…et c’est bien dommage ! Car l’interruption de cette émission de M6 me
pose question : Qu’est-ce que je vais faire le lundi soir quand il n’y
a rien d’intéressant à regarder ? Je pourrais bien sûr m’adonner aux joies de la lecture mais ces
derniers temps les livres que je tente de lire ou de relire me tombent des
mains tant ils m’ennuient. Dans le meilleur des cas, j’arrive à en lire
quelques pages chaque jour avant de tomber de sommeil et finalement de les abandonner
définitivement.
Pour ceux qui débarqueraient de la planète Mars après un
séjour d’une décennie, je préciserai qu’il s’agit d’une émission de téléréalité
où des agriculteurs (et trices) viennent chercher l’âme sœur. Au début de l’année
on propose aux téléspectateurs (et trices) un portrait des candidats à la
passion. Ceux qui ressentent, suite à cette diffusion, le désir irrépressible
de les rencontrer leur écrivent une missive, de préférence enflammée. Les
agriculteurs (ou trices) lisent leur courrier et sélectionnent les prétendants
(ou dantes) qui leur plaisent le plus et les invitent à un speed-dating suite auquel ils choisissent leurs deux
préférés (ou rées) qui viennent à la ferme pour un séjour d’une semaine afin de
se mieux connaître. Suit un choix entre les deux personnes concernées (au cas
où, bien entendu, aucune n’est déjà partie) et si celle (ou celui) qui est choisi
en est d’accord, le paysan (ou la sanne) vont en ville découvrir l’ « univers »
de leur chéri (ou rie). S’ils continuent de s’entendre comme cul et chemise,
ils partent pour un week-end de rêve à Romorantin, Châteauroux, Hénin-Beaumont
ou tout autre endroit également fascinant. La saison se termine par un bilan où
tous les participants se retrouvent pour faire le point sur ce que leur a
apporté leur participation. Certains arrivent en compagnie de celle (ou celui)
qui avait fait l’objet de leur choix, d’autres avec un (ou une) autre, certains
arrivent brocouilles comme chasseur en Bouchonnois. Ils ont commencé une vie
commune, des projets de mariage, ressenti de bien amères déceptions mais sont quand
même assez contents de leur coup vu qu’ils sont tous devenus copains comme cochons.
Bien entendu, tout cela est entièrement bidonné. Il s’agit d’un
show et, comme disait Béart, « dans le spectacle, y’a pas de miracles ».
On sélectionne les agriculteurs comme pour n’importe quel panel : il faut
un (ou à la rigueur deux) beaux gosses, une fille du genre pas facile à traire,
un gros bouseux au cœur gros comme ça, un rigolo (ou une lotte) etc.… Suivant
la catégorie à laquelle on appartient, le volume du courrier varie énormément
(curieusement, le beau gosse en reçoit généralement plus que le gros plouc, quelque
soit son hypertrophie cardiaque). Les motivations profondes des candidats (et
dates) à l’amour rural varient. Certains semblent surtout être là histoire de
passer à la télé tandis que d’autres paraissent (pourquoi pas ?) sincères.
Plus on a de courrier, plus on peut sélectionner de prétendants (ou dantes) au
speed-dating. Ainsi, le beau gosse de service voit-il arriver des cohortes de
jeunes femmes canons tandis que son gros péquenaud de collègue a bien du mal à en
faire venir deux. On se demande d’ailleurs ce qui se passerait si un candidat (ou
une date) ne recevait aucun courrier : louerait-on des prétendants ? Tenterait-on
de convaincre, faute de mieux, une prétendante du beau gosse de revoir ses ambitions à la baisse ? La
présentatrice annoncerait-elle à Marcel que, faute de combattantes l’aventure s’arrête
là ? Ils font leur cuisine comme
ils veulent…
Ensuite, il s’agit d’un montage où on nous montre ce que l’on
veut. Je suppose qu’au cours des diverses étapes de l’ « aventure »
on ne filme pas tout et que de ce qui est filmé on ne conserve que ce qui est
susceptible de plaire aux téléspectateurs (scène tendre, franche engueulade,
moments de tensions, etc.). Du coup, certains (ou taines) apparaissent plus
abrutis que nature, extrêmement sympathique (et on comprend mal pourquoi plutôt
que de fondre à la perspective de folâtreries rurales leurs prétendants (ou
dantes) les envoient paître). De même certains
revirements sont curieux : le prétendant (ou la dante) énamouré comme chien en rut ne donne aucune suite ou file à l’anglaise sans qu’on comprenne
bien pourquoi. Ce qui est bien troublant…
Mais me direz-vous, si vous considérez que tout cela est
bidonné et pas très cohérent, pourquoi perdez-vous votre temps à regarder cette
ânerie ? Eh bien, parce qu’il n’y a aucune raison pour que je n’exerce pas
mes droits imprescriptible à regarder de
la daube et aux passe-temps futiles. Parce que c’est quand même pas trop mal ficelé, qu’on maintient un
certain suspens, et qu’en plus de « quelque chose de Tennessee » j’ai en
moi un peu reste de midinette que d’éventuelles belles histoires peut émouvoir. Et aussi parce que le lundi soir ça m’évite les dilemmes.