Au risque de choquer certains esprits supérieurs (du moins au mien), je suis, depuis novembre 2008 membre de Facebook. Une honte ! Toutefois, il y a à cela des raisons que j’estime bonnes. Ayant, depuis des décennies, pris le maquis en allant, loin de ce que les Anglais appellent « la course des rats », m’installer dans des villages parfois très peu peuplés, mes chances d’y rencontrer des gens partageant mes « convictions », ma forme d’humour, ma conception de la vie en général ou vraiment distrayants y étaient faibles.
Ce réseau social m’a permis ce genre de rencontres. Je m’étais ainsi constitué un groupe d’« amis » dont le nombre alla grandissant . Ayant de moins en moins le goût de la polémique, l’épisode des Gilets Jaunes que j’appréciais au départ mais dont je me désintéressai progressivement à cause du tour violent que prenaient leurs défilés hebdomadaires et des inepties débitées par certains de leurs porte-paroles, occasionna une brouille avec certains « amis »qui persistaient dans leur soutien et se faisaient agressifs face à mes prises de position.
Ma liste, de leur fait ou du mien, rétrécit comme peau de chagrin. Sans eux, FB devint moins amusant. La plupart des statuts qui apparaissaient à l’écran venaient des deux pages consacrés à l’architecture religieuse romane dont je suis membre. A force de voir tant de merveilles romanes, je frisais l’overdose.
Me vint il y a deux jours, l’idée d’étoffer ma liste d’« amis » afin de varier les statuts. Pour cela, la recette fut simple : parmi les personnes dont aimablement M. Facebook me proposait de devenir l’ami, je sélectionnai ceux qui avaient en commun avec moi le plus d'amis réacs. Je fis ainsi quelques dizaines de demandes qui furent dans leur grande majorité acceptées. Seulement, en dehors de ces affinités communes, je ne connaissais pas même le nom de mes nouveaux copains.
Or, ce matin, j’appris que Simon Clochard Céleste acceptait ma demande. Ô joie ineffable ! Cependant je ne me souvenais pas de la demande et ce pseudo kerouaquien m’intrigua. Je me rendis donc sur sa page. J’y regardai les nombreuses photos. Visiblement, ce jeune homme de 23 ans vivait dans un cadre agréable, aimait à s’entourer de jolies jeunes femmes et de célébrités diverses dans ses dîners et faisait des émissions. De quoi ? Radio ? Télé ? En fait, ce Simon Collin (j’avais trouvé son nom) avait une chaîne YouTube : Les Clochards Célestes. J’ai regardé quelques émissions. Il y a du bon, du moins bon, du totalement foutraque comme celle avec Basile de Koch (de Jalons) où le brave Simon, déjà bien éméché au départ, continue à boire du champagne, devient totalement filandreux, avant que Basile ne quitte l’émission. Du genre plus inquiétant, celle de M. Gérard Fauré, dealer des vedettes de tous genres, ex-homme de main de Pasqua et taulard expérimenté qui, si ce qu’il raconte est vrai change votre regard sur bien des personnalités. Plus sympathique, est celle de Nicoletta.
Tout ça pour vous dire que, comme je l’écrivais au début, on croise sur Facebook des gens que l’on aurait peine à rencontrer dans mon village. Ce Clochard Céleste a plus de 2600 « amis », ce qui rassure vu que les chances pour que je devienne à ses yeux autre chose qu’un insignifiant parmi d’autres sont inexistantes, qu’il débarque chez moi beurré comme un p’tit Lu à l’heure de l’apéro l'est également. Il vit à Saint-Germain-des-Prés, semble ambitionner je ne sais quelle gloire pailletée, mène une vie dont je ne saurais rêver. N’empêche qu’il m’a distrait toute une matinée. C’est déjà pas mal ! Un « ami » selon mon cœur, donc.