La politique ne
présentant (du moins à mes yeux) aucune espèce d’intérêt en ce moment, comme il sied à tout vieux
con, je continuerai donc de vous entretenir de mes inestimables expériences en
espérant qu’elles s'avèreront manquer totalement d’intérêt pour les générations présentes, passées et à venir.
Allez savoir pourquoi, le goût des jeunes femmes est assez
répandu, non seulement chez les jeunes hommes et la délicieuse Caroline Fourest* mais aussi chez des hommes, disons, plus
mûrs. Curieuse mode, qui comme les autres passera, mais à laquelle j’avoue
avoir longtemps succombé.
Ma première épouse n’avait que neuf ans de moins que moi.
Lorsque quatorze ans après notre rencontre la vie nous sépara, je me trouvai
fort dépourvu mais n’étant pas du genre à nourrir d’éternels regrets, je me mis
en quête d’une nouvelle compagne. S’ensuivit une courte liaison avec une jeune
personne que nos quinze ans de différence ne rebutèrent pas. Malheureusement,
son caractère primesautier et mon caractère ombrageux d’alors firent que l’affaire fut sans suite. Pas totalement
abattu pour autant, je rencontrai un peu plus tard, à Londres, une jeune
collègue de quinze ans ma cadette qui partagea ma vie trois ans durant. De retour en France, je rencontrai celle qui
devint ma seconde épouse. Dix-huit ans nous séparaient. Ça commençait à faire
beaucoup. Aux yeux de bien des gens, une jeune et jolie femme ne peut
s’intéresser à un homme mûr que pour des raisons financières. C’est faux, puisque
j’étais alors complètement fauché. Cette différence n’allait pas sans créer de
menus quiproquos. J’eus bien du mal à faire comprendre au gars du bureau de
tabac que celle qui était passée acheter nos cigarettes n’était pas ma fille
mais ma femme. De même, l’épicier eut
bien du mal à admettre que je n’avais qu’une seule fille et non deux comme il en
était convaincu. Mais ce n’est pas ça qui causa notre séparation.
Mine de rien, le temps avait passé et j’approchais la
cinquantaine. C’est alors qu’une idée nouvelle me traversa l’esprit : le
temps ne serait-il pas venu de délaisser les inconstantes jouvencelles pour des
personnes d’un âge plus en rapport avec le mien qu’on pouvait supposer plus
stables ? Comme toute nouveauté, il me fallut du temps pour l’accepter.
J’avoue que cette perspective m’intimidait. Accoutumé à un mode de vie
légèrement rock’n roll, j’avais tendance à suspecter mes contemporaines d’être
certes de braves dames mais aussi d’avoir un mode de vie et une mentalité plus
proches de ceux de ma défunte mère que de ceux de mes anciennes compagnes. Mais
bon, quand faut y aller, faut y aller…
Je ne fus pas déçu. Quelques aventures plus ou moins fugaces
m’apprirent que chez une femme de cinquante ans et plus la faculté
d’embellir ou de pourrir une vie demeure
intacte. La chance voulut que mes deux dernières liaisons fussent des
emmerdeuses de choc, ce qui me fit me détourner à jamais de cette catégorie
pour cause d’overdose. Comme le bonheur s’acharnait sur moi, je rencontrai
finalement celle qui depuis plus de dix ans maintenant me rend heureux... …même si elle est un peu plus âgée que moi.
*Qui raconte dans son dernier opus, que je me suis empressé
de ne pas lire, ses amours torrides avec la belle Femen Inna Shevchenko de 15 ans sa cadette.