Il y a des gens qui ont le don de m’agacer. C’est le cas d’un
certain Arthur Rimbaud, un soi-disant poète du siècle avant-dernier. Voilà un
gars qui entre 16 et 21 ans rimailla un peu.
Vraiment pas de quoi faire un plat. Il fréquenta intimement M. Paul
Verlaine, un vrai poète comme on les aime, lui. Du genre qui abandonne sa
chaste et noble épouse pour courir l’aventure avec un gamin, qu’on ramasse ivre-mort dans les caniveaux mais qui
vous font de jolis petits poèmes sur la fidélité conjugale et la sagesse. Eh
bien figurez-vous que ce grand honnête homme a fini par révolvériser l’infâme
Arthur tellement ce dernier était désagréable. Quand on a dit ça, on a tout
dit.
Certains vous parleront d’une œuvre immortelle. Certains ont
la triste manie de dire n’importe quoi. Son œuvre complet constitue un maigre
volume dans la Pléiade. Et encore pour parvenir à ce piètre résultat a-t-il
fallu y inclure ses lettres à sa môman, ses notes de blanchisseries et ses
listes de courses.
Quant aux « poèmes »…
En voici quelques tristes exemples :
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu :
voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeur des
vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs
étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! –
Passons sur les obscurs néologismes. Ainsi, d’après ce joli coco, les
voyelles auraient des couleurs. Admettons. On commence un délire et, en bon
gougnafier, on s’arrête en chemin. Et les consonnes, elles sentent le pâté ?
T, pour ne prendre qu’un exemple, est-il mauve-burne ou vert caca d’oie ? On ne le
saura jamais. Et d’ailleurs on s’en tape.
Comme je descendais des Fleuves
impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
C’est même pas vrai. Les Peaux-Rouges n’ont jamais cloués de haleurs nus aux
poteaux de couleurs. C’est en vain que l’on chercherait dans les gazettes de l’époque
la relation d’un tel fait divers. De plus, M. Rimbaud n’a JAMAIS mis les pieds
en Amérique. Un menteur doublé d’un raciste, tel était la vraie nature d’Arthur.
J’avais cru pouvoir un jour tirer avantage de sa célèbre phrase « Je
est un autre ». J’écrivis au
percepteur que, partant de ce principe, il n’y avait aucune raison pour que JE
paye la taxe d’habitation, la taxe foncière ou l’impôt sur le revenu d’un AUTRE.
En pure perte. Je n’obtins aucune annulation de taxes et me vis infliger 10 %
de pénalités.
Quand on pense que de tels insignifiants occupent abusivement la place qui
revient de droit aux vrais poètes, ça fout les boules !
Voici maintenant un exemple de poésie chantée. Texte élégant et riche de
sens. De plus, il vous reste trois jours pour apprendre paroles et musique
(Vous la trouverez
ici
chantée par Georgius) et éblouir vos convives lors du réveillon de Noël. Ne me
remerciez pas, le goût de partager les belles choses m’est naturel :
Méfiez-vous d’Anatole
Anatole était mon meilleur copain
Jusqu'à-z hier matin
J'y aurais confié un secret personnel
Ou ma montre en nickel
Eh bien ! Il vient d'abuser d'ma bonn' foi
Pendant mon absence, il est v'nu chez moi
Il a pincé les nichons de ma sœur
Il a bavé dans le plat de choux-fleurs !
Il s'est lavé les pieds dans mon piano
Il s'est essuyé avec mes rideaux
Refrain
Méfiez-vous d'Anatole
C'est un coquin
C'est un coquin
Sous son air bénévole
Il cache une âme de gredin
J'aurais dû ouvrir l'œil depuis longtemps
Je me souviens maint'nant
Dans la maison d'campagn' de mes parents
Je l'emmenais souvent
Or la nuit fallait en cas de besoin
Aller aux waters dans l'fond du jardin
Mais lui rel'vait le rideau d'la ch'minée
Posait sa carte et retournait s'coucher
Le lend'main, la bonn' l'accusait tout haut
Il lui sout'nait qu'ça v'nait des p'tits oiseaux
Refrain
Méfiez-vous d'Anatole
C'est un coquin
C'est un coquin
Sous son air bénévole
Il cache une âme de gredin
Ma bonn' grand-mère avait un râtelier
Qu'ell' mettait pour dîner
Après chaqu' repas ell' le déposait
Dans un p'tit coffret
Anatol' qui n'pensait qu'à faire des tours
S'en fut en douc' le chiper un beau jour
Et su' l'fauteuil où ell' devait s'asseoir
Vint le poser sans qu'personn' puiss' le voir
Si bien que lorsque s'assit ma grand-mère
Avec ses dents ell' se mordit l'derrière
Refrain
Méfiez-vous d'Anatole
C'est un coquin
C'est un coquin
Sous son air bénévole
Il cache une âme de gredin
J'y avait prêté pendant toute un' semaine
Ma jolie Citroën
Un beau jour devant aller à Bordeaux
J'lui réclam' mon auto
Il me la rend. Nous partons tous les deux
Mais en arrivant près de Périgueux
Trouvant que ma voiture roulait moins bien
J'lui dis inquiet : "J'me demande à quoi ça tient ?"
Et c'est alors que cette crapule m'avoue
Avoir vendu le moteur et les roues !
Refrain
Méfiez-vous d'Anatole
C'est un coquin
C'est un coquin
Sous son air bénévole
Il cache une âme de gredin
Une autr' fois je l'emmène faire un billard
Au café des Boul'vards
Ça faisait douz' parties qu'il v'nait d'gagner
J'lui dit : "Rentrons dîner."
Mais v'là l'patron qui cavale derrière nous
En nous traitant de voleurs, de filous
"Mon billard, nous dit-il, il a disparu
J'veux vous fouiller..." Et alors, qui l'eut cru ?
On a r'trouvé l'billard dans son veston
Et puis les boul's dans son pantalon
Refrain
Méfiez-vous d'Anatole
C'est un coquin
C'est un coquin
Sous son air bénévole
Il cache une âme de gredin