Je rêvais d'avoir un Meccano. C'était
de mon âge : j'avais dix ou onze ans. Seulement, à la maison
les cadeaux n'étaient pas à la mode. Peut-être mes parents
avaient-ils des poches en peau de hérisson ? N'empêche que je
rêvais. Comment vins-je à apprendre que la maison Delespaul-Havez,
en sa grande sagesse, proposait en échange de 1200 points DH une
boîte de Trix, sorte de Meccano ? Je ne m'en souviens plus mais
je l'appris. Le rêve était à portée de main ! Restait à
trouver les fameux 1200 points, ce qui ne serait pas une mince
affaire. Songez que le Carambar qui fit la fortune de cette honorable
maison n'offrait qu'un point DH ! Au rythme où on m'offrait des
bonbons, lequel était inexistant (toujours ce problème de
poches!), avant de réunir les points requis, j'aurais largement
quitté l'enfance...
Comme je ne pouvais me gaver de
caramel, il fallait trouver autre chose. Alors commença une période
assez longue où je passai ma vie, tête baissée, à regarder
trottoirs et caniveaux dans l'espoir que de plus fortunés y aient,
incivils, jeté les précieux emballages dont je découperais les
points. Et cet espoir ne fut pas déçus. Que ce soit à Sartrouville
ou en Bretagne, ma quête était variable mais rarement vaine. Je me
souviens d'un jour de grand bonheur où j'aperçus, miracle ! ,
un emballage de tablette de chocolat produite par l'auguste maison et
dotée de 20 points. Hélas, les miracles ne sauraient être
quotidiens... Mais patience et longueur de rage finirent par payer :
un jour j'atteins le nombre fatidique. Je plaçai mais bouts de
papiers dans une enveloppe kraft, y joignis un mot stipulant l'objet
de mon désir et attendis. Peu après, je reçus un colis venu de
Marcq-en-Baroeul. Je l'ouvris et, sublime surprise, y découvris non
pas une mais plusieurs boîtes de Trix ! Avaient-ils perdu la
tête pour se montrer si généreux ? La responsable des
cadeaux DH ne savait-elle pas compter ? Je me perdais en
conjectures.
En repensant à cet épisode glorieux,
je me dis qu'ému par tant de persévérance, le service cadeau avait
souhaité m'encourager. A moins qu'une âme charitable ait souhaité,
vu qu'une telle consommation de caramels entraînerait forcément un
une obésité compliquée de diabète, agrémenter mes derniers
jours... Toujours est-il que je me lassai vite du Trix. Je n'en avais
pas assez pour réaliser des merveilles. Et la chasse au DH ne
m'attirait plus.
N'empêche que j'ai fini par l'obtenir,
mon Meccano ! Je viens même d'y jouer trois jours durant. 104
pièces à assembler grâce à 644 vis, boulons et écrous. Comme
quoi tout vient à point à qui sait attendre. Et voilà le travail :
La cabane au fond du jardin: papier journal découpé et eau tirée au puits dans l'arrosoir dédié.
RépondreSupprimerVous voilà revenu au temps du meccano!
Le Page
Eh oui, les vacances chez ma grand-mère !
Supprimera l'époque, les bonbons c'était du grand luxe, chez nous ma mère les fabriquait avec les fruits du jardin et les mettait dans une grande boite en métal pour les conserver, à Achères où nous habitions, pas loin de Sartrouville , il y avait une marchande qui vendait des petits caramel à 1 centime, il fallait les mériter en lavant la voiture du père où en faisant le jardin, c'était pas gagné tous les jours ! heureuse époque où tout se méritait
RépondreSupprimerL'occasion de nous remémorer les aventures "bédéesques" de "Dicentim le petit franc" (pas CFA) ...
SupprimerDominique
A Boutfil : Chez nous l'automobile ne sortait que rarement et s'il avait fallu que je la lave, je doute qu'on m'eût rémunéré.
SupprimerA Dominique : Je ne connaissais pas ce héros.
Tel Buster Keaton et Le mécano de la Générale ...
RépondreSupprimerSerait-ce un abri pour accueillir un calaisien en goguette ?
Dominique
Excellente idée ! Pour 300 € par semaine, non seulement j'abriterai mes outils mais je ferais un geste humanitaire.
SupprimerVous ne pouvez pas parler de "vis, boulons et écrous", dans la mesure où un boulon n'est rien d'autre que l'ensemble formé par une vis et un écrou.
RépondreSupprimerDidier G., l'homme incapable de planter un clou, mais qui sait causer meilleur.
Alors là, ça me la coupe ! On s'instruit toujours en vous fréquentant ! Je laisse cependant l'erreur afin que votre commentaire ne perde rien de sa pertinance.
SupprimerMon commentaire était en effet fort pertinAnt…
SupprimerLà, vous me cherchez, jeune impertinent !
SupprimerFaut-il serrer la vis aux juges quant aux levées d'écrou ?...
SupprimerSerais-je donc la seule à avoir été émue par cette quête au point machin, d'un jeune garçon marchant tête baissée pour traquer les précieux bouts de papier ?
RépondreSupprimerCependant je dois avouer ma déception, quand au lieu de la photo de quelque réalisation mirobolante, je n'eus que celle de cette "cabane au fond du jardin" !
Elle n'est pas au fond du jardin, lequel est occupé par des clapiers emplis de toutes sortes de saletés qu'il me faudra bien apporter à la déchetterie un jour.
SupprimerLa récompense d'un certain nombre de décennies de patiente abnégation!
RépondreSupprimerAmitiés.
Comme quoi tout arrive !
SupprimerNourathym toujours prompt à tresser des lauriers !
SupprimerEh oui Cher Jacques tout arrive même droite et gauche ...
Dominique