Je ne sais pas si ça vous choque, mais personnellement je
trouve la manie qu’ont les ministres de
se rendre sur les lieux du moindre « drame» plutôt agaçante.
Un immeuble prend-il feu ? Le ministre de l’intérieur
se rend sur place en compagnie du ministre de la ville, du ministre des
pompiers et du ministre délégué aux grandes échelles.
Une rivière sort-elle de son lit ? Le ministre des
voies fluviales vient toutes affaires cessantes constater les dégâts en compagnie
du sous-secrétaire d’état aux bottes en caoutchouc.
Une tempête arrache quelques toits en Bretagne ? Le
ministre de l’écologie s’y rend d’urgence en compagnie du secrétaire d’état aux
tuiles mécaniques et aux ardoises d’importation.
Tout ça pour montrer que le gouvernement s’occupe de la
population. Ce qui réduit le rôle d’un ministre à celui d’une sorte de
pleureuse. Car s’il vient, c’est pour assurer les braves gens de sa compassion.
L’incendie, la tempête, l’inondation le navrent profondément. Nos « hommes d’état » sont de
grands sensibles ! Pas un seul ne vous dira qu’il n’a rien à secouer des
sinistrés de Romorantin. Bien au
contraire, il les assurera de sa profonde sympathie.
On se demande d’ailleurs comment, ravagés de douleur comme
ils sont, ils peuvent encore avoir la tête à s’occuper des questions importantes dont
leur ministère est censé être chargé. Il me semble pourtant qu’un homme d’état devrait
dédier l’essentiel de son temps aux questions d’intérêt général et non à pleurer avec les victimes.
Surtout que ça a des effets pervers : quand ils ne se rendent pas sur un
lieu de catastrophe relative, cela peut laisser à penser aux victimes qu’on
méprise leur malheur.
On m’objectera que si nos élites se déplacent c’est parce
que les populations l’exigent au nom du « care » ce besoin qu’a tout
un chacun de se sentir l’objet d’attentions
particulières. Seulement ce besoin ne
fait qu’encourager une démagogie déjà hypertrophiée.
De plus, qui croit en la sincérité de l’émotion d’un membre
du gouvernement ?
Et puisque nous
sommes si bien partis, pourquoi cette sollicitude s’arrêterait-elle aux
événements affectant un plus ou moins grand nombre de personnes ? Les malheurs individuels seraient-ils sans
importance ? Pourquoi n’exigerait-on pas une visite ministérielle dès qu’un
malheur nous afflige ?
Ainsi, moi qui vous parle, et c’est cela qui justifie le
titre de ce billet, ai-je été saisi la nuit dernière d’une violente envie de vomir.
Ce matin je traîne comme une âme en peine. Début de gastro ? Intoxication
alimentaire ? Je n’en sais rien. Il n’empêche que c’est bien désagréable
et qu’on me laisse seul face à cette épreuve. Pas la moindre cellule de soutien
psychologique !
Qu’attend Marisol Touraine pour venir me réconforter ?