L’actuel débat sur l’intervention en Syrie est certes
passionnant. Figurez-vous qu’une ligne rouge, blanche ou noire a été franchie
et ça, c’est intolérable. Rendez-vous compte : au nombre des victimes on
compte d’innocents enfants morts dans d’atroces
douleurs, victimes du GAZ ! Beaucoup d’autres, enfants, femmes,
vieillards, hommes jeunes ou vieux
conserveront à vie des séquelles de cette exposition. Il est donc urgent d’aller larguer quelques
bombes de plus sur ce malheureux pays, histoire d’enseigner à ses dirigeants la
différence entre l’acceptable et l’inacceptable. Bien entendu, comme le
soulignait Michel
Desgranges, il se pourrait bien que ces frappes fassent quelques victimes
innocentes mais, comme le disait si bien un de ces charmants professeurs
communistes qui nous endoctrinaient en Terminale, « on ne fait pas d’omelette
sans casser d’œufs » (il justifiait ainsi les peccadilles staliniennes).
Moi, cette histoire d’acceptable ou d’inacceptable, j’ai du
mal à l’accepter quand on parle de guerre. Mille gazés, c’est pas bien. Cent
mille tués, c’est correct. A croire que le bon vieux missile traditionnel, la
rafale de mitrailleuse ou de Kalachnikov, le bombardement aérien, les tirs d’artillerie
et jusqu’au poignard ou au sabre ne font jamais d’innocentes victimes, que les
gens qui meurent broyés sous les décombres de leurs maisons ou après avoir reçu
une rafale dans les tripes meurent dans de bien douces douleurs. A croire que
ces méthodes traditionnelles ne laissent aucunes séquelles aux survivants. A croire que les
unijambistes, manchots, culs-de-jattes et autre gueules cassées que l’on
croisait encore en nombre dans mon
enfance, suite à Grande Guerre, étaient autant de simulateurs faisant leurs
intéressants.
Les crimes de guerre ou autres crimes contre l’humanité (ces
derniers étant généralement perpétrés
durant des conflits) me semblent des notions stupides. Comme s’il existait des
gentillesses de guerre ! Comme si la guerre, toute guerre, n’était pas un
crime en soi. Eh oui, c’est triste à dire en nos temps de bellicisme de salon,
mais je suis un pacifiste. Je n’aime pas les guerres. Même « justes ».
Même de « libération ». Pur ou impur, je n’aime pas trop voir le sang
abreuver nos sillons. Ce n’est pas que je place la vie humaine au-dessus de
tout, je
l’ai déjà dit, voir une crapule irrécupérable se faire trancher le cou m’émeut
bien moins que l’ultra-sensible Badinter. Mais la guerre, elle, ne fait à de
rares exceptions près, que d’innocentes victimes qu’elles soient militaires,
civiles, hommes, femmes enfants ou vieillards. Et il semble qu’à terme elle ne
résolve rien. Les victoires d’hier
préparant souvent les conflits et défaites de demain.
Mais, pomme à l’eau, que ferais-tu si l’on venait, jusque
dans tes bras égorger ta fille et ta compagne ? Hein, que ferais-tu ?
Je n’en sais rien. Je n’ai pas de
solution réelle, je crois simplement que, si possible, je tâcherais de quitter
les lieux avant que les féroces soldats ne poussent leurs premiers
mugissements. Contrairement à l’immense majorité de mes contemporains pour qui
l’héroïsme est une seconde nature, je me comporterais en lâche, laissant le
beau rôle et la gloire à ceux qui les méritent et qui seront, n’en doutons pas,
légion.
Je sens que je vais me faire des amis. Car pour tous les va-t-en-guerre (civile ou extérieure) le
pacifiste est un monstre à massacrer en priorité avec toute la haine et le
mépris qu’il inspire.
Et puisqu’en France tout finit par des chansons je vous en proposerai
d’abord deux de Brassens que vous trouverez ici et là,
une de Ferré (sur un
poème D’Aragon qui n’a pas écrit que des conneries) et pour finir, bien qu’il s’agisse
d’un autre problème, je vous suggérerai
d’écouter ce que Félix Leclerc a pu chanter sur « Les 100 000 façon
de tuer un homme ».