je ne vais pas ici parler d'un patron de boxon mais d'un mien professeur. Un de ceux qui vous aident à ne pas trop penser. 

Alors que je suivais des cours au CFPEG de Tours, je l'aperçus sous le préau. Il était grand, un peu voûte comme ceux qu'une rapide croissance a voûtés. Je m'approchai de lui et, pensant que le flatter sur son enseignement lui plairait, je lui adressai la parole. A ma surprise, mon enthousiasme le laissa de marbre. De sa voix douce et un peu lasse, il me déclara : « Voyez-vous, nous approchons des vacances et, quand on y réfléchit, des vacances, on n'en a pas tellement dans une vie... » Mes louanges en furent douchées mais se créa entre nous une sorte d'amitié.

Je me souviens que, lui demandant pourquoi il s'était donné la peine d'être agrégé, il me répondit que, sa femme étant promise à sortir majeure de sa promotion de Normale Sup, il n'avait pas le choix. Une autre fois, il se déclara l'agrégé le plus ignare de France. Toutefois, je me souviens de l'entendre me dire que s'il avait à emporter des livres sur une île sans espoir de retour il emporterait des classiques grecs et latins. On ne se refait pas...

Avec mes meilleurs copines, nous fûmes invités dans son beau studio du vieux Tours, il nous invita dans des restaurants classieux et nous l'invitâmes chez moi.

Quand j'épousai Nelly, je l'invitai. Il assista à la cérémonie mais, plutôt que de participer aux agapes, il préféra nous inviter le lendemain à l'Hostellerie du Roi à Guingamp où nous nous régalâmes d'une araignée magnifique.

Nous nous revîmes un peu plus tard dans sa maison de bord de mer où son épouse encouragea Nelly à me pousser à préparer l'agrégation comme si ç'avait été une chose capitale. Il n'empêche que c'était gentil de sa part.

Quelques années pus tard, je l'aperçus dans un supermarché de Lannion. Il avait l'air bien affaibli. Il m'apprit qu'il avait subi une opération à cœur ouvert. Il nous convia à dîner. Les choses avaient bien changé. Arrivant en Mercedes, sa villa de bord de mer me parut une bicoque. Nous dînâmes autour d'un feu, buvant du Four Roses puis de bons vins. Il me rappela qu'un temps fut il m'arrivait de tenir des propos cryptocommunistes. Eh oui, les temps changent et j'avais bien changé...

Plusieurs années passèrent. Mes heures de « gloire » aussi. Me trouvant dans la panade, j'essayai de le contacter des fois qu'il eût pu me conseiller. Sa femme me répondit qu'il était hospitalisé pour des problèmes cardiaques. Ce furent les dernières nouvelles que j'eus de lui.

Je suppose qu'il est mort aujourd'hui, ce serait de son âge... Peu importe au fond, ce qui reste, M. Somerville, c'est que vous fûtes pour moi un maître.

PS : Je rouvre les commentaires de manière à ce que les sous-merdes qui viennent déposer ici leurs anémiques étrons puissent exposer à qui veut les lire l'incommensurable néant de leurs tentatives d'expression.

lundi 22 juillet 2019

Conquête de la lune

Le vingt-et-un juillet 1969, j'eus une surprise en arrivant au bureau de poste où je remplaçais un facteur en congé. Avant d'être d'une ponctualité exemplaire, j'avais une forte tendance à être en retard. Ce fut le cas ce matin-là. La receveuse, une femme dont l'extraordinaire laideur pouvait expliquer le caractère aigri, m'adressa d'agressifs reproches. A ma grande surprise, une employée prit ma défense, arguant qu'en un tel jour, un retard était excusable. J'appréciai ce soutien inattendu. Cependant, je m'interrogeai sur son origine. Qu'est-ce que ce jour pouvait bien avoir de si spécial pour qu'il justifiât mes errances ?

Car il se trouve que, si j'avais entendu parler d'une expédition lunaire des Étasuniens, vu le peu d'intérêt que j'y trouvai, je ne savais pas que ce grand pas pour l'humanité s'était produit quelques heures avant que j'embauche. La personne qui m'avait défendu pensait donc que comme 500 millions de terriens j'avais passé ma nuit les yeux rivés sur mon écran de télévision. Ce n'était évidemment pas le cas car même si j'avais été au courant de l'événement, je ne serais pas resté éveillé pour y assister. Je dois confesser ma totale indifférence à la conquête spatiale. Je ne saurais expliquer pourquoi. Toutefois, je ne vois pas en quoi le petit pas de M. Armstrong a pu changer ma vie.

Sa phrase historique, probablement aussi spontanée que la récitation d'un écolier, avait de la gueule. Enfin beaucoup plus que n'en aurait eu l'exclamation « Ah, putain, encore une merde de chien ! » si son pied s'était posé sur une de ces déjection qui font l'attrait des trottoirs de nos cités. Dieu merci, la lune étant aussi dépourvue de ces canins que de vertes prairies, le risque d’occurrence de cette phrase était nul.