..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mardi 4 décembre 2012

Ironie de la mort !



Les Sanson constituèrent une longue lignée de bourreaux. Six générations !  Rien que ça !  De 1684 à 1847 quand on en avait été jugé digne, on voyait,  en la bonne ville de Paris, son exécution confiée à un Sanson. Tant qu’à se faire décoller, autant que ce soit par des artisans qui au fil des générations, grâce à la transmission des acquis, avaient su élever leur  artisanat au rang d’art.  Avec de menues  bévues, de temps en temps.  Ainsi lors de l’exécution du malheureux Lally-Tollendal, pourtant menée par celui qui allait, grâce à des circonstances favorables, dépasser en efficacité celle de tous ses prédécesseurs et de ses successeurs, je parle de Charles-Henri, assista-t-on à une scène de grand guignol  et son père dut-il lui sauver la mise.  Quelle carrière est sans tache ?

Charles-Henri fut donc celui qui assura à sa famille un record de cette productivité que l’on tente à tout prix de redresser aujourd’hui.  Sans grand succès semble-t-il. Il faut dire qu’il exerça son art en des temps favorables et que sa carrière fut longue. Cet homme sensible que la hache rebutait presque dut succéder à son père devenu podagre afin que la marmite continuât de bouillir. La vie est dure, ce n’est pas moi qui vous l’apprendrai. D’abord arpète auprès de son oncle à Rouen, qu’il assistera lors de la pénible exécution du régicide Damiens, son premier client de marque fut, en  1766, le Chevalier de La Barre dont Voltaire assura la postérité.

Durant notre belle Révolution Charles-Henri  put donner la mesure de son talent.  C’était un temps où, comme disait le vieil Anatole, les dieux avaient soif et où ne rechignait pas à leur payer un coup. Il zigouilla 2918 condamnés entre le 14 juillet 1789 et le 21 octobre 1796. Dont le bon roi Louis XVI et nombre de régicides. Danton, Robespierre, Saint-Just et Desmoulins furent de ceux qu’il aida à quitter en douceur cette vallée de larmes.

Hélas, le brave homme ne fut pas épargné par la fatalité. Son Benjamin, le petit Gabriel, un garçon prometteur  dont il avait fait dès 1790 son assistant et héritier, connut une fin tragique : alors qu’après l’avoir décollé, il montrait au peuple, toujours friand de ce genre de spectacles, la tête d’un condamné, le pauvre garçon fit une chute mortelle de l’échafaud.

Vous m’excuserez je l’espère mais  en imaginant la scène, j’ai du mal à contenir mon hilarité. Non que j’y voie je-ne-sais-quelle justice immanente, mais simplement à cause du côté macabrement gag de la chose.

lundi 3 décembre 2012

Interminables conflits



Ce texte risque de paraître un rien mystérieux et pour tout dire carrément chiant à qui n’en connaît pas les protagonistes.  Disons qu’au-delà de l’épisode évoqué, j’ai tenté de mettre en évidence la vanité de certaines disputes.

Il y a bien des années, les hasards des amitiés internautiques m’amenèrent sur  le forum littéraire de Monsieur A*. Il y régnait une ambiance d’enfer. Quoique je soupçonne Satan, s’il réside en cet endroit, d’y faire régner plus de calme : il y a des limites à tout. Un personnage que nous nommerons Monsieur B*, y adressait à tout un chacun des tombereaux d’insultes ordurières. Se rêvant polémiste, réincarnation de M. Léon Bloy, dont au passage il me fit découvrir le total manque d’intérêt, et grand critique littéraire devant l’Éternel, c’était sa façon d’exister.  Il était aussi tentant que facile d’entrer dans son jeu et de s’amuser de le voir, bave aux lèvres, répondre à des provocations. Je succombai à cette tentation. Amateur de mots rares, d’interminables phrases absconses,  champion du name-dropping en salle comme à l’extérieur, confondant véhémence, hargne et talent, c’était délice que de lire ses diatribes.

B* n’avait pas que des détracteurs. Une cohorte de groupies courait à son secours dès qu’un impertinent osait mettre en doute son génie,  l’intégrité de ses facultés ou les deux. Mais il en était un, M. C*, qui tenait dans son cœur une place de choix. « Ah, mon C* ! Toi seul me comprends ! Toi seul est capable de discerner les merveilles que recèle mon âme ! Tu es mon alter ego, mon rêve, la récompense de mes surhumains efforts ! ». Pour C*, son âcre bile se faisait miel. Des tonnes de moutarde contre autant de séné !

Un beau jour pourtant,  Monsieur A*, soit par lassitude, soit par crainte de se voir un jour reprocher par la justice d’avoir toléré  sous son toit les insultantes divagations de B*, décida de fermer boutique. Tout à une fin, n’est-ce pas ?

Cette période fut pour moi l’occasion de nombreuses rencontres virtuelles. Il m’arriva de temps à autre de croiser tel ou tel en d’autres endroits. Plusieurs sont demeurés mes « amis » sur Facebook.  Parmi ceux-ci, Monsieur D*, qui, au beau temps des empoignades, ménageait mon chou comme cette chèvre de B* pour lequel il avait de l’estime.

L’oisiveté aidant je suivis parfois l’actualité de B*. Le bougre tient blog. C’est ainsi que j’appris qu’entre lui et C* rien n’allait plus. D’alter ego le pauvre avait chu au rang de sous-merde. Les deux logorrhéiques s’adressaient de blog à blog d’interminables tartines où l’affection laissait place à l’aigreur. Ce qui est triste faute d’être  étonnant. 

B* allait son bonhomme de chemin, se fâchant avec l’un, insultant l’autre, se rabibochant avec les deux en attendant de nouvelles hostilités ou un petit litige judiciaire. La routine, quoi.

Et puis voilà qu’avant hier, me rendant sur le blog de Monsieur D*, je vis qu’en rien moins de 30123 caractères, espaces compris,  il exprimait au valeureux B* le fond de sa pensée. Il faut dire que le 28 novembre, M. B* avait pondu, avec sa concision ordinaire, un cinglant libelle de 46 159 caractères, espaces compris, disant son fait à l’infâme C*. Il ne faisait que répondre aux modestes 5 264 caractères, espaces compris, que ce dernier, décidément en petite forme, lui avait consacrés et que D* avait commis le crime de plus ou moins approuver provoquant l’ire de B*. Vous suivez ? Bravo !

N’ayant pas eu la patience de lire jusqu’au bout ces (pas si) petits (que ça) chefs d’œuvres, je ne saurais vous en dire plus. Je n’en garde qu’un sentiment d’admiration pour des (pas si) jeunes gens (que ça) capables après tant d’années d’amitié et/ou de bisbilles de trouver en eux l’énergie de s’accorder tant de temps et de haine.  Parce qu’au fond tout cela importe-t-il vraiment ? Que B* soit un âne, C* un bourricot ou D* une andouille à leurs yeux respectifs devrait les amener à s’ignorer. A moins bien entendu qu’il ne s’agisse que de montrer au monde ébahi l’étendue d’un talent polémique hors pair ?  Je crains hélas qu’en dehors d’un cercle très restreint le monde n’ait pas grand-chose à faire des tempêtes qui agitent leur marigot !

*J’ai changé les initiales

Spaghetti



Moi, on me les a vendus comme « bolognaise ».  C’était à Londres en 1973. Depuis bien du temps a passé et je me suis instruit. Récemment, à moins que ma mémoire ne défaille,  l’Amiral m’a appris que ce n’étaient pas des spaghetti mais des tagliatelles que l’on accommodait à la bolognaise. Il en a donné la recette. Je n’ai pas réussi à trouver où ni quand.

Voici ma recette pour quatre personnes :
Ingrédients :
400 grammes de viande de bœuf hachée
Un bon gros oignon
Un bon gros poivron
Une boite de tomates pelées (on peut remplacer par des tomates fraîches, mais à quoi bon, sinon à rallonger le temps de cuisson ?)
Une boîte de champignons de Paris émincés (ou des champignons que vous émincerez vous-même si vous avez du temps à perdre)
Une dose raisonnable d’huile d’olive
Herbes de Provence
 Emmenthal râpé QSP
Des spaghetti
2 boules Quies

Mise en œuvre :
Dans une cocotte de dimensions adaptées, faites chauffer l’huile d’olive. Précipitez-y sans ménagement la viande. Remuez-là de manière à ce qu’elle ne forme pas de « grumeaux ». Ajoutez successivement l’oignon découpé en morceaux (coupé en 4 puis débité en tranches d’épaisseur moyenne), le poivron épépiné découpé dans sa longueur en lamelles de 2 cm puis redécoupé dans l’autre sens en tranches d’un cm, puis videz le contenu de la boite de tomates en prenant soin d’écraser les tomates.  Saupoudrer d’herbes de Provence, salez, poivrés. Laissez mitonner entre 30 et 45 mn de manière à ce que la sauce réduise.

Cuisez les spaghetti.
Servez la sauce sur les spaghetti. Recouvrez d’Emmenthal râpé.

Dégustez.

Quid des boules Quies s’étonnera le latiniste en vous. Eh bien, en cas de réussite,  vous vous les placerez dans les oreilles afin que les cris quasi-orgasmiques et les compliments enthousiastes de vos convives ne mettent à mal votre modestie.

dimanche 2 décembre 2012

Connexions



Un des rares problèmes, si c’en est un, que l’on trouve à habiter des solitudes est celui des connexions.Ici, on ne reçoit pas grand-chose.

Le téléphone portable ne passe pas. Ou alors de temps en temps. Avec un peu de chance, en grimpant sur le plan de travail de la cuisine, et en tenant l’appareil à bout de bras, il arrive qu’on y obtienne une fugace barrette. Je me demande d’ailleurs pourquoi j’ai un portable. Il reste des semaines dans une poche de veste sans que j’y touche et quand, par curiosité (quelqu’un m’aurait-il, ignorant ma détresse, laissé un message ?), je l’allume,  il est déchargé. Le modèle que je possède est si ancien et minable d’aspect que si d’aventure je le laissais sur la banquette de ma voiture, portières ouvertes, je cois que j’aurais plus de chance de trouver près de lui quelques piécettes qu’une bonne âme émue par tant de misère y aurait déposé que de me le faire voler.  Du coup, la « révolution » des Smartphones m’est passée sous le nez.

Pour ce qui est de l’Internet, ce n’est guère plus brillant. On le reçoit par wifi. Quand on le reçoit. La connexion est très variable allant de très mauvaise à rien du tout. Il arrive parfois cependant, sans qu’aucune circonstance objective vienne le justifier que je puisse visionner une courte vidéo. Sinon c’est plutôt erratique. On fait avec. J’ai depuis longtemps réalisé que la patience était une vertu majeure : ne passe-t-on pas sa vie à attendre ? Et tout finit par arriver. J’en veux pour preuve que vous pouvez lire ce billet.

La télévision nous parvient. Pas parfaitement mais de manière relativement satisfaisante. Jusqu’à récemment, je ne recevais, et de manière médiocre, que quelques chaines de la TNT. J’envisageais de faire l’achat d’une nouvelle antenne. Pour m’éviter cette dépense, Nicole arriva l’autre week-end avec un produit miracle : une antenne que lui avait donnée son fils. Je me mis à l’ouvrage : il fallut percer, passer le câble par le trou, récupérer ledit câble derrière l’isolation des combles. Pas une sinécure !  Après des heures de travail et d’efforts, je parvins à tout brancher. Et, ô miracle, ça ne marcha pas du tout. Il fallut rétablir l’ancien système et lancer de nouvelles recherches de chaines. Et c’est là que nous attendait la bonne surprise : suite à ladite recherche, à l’exception du téléviseur le plus éloigné de l’amplificateur d’antenne, nous fûmes en mesure de capter, tenez-vous bien, TOUTES les chaines de la TNT et cela de manière acceptable. Si j’étais enclin à la spiritualité, de tels prodiges me feraient croire en Dieu.

Ces légers inconvénients ne sont rien comparés aux avantages que procure la vie aux champs. Ils ont même leurs bons côtés : quand la chaîne qui diffuse le film que je souhaitais regarder ne passe pas, je peux lire tranquillement, quand Internet est trop lent, j’ai du temps pour écrire, ne pas être joignable à tout moment  préserve la liberté…   Que du bonheur !

Après tout, la nécessité d’être connecté en permanence n’est basée que sur l’illusion que notre vie fourmille d’événements importants nécessitant une réaction rapide. Alors qu’en fait, hein…

samedi 1 décembre 2012

Je n’ai plus le cœur qu’à rire !



Si j’avais le cœur à ça, je m’inquièterais. Pas de quelque chose mais au sujet de moi-même. Plus ça va, moins j’ai le cœur à haïr, aimer, m’indigner, admirer, pleurer, etc. Je n’ai envie que de rire. Je n’arrive plus à prendre quoi que ce soit au sérieux. Le spectacle du monde qu’il est de bon ton de trouver désespérant m’amuse plus qu’autre chose.

En matière de cinéma, je ne supporte plus que les comédies françaises.  Seules les pitreries de Lautner, les gars et les filles du Splendide, les galipettes Lelouchiennes et autres viandes de moins haute graisse trouvent grâce à mes yeux.

Je lis, relis et relis encore les romans de Robert Rankin en quasi-boucle en attendant que le suivant paraisse.  Je le lirai en riant seul…

J’apprécie par-dessus tout l’humour, cette « forme d’esprit qui consiste à présenter la réalité de manière à en dégager les aspects plaisants et insolites » comme dit si bien mon copain Bob.

Oh, j’ai bien deci-delà des moments de faiblesse. Il m’arrive de manière fugace de me laisser aller aux poisons de la délectation morose ou pire, de considérer un problème comme sérieux et donc désespérant, de lire un livre ou des articles « sérieux ». Mais je me ressaisis bien vite et le sourire ironique revient.

Longtemps j’ai eu le goût du drame. J’ai dû en abuser et la ressource s’en est éteinte. L’insouciance, la légèreté sont censés être des traits de jeunesse. Vient l’âge mûr où, devenu vieux con, on se doit de traîner sur les choses un regard désenchanté et par conséquent triste. Je n’y parviens pas : la vanité des choses me rend gai. Comme Caussimon!