..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 13 mars 2020

Bièrothérapie


Comme toute personne raisonnable, la situation sanitaire catastrophique que connaît notre pays et, accessoirement, le reste du monde vous affecte gravement. Vous vous traînez comme une âme en peine, vous perdez votre appétit, votre peine est profonde, votre abattement total, votre détresse infinie. Bref, vous montrez tous les signes de l’affliction. Affligé, vous êtes.

Vous n’entrevoyez aucune lumière au bout d’un sombre tunnel qui vous paraît sans fin. Les idées noires vous assiègent. Vous en êtes, pour en finir plus vite avec une vie de souffrance à serrer sans cesse la patte du pangolin que, suite au conseil irresponsable d’un blogueur mal informé, vous avez adopté il y a quelques jours à peine, au temps heureux où éradiquer le cafard vous semblait encore avoir un sens. Vous n’en êtes plus là. Si l’appétit ne vous faisait défaut, vous mangeriez cet insectivore, source la de pandémie afin de quitter l’inquiétante incertitude d’une éventuelle contamination pour une rassurante et certaine infection et la mort qu’elle ne manquerait d’entraîner.

Je vous dis STOP !

Pour l’affligé, le remède c’est Affligem :

Cette bière d’abbaye belge, comme son nom l’indique est propre à soulager ses maux (Tout comme Déprimem et Mélancoliem, autres bières du groupe soignent dépression ou mélancolie). La posologie journalière recommandée est d’un pack de 20 bouteilles de 25 cl d’Affigem blonde à 6,7 % d’alcool soit l’équivalent d’une bouteille et demi de whisky. Si votre affliction requérait un traitement plus costaud, vous pourriez passer à l’Affligem tripel qui titre 9 %.

Entendons nous bien : il s’agit d’un traitement symptomatique qui ne saurait, en cas de contamination vous guérir et vous ne pourrez pour autant éviter que la maladie ne vous terrasse. Cependant, vous quitterez cette vallée de larmes d’excellente humeur, ce qui devrait faciliter votre admission au paradis où, comme partout ailleurs, on préfère les joyeux drilles aux affligés.

jeudi 12 mars 2020

Mourir


En ces temps de grande angoisse, je crois qu’il est utile de détendre un peu l’atmosphère. Quel meilleur sujet pour ce faire que d’évoquer la mort ? C’est un sujet que l’épidémie rend très tendance sans nuire à sa constante actualité. Figurez vous que si, comme il est de bon ton de s’y attendre, les 67 millions d’habitants que compte notre cher et beau pays se trouvaient contaminés, au taux actuel de létalité de 2 % (chiffre contestable vu le fait que les porteurs sains ne sont pas recensés, ce qui laisse penser que le taux réel est inférieur mais le temps est-il à la ratiocination?) nous nous trouverions avec 1 340 000 morts sur les bras ! Quand je dis « nous », je fais preuve d’un optimisme injustifié, vu qu’il se pourrait très bien que je fasse partie des victimes. Ce qui n’est pas rien. En même temps, pour reprendre la formule tant appréciée de notre coûteux président (j’ai choisi un synonyme de cher pour ne pas faire de peine à ceux qui ne le portent pas dans leur cœur*), ce n’est pas tout, vu qu’il resterait plus de 65 000 000 de plus ou moins braves gens pour peupler notre Douce France.

Bien que remontant à la plus haute antiquité et que personne ne soit parvenu jusqu’à preuve du contraire à lui échapper, la mort a toujours beaucoup de mal à se faire accepter. Je pense même que nos contemporains répugnent de plus en plus à envisager son inéluctable survenue. La prolongation récente de l’espérance de vie, en la repoussant à une date de plus en plus lointaine aide certains à en oublier la menace. Pas plus tard qu’hier, ma coiffeuse me vantait même la vie merveilleuse d’une cliente nonagénaire qui vivait encore chez elle ! Il est vrai qu’on oublie parfois de se réjouir comme il siérait de ne pas se retrouver enfermé dans un EHPAD !

Certains ont la foi en une vie éternelle. Curieusement, cela ne semble pas toujours, comme on pourrait s’y attendre, les rendre capables d’envisager sereinement de quitter cette vallée de larmes pour un monde meilleur. Personnellement je ne partage pas cette croyance et son absence ne me chagrine pas. Me considérant comme un être limité, je craindrais même de me trouver confronté à un infini auquel rien ne m’a préparé.

Je me souviens avoir étudié au lycée un texte de Montaigne où il écrivait que « philosopher c’est apprendre à mourir ». Soit. Mais si en plus ça pouvait apprendre un peu à vivre, ce ne serait pas mal non plus. Quoi qu’il en soit, j’ai commencé cet apprentissage très tôt. Du coup, passée la prime jeunesse où comme tout un chacun je n’y croyais pas trop (c’est pourquoi les jeunes conduisent comme des patates et partent plus volontiers à la guerre que leurs aînés), j’ai assez rapidement apprivoisé l’idée de ma disparition. Je disais, il y a une bonne quinzaine d’années,à mon frère aîné : « J’ai fait l’essentiel de ce que j’avais à faire, je peux donc partir n’importe quand. ». Il ne s’agit pas là à mes yeux d’un quelconque pessimisme mais d’une évidence. Surtout qu’il se serait pu que je meure avant d’avoir fait quoi que ce soit d’intéressant. Je m’étonne même parfois d’avoir atteint ma soixante-dixième année, vu le peu de prudence qui a toujours été le mien.

Je ne cherche pas plus à précipiter ma fin qu’à en retarder l’échéance. N’importe comment, ce ne sera pas moi qui déciderai mais les circonstances. Je vis comme je l’entends, j’aimerais bien mener à bonne fin certains projets cruciaux comme retapisser ma cage d’escalier, rénover ma salle de bains, finir de mettre, autant que faire se peut, aux normes mon installation électrique et mettre de l’ordre dans mes papiers pour faciliter les choses à ma fille mais, encore une fois, ce ne sera pas moi qui déciderai si ce temps me sera accordé.

Du coup, devant la psychose qui semble s’emparer de nombre de mes contemporains face à la pandémie en cours, je reste quasiment de marbre. Que l’avenir me donne raison ou non, qu’importe ? Comme l’écrivait ma fidèle commentatrice Mildred « Se bisogna morire moriamo » (si nous devons mourir, mourons). Telle est ma vision des choses.

PS : J’apprends avec horreur qu’un pangolin serait à l’origine de la transmission à l’homme du COVID-19 ! Moi qui vous recommandais, il y a quatre jours seulement, d’employer cet animal pour débarrasser votre logement des vermines ! J’espère que, pour une fois, vous n’aurez pas suivi mon conseil !

* J’en fais partie mais, souffrant d’une sévère atrophie de la glande haineuse, il ne m’agace guère plus que ses prédécesseurs.

mardi 10 mars 2020

Sacrés vieux ruraux de droite !


J’entends que, selon un sondage, ce sont les vieux qui seraient le moins effrayés d’aller voter aux municipales. Ça peut paraître paradoxal vu qu’ils sont les plus susceptibles d’être gravement affectés en cas de contamination par le coronavirus. A l’opposé, ce sont les jeunes qui seraient le plus timorés. Sur l’échiquier politique, les électeurs De MM. Hamon et Mélenchon et de Mme Le Pen seraient les plus couards tandis que les moins impressionnés seraient ceux de M. Fillon. Au niveau géographique, c’est dans l’agglomération parisienne qu’on bouderait le plus les urnes tandis que dans les communes rurales on serait bien moins dissuadé de voter.

En reprenant point par point ces constats on peut en tirer quelques leçons. Sur l’âge d’abord. Si les 18-24 ans sont 40 % a avoir plus ou moins la trouille alors que seulement 23 % des plus de 65 ans sont dans ce cas, c’est probablement parce que la jeunesse est impressionnable. Tout est nouveau pour elle et il lui manque le recul et l’expérience qui permettent une mise en perspective des événements. Les vieux, eux, se sont vu promettre tant de catastrophes inéluctables qui ne se sont jamais produites qu’ils en sont devenus sceptiques. D’autre part, avec l’âge, on devient fataliste, on apprend que le pire n’est pas toujours garanti et que quand il survient on est désarmé.

Que les électeurs de partis dits « extrêmes » ou de gauche « modérée » soient de nature craintive est naturel : leur vision pessimiste du monde les amène à tout dramatiser. A l’inverse, la droite « modérée » et le centre sont moins tentées par les scénarios apocalyptiques.

Il est également compréhensible qu’en Île-de-France où les gens s’entassent souvent dans des espaces restreints et où l’on utilise des transports en commun bondés le développement des épidémies soit une menace plus sérieuse qu’elle ne l’est au fin fond de départements ruraux en voie de désertification.

Tout cela me paraît donc très logique. Bien que n’étant pas particulièrement apeuré par une éventuelle contagion, comme je l’expliquais ici le 16 février, date à laquelle le Covid-19 ne faisait planer aucune menace réelle ou supposée sur le scrutin, je compte bien m’abstenir dimanche mais pour d’autres raisons.

dimanche 8 mars 2020

Le pangolin : une solution !




Comme bien des gens vous vous plaignez de ce que votre logement est infesté de vermines diverses qui, malgré votre sympathie pour, comme disait le regrettable Jean Ferrat, « tout ce qui tremble et palpite, tout ce qui lutte et se bat » pourrissent votre existence. Quand les punaises de lit et les puces vous permettent de fermer un œil, vous trouvez désagréable d’être réveillé par tous ces cafards qui vous courent sur le visage. Voir vos portes, fenêtres et meubles dévorés par de gras termites nuit à votre bonne humeur. Les cloportes qui se sont établis sous votre évier ne vous paraissent qu’à moitié sympathiques. En été, les fourmilières se réveillent et les asticots envahissent votre poubelle. Ce n’est plus une vie !

Toutefois, votre foi écologiste et vos convictions anti-capitalistes vous interdisent d’avoir recours aux insecticides produits par les multinationales de l’industrie chimique qui n’ont pour raison d’être que l’exploitation (avant licenciement) de leurs personnels et l’empoisonnement de leur clientèle. Bien sûr, vous avez tenté des remèdes de bonne femme ( l’orthographe « de bonne fame » étant basée sur une fausse étymologie) comme l’huile essentielle de perlimpinpin alpestre ou les bouquets de sacrebleu tibétain mais vos persécuteurs se sont empressés de la boire ou de les boulotter avant qu’ils n’aient fait le moindre effet. Vous en êtes à éviter le rayon insecticides de votre grande surface pour éviter la tentation et lors d’horribles cauchemars vous vous voyez exterminer, une bombe de Baygon dans chaque main, tout ce petit monde avant de vous réveiller le visage couvert d’une sueur âcre dans laquelle cafards, puces et punaises tendent à patiner. Vous êtes à bout. N’y a-t-il pas de solution ?

Rassurez vous, il en est une simple, naturelle, écologique : Le pangolin. Ce petit animal s’avère un redoutable insectivore s’il est un piètre animal de compagnie. Ne vous y attachez donc pas trop, car sa vie en captivité ne dure guère que quelques mois et sa conversation est inexistante. Si par malheur vous le caressez à rebrousse-écailles il se met en boule et, pour couronner le tout, il est très laid. Vous pourrez en adopter un couple sans craindre la prolifération : il ne se reproduit pas en captivité. A deux, ils devraient donc normalement vous débarrasser de votre vermine plus rapidement. Grâce à une langue longue et visqueuse, il peut traquer les insectes dans les moindres recoins où ils se tapiraient. Se cachent-ils sous la moquette ou dans votre literie ? Pas de problème ! Ses doigts griffus lui permettront de les en débusquer.

Vu qu’il en existe diverses espèces, autant choisir la mieux adaptée. Nous ne saurions trop vous conseiller d’en choisir une diurne et arboricole. Elle vous foutra la paix de nuit et installer un tronc d’arbre dans votre salon vous évitera les inconvénients des espèces fouisseuses à terrier ( à moins, bien entendu, que vous veniez de vous débarrasser de votre wombat).

Reste le problème de sa courte existence en captivité. En fait, ce n’en est pas un car à sa disparition, vous n’aurez aucun mal à vous débarrasser de sa dépouille. Il se trouve que nos amis asiatiques sont de grands amateurs non seulement de sa chair mais de ses écailles auxquelles ils attribuent des vertus curatives, comme augmenter la virilité, favoriser la santé des femmes allaitantes et mettre à l’abri des contrôles fiscaux. Tout restaurateur chinois se fera donc un plaisir de vous échanger son cadavre contre la fourniture d’un nombre conséquent de Chow mein à la chauve-souris, de Chop suey au crotale ou de tout autre plat à votre convenance.

Du point de vue écologique, vous serez donc comblé : élimination naturelle des vermines et recyclage profitable des restes du pangolin. Pourrait-on rêver mieux ?

mercredi 4 mars 2020

Féminisme


J’ai du mal à me déclarer féministe. Je ne parle pas des hystériques comme les végans ou les LGTB+ rabiques, dont les prises de position appellent plus un traitement qu’un débat. Non, même les féministes modérées qui se contentent de réclamer la parité dans certaines professions et de se déclarer maintenues dans une position d’infériorité sans pour autant voir en tout homme un violeur et un assassin dans le meilleur des cas potentiel. Ça doit être dû à mon expérience personnelle.

Il se trouve que ma mère (que ce Dieu qui finit par monopoliser toute ses affections l’ait en sa sainte garde !) était féministe à sa manière. Étant dotée d’un caractère dominateur et d’une ténacité remarquables, elle régnait en maîtresse sur toute la maisonnée. Ce qu’elle n’arrivait pas à imposer d’emblée, elle l’obtenait par les scènes, le chantage affectif et d’interminables bouderies. Ne pas lui obéir, c’était la contrarier. Toute contradiction entraînait des maux d’estomac. Ne pas partager ses opinions revenait donc à la torturer.

Alors que mon père ramenait par son seul travail de quoi faire tourner la maison, il n’était aucunement autorisé à engager la moindre dépense. Je me souviendrai toujours de ce jour de grande scène où mon père s’aventura à payer d’un chèque un petit magnétophone. Cette action inconsidérée fut jugée de nature à ruiner le ménage, à compromettre à jamais son équilibre financier. La somme était pourtant minime mais le sacro-saint principe que cet achat foulait au pied était celui de de la souveraineté financière maternelle. Certes, mon père avait le droit de posséder un carnet de chèque, mais il n’était pas permis qu’il l’utilise. Jusque dans les moindres détails, tout était organisé par la maîtresse de maison qui coupait le nombre de tranches de pain nécessaires selon elle à un repas. En réclamer plus eût été contrariant. De même son organisation prévoyait qu’un plat devait constituer tant de repas : quand ses prévisions se montraient erronées, on avait le choix entre manger léger et se bourrer de restes. Malgré cette tyrannie domestique, elle se sentait en position d’infériorité dans la maison et soumise à l’arbitraire autorité de son mari. Sur quelles bases ? Va savoir Charles…

Cela dit, il me fut ensuite difficile ensuite de trouver anormal qu’une femme exerçât une position de direction. Ça ne m’a même jamais traversé l’esprit. Grâce à ma mère, j’ai, entre autres choses appris le respect des femmes et à manger de tout. Deux atouts dans la vie ! Elle a également su faire naître en moi l’impatience de quitter le cocon familial et la résolution de ne jamais reproduire son modèle. Ainsi mes compagnes n’ont jamais été importunées par mes regrets de ne pas les voir ressembler à ma génitrice. Ce qui est déjà ça. Prenant le contre-pied de mon expérience, j’ai eu tendance à souhaiter, en toute concertation, me charger de l’administration domestique au point qu’un jour ma première épouse déclara à la seconde : « Avec lui, tu n’as pas à t’en faire : il s’occupe de tout ! » . Je traitais les affaires courantes et, en dehors de leur participation aux frais, elles faisaient ce qu’elles voulaient de leurs ressources.

Ai-je eu raison ou bien tort ? Qu’importe ! Il n’en demeure pas moins que le féminisme me laisse sceptique dans son exigence d’égalité et/ou de parité et sa dénonciation de la domination masculine. La parité n’est voulue que pour des postes de « prestige » et jamais dans les professions largement féminisées comme l’enseignement ou certains secteurs paramédicaux. L’égalité des salaires, quand elle n’est pas réalisée, s’explique généralement par des interruptions de carrière généralement dues aux maternités, qui, tant qu’on n’aura pas suffisamment bricolé la matière humaine dans ce sens, affectent davantage les femmes que les hommes. Quant à la domination, elle n’est pas si générale que les féministes peuvent le dire. Dans combien de ménages la femme, pour reprendre une expression vieillotte, porte-t-elle la culotte et/ou rudoie sans vergogne un mari qui n’en peut mais ?

Quoi qu’on fasse, l’autoritaire, quel que soit son sexe, dominera toujours le docile. Ce n’est pas une question de sexe mais de caractère, l’égalité ne pouvant exister qu’entre des personnes indépendants et de nature débonnaire...