..Toi qui entres ici, abandonne tout espoir de trouver un contenu sérieux. Ici, on dérise, on batifole, on plaisante, on ricane.

vendredi 5 juillet 2019

Le scandale Carglass

Bien sûr, il n'y a pas véritablement de scandale Carglass. Mais, sans titre « punchy » comment attirerait-on les foules ? Bien sûr, quand le Monsieur de Carglass vous annonce qu'il vous offre des essuie-glaces « Boches », on pourrait trouver scandaleux qu'il n'emploie pas plutôt le terme « Allemands ». Personnellement, ça ne me choque pas : ça a un petit côté suranné assez sympathique.

Ce qui m'amuse dans les publicités de cette aimable société, c'est leur catastrophisme. Pour Carglass, le moindre impact mènera forcément à l'un des drames les plus épouvantables qu'un humain puisse connaître au cours de sa chienne de vie : la fissure du pare-brise, puisqu'il faut l'appeler par son nom. Les causes de l'horrible mutation de l'impact en fissure sont multiples. Il fait froid, vous actionnez le dégivrage : crac ! Il fait chaud, vous actionnez la clim : crac ! Vous passez sur un nid de poule : crac ! Un insecte entre en collision avec votre pare-brise : crac ! Vous éternuez : crac ! Vous mettez la musique à fond : crac ! Vous ou l'un de vos passagers fait une crise d'asthme : crac ! Et tout ça parce que vous n'avez pas eu le réflexe Carglass ! Avouez que c'est ballot ! Surtout que l'avoir eu ne vous aurait rien coûté, vu que les frais de réparation auraient été obligeamment pris en charge par votre assurance !

Admettons que vous suiviez les conseils avisés du Monsieur de chez Carglass et qu'au moindre impact vous fassiez appel à ses services. Au bout de quelques années, vous vous retrouveriez avec un pare-brise truffé de réparations, invisibles certes, mais quand même un peu usé et qui aurait perdu de sa transparence alors que si vous aviez attendu que l'impact se transforme en fissure, vous en auriez un neuf ou au moins un plus récent.

Il y a maintenant 50 ans que je conduis. Des impacts, les pare-brises de mes voitures en ont connu des tas. Curieusement, aucun d'entre eux ne s'est transformé en fissure, ce qui m'eût arrangé, me permettant d'avoir un pare-brise neuf. De deux choses l'une : soit je bénéficie d'une protection divine, soit Carglass nous prend pour des cons. Vu que la vie ne m'a pas épargné certaines épreuves égalant voire dépassant la malédiction du pare-brise fissuré, je tends à pencher pour la seconde hypothèse.

Mais bon, peut-on en vouloir à une société commerciale d'exploiter la pusillanimité de nos contemporains ? Vu que tout est fait pour que nous nous prémunissions contre des « accidents » aussi bénins qu'exceptionnels, elle aurait tort de s'en priver.

dimanche 30 juin 2019

Nono, nain

On croise beaucoup de gens au long d'une vie. Parfois même on les rencontre. Il s'ensuit parfois du bonheur, du malheur ou de l'indifférence. Parfois le croisement mène à la rencontre.

Nono, je l'avais croisé au temps des marchés. C'était un nain. Accompagné d'un âne, il parcourait les allées, au cri de « Les copains,les copines, cacahuète est là ! » ou chantant «Je suis la cacahuètera » air calqué sur une célèbre chanson dont le titre ne me revient pas.

Je trouvais son « numéro » un rien pathétique, mais on voit tant de gens bizarres sur les marcas... Je suppose que, par amitié pour l'âne ou par pitié pour le nain, il devait parvenir à survivre de son industrie. Et puis on s'est rencontrés.

Jacques, qui devait devenir mon ex-associé avant même que notre entreprise commune ait vu le jour, mais qu'un temps nous fréquentions beaucoup, lors d'un déjeuner dominical commun, nous annonça qu'il avait également invité Nono et qu'il viendrait avec son saxo. Les nains, la musique, c'est pas forcément mon truc, mais bon...

Nono arriva donc, au volant de sa 2 cv camionnette. Le véhicule était adapté à ses membres atrophiés.En plus il lui permettait de trimballer son bourricot. Il avait comme promis apporté son instrument. Dès l'arrivée, il annonça à notre hôte, qu'il n'était venu QUE parce que ce dernier était un VÉRITABLE ami, que ce n'était qu'à cette condition qu'il acceptait les invitations. Ceux qui le conviaient pour qu'il fasse son show pouvaient aller se faire voir. Cette déclaration me mit mal à l'aise. Mais on se détendit en buvant quelques verres. Visiblement, le Nono ne crachait pas dessus. Je me demandais même s'il ne s'était pas un peu entraîné avant la séance. Il finit rond comme une queue de pelle et quand il reprit le volant, vous fûmes un peu inquiets.

Honnêtement, sa performance au saxo avait été moyenne. Nono en avait un bon coup dans le nez et ça n'améliorait pas son jeu. Seulement, il nous en avait raconté de belles. Sa vie de nain de cirque dès l'enfance où on ne le traitait guère mieux que les animaux. Les putes qui, pour baiser avec un nain demandaient un supplément (alors qu'une réduction aurait parue logique), bref, un résumé des joies que le monde réserve aux anormaux.

jeudi 27 juin 2019

Le monde est bien fait !

C'est la conclusion à laquelle je suis parvenu après une succession d'événements qui auraient apparemment dû m'amener à en tirer une leçon différente.

Récapitulons. Il y a une quinzaine de jours, je poussai un ouf de soulagement : j'étais parvenu à terminer la rénovation de ma chambre. Ces travaux m'avaient paru durer éternellement et les mener à bien m'avait demandé de grands efforts car je commençais à ressentir des étourdissements et que de nouvelles crises de tachycardie étaient venues me perturber. Une fois la tâche terminée, les choses s'aggravèrent au point qu'un jour en me levant, je vis les murs bouger et je faillis tomber. Je courus voir mon bon docteur qui me prescrivit de jolis médicaments censés éliminer ces fâcheux symptômes. Du fait de mes étourdissements, de mes problèmes intestinaux, d'une perte de poids qui allait croissante (10 kg en trois mois, sans régime particulier ), je me trouvai dans un état de faiblesse qui m'interdit de me rendre aux funérailles de mon ex-épouse, comme d'aller me reposer en Corrèze. Je restai donc à me morfondre en Normandie, incapable de fournir le moindre effort, me contentant de lire et de dormir.

Le traitement du bon médecin ne semblait aucunement améliorer mon état. Dimanche dernier, alors que je réglais l'achat d'une cartouche de cigarettes, mes mains se mirent à trembler au point que composer mon code me fut difficile. En rentrant chez moi, je me mis à faire des recherches sur le Net, afin de voir si les divers symptômes que je ressentais pouvaient permettre un diagnostic. Elles me menèrent à un article traitant de l’hyperthyroïdie. Perte de poids injustifiée, tremblement des mains, problèmes intestinaux, tachycardie y apparaissaient, entre autres, comme caractéristiques de ce dysfonctionnement hormonal. Simple coïncidence ? Je voulus en avoir le cœur net et, le lendemain, je demandai un rendez-vous à mon médecin qu'elle m'accorda dès l'après-midi.

Je lui expliquai mes recherches et lui demandai s'il lui serait possible de me prescrire une analyse sanguine permettant de confirmer ou d'infirmer mon diagnostic. Elle se montra sceptique, mais me prescrivit cependant l'analyse. Le lendemain matin, je me rendis au cabinet des infirmières et le jour suivant les résultat arrivèrent. Mon taux de T4L était quatre fois et demi supérieur au maximum de référence quant à celui de la T.S.H. Ultra-sensible il était de presque vingt fois inférieur au minimum de référence. Le diagnostic était donc sans appel et mon bon docteur me prescrivit un traitement antithyroïdien. J'ai pris le premier comprimé ce matin mais les effets bénéfiques ne devraient se faire sentir, au mieux, que dans une huitaine de jours. Je devrai également subir de nouvelles analyses sanguines et tout un suivi médical.

Certains se demanderont en quoi la conclusion à laquelle je suis parvenu peut se justifier. La réponse est simple : cette maladie m'a évité de me rendre en Corrèze où la canicule sévit gravement. Ayant horreur des grandes chaleurs, cette épreuve m'a été épargnée. Il est pas bien fait, le monde ?

dimanche 23 juin 2019

Le plateau de l'angoisse

Ma chère et regrettée ex-épouse, qui m'a, hélas, donné l'occasion de parler d'elle récemment, était douée d'une rare capacité à se foutre du tiers comme du quart. Ce qui comme toute qualité présente de menus inconvénients. Une veille de Noël, sa mère qui préparait le réveillon, s'aperçut qu'il lui manquait un ingrédient. Elle pria donc Nelly d'aller le chercher. L'idée ne plaisait qu'à moitié à cette dernière, elle accepta cependant la mission mais au lieu de courir d'une épicerie à l'autre par un froid soir de décembre, elle se contenta d'aller calmement boire un pot au bistrot du coin et, ayant laissé passer un temps raisonnable, alla retrouver sa génitrice pour lui annoncer que ses visites à tous les commerces de la ville avait été vaines. L'épisode me fit bien rire.

En revanche, sans que cela nuise gravement à mon équanimité, je lui dois d'avoir découvert dans des circonstances un brin inquiétantes, le plateau de l'Aubrac Quittant Montpellier pour rejoindre Châteauroux, plutôt que de prendre les grandes routes, je décidai d'emprunter le réseau secondaire et, après un rapide coup d’œil à la carte de France, nous prîmes la route, Nelly se voyant chargée du rôle de copilote. Rôle qu'elle dut accepter plus par gentillesse que par enthousiasme. Au bout d'une vingtaine de kilomètres, nous devions tourner en direction de je ne sais plus quelle petite ville. La carte sagement posée sur ses genoux mon copilote semblait à son affaire. Pourtant quand je lui demandais si nous approchions du village où nous devions changer de direction, elle se montrait rassurante quoiqu'un peu évasive. Le temps passait, les kilomètres s'accumulaient sans que nous ne l'atteignions. Finissant par m'inquiéter, j'arrêtai le véhicule, pris la carte et dus constater à mon grand dam que nous avions passé ladite bifurcation d'une cinquantaine de kilomètre. Peu enclin à retourner sur mes pas, je décidai de prendre une route qui nous permettrait selon moi de mener vers notre destination. L'idée ne fut pas bonne. La route nous mena vers des coins du Massif Central carrément oubliés de Dieu. N'ayant qu'une carte à grande échelle, le nom des rares villages traversés n'y figurait évidemment pas. Pour résumer, je n'avais pas la moindre idée d'où nous pouvions être les panneaux indicateurs n'indiquaient que des trous paumés. La situation devenait d'autant plus inquiétante que j'étais alors l'heureux propriétaire d'un magnifique 604 munie de toutes les options possibles à l'époque mais non dotée de la remorque de carburant qu'aurait justifié sa consommation. Je voyais la jauge baisser dangereusement. C'est alors que je vis un panneau qui me rendit espoir : AUBRAC 17 km ! Pour qu'un lieu soit signalé d'aussi loin, il fallait qu'il ait une certaine importance ! On y trouverait forcément une station-service ! Ces kilomètres à travers un morne plateau furent vite avalés. Et nous atteignîmes Aubrac.

Hélas, Aubrac, village de la commune de Saint-Chély d'Aubrac, s'il présente un attrait touristique indéniable, présente aussi le défaut, pour qui chercherait à s'y approvisionner, d'être quasiment désert (5 habitants permanents aux dernières nouvelles). Pas plus de station-service que de beurre au tribunal. Je sentis l’abattement m'envahir. Si on résumait la situation, nous nous trouvions au milieu de nulle part, ignorant tout des éventuelles bourgades environnantes avec un réservoir presque à sec sur une route où l'on n'avait croisé ni véhicule ni âme qui vive (à moins que les vaches rousses en aient une). Je nous voyais tomber en panne sèche et contraints de passer la nuit sur ce lugubre plateau. Que faire sinon continuer de rouler ? Ce que nous fîmes. Et avant qu'on ne tombe en panne nous parvînmes à rejoindre un semblant de civilisation, à faire le plein et finalement à rejoindre nos pénates.

De cet épisode je tirai deux enseignements. D'une part que confier à Nelly la charge de me guider était une erreur, d'autre part que l'Aubrac en général et Aubrac en particulier n'étaient pas des endroits fréquentables.

samedi 22 juin 2019

Somerset Maugham

Je relis plus que je ne découvre. Ces derniers temps, suite à une grande méforme et afin de meubler le temps, j'ai relu Cakes and ale (curieusement paru en français sous le titre La Ronde de l'amour) de ce bon vieux William. Satisfait de cette lecture, j'attaquai le premier de quatre tomes réunissant l'ensemble de ses nouvelles dont j'avais fait l'emplette à Londres il y a quarante cinq ans. Le temps passe mais la qualité reste ! Les quatre cent et quelques pages du volume furent vite savourées et, mon appétit se maintenant, je viens d'entamer la lecture du second volume.

Alain Souchon parlait des « nouvelles pour dames de Somerset Maugham ». Personnellement, réserver ces écrits à un public féminin ne me semble pas justifié par autre chose que la rime. Si Souchon et Voulzy avaient choisi la prononciation anglaise de son nom, seraient-elles devenues des « nouvelles pour mômes » ?

L'univers de Somerset Maugham est daté. Il décrit une société disparue. Et cela d'un point de vue de classe : celui d'un gentleman appartenant à la bonne société, membre de clubs huppés. Grand voyageur, il situe ses histoires dans des lieux souvent exotiques comme la Malaisie, la Polynésie mais aussi sur la Riviera française, à Paris ou en Espagne. Les nouvelles consacrées à des administrateurs coloniaux décrivent avec une franchise qu'on ne saurait avoir aujourd'hui que dans des plaidoyers anti-coloniaux le racisme sur lequel reposait l'Empire Britannique, et cela sans complaisance ni révolte. Avec le même détachement que sont exposés les travers des classes supérieures.

En dehors de la description d'un monde disparu, ce qui fait à mon sens l'intérêt de ces écrits c'est l’ambiguïté du narrateur (qui souvent ressemble comme un frère à l'auteur) et la cinglante ironie de certains portraits qu'il brosse. Le narrateur est certes un gentleman censé partager les valeurs de sa classe mais on sent que derrière ce masque de respectabilité, l'écrivain laisse poindre un sourire teinté d'ironie et de scepticisme vis-à-vis des conventions qu'il est censé défendre. Médecin de formation, c'est au scalpel qu'il dissèque l'âme humaine afin d'en explorer les recoins secrets.

Mais à quoi bon accumuler de piètres phrases sur de si fines œuvres ? Allez les voir de ma part, si le cœur vous en dit...