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jeudi 12 août 2021

La charcuterie est dure mais c’est la charcuterie

Comme je m’y attendais, il a sonné à ma porte. Comme je ne m’y attendais, il m’apportait un paquet, comme je ne m’y attendais pas il m’apportait aussi une carte postale de ma fille représentant la vierge à l’enfant romane de l’église de Jouy-en-Josas qu’avec son mari ils avaient récemment visitée. Décidément, j’étais gâté ! J’en remerciai le facteur.

Il étaient là, mes beaux boyaux de cochon ! Plus rien ne s’opposait à ce que je me lance dans l’aventure, vu que le matin même je m’étais procuré les viandes et les ingrédients nécessaires. Depuis quelque temps, j’en rêvais. J’avais, parce que trop complexe, rejeté l’idée de me lancer dans la confection de boudins noirs. En revanche, les blancs me parurent plus aisés à réussir. Erreur de vieillesse qui me fit passez à l’action sans tarder. Je commençai par préparer le bouillon dans lequel ils cuiraient :


Poireau, carotte, oignon piqué de clous de girofle, persil et bouquet garni : rien ne manquait.

Les boyaux étant mis à dessaler, je séparai la mie de la croûte du pain, ce qui s’avéra plus difficile que je pensais et mis la première à tremper dans du lait :



Je procédai ensuite au double hachage de mes viandes (porc, veau et poulet) d’abord à la grosse grille puis à la petite tandis que les oignons émincés devenaient translucides dans une poêle. Je pouvais passer à la préparation de la mêlée. Dans un grand saladier je plaçai mes viandes et mes oignons eux aussi hachés, j’y ajoutai la mie, des œufs, de la Maïzena, de la crème, du sel, du poivre et de la noix de muscade. Je me permis la fantaisie d’y adjoindre du Porto puis mélangeai longuement le tout afin d’obtenir une mêlée homogène 

:

Il ne me restait plus qu’à en garnir les boyaux afin d’obtenir les onze boudins que voici :


La recette préconisait de ne pas « forcer le remplissage » afin d’éviter que les boudins n’éclatent suite à la dilatation de la mie de pain lors de la cuisson et, au cas où les boudins flotteraient lorsqu’on les placerait dans le bouillon frémissant, de les percer. Ce que je fis car tous flottaient. Je croyais innocemment que mon remplissage n’était pas forcé mais au bout de quelques minutes de cuisson je les vis gonfler de manière inquiétante. Bien entendu, ils ne tardèrent pas à éclater. Je n’ose même pas vous montrer une image du piteux résultat.

Tout ça pour ça ! Des heures de travail pour rien ! Ma première réaction de cabochard ayant du mal à s’avouer vaincu fut de me dire que je recommencerais, que je parviendrais à trouver le juste remplissage, que ce n’était que partie remise. Rester sur un échec cuisant ? Pas question !

Après réflexion, je me dis qu’après tout, le jeu n’en valait pas la chandelle. Étais-je à ce point fanatique du boudin blanc pour risquer de n’en obtenir qu’après une série de tentatives malheureuses ? Non ! Contre mauvaise fortune, je fis bon cœur et me dis que tout n’était pas perdu. Ce kilo et demi de boudins éclatés, on pouvait peut-être en faire quelque chose. Je trouvai rapidement la recette d’un parmentier de boudin blanc aux pommes. Je vais m’y mettre !

Dans la vie, il faut savoir accepter ses limites. La loi de la charcuterie est dure, mais c’est sa loi : quand on ne sait pas faire, on ne fait pas.

12 commentaires:

  1. Ces "boudins éclatés", qui ont de grandes chances de rester sur l'estomac du lecteur, s'ils ne conduisent jusqu'à l'obliger à restituer son déjeuner aussi sec, demandait à être contrebalancés par une histoire aussi plaisante que légère et amusante !

    J'ai donc choisi aujourd'hui, pour vous : La réforme du quinquennat du 4 août 2013

    http://vudescollines.blogspot.com/2013/08/la-reforme-du-quinquennat.html#comment-form

    Mention honorable au commentaire de Didier Goux pour sa spontanéité :

    "C'est tellement génial qu'on se demande comment notre luminaire céleste a fait pour n'y point penser avant."

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    1. La propension des boudin à éclater comme celle d'une autre catégorie de boudins à s'éclater est un sujet rarement traité. Il est vraie qu'à la différence des conflits, cela ne provoque pas de victimes. Si cet article a pu mettre en garde ne serait-ce qu'un (e) seul (e) aspirant charcutier (ère) des déboires que l'on rencontre en se lançant dans l'entreprise téméraire que j'ai narrée, j'aurai, une fois de plus, concouru à soulager la misère d'une humanité souffrante.

      Cela dit, c'est avec bien du plaisir que j'ai (re) découvert le billet que vous signalez à l'attention des lecteurs. Je dois dire qu'en découvrant le lien, j'ai d'abord été surpris. En effet, je ne me souvenais pas d'avoir écrit un article sur la réforme du quinquennat. Mes connaissances en droit constitutionnel étant inexistantes et ne traitant que de sujets que j'ai étudiés en largeur, en longueur et en profondeur (en étudiant plusieurs volumes sur la question), je ne voyais pas comment j'aurais pu oser me lancer dans une telle entreprise. En plus de me divertir, cette lecture m'a donc rassuré quant à ma déontologie.

      Je constate cependant que 8 ans plus tard rien n'a été fait concernant cet enjeu fondamental. Dans quel pays vivons-nous ?

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    2. Comme vous, j'ai essayé de fourrer des petits boudins blancs.
      J'ai donc pris un abonnement payant sur un site de rencontres de la Toile, site qui vantait la qualité certifiée de ses petits boudins.
      Et ce fut un échec total, expliqué par une logique mercantile et non technique ou esthétique, logique que j'ai démontrée dans un billet.

      Note :
      Après votre article sur le paresseux en Guyane, je sous suggère une synthèse des deux derniers billets avec une femme politique de Guyane dans votre prochain billet :
      Christiane T. à la fois paresseuse, comme tous les politicards, et petit boudin créole qui pique trop fort.

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    3. Je serais curieux d'avoir la référence de l'article que vous mentionnez. Ayant moi-même fait quelques rencontre grâce au Net et n'en étant pas mécontent, vous piquez ma curiosité.

      Pour ce qui est de cette Christiane T., elle représente intellectuellement tout ce que je déteste aussi je ne suis pas très tenté d'écrire sur elle.

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  2. Vous êtes complétement aliéné par une pensée binaire :
    boudin blanc et boudin noir, boudin noir et boudin blanc.
    Transcendez les clivages !
    Pensez printemps !
    Pensez métissage multi-cultu !
    Pensez boudin créole !

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    1. D'autant que le boudin antillais est un vrai délice !

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    2. Comment pourrais-je penser printemps quand je vis en automne (en Normandie, d'accord, mais ça revient au même) ?

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  3. s'il reste du mélange, ça ne pourrait pas faire une bonne farce pour légumes ?

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    1. j'ai décortiqué mes boudins et je vais faire avec une partie de la chair un parmentier de boudin blanc et pommes. Si c'est correct, j'ai de quoi en faire un autre, sinon j'essaierai votre suggestion. Merci.

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  4. Tout a une fin, sauf le saucisson qui en a deux.
    Dans votre histoire charcutière, il n'y a ni une, ni deux fins, et tout finit en jus de boudin.

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  5. Votre abnégation n'a d'égale que votre capacité à rebondir face à l'adversité charcutière, c'est admirable!
    Amitiés.

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    1. Rebondir est une de mes spécialités et pas qu'en matière de charcuterie ! Ma mère me disait que je devais avoir "une toile cirée dans le dos" tant les événements me glissaient dessus sans paraître m'affecter. C'est une capacité utile dans la vie. Après, je ne sais pas...

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