..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

mercredi 22 mars 2023

Rage !

 


Rassurez vous, je ne vais pas vous parler de cette réforme des retraites qui, nous dit-on, provoque l’ire des Français. Ne serait-ce que parce que, à la différence de la majorité de mes concitoyens, je ne suis pas un spécialiste des systèmes de retraite par répartition. Non, il s’agit d’une rage que je viens d’expérimenter ces derniers jours : celle des dents. Bien sûr, il m’était, au cours de ces soixante-douze dernières années, arrivé d’avoir mal aux dents. Mais rien de bien méchant. Des abcès, j’en ai connus beaucoup mais ils avaient le bon goût de ne provoquer que des douleurs supportables. Je ne les soignais pas, prenais mon mal en patience et, en quelques jours ils disparaissaient, ne laissant qu’un souvenir un peu désagréable.


Et puis, samedi dernier, j’ai commencé à ressentir une légère douleur à une prémolaire. Tiens, me dis-je, encore un de ces foutus abcès. Je n’y prêtais guère attention. Le lendemain, la douleur s’accentua. Je commençai à prendre du paracétamol sans que son effet soit notable. La nuit qui suivit fut difficile. Les douleurs s’accentuèrent m’empêchant de dormir jusqu’à 1 heure et me contraignant à me lever à 6 heures. A neuf heures, j’appelai mon dentiste. Hélas la secrétaire m’annonça qu’aucun rendez-vous n’était possible avant plusieurs mois. Je lui rétorquai que d’ici là, d’une manière ou d’une autre, le problème serait résolu. J’insistai cependant, pensant qu’entre deux patients, le praticien pourrait me consacrer quelques minutes pour confirmer la présence d’un abcès et éventuellement me prescrire de quoi lutter contre. Elle me dit qu’elle allait lui en parler et me rappellerait. Je passai la journée dans un état second à attendre son message. Deux jours ont depuis passé et pas plus d’appel que de beurre en broche. Et le pire était à venir.


La nuit du lundi au mardi me donna une idée de ce que pourrait être l’enfer. Je pris un demi Lexomil afin de dormir, complétai ma médication par du paracétamol mais jusqu’à 3 heures pas question de fermer l’œil, la douleur, malgré de nouvelles prises de médicaments, alla croissante, se répandant de la mâchoire inférieure à la pommette et s’accompagnant de fièvre. J’en fus à penser que la solution serait peut-être d’aller chercher une pince dans mon atelier et d’arracher la dent ! Seulement, le risque d’une hémorragie me retint. Je finis par dormir de temps à autre entre deux réveils douloureux. Je me levai à onze heures. J’étais à ramasser à la petite cuillère. Ma fille m’ayant indiqué que dans tout le département il n’y avait aucun dentiste pour les urgence disponible dans l’ensemble du département avant 5 jours (ils n’interviennent que le week-end, le reste du temps ce sont leurs collègues qui refusent de vous recevoir), je ne savais plus que faire. J’appelai Nicole qui me conseilla de me tourner vers la pharmacie qui possède une cabine de téléconsultation. Renseignements pris, j’appris que je pouvais bénéficier de ce service rapidement et m’y rendis, bien que, vu mon état, prendre le volant me paraissait risqué. Tout se passa bien. Antibiotiques et analgésiques me furent rapidement prescrits. De plus, mes douleurs s’étaient un peu calmées. Cette dernière nuit se passa bien et une forme relative est revenue. Tout est donc bien qui finit bien.

Au delà de mes petits malheurs, ce que cette expérience m’a fait réaliser avec une certaine acuité, c’est le triste état de notre système de santé : j’ai du prendre un médecin à 15 km de chez moi. Les soignants ne se déplacent plus et ne font plus de gardes. Ils ont autre chose à faire que de soulager les douleurs de leurs patients. Que nous reste-t-il en dehors des urgences surchargées où en cas d’incapacité pourraient nous conduire pompiers ou SAMU à condition qu’on soit prioritaire et qu’ils soient disponibles. PAUVRE FRANCE !

dimanche 12 mars 2023

Peur de manquer…

 


J'ai lu ce matin l’émouvant billet de Fredi M. qui m’amène a réaliser à quel point les expériences enfantines divergent et nous marquent. Il y est question de fins de mois difficiles, de frigo vide. Choses que je n’ai jamais connues. Débarqué de sa Bretagne natale à la fin des années quarante, mon père, ex-sous-officier de la Marine Nationale, dégagé des cadres, arriva le premier à Paris tenter l’aventure. Une fois un emploi trouvé, ma mère et mon frère ainé l’y rejoignirent et ils réalisèrent leur dessein de toujours, investissant leurs économies dans une épicerie à Puteaux. Je survins quelque temps plus tard. L’appartement du commerce étant très exigu, on m’expédia en Bretagne en nourrice chez une amie de ma mère dans son village natal. A deux ans et demi, j’en revins car la situation avait changé grâce à leur travail sept jours sur sept et un sens de l’économie pour le moins développé, le commerce était fini de payer, mis en gérance et ils avaient également pu faire l’achat d’un petit pavillon de banlieue à Sartrouville qu’ils payèrent comptant.

Ma mère, en dehors de celui de l’épicerie qui la plongea dans d’horribles angoisses, n’a jamais fait un crédit de sa vie. Nous n’avons jamais, malgré le salaire, au départ médiocre, de mon père, manqué de rien. Ma mère y veillait. La voiture (une 4 CV), le frigo, la machine à laver, toujours payés avec l’argent d’hier et jamais celui de demain, nous en fûmes vite équipés. Pour la télé, il fallut attendre 1960, vu le peu d’enthousiasme que ressentait ma mère vis-à-vis d’un achat non-essentiel à ses yeux. Le frigo était toujours rempli mais son contenu excluait toute coûteuse fantaisie. Un congélateur vint bientôt compléter nos capacités de stockage.

Dire que l’ambiance familiale était joyeuse serait exagéré. Austère conviendrait mieux mais en dehors de la fantaisie et de la spontanéité, nous ne manquions de rien. J’en sortis bien décidé à vivre autrement.

Entré dans la vie professionnelle à dix-huit ans, mes débuts financiers furent hasardeux. Je rejoignis, par réaction, ceux à qui, selon l’expression maternelle « il manque toujours 20 sous pour faire un franc » mais en cas de coup dur, je pouvais compter sur le parachute parental…

 La vie continua avec des hauts et des bas que j’ai ailleurs narrés. Selon le proverbe que j’ai forgé pas plus tard qu’hier sur Facebook « Radotage et ronchonnage sont les deux mamelles de la sénilité », j’éviterai donc d’en refaire mention.

Toujours est-il que voici bientôt douze ans un héritage vint compléter mes maigres économies. Rien de mirifique mais suffisant pour me mettre à l’abri de toute angoisse du lendemain à condition de se montrer raisonnable. Ayant bazardé ma résidence secondaire et les frais inhérents à la rejoindre et à l’entretenir , les ressources que me procurent mes sept retraites (rançon d'une carrière variée), même si je demeure un « foyer modeste » sont bien supérieures à mes dépenses courantes. Dans cette France où la misère est censée galoper, je dois être un des rares à ne pas se plaindre. Il n’empêche que me reste un soupçon de peur de manquer qui fait que j’ai en permanence un stock de nourriture et de boissons qui conjure toute angoisse du frigo vide tout en oblitérant les petites joies que peut connaître Fredi en revivant un manque que je n’ai de fait jamais connu.

samedi 25 février 2023

N’est-ce qu’un au revoir ?

 

Certains, dotés d’un sens de l’observation particulièrement développé, l’auront remarqué : l’activité de ce blog s’est notablement réduite ces derniers temps. Une photo publiée en presque deux mois, c’est peu.


Serais-je à court d’inspiration ? Pas vraiment. Des sujets d’articles, il en pleut à verse. Pas plus tard que ce matin l’actualité fourmille d’événements propres à stimuler la réflexion : M. Macron inaugure le Salon de l’Agriculture, un mineur isolé s’est fait écrabouiller par un TGV, M. Zelensky envisage la victoire, M. Palmade aurait été vu traverser en dehors des clous, des manifestations sont prévues un peu partout (histoire de protester), hier, ma voiture a été recalée au contrôle technique, comme souvent en Normandie, le ciel bas et lourd fait rien qu’à peser comme un couvercle sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, une pénurie de nouilles menace, le prix du rutabaga repart à la hausse, etc.


On a l’embarras du choix ! Que de belles pages seraient à écrire sur chacun de ces sujets ! Le seul hic, c’est que je préfère laisser ce plaisir à d’autres qui sauraient mieux (ou moins bien) que moi en extraire la substantifique moelle. Il se trouve simplement que je n’en éprouve aucune envie. Le plaisir que j’éprouvais (ou aurais pu éprouver) à traiter des questions qui occupent la France et le Monde comme le choix d’un NAC, les pays où ne foutre les pieds sous aucun prétexte, l’âge optimum où prendre une retraite méritée (ou pas) en fonction de son signe astrologique et du degré d’hygrométrie moyen de son lieu de résidence, le juste prix du kilo de topinambours bio, en quels termes adresser une demande en mariage à Mme Sandrine Rousseau et/ou à M. BHL, comment sauver à peu de frais la planète sans être malade le lendemain, les désagréments que peut entraîner une surconsommation de cassoulet en intraveineuse, ce plaisir donc, « s’en est volé ». Exactement le même coup que fit le temps de sa jeunesse au bon François Villon.


Comme disait l’autre, avec le temps…


C’est sans amertume aucune que je crains d’écrire ce jour mes dernières fariboles. Il se peut cependant qu’un temps vienne où l’envie me reprenne de futilement discourir, vu qu’il ne faut jamais dire jamais. On verra bien.


Étant dans un bon jour, j’ai également décidé de rouvrir un temps les commentaires. Que ceux que j’ai pu distraire un instant et qui en auraient l’envie ne se privent pas d’en profiter.

dimanche 1 janvier 2023

Voeux

 


Comme le veut la tradition, je présente à tous mes lecteurs mes meilleurs. Une chose me paraît sinon assurée du moins probable : au train où vont les choses, 2023 sera meilleure que 2024. A moins, bien entendu, qu’un conflit nucléaire vienne empêcher toute comparaison.

Cela dit, j’ai vaguement entendu les vœux que nous à adressés notre bien aimé président. Nous prenions l’apéro du soir (espoir). Mon oreille fut pour le moins distraite. Cela me rappela les temps déjà anciens où je travaillais comme prof de français dans une célèbre œuvre secourant les enfants en grande difficulté et plus précisément certain banquet de Noël qui regroupait le personnel. J’étais assis près d’une collègue et de son mari. Nous étions plus d’une centaine attablés sous la verrière de la grande cour vitrée du château. Le vacarme des conversations et des bruits de couverts était plus ou moins dominé par les propos de l’animateur que relayaient une puissante sonorisation. Un petit problème cependant : l’enthousiasme et la bonne volonté du brave homme qui s’époumonait au micro ne parvenait pas à contrebalancer le fait qu’atteint d’une malformation du palais, ses paroles étaient totalement incompréhensibles. Se penchant vers sa femme, le mari de ma collègue lui demanda : « Qu’es-ce qu’il raconte ? » à quoi elle répondit : « Les mêmes conneries que l’année dernière ». Ces propos peu charitables reflètent ce que je ressens lorsqu’il m’arrive d’entendre une des multiples interventions de notre vénéré président.

Dieu qu’il est chiant ! Comme le brave animateur que j’évoquais, comment ne se rend-il pas compte qu’il est à un orateur ce qu’est le climat normand à celui d’une île paradisiaque ? Qu’à part provoquer la somnolence de son auditoire ses propos sans intérêt n’ont aucun effet ? Il nous parle du redressement de la France, des bienfaits incommensurables de l’Union Européenne, des efforts à fournir et des sacrifices à consentir, de la nécessaire union à maintenir au sein d’un peuple dont il ne semble pas remarquer la profonde archipellisation, des problèmes qu’entraîne le contexte international que nous ne manquerons pas de résoudre en se ralliant à son panache plus ou moins blanc, du contrôle des frontière qu’il assurera un jour... Et il n’en finit pas, il se répète, son trop long discours se fait interminable. On espère que chaque phrase sera la dernière mais c’est comme les cheveux d’Éléonore : quand y’en a plus, y’en a encore ! On a envie de lui dire, comme à un enfant attardé qui, à vingt-cinq ans passés placerait ses espoirs dans Papa Noël, que l’Europe, ou plutôt L’UE, n’est pas la solution à tout, que 27 glandeurs maladroits abattent moins d’ouvrage qu’un seul habile bosseur. Et puis on se retient par crainte qu’il n’écoute pas ou par cette pitié qui nous fait répugner à briser un rêve de gosse si chimérique soit-il. Ne voit-il pas qu’il n’a été par deux fois élu que par défaut ? Qu’il n’est que le triste produit d’un pays peuplé de vieillards frileux ?

Finalement il s’arrête. On en est soulagé. C’est rassurant, ça rend optimiste : les pires choses ont donc une fin ! Hélas, thuriféraires et ergoteurs stipendiés prennent le relais pour louer son génie ou blâmer le vertigineux abîme de son absence de vision. Heureusement, un autre événement dérisoire viendra sous peu renvoyer ce dernier pet dans la toundra au néant qu’il n’eût jamais dû quitter...