Mme de Beauvoir, Simone pour les
intimes, bien qu'agrégée de philosophie n'était pas une
imbécile.Compagne de M. Sartre qui,avant de devenir un vieil abruti
fut, dans sa jeunesse, fan d'automobiles et d'un naturel farceur,
elle lui inspira cette phrase immortelle : « En
voiture Simone, c'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonnes ! ».
Il lui arrivait d'avoir des éclairs de
lucidité. J'en veux pour preuve sa célèbre sentence : « On
ne naît pas femme, on le devient ». Rien n'est plus vrai.
En effet, on ne voit jamais des grands-parents venus visiter le fruit
nouveau-né du fruit de leurs entrailles s'écrier, quand ce dernier
est de sexe féminin : « Quelle belle femme ! »
On trouve bien des niaiseries à sortir dans de telles circonstances
mais cette exclamation n'en fait pas partie. Car avant d'être femme,
il faut passer par bien des étapes : bébé, fillette et jeune
fille. Il en va de même pour les hommes, qui, le croirait-on,
commencent également bébés avant de devenir garçonnets, puis
jeunes hommes.
Si on s'en tient au constat que je
viens d'énoncer, on ne peut que donner raison à la brave Simone.
Cependant, si j'en crois ce que l'on raconte, ce n'était pas
exactement ce que la copine au bigleux entendait par là. Elle
voulait plutôt dire que plus que la nature c'est l'éducation qui
transforme un humain en femme alors que rien ne l'y prédispose
particulièrement. Au passage, on pourrait dire la même chose des
hommes. Car l'être humain est le produit d'une éducation qui
transmet une culture et cela par le langage. Dans le reste du règne
animal, les rôles, quels qu'ils soient, sont clairement établis
pour chaque sexe dans chaque espèce. Chez l'humain, ils ne le sont
que partiellement. Ils sont modifiés ou plutôt renforcés, autant
que faire se peut, par l'éducation. On éduque filles et garçons en
fonction du rôle que la société leur assigne de manière à ce que
le garçon puisse devenir un homme et la fille une femme. C'est du
moins ce qui se passe dans toute société traditionnelle.
Seulement, nous ne vivons plus dans une
société traditionnelle. Depuis plus d'un siècle, une multitude de
causes sont venues bousculer l'ordre généralement établi. De
profonds changements économiques, sociaux et sociétaux l'ont rendu
caduc. Rien là que de très normal. Seulement, une fois l'ordre
ancien renversé, par quoi le remplace-t-on ? Car une société
ne saurait vivre sans ordre. On nous rebat les oreilles avec
l'égalité homme/femme (ou femme/homme) laquelle mènerait à terme
soit à transformer les femmes en hommes soit à annihiler les
différences sexuelles, toutes choses aussi irréalistes que peu
souhaitables.
L'égalité me paraît une totale
utopie. Les femmes ne sont pas égales entre elles. Les hommes non
plus. Et c'est très bien. Il y a des intellectuels incapables de
planter un clou et d'habiles plombiers que la lecture de Kant
emmerde. Il y a des petits, des grands, des maigres, des gros, des
génies, des idiots, des malades, des qui pètent la santé etc. Ne
serait-il pas plus sage, en tout domaine, d'aspirer à l'harmonie
plutôt qu'à l'égalité ?
Mais qu'importe, au fond ? La
démographie des nations occidentales est moribonde Pour la compenser
nous importons à tour de bras des allogènes dont Le deuxième
sexe n'est pas le livre de chevet. Quand ils seront majorité, je
crains que les débats sur la nature et les rôles respectifs de
l'homme et de la femme ne sdeviennent, eux aussi, caducs.









