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Dernièrement, l’essentiel de mon temps a été consacré à la
réfection des joints de mon garage, occupation aussi nécessaire qu’ingrate et
épuisante. Entre autres conséquences, cette tâche m’a tenu éloigné de ce blog,
et je prie ceux qui depuis des années déjà viennent y puiser leur ration
quotidienne d’instruction et de sagesse de m’en excuser, mais comme disait
Heidegger « On ne peut pas être au
four et au moulin ». Toutefois, le travail manuel ne saurait dispenser
de la réflexion profonde. J’irais jusqu’à dire qu’il la favorise et qu’il
fournit parfois fortuitement des réponses aux questions fondamentales que se
pose tout esprit curieux depuis que l’homme est homme et le monde monde. Ainsi
ai-je découvert, en faisant sauter les joints anciens au burin monté sur ma perceuse
à percussion Metabo* ce qu’il advenait des cloportes durant la mauvaise saison.
Parmi les sujets de conversation de l’honnête homme de ce
siècle, le cloporte occupe une place bien souvent modeste. Pourtant, s’il est
une créature qui mérite attention et estime, à l'exception près du lapin, c’est bien lui. Peu de gens le savent, mais
cette sympathique petite bestiole qui compte plus de trois mille espèces dont
cent-soixante en France** est un crustacé. Il est même le seul de cette famille
à être entièrement terrestre, ce qui prouve sa grande intelligence car à la
différence de ses cousins et cousines les crabes, langoustes, homards et autres
écrevisses son habitat le met à l’abri des pêcheurs. Une autre de ses
caractéristiques morales est la modestie : il a horreur de la lumière et
se tient par conséquent dans des endroits sombres et mène une vie nocturne sans
faire le moindre tapage. Ce n’est pas lui que l’on verrait dévorer les choux,
comme certaines larves de papillon sur les méfaits desquelles nous éviterons de
revenir. En fait, il se nourrit de détritus végétaux et ainsi favorise un
retour rapide des nutriments dans le sol. C’est donc un animal utile.
Du point de vue physique, on ne peut pas dire que la nature
l’ait vraiment gâté. Ne croyez pas qu’il en souffre ! D’un naturel jovial,
optimiste, et sage, il a bien vite compris que « dans la vie, faut faire avec c’qu’on a » c’est pourquoi
il ne milite pas à la CGT. Il bénéficie cependant de certains avantages, ainsi
son thorax est divisé en sept segments dont chacun porte une paire de pattes,
ce qui est bien pratique pour se déplacer surtout quand, comme c’est son cas,
on est exempt d’arthrose du genou et de la hanche. Bien sûr une telle
caractéristique pourrait ruiner sa famille en achats de souliers mais adultes
comme enfants préfèrent aller pieds nus. La femelle transporte ses œufs fécondés
dans une poche incubatrice nommée « marsupium »
et semble, après un mois, « donner naissance » à ses petits ce qui la
rapproche à la fois de la vipère et de la femelle kangourou bien qu’elle ne
morde pas comme la première et saute moins loin que la seconde.
Seulement, malgré toutes ses qualités, le cloporte n’en
demeure pas moins une énigme. Comme moi, vous vous êtes certainement maintes souvent
demandé ce que le cloporte pouvait bien faire de sa peau l’hiver, quand le
détritus végétal se fait rare. La réponse est simple : comme l’ours, la
marmotte, le hérisson ou le sénateur, il hiberne. Il se cherche un endroit
tranquille, se roule en boule (il a cette capacité !) et attend que ça se
passe. A moins qu’un abruti, avec sa Metabo se mette en tête de venir détruire les
joints de son garage et ce faisant vienne perturber son salutaire repos… Eh
oui, sans le vouloir j’ai perturbé la vie de centaines de ces estimables
bestioles. Sans compter qu’il va être difficile pour cellesque je n’aurais pas
intempestivement réveillées de franchir la barrière que constituent les nouveaux
joints…
*Si j’en trouve un
jour le temps, il faudra que je consacre le long panégyrique qu’il mérite à ce magnifique
outil qui depuis plus de dix ans me sert avec une efficacité et un dévouement
dignes d’éloge.
**Soit presque autant que de nationalités d’origine dans une
école du 9-3 sans que ces deux faits entretiennent le moindre rapport.
DERNIÈRE MINUTE :
Afin de répondre aux interrogations d'Orage qui se demandait quelle différence pouvait exister entre anciens et nouveaux joints, je vous soumets les photos suivantes :
Avant :
Vous noterez la disparition partielle des joints. Ne subsistent que de tristes restes. Ailleurs, le vieux mortier laisse place au torchis ou à des trous où viennent parfois s'installer plantes et nids de bourdons.
Après :
Après avoir supprimé les restes de joints et creusé les interstices entre les pierres, les cavités sont bouchées au mortier de ciment ce qui évite que les murs ne se dégradent davantage. Certains diront que c'était mieux avant. Je ne partage pas leur goût des ruines...