..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

dimanche 30 octobre 2011

Je suis d'ici .



On nous encourage à nous sentir "citoyens du monde" à ne donner à notre appartenance à une nation aucune espèce d'importance. Tous des frères, tous profondément semblables, avec, tout de même, ça et là quelques minimes différences qui sont richesses.  L'humanité serait comme un tissu damassé : de loin, elle paraît unie mais quand on s'en approche on voit les subtils motifs que dessine sa texture et qui font tout son prix...

Mouais... Et si l'humanité n'existait pas plus que la lapinité ? Au sens où tous les lapins du monde appartiennent à la même espèce sans pour autant se sentir lié aux autres lapins par un irrésistible élan d'amour ? Mais me direz-vous, entre le lapin et l'homme, il existe tout de même une petite différence : l'homme est doué de raison, d'intelligence,  il a des aspirations spirituelles, certains diront même une âme immortelle... Eh bien justement ! Cette intelligence l'a amené à se différencier, à créer des cultures différentes. Par le costume, par le patois,  il affirmait son appartenance à une tradition locale. Habillé différemment, incompréhensible par qui ne partageait pas son idiome, il était enraciné.

Le développement des transports, la mobilité qu'ils permettent, le développement des systèmes d'éducation ont tendu, dans le cadre de l'état-nation, a atténuer ces différences sans pour autant les faire disparaître : des différences demeurent comme les accents, traces de dialectes ou de langues disparues ou en voie de disparition. 

Ce qui a peut-être le plus évolué, c'est le vêtement. Aujourd'hui l'employé de banque  japonais s'habille ordinairement de la même manière que son homologue anglais. Le costume, l'habit tendent à perdre leur signification étymologique. Mais il ne s'agit là que de transformations de surface. Même si j'adoptais leur costume traditionnel, aucun chinois ne me prendrait pour un mandarin. Ne serait-ce qu'à cause de la langue...


Mais une langue, ça s'apprend, tête d'âne ! Oh que oui. Seulement, parler une langue n'est pas tout. Il se trouve qu'ayant passé quelques années en Angleterre je parle cette langue couramment et sans beaucoup d'accent. Je prends même plaisir à lire des romans anglais dans le texte. J'en ai aussi traduit pour me distraire. Mais quand bien même aurais-je passé toute ma vie d'adulte en (pas si) perfide (que ça) Albion, je ne serais JAMAIS devenu anglais. Parce qu'il existe entre une langue et la culture qu'elle véhicule de subtiles interactions. La langue structure la pensée etc. De plus, tout plein de détails entrent en jeu : tout français de mon âge (et de mon  niveau socio-culturel) sait où il ne faut pas oublier de monter s'il va à Rio, quand le canard de Robert Lamoureux était toujours vivant, de quoi Rome est l'unique objet, ce qui blanchit à l'heure où Victor partira, ce que le petit cordonnier serait bête de penser pouvoir acheter avec une paire de souliers et des milliers d'autres petites choses qu'un étranger ne connaîtra jamais quels que soient ses efforts et sa profonde culture livresque. Tous ces détails infimes structurent un groupe, font qu'il est d'un temps et d'une culture.

Si on ne partage jamais tout avec tout le monde, du moins peut-on partager un minimum avec ceux qui appartiennent à une même communauté :  quand je parle avec le vieux qui élève ses moutons dans le pré d'en face, je n'ai pas besoin d'un  interprète. Je soupçonne que si je lui récitais des tirades de Racine ou de Corneille, il me trouverait un rien bizarre, mais tant que nous en restons au prix des pommes à cidre ou au niveau d'eau des puits, nous nous entendons très bien. Quand il me raconte sa guerre d'Algérie, je vois de quoi il parle. 

En dehors de mes années anglaises, d'un an et demi au Sénégal et de quelques mois à Brive La Gaillarde, j'ai toujours vécu dans le quart Nord-Ouest de la France. C'est là que le me sens le plus chez moi. Dans le reste de la France, c'est moins mon climat, mais ça va encore. Ailleurs, je suis étranger. Irrémédiablement.

Les imbéciles heureux qui se croient de nulle part devraient de temps en temps sortir de leur trou, que celui-ci soit urbain ou rural, histoire de réaliser à quel point la diversité sépare plus qu'elle ne rapproche. A quel point en échangeant en mauvais anglais avec un ouzbek on ne peut rester qu'à l'extrême surface des choses...
N'importe comment, avant d'aller vers l'autre et le comprendre, il faut avoir une claire conscience de ce que l'on est. Nier les différences, c'est se priver de l'éventuel apport que pourrait constituer la rencontre avec l'autre. 

Je suis à fond pour la diversité. De là à souhaiter qu'elle s'installe en nombre chez moi, qu'au lieu d'apporter une touche d'exotisme elle m'impose ses coutumes et tente de transformer en profondeur ce qui a fini par faire, après des siècles et des siècles d'efforts vers un minimum de convergence, le groupe national auquel j'appartiens il y a de nombreux pas dont je ne suis pas prêt à faire le premier.

samedi 29 octobre 2011

Apprendre à lire, pourquoi pas ?



Pendant que j'étais en Bretagne, occupé par la succession de mon père, un des grands esprit de ce temps a consacré un billet à une de mes contributions majeures à la culture française. C'est beau, c'est grand, c'est généreux. Si un jour Dieu me fait la grâce de m'accorder la foi, je ne l'oublierai pas dans mes prières.

Le seul problème c'est qu'il n'a pas compris de quoi je parlais. Comme quoi on peut être le Pic de La Mirandole du net et ne rien biter à quoi que ce soit. La vie fourmille de ces petits mystères. Ils en sont le sel.

Résumons les faits. Dans ce billet, je narrais une des pires déconvenues de ma vie : alors que je voulais obtenir quelques renseignements pratiques sur l'élevage de la volaille auprès d'un (permettez-moi de me citer) "marchand de poulets, poulettes, canetons, oisons" je constatai à mon grand dam l'absence dudit marchand. Impossible donc de savoir quelle race ou type de volailles seraient le mieux adaptés au terrain dont je dispose et au but que je poursuis. La question résolue, l'installation du matériel faite, mon but était bien entendu de lui acheter lesdits volatiles. Ingénu que j'étais ! J'ignorais que dans certaines régions on achète oisons, poulettes ou canetons non pour les élever mais pour les manger ! C'est ça la diversité...

Du coup, me voici devenu exemple archétypal de l'instituteur qui, sans complexes, ose aller demander au pauvre éleveur transi de froid quelles sont les petites ficelles de son métier afin d'à terme le priver des moyens de sa triste et laborieuse existence... Salauds d'instits ! 

S'ensuivit une kyrielle de commentaires absurdes. On m'inventa une vie bien chiante et une mentalité typique bien éloignées de ma réalité.

A ceux qui ne me connaissent pas dans la vraie vie, je signalerai que je n'étais pas instituteur mais professeur. Qu'alors que j'étais bien au chaud à l'abri du statut de fonctionnaire titulaire de l’Éducation Nationale, j'ai, en 1982, pour des raisons idéologiques, démissionné pour aller, avec mon épouse d'alors, vendre des fringues sur les marchés. Ce n'est que douze ans plus tard, suite à bien des vicissitudes, que je suis revenu à l'enseignement, sans sécurité cette fois-là, et avec l'espoir de le quitter à la première occasion. L'occasion, malgré mes efforts, refusant obstinément de se présenter, j'ai fini par me résigner et à attendre avec impatience que vienne le temps de la retraite...

J'ai toujours pensé qu'un statut à vie est plus un piège qu'une sécurité. Je suis partisan de la flexibilité professionnelle et de la mobilité géographique. Je l'ai prouvé maintes fois. Malheureusement, nous vivons dans une société sclérosée avide d'immobilisme. Qu'y puis-je ?

En résumé, quelqu'un qui ne me connaît aucunement, suite à une mauvaise compréhension de mes billevesées, m'invente une vie et une personnalité à sa convenance. Le plus amusant est que cette bonne personne dit partout, à qui veut l'entendre, ne pas me lire...

Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux (Mat. 5.3). Quel dommage qu'ici-bas ils n'aient pour récompense que le ridicule...

mercredi 26 octobre 2011

Quelle surprise !




J'entends sur France Inter que les "intellectuels" tunisiens (il est inutile d'ajouter "de gauche" car chacun sait qu'à droite il n'y a que des abrutis primaires) seraient déçus des résultats des élections à la constituante. Je suppose que leurs homologues français le sont également mais n'osent pas trop le dire. Ils nous ont trop bassiné avec leur "Printemps arabe" pour retourner leur veste maintenant. Et puis il ne s'agit que d'islamistes modérés qui établiront dès que possible une charia modérée avec la liberté et la démocratie modérées qui vont si bien avec. De plus, pour un bon démocrate, tout n'est-il pas préférable à la dictature, y compris la dictature sortie des urnes ?

Ce qui me plaît chez les "intellectuels", c'est leur agilité d'esprit et leur capacité à complexifier l'évident. Un intellectuel, c'est quelqu'un qui ne trouve JAMAIS les choses simples. Sa fine dialectique sait faire sortir, au delà des apparences trompeuse la profonde complexité du réel. Ainsi tout "intellectuel" digne de ce nom saura vous démontrer en seulement quelques milliers de mots que les inondations sont signe de sècheresse. S'il trouve un homme couché avec sa femme plutôt que de se juger cocu, il y verra un exemple typique du réchauffement global qui, entraînant une chute des températures, pousse les êtres à partager leur chaleur corporelle. Un "intellectuel" entretient avec la réalité des rapports distants quand il n'a pas rompu tout rapport avec elle. Il ne voit que ce qu'il a envie de voir et transforme sa cécité sélective en supérieure lucidité. Non content d'être malade, il se veut contagieux...

Dans le documentaire sur Hitler diffusé hier soir, j'ai vu avec amusement que M. Léon Blum avait annoncé fin 1932 la mort de l'hitlérisme. Sur cette base, comment aurait-on pu refuser de voir en lui un "intellectuel" distingué et comment s'étonner que 4 ans plus tard on ait confié l'avenir de la France à quelqu'un doté d'un jugement si sûr ?

Mais revenons à nos jasmins. Certains esprits bornés n'ont pas manqué de voir, dès le début, dans les barbus qui défilaient en beuglant  de frénétiques "Allahou akbar" comme qui dirait le signe de l'existence d'un soupçon d'islamisme. Les pauvres imbéciles ! Heureusement que les "élites intellectuelles" étaient là pour leur démontrer qu'il s'agissait en fait de démocrates made-in-Internet rêvant d'une Tunisie laïque gouvernée au centre-gauche !

Je ne serais qu'à moitié surpris si un jour tous ceux qui tentent de nous vendre à tout prix une FRANCE MULTICULTURELLE se trouvaient étonnés voire même un peu déçus par les résultats obtenus.

mardi 25 octobre 2011

Les incertitudes du marché



Ne croyez pas que je vais me lancer dans un développement sur l'économie. Comme bien des sujets, je laisse ça aux gens sérieux dont je m'honore de ne pas faire partie.

Non, quand je parle du marché, il s'agit de celui de la bourgade voisine qui a lieu, comme les plus attentifs de mes lecteurs s'en souviendront peut-être,  le mardi matin et dont je reviens frustré à l'instant. J'y étais allé dans un but précis. Erreur : c'est sans idées préconçues qu'il faut s'y rendre. Ainsi, la dernière fois que j'ai voulu y acquérir une montre, le commerçant qui m'en avait vendue une il y a plus de deux ans pour un prix qui prêterait à sourire si ma déconvenue était moins rude n'était pas là. Exceptionnellement.

Ce matin donc, j'avais un projet. Depuis quelques mois l'idée de créer une basse-cour me trotte dans la tête. J'ai acheté un livre sur la question, j'ai erré sur les forums Internet dédiés à la volaille mais j'ai bien du mal à me faire une idée claire de la manière dont je devrais commencer. On ne se refait pas : en tant que vieux croûton, j'ai besoin de cours magistraux, de cet enseignement poussiéreux qui n'est que perte de temps. J'ai besoin qu'un spécialiste me transmette de vive voix son expertise. Je n'en ai même pas honte !  Or qui mieux qu'un marchand de poulets, poulettes, canetons, oisons et autres volatiles comestibles saurait me dispenser les bases d'un savoir indispensable au début de cette aventure ? 


J'avais, cet été, pris langue avec un marchand de ce type qui m'avait paru sympathique. Il me semblait bien connaître son affaire. Je lui demandai s'il venait tous les mardis. Il m'assura que oui. Depuis je ne l'ai plus revu. Résigné à cette défection, j'avais donc dans l'idée de prendre de plus amples renseignement auprès d'un autre qui, s'il me donne moins l'envie d'échanger, a au moins le mérite d'une présence régulière. Eh bien ce matin, pour la première fois, il n'était pas là...

J'ai parcouru, désabusé, les allées du marché, j'ai erré sans grand enthousiasme sous la halle du marché aux bestiaux en me disant que si un jour l'envie d'acheter un mouton ou un veau me venait, ce mardi-là il n'y en aurait, EXCEPTIONNELLEMENT, aucun...

lundi 24 octobre 2011

Hommage à Tonton Georges




Le propre des esprits supérieurs est d'être en avance sur leur temps. J'en donne une preuve nouvelle en rendant hommage à Georges Brassens 5 jours avant le trentième anniversaire de sa mort. Des esprits chagrins diront que je le fais 2 jours après le quatre-vingt-dixième anniversaire de sa naissance : je les ignorerai avec superbe.

Georges Brassens, donc. Qu'en dire ? Rien. Je me contenterai de le laisser parler.

J'ai choisi pour ce faire un texte profond. Je m'imagine la scène : un pauvre vieux  sur une place de Paris exprime la douleur qui le ronge, une femme généreuse (ne le sont-elles pas toutes, chacune à sa manière ?) vole à son secours mais  trop tard : ambitions avortées, douleur de l'obsession mais aussi solidarité et dévouement, enfin dénouement tragique. Tout l'absurde de la condition humaine résumé en quelques strophes.

Il n'existe malheureusement pas de vidéo disponible montrant le grand George la chantant. Pour vous consoler, en voici une où il chante "Carcassonne" sur le même air. Tâchez de faire avec...


LE NOMBRIL DES FEMMES D'AGENTS



Voir le nombril de la femme d'un flic
N'est certainement pas un spectacle
Qui, du point de vue de l'esthétique,
Puisse vous élever au pinacle...
Il y eut pourtant, dans le vieux Paris,
Un honnête homme sans malice
Brûlant de contempler le nombril
De la femme d'un agent de police...

"Je me fais vieux, gémissait-il,
Et, durant le cours de ma vie,
J'ai vu bon nombre de nombrils
De toutes les catégories:
Nombrils de femmes de croque-morts, nombrils
De femmes de bougnats, de femmes de jocrisses,
Mais je n'ai jamais vu celui
De la femme d'un agent de police..."

"Mon père à vu, comme je vous vois,
Des nombrils de femmes de gendarmes,
Mon frère a goûté plus d'une fois
De ceux des femmes d'inspecteurs, les charmes...
Mon fils vit le nombril de la souris
D'un ministre de la Justice...
Et moi, je n'ai même pas vu le nombril
De la femme d'un agent de police..."

Ainsi gémissait en public
Cet honnête homme vénérable,
Quand la légitime d'un flic,
Tendant son nombril secourable,
Lui dit: "Je m'en vais mettre fin
A votre pénible supplice,
Vous faire voir le nombril enfin
De la femme d'un agent de police..."

"Alléluia! fit le bon vieux
De mes tourments voici la trêve!
Grâces soient rendues au Bon Dieu,
Je vais réaliser mon rêve!"
Il s'engagea, tout attendri,
Sous les jupons de sa bienfaitrice,
Braquer ses yeux sur le nombril
De la femme d'un agent de police...

Mais, hélas! il était rompu
Par les effets de sa hantise,
Et comme il atteignait le but
De cinquante ans de convoitise,
La mort, la mort, la mort le prit
Sur l'abdomen de sa complice:
Il n'a jamais vu le nombril
De la femme d'un agent de police...