..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 4 février 2015

L'inde (2)



L’aspect le plus amusant de ce pays est sa ou plutôt ses cultures. Ainsi en plus de l’anglais et de l’hindi, y compte-t-on 21 autres langues officielles que l’on parle avec volubilité et un accent rigolo. Du point de vue religieux, l’hindouisme domine à 80%, suivi par l’islam et tout un tas de religions plus ou moins originales comme le sikhisme (qui permet de substantielles économies de coiffeur), le christianisme, le bouddhisme qui bien que né en Inde y regroupe moins de 1% de fidèles, le zoroastrisme ou le jaïnisme. Ce qui ne va pas sans provoquer de temps à autre de menues échauffourées inter-communautaires durant lesquelles on s’étripe avec ardeur, conscience et sagesse (la sagesse est, comme chacun sait, une grande spécialité du pays : il fut un temps où il en exportait à tour de bras).

L’hindouisme comporte une palanquée de dieux dont le célèbre Ganesh qui a une tête d’éléphant (ce qui à mon sens n’est guère mieux qu’une tête de cochon). L’hindouisme répartit les hommes en quatre castes et en hors-castes ou intouchables, ce qui le différencie du gauchisme qui n’en discerne que deux : les gentils et les fascistes. Les brahmanes, caste la plus élevée, se voient interdit toute viande mais les castes inférieures sont autorisées à manger du poulet ou du mouton. Les intouchables étant impurs par nature peuvent se taper la cloche, à condition d’en avoir les moyens. On hérite de sa caste et on s’y marie, ce qui a pour effet de mettre l’ascenseur religieux en panne définitive. Les mariages y sont arrangés au contraire de chez nous où on les met au rancart dès le moindre accident de fonctionnement. La vieille coutume de brûler les veuves sur le bûcher de leur mari défunt est en totale désuétude ce qui complique la tâche des âmes chevaleresques qui auparavant n’avaient à secourir que les orphelins. Par pitié, nous ne nous étendrons pas sur les fakirs (qui eux le font sur des planches à clous ou se promènent sur des charbons ardents) ou les sâdhu (sortes de clochards hirsutes qui parcourent les routes en mendiant leur pain parfois nus et couverts de boue) et que les locaux considèrent comme de saints hommes.

En matière architecturale, les temples hindous se caractérisent par une statuaire abondante que certains qualifieraient de chargée. Rehaussés de couleurs vives, ils ne sauraient passer plus inaperçus que les constructions d’un quelconque Disneyland. Quoiqu’on en dise ou pense, ils sont cependant plus agréables à l’œil que les bidonvilles de Calcutta ou de Bombay.

Pour ce qui est de la poésie et de la littérature indienne, je n’en dirai rien vu qu’elle est totalement incompréhensible. Non seulement elle s’écrit avec des caractères pour le moins bizarres mais une fois qu’on maîtrise ces derniers, on se trouve lire les mots incompréhensibles d’une langue étrangère, ce qui est un comble !  Il y a fort à parier que l’intérêt des textes indiens ne mérite pas vraiment qu’on se donne la peine d’apprendre graphies et langues.

L’industrie cinématographique indienne est, en volume du moins, la première du monde. Son principal centre de production, surnommé Bollywood,  est situé à Bombay. On y produit par centaines des films où il est question d’amour, de haine, de tromperies, de vengeances, de guerre, de paix, de recettes de clafoutis (plus rarement) bref, de rien de bien original ou qui mérite qu’on s’y attarde. Ce qui fait la grande différence entre le cinéma d’Ingmar Bergman et les productions bollywooodiennes, c’est que dans ces dernières on chante et on danse beaucoup plus et que les Suédois les jugent moins hilarants.

Enfin, l’Inde possède une cuisine qui ne manque pas d’intérêt ni d’épices. J’en suis moi-même friand, sauf des plats combinant marrons et cochon du pays. Maintenant, peut-on, sans cruauté, la conseiller aux dyspeptiques ?

Nous voici, chers lecteurs, arrivés à l’heure délicate de la décision, celle où, en toute connaissance de cause, on envisage ou pas d’aller vérifier si le géographe ne vous a pas raconté des sornettes. Je peux vous assurer que tous les faits mentionnés ici sont rigoureusement exacts. S’ils ne vous détournent pas d’envisager un voyage en Inde, je me demande sincèrement ce qu’il vous faut.

mardi 3 février 2015

L'Inde (1)



Le qualificatif que l’on attache le plus souvent à l’Inde est «mystérieuse». Quoi de plus respectable qu’un mystère ? Je vous le demande ! Aussi éviterons-nous de nous montrer trop exhaustif afin de ne pas trop déflorer ce dernier même si se montrer bref sur un si gros morceau est impossible.

On parle parfois de sous-continent indien. A mon avis, c’est très exagéré vu qu’il n’occupe même pas le tiers de la surface de l’Europe qui est déjà un très petit continent. Quoi qu’il en soit, ce pays a grosso-modo la forme d’un triangle reposant sur sa pointe, en tout cas, il se rapproche bien plus de cette figure géométrique que ce qu’il est convenu d’appeler l’hexagone ne le fait de la sienne. Pourtant, à ma connaissance, personne ne l’appelle « Le Triangle ». Encore un mystère… Baignées par l’Océan Indien ses côtes sont probablement sablonneuses quand elles ne sont pas rocheuses et vice-versa. Au nord, se trouve une chaîne montagneuse appelé Himalaya caractérisée par la hauteur de ses sommets dont certains dépassent allègrement les 8000 m mais vont plutôt faire ça au Népal. Le pays a des frontières terrestres avec le Pakistan, la Chine, le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh et la Birmanie (rebaptisée Myanmar en 1989, histoire de gagner quelques points au scrabble). Preuve qu’on ne choisit pas ses voisins. Le pays est arrosé par de nombreux fleuves dont le plus connu, le Gange, est sacré ce qui rend jaloux nombre de ses collègues. Ses eaux putrides parcourent  le nord du pays avant d’aller noyer un nombre non négligeable de Bangladais qui ont eu la sottise de s’installer dans son delta puis de se jeter dans le Golfe du Bengale. Les autres ne sont pas mal non plus mais leur nom ne vous dirait rien. La forêt indienne occupe beaucoup de place malgré des efforts constants de déforestation. Toutes sortes d’espèces sauvages la peuplent dont le célèbre tigre du Bengale dont la taille est nettement supérieure à celle de son homologue de Seine-et-Marne et qui ne se prive pas de manger de temps à autres hommes, femmes ou enfants sans que ça ait une influence notable sur la démographie. Car le pays est très peuplé. Il y aurait en effet pas loin d’1,3 milliards d’indiens et pas de cow-boys ce qui explique que contrairement aux USA ils y tiennent le haut du pavé et que leurs westerns manquent d’intérêt.

L’histoire de l’Inde est assez complexe, ce qui l’apparente à celle d’autres pays. A la préhistoire (indienne) succéda l’antiquité (indienne encore) puis le moyen-âge (toujours indien). Ces périodes virent fleurir diverses religions et royaumes dans le détail desquels rentrer serait fastidieux. Il faut attendre le XVIe siècle pour que les Moghols viennent unifier ce bazar en un empire. A partir du XVIe siècle les Européens établissent en Inde des comptoirs où les locaux viennent boire des coups et taper le carton tout en causant business. Les sujets de Sa Gracieuse Majesté finiront par arracher le morceau via une compagnie commerciale puis, suite à la révolte des Cipayes, en 1857-58, une fois le dernier empereur Moghol déposé, la compagnie sera dissoute et le pays passera sous l’autorité directe de la couronne britannique, la reine Victoria (God bless her !) devenant  Impératrice des Indes en 1876. Bien qu’habitués à la misère et aux famines, les Indiens finirent par trouver pesant le joug britannique. Un certain Mahatma (titre qui signifierait « Grande âme » bien que la taille ou la superficie d’une âme soit difficilement évaluables) Ghandi prit la tête des contestataires. Il mena des actions non-violentes, fit des grèves de la faim, bref, sema le dawa jusqu’à ce que, lassés de tant d’ingratitude les Britanniques accordent l’indépendance aux Indiens en 1947. S’ensuivit des affrontements sanglants entre musulmans et Hindouistes, la partition du pays, l’exode de millions de personnes, accessoirement l’assassinat du Mahatma et une première guerre Indo-pakistanaise. La routine, quoi. Depuis, l’Inde est devenue une république parlementaire et fédérale dont on assassine volontiers les dirigeants surtout lorsqu’ils s’appellent Gandhi et sont les descendants du Pandit (faute d’avoir une âme bien vaste, il était « savant », ce qui n’est pas mal non plus) Nehru. A part ça,  l’Inde va son petit bonhomme de chemin, de violences religieuses ou de castes en guerres avec le Pakistan ou la Chine…

Du point de vue économique, l’Inde, sans faire des étincelles, a, depuis les années 90 du siècle dernier, connu une expansion remarquable. Il faut dire que, comme son voisin chinois, elle partait de si bas que l’inverse lui eût été fatal.  Toujours est-il qu’en PPA (parité de pouvoir d’achat) elle occuperait la troisième place mondiale et qu’en dollars elle se classerait douzième ce qui est mieux que le Pérou.  D’une économie largement basée sur le vol des vêtements mis à sécher par le voisin, on est passé à des industries modernes comme le textile, la téléphonie, les mines, la pharmacie, la construction automobile, le spatial, pour ne citer que les plus importantes. L’agriculture produit un peu de tout et atteint les premières, deuxièmes et troisièmes places pour bien des produits ce qui, vu sa population n’a rien que de très logique. L’amélioration de sa productivité a même permis à un pays traditionnellement  adepte des famines de devenir exportateur de produits alimentaires, c’est vous dire les progrès. Cela n’empêche qu’y subsistent tant dans les campagnes que dans les bidonvilles des grandes agglomérations une misère à faire pâlir d’envie la chine.

lundi 2 février 2015

L’éléphant (2)



La cohabitation entre l’homme et l’éléphant, comme l’ont vite compris les Limougeauds, ne va pas sans poser de problèmes. Doté d’un appétit égal sinon supérieur à celui du pygmée, il a tendance à ravager les cultures et accessoirement, tant il est balourd, à écrabouiller quelques cases et leurs habitants quand il gambade. Du coup, l’habitant des savanes, dont la fierté ne saurait cacher le caractère irascible, a pris l’animal en grippe et a tendance à le zigouiller quand les gardes-chasses sont occupés à vérifier si l’appétit sexuel des femmes pygmées est égal à celui de leurs hommes en matière de nourriture. Le côté cabochard et largement imprévisible de l’éléphant ainsi que les problèmes d’accidentologie que risquerait de provoquer leur déambulation sur le réseau routier ont fait remettre à plus tard un projet de réintroduction du proboscidien dans la plaine de Beauce. Preuve s’il en est besoin qu’il est plus aisé d’être en faveur de sa libre divagation quand on vit à plusieurs milliers de kilomètres de son aire de répartition que quand on l’a en face de soi et qu’il charge.

L’industrieux asiatique a su tirer un autre profit des éléphants qui peuplent son continent. Plus petit que son cousin africain et doté d’un caractère moins fantasque, ils furent depuis la plus haute antiquité (4500 ans avant notre ère dans la vallée de l’Indus) domestiqué et employé à des tâches civiles ou militaires. Citons, plus près de nous et dans ce dernier domaine le célèbre Carthaginois Hannibal qui franchit, bien avant la caravane du cirque Bouglione, les Alpes avec ses éléphants et Alexandre le Grand qui en fit, comme chacun sait ou devrait savoir, participer quelques uns à la bataille de Gaugamèles en octobre 331 avant notre ère. Toutefois, les éléphants de guerre s’ils impressionnaient par leurs taille et semaient l’effroi parmi les rangs de l’adversaire présentaient le léger défaut d’avoir tendance à fuir si on les effrayait, écrabouillant au passage les combattants de leur camp. C’est pourquoi ils ne dépassèrent qu’exceptionnellement les grades de caporal-chef ou de sergent. 

Dans le civil, ils furent utilisés comme animaux de  trait ou de transport. Dans les forêts, ils étaient employés au débardage des troncs et c’est pourquoi, bien que le fait soit peu connu,  les vêtements sans manches confectionnés à l’origine en peau d’éléphant d’Asie prirent le nom de « débardeurs ». Le transport à dos d’éléphant connut son heure de gloire mais son interdiction sur les autoroutes au nom du sacro-saint principe de précaution l’a fait régresser. De nos jours, il est surtout utilisé pour épater le touriste que ce soit en se livrant à des pitreries sur la voie publique (triple salto arrière vêtu d’un tutu rose, etc.) ou comme animal d’apparat par les maharajahs qui en ont encore les moyens. L’éléphant d’Asie est censé bénéficier d’une grande intelligence : il serait capable d’assimiler jusqu’à trente ordres (dont l’ordre alphabétique et l’ordre chronologique). Moins futé, celui d’Afrique n’obéit à personne.

On attribue à l’éléphant quel que soit son continent d’origine une mémoire phénoménale : il pourrait  réciter la table de multiplication par sept, plusieurs tirades de Corneille ou de Racine, se souvenir du menu servi à la communion de chacun de ses neveux ainsi que de citer la date et l’heure de TOUTES les apparitions télévisuelles du président Hollande depuis son élection. En fait, et jusqu’à preuve du contraire, je pense qu’il s’agit là d’une légende qui ne repose que sur les témoignages de piliers de bistro dont l’exactitude est aussi douteuse que la couleur rose qu’ils attribuent aux spécimens qu’ils côtoient

Je m’aperçois que je n’ai fait qu’esquisser quelques uns des traits qui rendent cette bête odieuse. Par crainte d’être long, je vous renvoie aux traités d’éthologie à elle consacrés confiant que je suis qu’ils vous permettront de la juger avec toute la sévérité qu’elle mérite.

dimanche 1 février 2015

L’éléphant (1)



« Mon âme ne connaîtra de paix que lorsqu’on aura empalé le dernier éléphant sur la corne du cadavre du dernier rhinocéros »
Saint François d’Assise, in Pour en finir avec les pachydermes

L’éléphant a ceci de commun avec le tigre, l’otarie, le chameau et le clown d’être très rare à l’état sauvage dans les collines du Mortainais, les quelques spécimens qu’on peut y observer appartenant généralement à des cirques de passage au triste spectacle desquels nul n’est contraint d’assister. Son absence explique en grande partie mon choix d’y résider. Il se trouve que de longues années de réflexion sur le sujet m’ont conduit, à l’instar du Poverello,   à concevoir vis-à-vis des pachydermes en général et de ce proboscidien en particulier une aversion qu’on ne saurait qualifier de phobique tant elle est rationnelle.

Quoi de plus disgracieux, de plus nuisible et de plus grossier qu’un éléphant qu’il soit d’Afrique d’Asie, de Limoges* ou socialiste ? Déjà son nom devrait nous mettre en garde : il est en effet dérivé du grec ἐλέφας signifiant à la fois ivoire et, par synecdoque, éléphant. Le seul choix de cette figure de style montre à quel point cette bête est prête à tout pour s’arroger une valeur qu’elle n’a pas. Notons au passage que le preux Roland, pour appeler à sa rescousse son Charlemagne de tonton, souffla dans son olifant. Or qu’est-ce qu’un olifant, sinon une déformation du nom de cet infâme pachyderme ? Comment s’étonner dès lors que personne ne vint le secourir à temps ? N’ayant pas été élevé à la cour d’Aachen, je ne me serais jamais permis une pratique aussi révoltante dont les effets en matière de son équivalent à ceux qu’on obtient en pissant dans un violon. Mais foin de digressions, venons-en aux tristes faits.

L’éléphant d’Afrique vit soit dans la savane, soit dans la forêt. Dans l’un et l’autre cas, il fait l’objet d’une chasse sans merci tant le fier homme des plaines herbeuses et le vorace pygmée sont friands de sa chair dont le goût rappelle celui de la girafe avec en plus des arômes de fruits rouges et de balayures d’atelier de mécanique générale. Bien que de petite taille, le pygmée est doté d’un solide appétit : un éléphant cuit à la broche est le repas traditionnel qu’offre un célibataire à son futur beau-frère en vue d’obtenir son soutien lorsqu’il demandera la main de sa sœur (les oreilles et la queue, peu digestes sont données aux chiens ou aux matadors de passage qui en raffolent).

 Seulement, cet ingrédient de base de la gastronomie africaine (nous ne saurions trop recommander l’éléphant et son coulis de mangue cuisiné en papillote) présente en dehors de ses éminentes qualités gustatives un intérêt économique certain du fait qu’il fournit un sous-produit appelé la défense. Après avoir constaté que, quel que soit le temps de cuisson qu’on lui consacre, la défense demeurait indigeste, l’homme préhistorique remarqua qu’elle pouvait être utilisée pour façonner divers objets comme des boules de billards ou des statuettes dont l’aspect rappelait celui des plastiques les plus fins. Les Grecs, furent également séduits par cette matière au point d’orner leurs temples de monumentales statues chryséléphantines (pour ceux qui se seraient montrés distraits lors de leurs cours d’histoire de l’art grec : faites d’or et d’ivoire). Celle qui ornait le temple de Zeus à Olympie, œuvre de Phidias, fut même considérée comme la troisième merveille du monde, ce qui n’est pas rien. Ce goût pour l’ivoire perdura et mena à la création d’un trafic hautement rémunérateur qui connut une grande expansion avec la propagation des armes à feu. En effet, sa chasse traditionnelle, qui s’opérait à l’aide d’une épuisette, requérait une nombreuse main d’œuvre et donc en augmentait considérablement le coût. De nos jours, une balle dum dum entre les deux yeux, deux coups de tronçonneuse et l’affaire est dans le sac. Quel progrès !  Seulement, à force de se faire braconner, l’éléphant vit son nombre se restreindre dangereusement et des âmes généreuses prirent sa défense (ce qui est paradoxal vu que c’était exactement ce qu’on reprochait aux braconniers). Le commerce de l’ivoire fut prohibé mais le massacre continua.

*L’espèce a heureusement disparu suite à la chasse dont il fut l’objet de la part des porcelainiers dont il ravageait les magasins.

samedi 31 janvier 2015

Le cheval



Parmi les animaux qui souillent la planète de leurs excréments et l’encombrent de leur présence importune, le cheval tient hélas une place de choix. Certains vont jusqu’à en faire « La plus noble conquête de l’homme » ! Personnellement n’ayant aucun penchant zoophile, je trouve qu’il n’y a vraiment aucune fierté à retirer d’avoir séduit un équidé, mais laissons ces tordus à leurs turpitudes. N’ayant pas la verve hargneuse du regrettable Léon Bloy, je ne saurais exprimer avec la véhémence nécessaire tout le mépris que m’inspire cette ignoble créature. Je vais tout de même essayer.

En fait, « Cheval » n’est que le pseudonyme sous lequel se cache l’équus caballus. Et il en a d’autres ! Ainsi, lorsqu’il est « entier » et destiné à la reproduction l’appelle-t-on « étalon ». Sa femme, dans une tentative de dissimuler tout lien avec cet exhibitionniste qui, quand la fantaisie l’en prend, n’hésite pas à exposer un membre viril apte à inspirer un complexe de panoplie chez Rocco Siffredi, se fait appeler « Jument ». De même, la honte que lui inspire le comportement grossier de leur père, pousse ses enfants à se prendre le nom de « poulain ». Hélas pour eux, leur physionomie les trahit et ils ne trompent personne. Curieusement, quand, histoire de lui rabattre un peu le caquet, on castre le cheval,on l’appelle « hongre », mot dérivé de « hongrois ». Je m’étonne que les associations antiracistes ne se soient pas émues de cette insulte faite à des hommes somme toute pas plus stériles que d'autres.

Le cheval fut longtemps, faute de mieux, utilisé dans l’agriculture, les transports et la guerre.

Le militaire médiéval qui chevauchait en tirait une fierté au point qu’il dériva son nom de ce stupide animal. En dériva également l’adjectif « chevaleresque » censé qualifier des gestes ou attitudes valorisants. Toutefois, il n’est point jugé chevaleresque d’exhiber son sexe en société, ce qui prouve que le rapport entre le comportement de l’animal et les vertus est bien distant. Lorsque la démocratisation des montures se développa, le soldat à cheval devint un cavalier et logiquement, se montrer « cavalier » fut signe de mauvaise éducation. Dieu merci, le Chardasseau, animal doté d’un canon (alors que l’inefficace cheval en compte deux qui ne tirent aucun projectile) est venu il y a près d’un siècle le remplacer sur les champs de bataille.

Jusque récemment, le cheval de trait servit au labour. On s’en débarrassa heureusement au profit du Traqueteur bien plus efficace et ne souillant aucunement les belles routes de nos campagnes de disgracieux monticules de crottin.

De même l’automobile, la moto, le vélomoteur, la bicyclette et l’autocar vinrent offrir, dans le domaine des transports d’heureuses alternatives à ce malodorant ongulé.

On aurait pu espérer que ces progrès nous auraient débarrassés à jamais de cette sale bête.  Ce serait bien mal connaître la futilité de l’humain. Si dans des pays de culture souvent douteuse comme les États-Unis et l’Argentine quelques cow-boys et gauchos (mot servant chez nous comme là-bas à désigner des voyous aux idées nocives) s’obstinent à ennuyer les bovins grimpés sur ce misérable équidé, en France en dehors de procurer à quelques passéistes l’occasion de faire des chutes quand les pistes de ski sont fermées, ils ne sont plus guère utilisés que dans le cadre de courses hippiques où l’ouvrier perd en paris le peu d’argent que lui laisse le  bistro.

Les expressions dérivées de l’animal sont nombreuses et généralement peu flatteuses. Si « ne pas être le mauvais cheval » est plus indulgent que flatteur, être « à cheval sur les principes » fait montre de rigidité psychologique et avoir (comme on en met à la bête pour éviter qu’elle ne fasse l’andouille) des œillères ne fait que confirmer cette malheureuse tendance. Mais pourquoi l’accabler plus avant ?

 Le spectacle que donne cet inutile quand il court sans raison valable dans des prés dont il dévore l’herbe sans offrir la moindre contrepartie et son lamentable cri ne suffisent-ils pas à inspirer à tout esprit lucide un profond dégoût ?