Suite à une devinette
de M. Goux, je suis tombé sur « Les Décombres »*
de Lucien Rebatet, journaliste collabo de son état qui vit son
action en faveur de l'hitlérisme récompensée par une condamnation
à mort en 1946, commuée en travaux forcés à perpétuité, avant
qu'une libération n'intervienne en 1952. Je n'entrerai pas dans le
détail de ce livre. Disons simplement qu'écrit en 1942, il livre
les états d'âme que connaît, entre 1938 et la débâcle de 40, un
antisémite patriote et pacifiste qui passant par la case fasciste
finira dans les bras d'Hitler.
Que les analyses de M. Rebatet l'aient
mené à de graves erreurs d'appréciation- n'avait-il pas lu Mein
Kampf pour imaginer possible une entente pacifique entre France et
Allemagne nazie ?- , que son antisémitisme rabique ait fait de
lui, comme de Céline et de bien d'autres, un soutien objectif des
génocidaires hitlériens est incontestable. Malgré cela, on ne peut
dénier à l'écrivain un talent certain. Son évocation de
l'impéritie militaire, sa description de la débâcle et de l'exode
sont des morceaux de choix, comme le sont certains de ses portraits
de contemporains.
Au fil des pages, se rencontrent des
noms plus ou moins connus qui, suite à des recherches googleuses,
m'ont amené à mieux connaître les destinées de la fine fleur de
l'extrême droite d'avant- et de pendant-guerre. Itinéraires divers
sinon surprenants menant du communisme, de la gauche modérée, de la
droite nationaliste et/ou monarchiste au fascisme, voire à
l'hitlérisme et parfois même à une plus ou moins tardive
résistance suivie ou non d'un pardon des erreurs passées. De
manière générale, les condamnés de l'après-guerre, après un
séjour plus ou moins prolongé dans les geôles de la république,
se verront absous et continueront leur petit bonhomme de chemin
souvent honteusement droitier. Ces incursions en Nauséabonderie,
furent enrichissantes en ce qu'elles me firent découvrir de petites
merveilles comme les portraits au vitriol de Léon Daudet et tout un
monde révolu où l'idéalisme mena bien des intellectuels de
l'erreur au crime (de plume certes, mais crime cependant).
J'y ai vu confirmée l'inanité des
comparaisons que des ignares totaux établissent entre cette époque
et la nôtre : Les élites, les puissances mondiales, les
enjeux, les aspirations, les mentalités n'y ont rien de commun avec
celles d'aujourd'hui. Seules demeurent d'actualité les piètres
manigances des politicards.
* Que l'on peut trouver ici