L'avantage des vacances (car, ne
l'oublions pas, n'ayant entrepris aucun travail de rénovation depuis
quelque temps, je me considère en vacances), c'est que l'on peut
consacrer son temps libre à des tâches que l'on n'aurait,
autrement, pas le temps d'accomplir. Par exemple, j'ai pu labourer
mon futur potager, faire du ménage et restaurer mon blolo bian.
Il y aura en novembre 10 ans de cela,
une grande partie dema demeure eurélienne fut ravagée par un
incendie. Ma chambre en fut le point de départ. Comme le montrent
les photos qui suivent elle s'en trouva très affectée :
Ça, c'était sa cheminée avant.
Ça c'était après.
Pour une fois, je serai d'accord avec
Fredi M. : c'était mieux avant !
Sur la première photo, à l'extrême
gauche du manteau de la cheminée se trouvait mon blolo bian
(statuette Baoulé). Autant vous dire que le pauvre bonhomme, comme
le reste de la pièce avait légèrement noirci. L'épaisse couche de
fumée noire qu'avait dégagé en se consumant la mousse de mon
matelas en fut la cause. Je tentai ultérieurement de le décaper mais, le jeune
impatient que j'étais alors (la jeunesse est une notion relative) se
laissa vite décourager par la difficulté de la tâche et la statuette
alla attendre des jours meilleurs dans un carton. Elle y demeura plus
de neuf ans tandis que son pendant féminin (ou blolo bla)
poursuivait sa vie décorative du fait que, trouvant l'élément
masculin, plus fin de traits et plus esthétique, je l'avais reléguée
à un endroit moins prestigieux.
Et puis, voici quelques jours, dans une
chambre servant provisoirement de débarras, je retrouvai en
compagnie d'autres bibelots le petit homme et décidai, si possible,
de lui rendre son lustre de jadis. A l'aide de lessive St Marc, de
tampons de laine de fer et de beaucoup d'huile de coude, je parvins à
le libérer de sa gangue de noir de fumée. Seulement, il s'en trouva
bien blanchi. Je le passai au cirage et le tour fut joué, bien que
son teint fût plus clair que celui de sa compagne. J'hésitai à les
réunir car, imaginant que ces fétiche étaient mari et femme, cette
longue séparation eût pu provoquer une tension entre eux.
Mettez-vous à la place de la blolo bla : votre conjoint
revient après neuf ans d'absence, la peau plus claire qu'avant et
quand vous lui demandez ce qu'il a fait toutes ces années, il vous
répond qu'il était prisonnier dans un carton ! Vous avouerez
qu'il y a de quoi se montrer un brin dubitatif voire irrité.
Les renseignements que j'obtins grâce
à des recherches sur le net me rassurèrent. Ne m'étant jamais
renseigné sur la nature de mon couple (j'ignorais jusqu'à leur nom)
voici ce que j'appris :
"La statuaire baoulé relève de la divination et de la psychiatrie et non pas d'un culte d'ancêtres comme les Européens l'ont longtemps cru. `Blolo` est l'autre monde, double du nôtre, lieu de notre origine et de notre fin; l'existence suit une rotation perpétuelle d'un espace à l'autre. Dans le premier, l'individu a laissé une famille, femme et enfant, qui se rappelle à lui sur le tard, à l'adolescence ou à l'âge adulte, lorsqu'apparaissent des problèmes psychologiques ou sexuels. On consulte alors le devin qui établit l'origine du mal, envoyé par l'époux (blolo-bian) ou l'épouse (blolo-bla) par jalousie envers l'autre conjoint. Un sculpteur professionnel est alors chargé de réaliser sur les indications très précises du devin une figurine à l'effigie de l'époux de l'au-delà, accueillie comme un véritable époux par une cérémonie de mariage et de réconciliation. La statuette est ensuite conservée dans la chambre de l'époux, nourrie et entretenue, garantissant ainsi sa santé morale et physique." |
Vu qu'ils n'étaient aucunement mariés
ensemble, je pouvais donc les réunir sans que cela posât problème.
Ce que je fis.