L'écriture inclusive
n'est pas la solution. Même notre excellent premier ministre s'en
est rendu compte, c'est dire si c'est évident. La solution est
ailleurs. Toujours à la recherche de réponses aux vraies questions
du temps, je me suis lancé dans une réflexion à la fois profonde
et audacieuse dont je vous livre sans plus tarder le résultat.
La société patriarcale
a eu pour effet de donner aux métiers et activités des noms, à de
rares exceptions près, masculins. A une époque où il est devenu
impérieux d'innover en reniant l'histoire, ces traces d'un passé
honteux se doivent d'être effacées. La meilleure manière de palier
ces inadmissibles défauts de la langue est donc de donner à toutes
les activités une forme féminine et une forme masculine. Le
processus est en marche (comme la république) mais de manière
timorée, incomplète et erratique. Prenons des exemple existants. Le
féminin de danseur est danseuse et non danseure. Il serait donc
logique que l'on adopte pour les féminiser autrement qu'à l'écrit,
les mots docteuse, ferrailleuse, auteuse, etc. Vous me direz mais
dans ce cas quid de l'institutrice, de de la directrice (si, si, le
mot existe!), de l'agricultrice, voire de la puéricultrice etc. ?
D'abord il n'y a plus d'institutrices : les professeuses des
écoles les ont remplacées. Pour les autres, et dans un but
d'harmonisation simplificatrice, on passe au -euse. C'est simple,
non ?
Reste le problème des
fonctions ou des emplois qui n'ont pas de masculin. Ils sont rares
mais existent. Une sentinelle ou une estafette étaient naguère
généralement des hommes. Ce n'est pas correct. Si seules les femmes
ont droit aux formes féminines, les hommes remplissant ces fonctions
devraient logiquement être des sentinels ou des estafets. Quoique,
dans le premier cas sentineau serait préférable car phonétiquement
différencié.
Les noms de métiers
épicènes posent un vrai problème. Comment différencier un
chimiste d'une chimiste, une machiniste d'une machiniste etc. ?
La solution à l'écrit est simple : on rajoute un e et nous
voilà face à une chimistee, une proctologuee ou une pigistee.
Seulement, à l'oral que faire ?
Mais comme le prouvent
bien des chômeurs, il n'y a pas que le travail dans la vie. Comment
pourrait-on supporter plus longtemps que tous les noms soient
féminins ou masculins ? Il leur faut deux formes. Que LE
courage s'oppose à LA lâcheté est inique. On nous parlera du latin
et d'autres fariboles. Et pourquoi pas de l'indo-européen si on est
parti à déconner ? A côté de ces formes, la couragee et le
lâcheté s'imposent selon qu'en font montre homme ou femme. De même
pour l'anatomie : les hommes auraient des reins, un vessi, des
cheveux, des esseaux, des genoux et les femmes des reines, une
vessie, des cheveuses, des aisselles, des genouses. Pour les parties
intimes, une réforme s'impose également : il est grand temps
que l'on rétablisse un peu d'ordre. Les dames auraient une vagine,
une utérusse et sa colle tandis que les hommes garderaient leur
pénis, les petits gnarçons auraient un petit quéquet et les deux
une paire de couils.
Pour ce qui est des
animaux, louve, hase laie, poule, renarde, biche, vache, truie
attestent depuis bien longtemps que mâle et femelle ne sauraient
être indifférenciés. Seulement l'exception n'est pas la règle !
Je proposerai donc qu'un souris ait sa sourise (il est bien court le
temps des sourises!), un moineau sa moinelle, une hirondelle son
hirondeau, une caille son cail, les passereaux des passerelles, un
maquereau sa maquerelle, un bar* sa bare, un veau sa velle, etc.
On pourrait, bien sûr,
créer un genre neutre qui effacerait masculin et féminin. Ce serait
trop de boulot et au début plus personne ne se comprendrait. Ma
solution me paraît donc préférable.
* je parle du poisson,
mais ça pourrait également concerner le bar-tabac ou le bar à
putes selon qu'ils seraient tenus par un homme ou par une femme.