La mode est aux maladies. En dehors du Covid, ce sphinx renaissant perpétuellement de ses cendres, nous avons vu récemment en émerger une nouvelle : la variole du singe. Cette dernière se montre un peu décevante d’un point de vue purement catastrophiste : elle est relativement bénigne et guérit spontanément, ses symptômes disparaissant en deux ou trois semaines. Cette maladie n’est nouvelle qu’en Europe et en Amérique alors qu’elle est endémique en Afrique de l’Ouest et Centrale. Ce qui est assez logique, vu que des contacts avec les simiens y sont plus probables qu’au Groenland, charmante région où une contamination à la diphtérie du phoque serait plus envisageable.
Fatale ou pas, l’apparition d’une nouvelle maladie ne manque jamais totalement d’intérêt au niveau médiatique. Elle permet de renforcer ce sentiment d’angoisse que nos contemporains adorent éprouver. Le passage d’une maladie d’une espèce à une autre est toujours inquiétante. Bien que le nombre de contaminés humains ait été réduit, la maladie de la vache folle provoqua une belle panique en Grand-Bretagne puis en Europe au début des années 90 du siècle dernier. Me trouvant en Angleterre à l’époque, je pus grâce à l’effondrement des cours m’y goinfrer de steaks dont j’étais alors très friand. Comme quoi les pires choses ont leur bon côté, du moins pour certains.
Le problème est que le nombre de maladies dont souffrent les animaux est infini et que l’on peut concevoir que, suite à des mutations, celles-ci finissent par se transmettre aux humains. Rien ne nous dit qu’un jour nous ne souffrirons pas de la fièvre aphteuse, de la tremblante du mouton, voire de la castapiane fulgurante du hérisson ou de la colique verte du serin. Et si ça ne s’arrêtait pas là ? Si les maladies des végétaux mutaient au point que des épidémies de mildiou, d’oïdium ou de cloque viennent décimer notre espèce ?
Ces lugubres interrogations me sont venus suite au constat que la peau des premières pommes-de-terre que j’ai récoltées au jardin présentait des taches peu ragoutantes comme celle-ci :
Une rapide recherche m’indiqua la source de ce désagrément : elles étaient atteintes de la gale de la pomme de terre, maladie due à la présence de bactéries dans le sol. Dieu merci, cette affection est superficielle et ne rend pas les tubercules impropres à la consommation. Il suffit de les éplucher pour éliminer les toxines contenues dans la peau, lesquelles, en grande quantité, pourraient se montrer nocives. Je fus donc rassuré. Cette « gale » n’a rien à voir avec son homologue humain et ne saurait donc l’affecter. Ce qui est rassurant pour les belles dames et les beaux messieurs qui dans le cas contraire se verraient contraints à se faire écorcher pour rester consommables. Et ce serait bien triste.