..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 14 décembre 2022

Espagne 1970 (2)

 


Nous arrivâmes à Madrid le jour suivant et trouvâmes un hôtel dans le centre,non loin de la Gran Via alors nommée Caille Jose Antonio,  « fondateur et héros » de la Phalange espagnole. En passant devant certaines églises nous pûmes voir des régiments entiers faire la queue pour aller à confesse. Curieux spectacle ! Le soir, nous assistâmes à la procession du Vendredi Saint et vîmes, entre autres, défiler la croix rouge en grand uniforme et casque allemand, des armées de pénitents vêtus de « nazaréens » de couleurs vives et de « capirotes » pointus portant des statues de la Vierge et du Christ. Tout cela au son des tambours et des heures durant. On dira ce qu’on voudra mais en ces dernières années du Franquisme, ça avait de la gueule.

Le lendemain, nous visitâmes le Prado. L’Amerloque se refusa à y visiter les antiquités romaines vu qu’il en avait déjà vu suffisamment en Italie ce qui me laissa frustré et pantois. De manière générale, sa compagnie, mis à part qu’il nous servait de chauffeur, était plutôt désagréable du fait que peu de choses lui plaisaient. Je me souviens, vue sa totale ignorance de la langue, avoir dû renvoyer trois bols de café aux cuisines de la pension où nous résidions pour différents motifs : il voulait du café sans lait, puis sans sucre avant de rejeter le troisième sous prétexte qu’il n’avait pas le goût du café américain. Il m’embarrassait. Il était né trop tôt ! De nos jours, il pourrait vivre à l’Américaine partout en Europe.



Les meilleures choses, comme les pires et les médiocres ayant une fin, il me fallut prendre le chemin du retour. Des étudiants Nantais, revenant de faire un déménagement au Maroc me prirent à bord de leur fourgon à la sortie de Madrid où m’avait conduit gratuitement un taxi obligeant et violemment anti-franquiste. Arrivés à Irun, ils me demandèrent de descendre et de passer la frontière à pied, m’assurant qu’ils me reprendraient après le pont sur la Bidassoa et le poste-frontière. Je n’étais pas très fier lors de ce passage car j’avais pris soin de bourrer mon duvet de nombreux paquets de Ducados, cigarette brunes au goût infect mais au prix modique. Je n’eus aucun problème à la frontière et, comme promis, mes compagnons de route me reprirent passé le pont. Quelques kilomètres plus loin, ils s’arrêtèrent sur le bord de la route, l’un d’eux ouvrit le capot du fourgon et en sortit un paquet qu’ils ouvrirent. Il contenait des boites d’allumettes remplies d'herbe qui fait rire qu’ils avaient ramenées du Maroc pour mieux rentabiliser leur voyage. Ainsi s’expliquait leur curieuse requête à la frontière : il voulaient m’éviter les ennuis qu’auraient pu m’occasionner la découverte de leur paquet, ce qui, quoi qu’on en pense est tout de même gentil. Nos routes bifurquant, je continuai mon chemin avec pour seul événement « marquant » une nuit passée dans mon duvet sous un abribus à la sortie d’Angoulême. Pas du tout agréable, à vous décourager de finir clodo. N’avais-je pas trouvé de chambre ? N’avais-je plus un sou vaillant ? Va savoir…

J’ai, depuis fait plusieurs séjours en Espagne dans des conditions moins « aventureuses ». J’ai pu, au fil du temps, voir le pays changer au point que l’on s’y sent de moins en moins dépaysé. C’est bien dommage.


mardi 13 décembre 2022

Espagne 1970 (1)

 


Je ne me souviens plus pourquoi mais en 1970, à l’approche de Pâques, me vint l’irrépressible envie d’aller découvrir un peu l’Espagne. Devant, peu après la rentrée des classes passer mon CAP (Certificat d’Aptitude Pédagogique) d’Instituteur, je ne pus consacrer qu’une semaine à ce voyage. Mon budget étant limité, afin de pouvoir me payer chambres d’hôtel et restaurants, je décidai, bien que possédant une puissante limousine ( une 2 CV Citroën, pour être précis), de rallier Madrid en stop. 2200 km aller-retour en 7 jours, ça paraissait jouable. Ce le fut. Ce périple fut l’occasion de moult rencontres. J’en narrerai ici les plus marquantes.

En ces temps post-soixante-huitards, lever le pouce n’avait rien de trop hasardeux. Les automobilistes s’arrêtaient volontiers. Des braves gens qui me transportèrent, seuls certains me restent à l’esprit. Ainsi, l’un d’eux affublé d’une affreuse laideur m’emmena jusqu’à Niort. Malheureusement, il se mit en tête de me faite découvrir le Niort-by-night dont il me donna un aperçu bien sordide. Sans douter de l’intérêt de la chose, l’idée d’être vu en compagnie de ce quasi-monstre en quelque endroit que ce fût ne me séduisait guère. Il me fallut mobiliser toutes les ressources de ma diplomatie pour me débarrasser de cet inquiétant compagnon. Un autre « brave » homme d’age moyen insista pour me détourner de mon itinéraire pour m’emmener jusque chez lui où il m’hébergerait. Vu qu’il n’arrêtait pas de me malaxer le genou et que je trouvais inquiétant que lorsque je lui expliquai que quitter les routes principales pour de plus secondaires, revenait à quitter la proie pour l’ombre il me répliquât « Suis-je la proie ou suis-je l’ombre ? ». Quel qu’il ait été, je finis par me dépatouiller de cette situation embarrassante.

Je parvins sans autres problèmes à gagner le centre de San Sebastian où je fis la rencontre d’un jeune auto-stoppeur suisse projetant de se rendre à Madrid. Nous décidâmes de lier nos destins. Alors que nous demandions à un passant notre chemin pour quitter le centre-ville, le chasseur de l’hôtel cossu en face duquel nous nous trouvions se rua sur nous afin de nous chasser, pensant que nous mendiions. Il faut dire que nos cheveux longs et nos sacs surmontés de duvets pouvaient prêter à confusion. Notre informateur dissipa ce malentendu.

A la sortie de San Sebastian, nous fûmes pris en charge par un jeune Américain qui, au volant d’une Triumph Spitfire décapotable flambant neuve nous déclara se rendre à Madrid. Il faisait, ses études terminées, son Tour d’Europe comme il sied (ou seyait?) aux jeunes Étasuniens fortunés. C’était le premier Américain que je rencontrai. Dire qu’il avait une personnalité fascinante serait exagéré. Nous fîmes une halte d’un soir à Soria et, ayant trouvé un hôtel, nous nous accordâmes un apéro. La clientèle du bar où nous le fîmes nous accueillit avec enthousiasme. C’était à qui nous paierait son canon. Il faut dire qu’à Soria, durant cette glaciale Semaine Sainte, le touriste se faisait rare, alors, pensez, trois à la fois et de nationalités différentes, ça s’arrosait. Passant de groupe en groupe, buvant force verres et nous empiffrant de tapas (elle étaient gratuites en ces temps bénis !), nous quittâmes nos nouveaux amis un peu chancelants et rassasiés. Un détail me frappa : sur les murs se trouvaient des photographies où des hommes portaient sur leurs épaules une perche où pendait, attaché par les pattes, un animal que l’on me confirma être un loup. C’était un époque où l’on n’avait pas encore remarqué toutes les aimables qualités de ce carnivore alors éradiqué de France. D’ailleurs, ce n’est qu’en 2021 que sa chasse fut prohibée en Espagne…


dimanche 11 décembre 2022

Fatalité ?

 

Sauveurs ou fossoyeurs ?

La submersion migratoire serait, selon certains une fatalité. Le regrettable ex-président Sarkozy l’a dit : nous n’en sommes qu’au début. L’Afrique devant d’ici 2050 atteindre 2,5 milliards d’habitants alors qu’elle n’en comptait que 100 millions en 1900, le changement climatique devant s’aggraver, des vagues de millions de « réfugiés climatiques » vont déferler sur notre continent dont la démographie est en déclin. C’est présenté comme inéluctable. On nous dit aussi que la moitié des jeunes d’Afrique Sub-saharienne souhaiteraient émigrer vers l’Europe. Si c’est inévitable, verrons-nous des centaines de millions d’Africains arriver chez nous d’ici une trentaine d'années?

Ça paraît difficilement concevable. Une telle invasion poserait, entre autres, de gros problèmes de logistique. Et puis, rendus sur place, ces millions de migrants, qu’y feraient-ils ? Comment les employer ? Comment les loger ? Comment les nourrir ? Comment les soigner ? Comment les instruire ? Comment les intégrer ? Comment endiguer la violence de millions de crève-la-faim poussé au désespoir ? Il me paraît complètement irréaliste de penser que la solution des problèmes démographique de l’Afrique se trouve en Europe, continent qu’une invasion de ce genre rendrait à son tour sous-développé.Comment pourrions-nous partager une richesse que nous n’aurions plus ?

C’est l’Afrique qui devra résoudre d’une manière ou d’une autre ce problème. N’oublions pas que certaines belles âmes attribuent volontiers le sous-développement de l’Afrique Sub-saharienne au fait que la traite négrière l’aurait privée de ses forces vives en déportant sa jeunesse. Maintenant que la voici, grâce aux progrès de la médecine occidentale, dotée d’une nombreuse et vigoureuse jeunesse, ne serait-il pas temps qu’elle se retrousse les manches et comble son retard ? En fin de compte, en pensant qu’il nous incombe de résoudre ses problèmes, ne nous inscrivons-nous pas dans le droit fil de l’idéologie colonialiste qui au XIXe siècle prétendait apporter LA civilisation au Monde entier ? Juger les Africains incapables de résoudre leurs problèmes ne relèverait-il pas d’un racisme profond ?

Si nous écartons la possibilité du scénario-catastrophe d’une totale subversion démographique, faut-il pour autant considérer que l’immigration « modérée » d’aujourd’hui soit acceptable ? Je ne crois pas. M. M. (Fredi pour les intimes) a publié in-extenso le discours de M. Pierre Brochand qui dénonce cette acceptabilité et y esquisse des solutions. Je suis bien d’accord avec lui pour dire que notre principal problème est l’immigration. Car même en admettant que les gens que nous accueillerions s’intègrent parfaitement et pratiquent un Islam modéré et mignon comme tout, il n’empêche qu’à terme la France et l’Europe deviendraient terre musulmane et que l’évolution naturelle de notre civilisation (laquelle n’est pas forcément bonne mais c’est une autre question) en serait profondément modifiée voire anihilée.

D’un autre côté, on peut considérer que les carottes de l’Occident sont cuites et archicuites et que la seule solution est de laisser faire les choses et d’attendre notre disparition avec la résignation qu’impose l’inéluctable.

mercredi 7 décembre 2022

Souffre-douleurs

 


« Parfois, pour s’amuser les hommes d’équipage, prennent des albatros, vastes oiseaux des mers... » nous narrait Charlie-la-déconne, humoriste de son état. C’était des temps où on savait rire sainement ! Cette tradition ne s’est pas tout à fait perdue. Ainsi M. Praud, le célèbre animateur de CNEWS, chaîne d’information continue qui penche tellement à droite que certains la jugent réac, la perpétue-t-il à sa manière. Il le fait en invitant à son émission de débat, quelques personnes de gauche dont les moindres ne sont pas MM. Joffrin et Leclerc.

Le but de la manœuvre est simple : il s’agit de montrer qu’on pratique le pluralisme. Et c’est bien. Ça change de certains débats sur France Culture ou pour parler, par exemple, de l’immigration, on convie des personnages d’opinions diverses : certains sont pour l’augmentation des flux migratoires tandis que les autres pensent qu’il est urgent de les amplifier. Si M. Praud choisit d’opposer de réels opposants, il ne va pas jusqu’à établir une parité d’opinions, il ne faut pas exagérer. En fait, ses plateaux ressemblent au proverbial pâté d’alouettes dont la recette préconise pour chaque alouette d’y incorporer un cheval. Donc, chez le bon Pascal, on convie une alouette gauchiste et un cheval réac.On se demande d’ailleurs ce qui peut bien pousser l’alouette à accepter l’invitation, vu que je soupçonne fort ceux qui regardent l’émission, mis à part quelques masochistes de gauche, d’être plutôt réacs et de ne pas accorder grand crédit à leurs propos.

Le plus véhément de ces kamikazes est sans nul doute M. Joffrin qui dit y venir représenter la « gauche modérée ». Il est vrai que son parcours rend ce positionnement plausible. N’a-t-il pas quitté la direction de la rédaction du Nouvel Obs pour celle de Libération, organe modéré s’il en fût et demeure ? De son véritable nom Laurent Mouchard, on se demande pourquoi il a pris un pseudo. Son patronyme était pourtant adapté à une personne si prompte à dénoncer les inégalités sociales ou autres ! Et il a en cela du mérite car son milieu ne le prédisposait pas à embrasser la cause du peuple. Fils d’un fortuné soutien de M. Le Pen, il vécut son enfance dans le château familial et étudia au Collège Stanislas. Mais notre Laurent était un rebelle, un vrai, un dur, un tatoué. Se proclamant depuis toujours social-démocrate il nous permet de constater les nombreuses passerelles qui existent indéniablement entre cette tendance et l’extrême gauche. Il est amusant de contempler ses sempiternelles mimiques qui passent du visage courroucé de l’indigné au petit sourire moqueur de l’être supérieur selon qu’on l’indigne ou qu’il pense avoir marqué un point.

Encore plus modéré est M. Leclerc, venu de l’audiovisuel où il fit une belle carrière à la radio comme à la télévision qu’elle soient publiques ou privées, il finit sa longue carrière comme éditorialiste et débatteur de service sur CNEWS. Moins enclin à l’indignation que le gentil Laurent, le sympathique Gérard n’en défend pas moins pied à pied les thèses les plus éculées de la gauche. Sa technique consiste principalement à expliquer que la complexité des problèmes est si grande que toute position visant à déranger l’état actuel des choses établi par la gauche et la droite molle serait fou, voire impossible. Sa devise pourrait être : « Il est urgent de ne rien faire ! ». Il faut dire que quand, comme lui, on déclare penser que le service public de l’audio-visuel n’est pas entièrement dominé par l’idéologie gauchiste, on a une vision des choses peut-être un peu biaisée…

M. Praud, passe sa vie à déclarer sa sincère et indéfectible amitié à ses deux souffre-douleurs. Le pense-t-il vraiment ? Mystère ! Après tout, le gentil Pascal est si souvent contradictoire qu’on peut douter de la solidité de ses convictions, s’il en a. Et puis, l’essentiel n’est-il pas que nos deux lascars touchent une plus ou moins coquette somme pour leurs passages à l’antenne ?

samedi 3 décembre 2022

Dégadézo, épilogue.

 

Voici une semaine que je n’ai pas donné signe de vie. A ceux qui s’en seraient inquiétés, je dirai que leur alarme fut vaine. En fait j’allais très bien. C’est même parce que j’allais très bien que je me suis absenté.

Le 15 septembre, j’annonçai deux nouvelles propres à faire frémir d’horreur les âmes les plus sensibles : d’abord que, suite à une mauvaise réception de cascade je souffrais du genou, ensuite que les facéties du robinet des toilettes de l’étage j’avais été victime d’un dégadézo.

Mon bon docteur, consulté sur ce premier drame (lui parler du second eût été inutile), m’avait rassuré : rien de cassé. Selon lui d’ici une semaine ou deux, je serais de nouveau capable de connaître les ineffables joies du kazatchok et de la lambada. Hélas, il n’en fut rien. Plus d’un mois après je boitais toujours aussi bas et mes douleurs continuaient. Je le revis et là, il décida à sortir la grosse artillerie : scanner, IRM et tout le barda. Le résultat fut sans appel : ma rotule était fracturée et un œdème s’était déclaré suite à la chute. Je revins vers mon praticien qui me déclara, après consultation d’un confrère, que la solution était de ne rien faire et d’attendre que ça se tasse. C’est ce que je fis.

J’avais, en octobre, tenté avec un certain succès d’entamer les réparations du dégadézo. Malheureusement, cette tentative eut également pour effet d’aviver mes douleurs au point de me faire renoncer à les poursuivre. Ayant déjà rebouché le trou et collé de nouvelles plaques de polystyrène au plafond et remplacé quelques lés de papier, je m’étais alors aperçu que papier peint et plaques avaient considérablement jauni (fumée de tabac) et qu’il me faudrait repeindre murs et plafond. Ce qui entraînerait l’usage intensif d’un escabeau chose à laquelle l’état de mon genou ne me disposait guère. J’attendis donc plus d’un mois afin que les choses s’arrangeassent. 

Et elles finirent par s’arranger, les bougresses. Je devins d’abord en mesure de réintégrer ma chambre à l’étage sans trop de douleur et ensuite laissai passer un peu de temps avant de me lancer dans la peinture. C’est depuis hier terminé. Mon couloir a retrouvé tout son lustre d’antan qui me valut tant de compliments sur mes talents de décorateur de la part de M. Fredi M. (que, faute d’ouverture des commentaires, il ne viendra pas démentir).

Quelques photos :


Y'a comme qui dirait un trou

Y'a plus de trou mais murs et plafond on (légèrement) Jauni...

C'est mieux qu'avant !

J'entends déjà les louanges de M. Fredi...